Tom Vasel et quelques autres
Tom Vasel and a few others

Parmi les choses qui m’ont un peu surpris, en octobre dernier, lors du salon d’Essen, il y eut les assez nombreuses critiques que j’ai entendu envers Tom Vasel, critiques qui me semblent être assez injustes. Tom est sans doute le critique de jeu le plus connu, voire celui dont les vidéos en ligne, qui ont remplacé ses anciennes critiques écrites, sont les plus populaires et les plus vues, que ce soit sur le Boardgamegeek, sur Facebook, ou sur son site pourtant assez confus, the Dice Tower. Cela est dû certes à leur construction, une explication rapide mais très claire des règles suivie par un point de vue subjectif et argumenté, le tout en une quinzaine de minutes mais aussi à la clarté de l’expression et à un certain talent de bonimenteur. Moi-même, qui préfère généralement les critiques écrites aux vidéos, je regarde souvent celles de Tom Vasel, ainsi que celles de ses acolytes de la Dice Tower, Zee Garcia et Sam Healey, lorsque je veux me faire rapidement une idée sur un jeu récemment sorti.

Les critiques faites à Tom, et dans une moindre mesure à Zee et Sam, sont de deux sortes. Des auteurs et éditeurs lui reprochent de ne pas avoir apprécié leurs jeux et d’être de mauvaise foi, des joueurs lui reprochent de ne pas avoir le même avis qu’eux et d’être « subjectif ».

Critique objective est bien sûr un oxymore, une critique n’ayant de valeur que parce qu’elle exprime l’opinion, aussi subjective et claire que possible, de son auteur. Une « critique objective » ne saurait être qu’une description sans âme ou une paraphrase des règles, ce qui ne présente aucun intérêt. Tom et ses amis l’ont bien compris, qui décrivent certes d’abord les jeux avec pédagogie, mais expriment ensuite leurs opinions avec humour et conviction.
Je comprends bien que certains auteurs regrettent qu’un critique influent n’ait pas trop apprécié tel ou tel de leurs jeux, et cela m’est arrivé bien des fois. Il reste qu’il en a parfaitement le droit, qu’on ne peut pas lui demander de rejouer quinze fois pour vérifier qu’il déteste bien notre jeu. En outre, s’il est un critique dont je peux assurer qu’il est de bonne foi, c’est bien Tom Vasel. Je pense en effet avoir assez bien compris ses préférences en matière de jeux, qui sont assez proches des miennes. Il apprécie le plus souvent mes créations et, surtout, je peux prédire avec une quasi certitude quels sont les jeux qu’il appréciera et ceux qu’il n’aimera pas, ce qui montre bien que ses jugements relèvent bien de l’opinion et non du calcul. Je pourrai avoir quelques doutes si ses critiques étaient incohérentes ou incompréhensibles, elles me semblent au contraire parfaitement cohérentes, argumentées, et appuyées sur une impressionnante culture ludique. Tout au plus peut-on ne pas être d’accord avec lui, ce qui est rarement mon cas – du moins quand il s’agit de jeux. Nous sommes en effet idéologiquement extrêmement éloignés, puisque je hais la religion et me méfie des valeurs familiales, mais je trouve aussi amusant que nous soyons tous deux parmi les rares personnes du monde ludique à ne pas mettre leurs convictions dans leur poche pour parler de jeu.

Cela m’amène à une remarque amusante. Tom Vasel est sans doute aujourd’hui la personnalité la plus connue du petit monde ludique, le personnage que tout le monde reconnait sur les salons. Il est connu comme critique, nul ou presque ne sachant qu’il est aussi l’auteur de deux excellents jeux, Nothing Personal et Vicious Fishes, qui sont passés largement inaperçus en partie parce que, comme critique de jeux, il n’a pas osé les mettre en avant. Ses acolytes Sam et Zee sont aussi de petites célébrités, tout comme une bonne partie de l’équipe du Boardgamegeek, notamment Eric Martin, et quelques autres critiques comme Dan King, aka The Gameboygeek, ou dans un autre genre Quinns et Matt de Shut-up and Sit Down. Ils sont, je pense, bien plus aisément et fréquemment reconnus dans les couloirs des salons que les auteurs de jeux. Si Tom est le plus connu de tous, c’est parce qu’il a du talent, du bagout, parce qu’il apprécie visiblement son rôle de célébrité mineure, et parce qu’il sait jouer de sa stature, de ses cravates et à l’occasion de ses chapeaux. En comparaison, les auteurs de jeux sont sur les salons assez incognitos, que ce soit ceux qui, comme moi, apprécient d’être parfois au centre de l’attention ou ceux qui, comme Antoine Bauza, font tout pour l’éviter.


Eric Martin et Tom Vasel au salon d’Essen

Internet, on le sait, a engendré une « dislocation culturelle » qui permet l’émergence de nombreuses « célébrités mineures », de personnes qui sont très connues dans un petit milieu. Le petit monde du jeu de société en est un, mais il est intéressant de constater que les véritables petites stars y sont plus souvent les critiques que les auteurs ou illustrateurs. Il peut y avoir à cela des raisons liées à la psychologie des uns et des autres, les auteurs étant plus souvent des solitaires – c’est un peu paradoxal pour un loisir très social, mais c’est un fait qui me semble assez évident – et les critiques des personnes plus ouvertes, aimant parler et s’exprimer, et appréciant d’être sous les projecteurs. Il y aussi des raisons techniques, notamment le fait que l’on voit toujours la tête de ses critiques favoris dans des videos tandis que le visage des auteurs reste mystérieux. Ma tête est un peu connue parce que je suis très présent sur internet, et parce que je ne sais pas me taire, celle d’Eric Lang l’est un peu pour les mêmes raisons et parce qu’il n’y a pas beaucoup de noirs dans le monde ludique, mais qui sait à quoi ressemblent des auteurs pourtant aussi importants comme Antoine Bauza, Vlaada Chvatil ou Jamey Stiegmaier ou, l’inconnu total que moi-même je ne reconnaîtrais pas, Wolfgang Warsch ? Je ne sais absolument pas s’il faut s’en réjouir ou le regretter.


At the last Essen game fair, in october, I was surprised to hear many people express their anger at or distrust of Tom Vasel, and thought this was unfair. Tom is certainly the most popular and influent game reviewer, the one whose video reviews, which have replaced his old written ones, get the most views and comments on the Boardgamegeek, on Facebook and on his own website, the Dice Tower, even though the latter is a bit hard to navigate. This is due to their clear structure, a short but clear explanation of the rules followed by a sound and wel-argued subjective opinion, all this in about fifteen minutes, but also to his clear expression and his obvious pitchman talent. I usually prefer to read written reviews, but when I want a short description and opinion on a recent game, I often watch Tom Vasel’s review, and when there’s none a review by one of his Dice Tower acolytes, Zee Garcia and Sam Healey.

I’ve heard mostly two criticisms of Tom and, to a lesser extent, Zee and Sam. Designers and publishers blame them for being partial against their games, or even for bad faith, while gamers rebuke them for not sharing their tastes and opinions and therefore being « subjective ».
Of course, an objective review is an oxymoron, since the only point of a review is to express as clearly as possible the subjective opinion of its author. An « objective review », if there’s something like this, would be pointless – just a soulless and boring description or a plain paraphrase of the game’s rules. Tom and his friends know this. They first give a rough an d pedagogical description of a game, and then give their opinion with wit and conviction.

Of course, a game designer is always a bit depited and frustrated when an influential critic dislikes his last design, and it happened to me many times. It is, however, perfectly legit, and one cannot ask a reviewer to play fifteen one’s game fifteen times to make sure one doesn’t like it. Furthermore, if there is a reviewer I don’t suspect of bad faith, it’s Tom Vasel. I think I’ve well understood his tastes in games, which are not dissimilar with mine. He usually likes my games and, most of all, I can predict with a quasi-certainty which games he will like or dislike. This means his verdicts are indeed only based on his personal opinion and not on some interest or calculation. I could have some doubts if his judgements were inconsistent or loosely argued, but they are the opposite, consistent, clearly argued and based on an impressive knowledge of modern gaming. Of course, one can disagree with him, but that’s rarely my case – at least about games. For the rest, we are ideologically at odds, since I hate all religions and am extremely wary of so-called family values, but we agree, at least, on one thing – we should not set our convictions aside when discussing games.


Sam, Tom & Zee cards from Nothing Personal

This brings me to another fun topic. Tom is probably the best known individual in the boardgaming world, the one everybody recognizes at game fairs. He is famous as a reviewer, since almost no one knows he also designed two really good games, Nothing Personal and Vicious Fishes. One of the reasons why the were largely unnoticed is that, as a game reviewer, e didn’t dare to promote them. His acolytes Sam and Zee are also minor celebrities, as well as some of the boardgamegeek team, especially Eric Martin, and a few other reviewers such as Dan King aka The Gameboygeek, or in a different style Matt & Quinns of Shut-up and Sit Down. They are, I think, more often recognized at game fairs than most game designers. If Tom is the most famous, it’s because of his gift of gab, because he visibly enjoys being a minor celebrity, and because of his stature, his ties and his hats. Comparatively, most game designers can visit game fairs relatively incognito. This is true for those who, like me, enjoys to be from time to time at the center of attention, and even more for those who, like Antoine Bauza, carefully avoid it.


The Boadgamegeek team after Essen 2018

The development of the internet has caused a « cultural dislocation ». One of its effects is the appearance of « minor celebrities » who achieve a near star status in a relatively small circle. The small boardgaming world is one of these circles, but it’s interesting to notice that its small stars are more often game reviewers than game designer or artists. There could be psychological reasons for this. Boardgame designers are often solitary characters – I know it’s surprising since boardgames are a social activity, but believe me, once you know a lot of them, it’s an evidence – while reviewers are probably more extrovert people, eager to speak and to be listened to, and enjoying being in the spotlights. There are also technical explanations, mostly the fact that the reviewer’s face can be seen on every video, but not the designer’s one. My face is moderately known because I’m very active on facebook and on my website, and because I’m not good at keeping it quiet. Eric Lang’s one is also well known for the same reasons, and may be also because there are not that many black people in the boadgaming world. But who can spot in a game fair other important designers such as Vlaada Chvatil, Antoine Bauza, Jamey Stiegmaier or Wolfgang Warsch. I don’t have the slightest idea what the last one looks like. I don’t know if this is a good or a bad thing.


And now a few videos featuring my games :

My 10 best games according to Tom Vasel, as of January 2018 :

My new games at Gen Con 2017, interview with Eric Martin of the BGG :

Tom Vasel reviews Dragons’ Gold:

Shut Up and Sit Down reviews Secrets :

The GameBoyGeek reviews Waka Tanka :

OK, there are one or two games of mine Tom didn’t enjoy – here he discusses letters of Marque:

 

La Mémoire
Memory

Ce n’est qu’après coup que j’ai réalisé que mes quatre derniers jeux publiés, Small Détectives, Junggle, Chawai et Dragons, ainsi que plusieurs des projets sur lesquels je travaille en ce moment, avaient en commun de faire appel à la mémoire des joueurs. Elle joue un rôle essentiel dans Small Detectives, secondaire dans Dragons et mineur dans Chawaii, et elle est au cœur de celui des petits jeux de Junggle que je préfère, Perdu dans la Jungle. Il doit bien y avoir une raison.

Drame familial

Je ne suis pas vraiment un soutien fidèle de ce qu’il est convenu d’appeler les « valeurs familiales », mais j’apprécie de plus en plus les « jeux familiaux ». Cette expression, trompeuse car très restrictive, désigne en fait tout simplement des jeux pouvant être joués sans trop se prendre la tête entre personnes d’âge et de style différents, ce qui heureusement n’arrive pas que dans les familles. Les anglo-saxons parlent aussi de “casual games”, ce qui me semble plus adapté. Quoi qu’il en soit, c’est dans ces jeux que la mémoire trouve le plus facilement sa place, pour deux raisons principales.

Les jeux de pur hasard sont vite ennuyeux, car un jeu ne devient vraiment excitant que lorsque le joueur y exerce un certain contrôle, et a l’impression qu’il peut être récompensé s’il joue bien. Le problème est que, pour des raisons tant biologiques que culturelles, les adultes sont toujours plus forts que les enfants aux jeux faisant largement appel au sens tactique, au calcul stratégique, et même à l’adresse. La mémoire à court terme, celle qui est requise dans les jeux, est l’une des rares compétences pour laquelle les plus jeunes sont à égalité avec les adultes, voire même un peu avantagés. Cela permet à tout le monde de jouer vraiment, c’est à dire de chercher à gagner.

Quelques très bons vrais jeux de mémoire, dont un qui n’est pas vraiment familial

La mémoire est par ailleurs plutôt moins valorisée dans le monde moderne, ou du moins moins prise au sérieux, que d’autres capacités intellectuelles plus construites. Les joueurs qui considèrent comme supérieurs les jeux purement stratégiques, sans hasard, ont souvent du jeu une conception assez sinistre, résumée par la formule « que le meilleur gagne! ». Le jeu s’y résume à une compétition destinée à déterminer le plus intelligent, donc le meilleur, comme si l’intelligence empêchait d’être con. Rien de tel avec les jeux de mémoire, celui qui a la meilleure mémoire immédiate étant plutôt vu comme une curiosité que comme un être supérieur. Une partie de Memory n’a jamais la dimension dramatique d’une partie d’échecs.

Un peu de tout, et plus, c’est moins

Avec les toutes premières ébauches de Small Detectives, j’avais imprimé des fiches pour noter les armes et suspects que l’on avait vu. Les mémoriser s’est avéré si facile que nous y avons très vite renoncé. Là où la mémorisation entre réellement en jeu, c’est quand il faut se rappeler ce qui était ou, et suivre les mouvements des tuiles lorsque sont jouées des cartes déménagement. L’un des charmes de ce jeu est donc que, les tuiles bougeant fréquemment, la mémorisation demande une gymnastique intellectuelle un peu différente de celle du memory classique. En outre, les déplacements et le jeu simultané des cartes apportent au jeu une dimension de tactique et de psychologie permettant aux joueurs qui ont du mal à suivre, surtout s’ils ont un peu de chance au bar, de revenir dans la course. Il y a sans doute dans Small Détectives un peu de mémoire, un peu de chance, un peu de tactique et un peu de psychologie.

 

Il n’y a pas un peu plus de choses à mémoriser dans Dragons, il y en a beaucoup plus, ce qui est un peu comme s’il y en avait moins. Avec plusieurs piles de cartes, et plusieurs objets sur chaque carte, il est absolument impossible de tout mémoriser, et cela est délibéré. Du coup, la vraie question est combien de trucs va-t-on essayer de mémoriser, ce qui relève de la prise de risque, et lesquels, ce qui relève de la tactique. C’est pourquoi je suis un peu énervé de lire, dans certaines critiques, que Dragons est un jeu de mémoire, alors que c’est surtout un jeu de prise de risque basé sur des décisions simples et rapides, un peu de la famille de Diamant.
Lorsque j’ai présenté Dragons à des éditeurs, l’un d’eux m’a proposé que les cartes des différentes piles soient toutes laissées visibles, expliquant que cela allégerait le jeu en dispensant les joueurs de faire des efforts de mémoire. C’est très exactement l’inverse qui se produit, le jeu cartes visibles devant vite prise de tête, les joueurs ne cessant de calculer ce que leur rapporterait précisément telle ou telle pile de trésors.

En matière de mémoire, plus est donc parfois moins. Lorsque les informations pouvant être mémorisées deviennent trop nombreuses, on doit choisir, et on commence à se tromper, ce qui est toujours amusant. Du coup, le jeu est paradoxalement plus léger et plus facile que si toutes les informations étaient visibles ou s’il y avait moins de choses à mémoriser.
Il en va parfois un peu de même dans les jeux stratégiques à information parfaite. Lorsque les éléments à prendre en compte deviennent trop nombreux, il devient à peu près impossible de tout calculer, et les joueurs doivent faire des choix et prendre des risques. Malheureusement, certains joueurs un peu pénibles peuvent prendre le temps de calculer plus que les autres, ralentissant le jeu, allant même parfois jusqu’à la terrible analysis paralysis. Les jeux de mémoire n’ont heureusement pas ce problème, car on ne souvient pas mieux en cherchant plus longtemps.

Dans Chawai non plus, il ne saurait être question de retenir toutes les cartes jouées. Tout au plus peut-on essayer de se rappeler qui a utilisé son 1 ou son 12, et ce n’est même souvent pas nécessaire pour gagner. Là encore, si les cartes jouées par chacun étaient visibles, si toute l’information était disponible, le jeu deviendrait bien plus complexe et calculatoire.

Celui des cinq petits jeu de Junggle que je joue le plus souvent est « Perdu dans la Jungle », qui est en fait une combinaison de Memory et de prise de risque.

 

Et avant ?

Quand je jette un coup d’œil aux étagères qui encerclent mon bureau, je n’y vois pas beaucoup de jeux plus anciens faisant vraiment appel à la mémoire. Waka Tanka (l’un de mes préférés), Ostriches, Bugs & Co, Fearz!, De l’Orc pour les Braves, et dans une moindre mesure Mascarade et Secrets, et c’est à peu près tout. C’est donc récemment et inconsciemment que je me suis mis à utiliser plus souvent cet ingrédient dans mes recettes. C’est peut-être parce que je cherche de plus en plus à alléger mes créations, à les rendre moins stratégiques sans qu’elles ne deviennent trop aléatoires, et qu’une pincée de mémoire peut grandement aider à cela.


It’s only after they were released that I’ve realised that my four last published games, Small Détectives, Junggle, Miaui and Dragons, as well as some of tue projects I’m working on at the moment, all more or less relied on the players’ memory. Memory is essential in Small Detectives, has a secondary role in Dragons, a minor one in Chawai, and is the core element of my favorite in the five Jungle mini games, Lost in the Jungle. There must be a reason.

Family drama

Though I’m not really a supporter of « family values », I’m more and more enjoying, and trying to design, what is often called « family boardgames ». I don’t like this very restrictive expression. I’d rather use « casual games » to describe games that can be played by people of different ages and styles, which luckily happens not only in families. Memory can be very useful and enjoyable in these casual games, for two reasons.

Random games, based entirely on luck, can be boring because what makes a game exciting is the players’ control, the feeling that one’s good play is likely to be rewarded. Unfortunately, for both biological and cultural reasons, adults are usually much better than kids at games relying heavily on skills like tactics, strategy or even dexterity. On the other hand, the short term memory used in games is probably the only skill at which kids are as good, if not better, than adults. This makes for a level playing field, and therefore for really fun and challenging games for the whole, well, ok, family.


A few good memory games, including one which is not really for families

In the modern world, memory is also less valued, or at least taken less seriously, than other intellectual abilities. Those who always praise deep strategy games and consider them intrinsically superior often have a sad understanding of gaming – let the best man win, as if the goal of a game ought to be to determine who’s the best, and as if winning at games was a mark of intellectual superiority. Well, one can be both intelligent and stupid.
There’s nothing like this with memory games, because those who are good at short term memory are more considered funny and curious than really superior. There’s as much skill in game of memory as in a game of chess, but there’s much less drama.

A bit of everything, and more is less

The first prototypes of Small Detectives had pads to cross out the suspects and weapons that a player had viewed. It was soon obvious that memorising them was easy, even automatic, and that notepads were not required. The real memory element in Small Detective enters play when house tiles start to move around the board. The charm of this game probably comes in part from the fact that, site tiles are always moving, the memorisation required is not exactly the same as in classical static memory. Also, the simultaneous card play and the detectives’ moves around the board make for psychological and tactical elements which balance the memory aspect and give to the players who feel lost some opportunities to come back – especially if they’re lucky listening to the rumours at the pub. Small Detectives is part memory, part luck, part tactics and part double-guessing.

 

There is much, much more to memorise in Dragons, so much more that it’s a bit as if there were less. With several piles of cards, and different numbers and kinds of objects on every card, memorising everything is impossible, which is deliberate. The true question when playing Dragons is how much one tries to memorize, with the risk or mixing everything, and what one tries to memorize, which is a tactical choice. That’s why I’m a bit angry at some reviewers who write that Dragons is mostly a memory game, when it is mostly a risk taking and push your luck game based on simple decisions, a bit like Diamant / Incan Gold.
One of the publishers to which I had shown Dragons decided, after reading the rules but before he had even played the game once, to have all cards in piles stay visible. He thought that getting rid of the memory part will make the game feel lighter. The result was the exact reverse, the game with all cards in the iles face up becoming extremely technical and brain burning, with players always counting and recounting how much they would score with this or that pile will.

When it comes to memory, more often means less. when there are many things to memorize, players have to choose what to memorize, and start to make mistakes, which is always fun. The game becomes paradoxically lighter and easier than if every information was open, or if there were less stuff to memorize.
The same can happen with perfect information strategy games. When there are too many elements to reckon, it becomes impossible and players must chose on what to focus, and take risks. Unfortunately, there’s always one or two players who chose to take more time than the other, to reckon more elements, which slows the game and can lead to the terrible analysis paralysis. There’s nothing like this with memory game, one doesn’t remember best when focusing longer on it.

It’s not possible either to memorize every card played in Miaui, though one can try to remember who has played their 1 or 12. Anyway, it’s not even necessary to win the game. Chawai would also feel much heavier and more involved if all the information were public, if all he cards played by all players were kept visible.

Dans Chawai non plus, il ne saurait être question de tout mémoriser. tout au plus peut-on essayer de se rappeler qui a joué son 1 ou son 12, et ce n’est même souvent pas nécessaire pour gagner. Là encore, si les cartes jouées par chacun étaient visibles, si toute l’information était disponible, le jeu deviendrait bien plus complexe et calculatoire.

There are five ini games in the Junggle box, and only one is a memory game, but it’s the one I play most often and I always use to introduce the game. Lost in the Jungle isa very simple mix of Memory and risk taking, and it works really well.

 

Why now ?

When I look at all my published games on the shelves behind my desk, I don’t see that many older games using a strong memory element – Waka Tanka (a personal favorite), Ostriches, Bugs & Co, Fearz!, to a much lesser extent Mascarade and Secrets, and little more. It looks like I started to make a more systematic use of memory elements only in he recent years. This is probably because I try to make my designs lighter, more casual, without relying too much on luck. Memory is a one of the good ways to do this.

Compte rendu d’Essen 2017
Essen 2017 report


On a commencé dans le train avec des gens d’Asmodee qui passaient par là.

Ces dernières années, le salon d’Essen avait été un peu avancé, et se déroulait mi-octobre, donc une ou deux semaines avant les vacances scolaires de Toussaint. Du coup, comme je suis toujours un peu prof, même si ce n’est qu’à mi-temps, je ne pouvais plus m’y rendre régulièrement comme je le faisais dans les années 90 et 2000. Cette année, la grande messe était de nouveau à la fin du mois, et j’ai donc refait le voyage. Ça tombait plutôt bien, puisque j’avais une nouveauté chez Repos Production, Secrets, qui m’a permis de me faire inviter par un éditeur qui ne fait pas les choses à moitié et loge ses hôtes à l’Atlantic, l’hôtel de luxe situé à quelques pas du salon. Un hôtel Atlantic dans la Ruhr, c’est un peu curieux, ce doit être de l’humour allemand.


Il se passe de drôles de choses dans mon hôtel.

Cette année, j’ai un peu regretté de ne plus voir mes amis de Heidelberger, qui m’avaient les premiers invité sur ce salon en 1994 ou 1995, quand ils avaient traduit Tempête sur l’Échiquier en allemand. Heidelberger est racheté par Asmodée, Harald est mort par surprise, et j’ai trouvé en rentrant une sympathique lettre de Petra annonçant qu’elle s’en allait. En revanche, j’ai failli écrire à l’inverse, il y avait le tout Asmodée, qui m’a accueilli en rigolant comme le « dézingueur de logo ». J’avais en effet la veille du salon posté sur Facebook que je n’aimais guère le nouveau logo du groupe, ni très ludique ni très démoniaque. Quand j’écris sur un jeu, j’ai trois likes et deux commentaires, quand j’écris sur un logo, tout le monde commente, en rajoute, et reposte ! On m’a dit que c’était même remonté jusqu’au big boss.

Le salon a grandi, les jeux sont toujours plus nombreux. J’étais perdu dans la foule, et mes nouveautés un peu noyées dans la masse.
J’avais un emploi du temps bien chargé, avec même deux petits déjeuners de travail, concept que je ne peux pas m’empêcher de trouver un peu pervers. J’ai bien sûr passé pas mal de temps chez Repos production à signer des boites de Secrets, je leur devais bien ça, mais je me suis débrouillé pour faire aussi une séance de dédicaces chez les éditeurs de chacune de mes autres nouveautés.

Chez Blue Orange, mon Nutz! est passé un peu inaperçu, coincé entre les Queen et les King domino. Chez les Pixie, une petite boite qui monte très vite, j’ai fait quelques parties de Small Detectives. Matt, de Vice Games, encouragé par le succès du jeu aux États-Unis avait fait le voyage pour vendre quelques boites de Kamasutra et chercher des distributeurs, ce qui s’annonce plutôt très bien. Pareil pour King’s Life, chez Pandasaurus, dont je n’ai pas trouvé tout de suite le stand perdu au fond du hall 8.


Small Detectives, avec Charles Chevalier

Matt fantastic se repose entre deux parties de Kamasutra…

Le reste du temps, j’avais des rendez-vous toutes les heures, voire toutes les demi-heures, pour discuter un peu des jeux qui vont sortir et, surtout, pour tenter de trouver des éditeurs pour mes trois dernières créations. Rien n’est sûr, mais je pense avoir fait quelques touches. J’ai eu aussi deux bonnes séances de brain storming avec Eric Lang et Anja Wrede, qui devraient avoir relancé des projets qui tournaient un peu au ralenti. On verra ça après les vacances, car la semaine qui vient va être encore bien chargée.


À sortir bientôt chez Matagot…

Deux restos : Plan B et Hans im Glück. Devinez où on a dîné.

Du coup, je n’ai guère eu le temps de jouer aux innombrables nouveautés parues sur le salon, et n’ai même pas vraiment cherché à savoir ce qui faisait vraiment le buzz. J’ai juste remarqué, chez des éditeurs amis, que les boites de When I Dream, Seeders of Sereis, Photosynthesis, Queendomino, Coaster Park, Meeple Circus et Dragon Castle partaient comme des petits pains, mais il y avait peut-être des trucs qui partaient encore plus vite ailleurs. Rentrant en train, je n’ai rapporté qu’une seule grosse boite, Dragon Castle offert par mon ami Lorenzo Silva, et j’ai demandé aux autres de me les envoyer, sans bien savoir lesquels l’ont noté et lesquels vont oublier. J’ai acheté à droite et à gauche, un peu au pif, des toutes petites boites, surtout des trucs un peu exotiques que j’aurais du mal à trouver ensuite, des jeux de petits éditeurs chinois, japonais ou coréens. J’ai commencé à les regarder dans le train du retour, certains ont l’air intéressants, d’autres moins. Une journée de repos, je repars demain.



In the train to Essen, I met a few Asmodee people.

These last years, the Essen fair took place earlier, mid-october, and didn’t fit with my school holidays. Since I’m still a part time teacher, this meant I could not attend it as I used to in the nineties and 2000s. This year, the big German game fair was back in late October, so I was back there. Luckily, I was invited by Repos Production, a publisher who doesn’t do things by half, which meant I had a room at the Atlantic, the big and expensive hotel just next top the fair. I always wonder how there can be an Atlantic hotel in central Germany, but this must be German humor.


Strange things happening in my hotel.

This year, I was a bit sad not to see my old friends from Heidelberger, who had invited me the first time I went there, in 1994 or 1995, when they had just published a German version of Knightmare Chess. Heidelberger has been bought by Asmodée, Harald died unexpectedly, and I just found, back home, a kind letter from Petra telling she is leaving. On the other hand – or should I say on the opposite – all Asmodee was there, and when arriving at the hotel I was hailed as the « logo killer ». The day before, I had posted on Facebook that I didn’t like the new Asmodee logo. When I post something about a game, I have three likes and two comments. When I post about a logo, everyone comments, loves and forwards !
 I’ve been told it was even reported to the big boss !

The fair is still becoming bigger. I was lost in the crowd, as were my games.
I had a very busy schedule, starting with business breakfasts, something I find a bit disturbing, if not perverse. I spent much time at the Repos booth, signing copies of Secrets every day, but I also manages to hold one signing or demo session of each one of my other new games.


At Blue Orange, Nuts was a bit squashed between the King and Queendominos. The very first copies of Small Detectives were on sale at Pixie games, a small and fast growing French publisher and distributor. matt Fantastic, at Vice games, had been encouraged by the success of Kamasutra in the US to make the trip to Essen with a few copies to sell, but mostly to look for distributors. It seems to be going very well. Same for King’s Life, at Pandasaurus, even when I first didn’t find their booth, lost in the depth of the mysterious Hall 8.


Small Detectives, with Charles Chevalier

Matt fantastic having a rest between two demos of Kamasutra…

I had meetings almost every hour, sometimes every half hour, with various publishers either to discuss upcoming games or to pitch the three new designs I had with me. There’s nothing certain yet, but but two of them might have found a home. I also had two invigorating brain-storming sessions with fellow game designers Anja Wrede and Eric Lang, and old stalled projects might get a new start. Well, we’ll see when holidays will be over, in ten days.


One of my upcoming games, to be published by Matagot

Two restaurants : Plan B and Hans im Glueck. Guess where we had dinner.

This meant I didn’t have the time to play any of the new games published at the fair. I even didn’t really try to see which games were buzzing. I only noticed at friends’ booths that When I Dream, Seeders of Sereis, Photosynthesis, Queendomino, Coaster Park, Meeple Circus et Dragon Castle were selling like croissants (that’s what we say in french and it makes more sense than selling like hell), but there might have been games selling even better somewhere else. Since I was coming back by train, I could not bring back much games, at least no big boxes. I took only one, Dragon Castle, a gift from my friend Lorenzo Silva, and asked a few publishers if they could send me one or two. No idea which ones took notice and which ones will forget about it. The only games I bought were very small boxes by small and mostly exotic publishers – Chinese, Japanese, Koreans – which I might not have an opportunity to find later. I’ve started to look at them in the train, some of them look really interesting, others don’t. I’ve one day home to sleep, and I’m traveling again tomorrow.

Tom Vasel aime Secrets
Tom Vasel approves Secrets

Tom Vasel a aimé Secrets, et comme il est sans doute l’ « influenceur » le plus influent dans le petit monde du jeu de société, je ne peux que m’en réjouir.
Dans ses commentaires, il revient à plusieurs sur deux remarques. La première est que ce jeu fait penser à une version plus sophistiquée de Cockroach Poker. C’est fort bien vu, même s’il n’y a pas d’identités secrètes dans le jeu de Jacques Zeimet. Secrets, c’est un peu la version « joueurs » d’un mélange entre le poker des cafards, auquel j’ai beaucoup joué il y a une quinzaine d’années, et Mascarade.
L’autre remarque, c’est que cela ressemble plus à un jeu de Bruno Faidutti qu’à un jeu d’Eric Lang. Je m’y attendais, d’autant que c’est une réflexion que l’on nous avait déjà faite à la sortie de Dolorès, notre première collaboration. La réponse sera donc la même, non, on a vraiment bossé tous les deux là dessus, se renvoyant régulièrement la balle. Ceci dit, notre collaboration ces dernières années est surtout due à un souhait d’Eric de faire des trucs plus légers et moins stratégiques. Je n’ai pas autant, je crois, l’envie de me remettre aux gros jeux, même si Eric et moi avons aussi un truc un peu plus ambitieux en chantier.

Tom Vasel likes Secrets, and since he’s probably the most influent influencer in the small board gaming world, that’s a good news.
In his comments, he stresses two interesting points I’d like to shortly discuss. He compares several times Secrets with Cockroach Poker. that’s well spotted, even when there’s no hidden identities in Jacques Zeimet’s game. Secrets feels a bit like a gamers’ fusion between Mascarade and Cockroach Poker, which I played a lot fifteen years ago.
The other comment Tom repeats a few times is that this game feels more like Bruno Faidutti than like Eric Lang. I’m not really surprised, especially after already having the same remark made last year about Dolores, our first common design. The answer is that we really designed both games together, and that there are ideas from both of us in the final result. What is probably true, however, is that our collaboration was more due to Eric wanting to work on lighter stuff, than to me wanting to come back to big heavy boxes. Anyway, we’re still occasionally working on another game, and this one might end up being heavier.

And by the way, here’s another nice review of Secrets.

 

Mon compte rendu de la Gen Con 2017
My 2017 GenCon report

Politique

Je suis arrivé aux États-Unis le lendemain des événements de Charlotteville, qui étaient le grand sujet de discussion. Comme assez souvent, je me suis retrouvé devoir essayer d’expliquer les grilles de lecture européennes aux américains, et inversement. En effet, si le racisme aux États-Unis est un peu différent de ce qu’il est en Europe, l’antiracisme est lui complètement différent.
Pour un américain, être antiraciste c’est vouloir l’égalité des races, considérées comme des réalités incontournables, voire comme des identités à défendre. Pour un européen, surtout dans les pays latins, être antiraciste c’est nier l’existence de races humaines, considérées comme un fantasme dangereux et sans fondement scientifique. Du coup, l’antiraciste américain apparait à l’européen comme un raciste soft et gentil, et l’antiraciste européen est aux yeux de l’américain un grand naïf. Les deux reproches sont sans doute un peu fondés. Discutant des événements de Charlotteville, le chauffeur de taxi qui m’a amené à Roissy disait que « les races, c’est un truc de chien, pas d’hommes », tandis qu’un employé d’hôtel d’Indianapolis m’a assuré que « Dieu a créé toutes les races égales » (ce qui colle mal avec l’histoire d’Adam et Eve, mais bon, je n’allais pas engager un débat théologique avec un américain).
Universaliste par tempérament, je me méfie de l’obsession identitaire et communautaire à l’américaine, de la tribalisation qui mène à la violence. Je ne peux qu’espérer, sans trop y croire, que les événements de Charlotteville vont conduire la gauche américaine à réaliser que les identités sont le problème et non la solution. Je m’inquiète plutôt de voir la vision tribale du monde s’insinuer de nouveau en Europe, que l’on pouvait penser vaccinée par l’histoire contre les identités collectives un peu trop fortes. En même temps (comme dirait Macron😀) on ne lutte pas contre une réalité sociale en refusant de la voir, et se regrouper est parfois, à court terme au moins, la meilleure manière de se défendre.
L’attentat de Barcelone a été beaucoup moins discuté aux USA que les événements de Charlotteville ne l’ont été en Europe. C’est un peu dérangeant, mais cela s’explique peut-être en partie par l’habitude. Les attentats de Ouagadougou, eux, ont a peine été signalés, ce qui est encore plus dérangeant. Il reste que tous ont, au fond, la même origine – quelques allumés pensant qu’ils doivent être fiers d’une identité fantasmée qui les rendrait différent du reste de l’humanité.

Minneapolis

Comme ces trois ou quatre dernières années, j’ai passé les trois premiers jours à Roseville, accueilli par la sympathique équipe de Z-Man Games, et plus largement d’Asmodee (sans accent) North America dans une zone industrielle au milieu de nulle part dans la banlieue de Minneapolis.

On a joué à mes prototypes, dont certain ont suscité un certain intérêt, et à quelques unes des dernières nouveautés et des jeux à venir de Z-Man. J’ai particulièrement apprécié un proto de Florian Fay dont on n’a pas encore le droit de parler et sur lequel il y a encore pas mal de boulot, Smile, un petit jeu de cartes de Michael Schacht, et NMBR9, que je connaissais déjà. Moi qui n’aime pas trop Splendor, et de manière générale le style un peu froid de Marc André, j’ai bien aimé Majesty, un jeu avec de l’interaction et un vrai thème. Discutant de jeux à deux joueurs avec Steven Kimball, j’avais presque réussi à le convaincre de faire une nouvelle édition de Greedy Kingdoms, de Hayato Kisaragi, et de me laisser faire le développement pour lequel j’avais quelques idées. Malheureusement, j’ai appris le soir que les japonais avaient déjà revendu leur jeu à AEG….

Indianapolis


Downtown Indianapolis vu depuis ma chambre au 27ème étage

Changement de rythme après l’arrivée à Indianapolis, caricature de ville américaine à l’architecture brutale plantée au milieu de la brousse. La 50ème GenCon a attiré 70.000 visiteurs, un record. Les auteurs, éditeurs, distributeurs et même fabricants de jeux du monde entier étaient là, seuls les illustrateurs me semblant peu représentés, à l’exception de peintres fantastiques très américains. Beaucoup de français, et pas seulement des asmodéens. Avec une telle foule, les hôtels ne se gênaient guère et la chambre d’Antoine Bauza, arrivé un jour plus tard que prévu, avait déjà été attribuée à un autre. Du coup, je l’ai hébergé deux nuits dans la mienne, ce qui nous a permis de commencer à bosser sur un nouveau petit projet.


Au bar du JW Marriott vec Merry Nowak-Trzewiczek, Eric Lang et une partie de l’équipe CMON.

Tout ce qui gravite autour d’Asmodée, de FFG, de CMON, avec donc un grand nombre de français, avait pour quartier général le bar du JW Marriot, le grand hôtel le plus proche du salon. Ça buvait pas mal, ça parlait plus de jeux que ça ne jouait vraiment. Soirée Iello jeudi, soirée Asmodée vendredi, j’apprécie de ne pas avoir à choisir mon camp.

Les nouveautés

Cinq ou six-cent nouveaux jeux de société étaient présentés sur le salon. C’est beaucoup, peut-être trop. Heureusement, cette année, aucun jeu n’a suscité l’enthousiasme général au point d’accaparer toute l’attention. Pas de big hit, donc, ce qui a permis à pas mal de jeux de se faire remarquer. Je n’ai eu le temps de jouer à rien, mais j’ai entendu dire du bien de tous ceux là, dans le désordre :

et j’en oublie certainement. Quelques uns de ceux-ci, mais aussi pas mal de petites boites qui m’ont intrigué sans que je trouve le temps d’y jouer, sont dans le gros colis que FFG, pardon Asmodee North America, se charge gentiment de m’envoyer bientôt.
Côté styles, certaines des tendances que je constatais dans mes considérations d’avant salon se confirment nettement. Beaucoup de jeux de coopération, beaucoup de jeux narratifs, de plus en plus d’auteurs japonais, et une opposition très nette entre les petits jeux de cartes élégants et les grosses boites au look baroque et au matériel aussi inutile que tapageur. La gamme intermédiaire se fait plus rare. Côté thème, c’est le retour de la science fiction, avec souvent un look très seventies, mais l’heroic fantasy résiste.

Mes jeux à moi

Mon emploi du temps chargé consistait pour moitié en dédicaces et présentations de mes nouveaux jeux, Secrets, Junggle, King’s Life et Kamasutra, pour moitié en rendez-vous avec des éditeurs connus ou inconnus pour leur présenter quelques brouillons. Les deux stands sur lesquels j’étais le plus présent étaient celui de Z-Man, éditeur de Junggle, qui avait la gentillesse de m’héberger dans l’hôtel assez cher où tout se passe et tout se discute, et celui de Vice Games, éditeur de Kamasutra, parce que c’était rigolo.


Présentation de Junggle sur le stand Z-Man

Junggle, léger et familial, n’est sans doute pas le jeu le plus facile à présenter dans un salon très geek, surtout sur un stand occupé surtout par des trucs plus sérieux, plus conséquents et plus allemands. Les démos ont pourtant remporté un certain succès. Le dernier jour, je n’étais cependant plus très performant, ni dans les jeux de rapidité, ni dans ceux de mémoire.


Une partie de Secrets

Sans participer aux parties, plus longues, je faisais de temps en temps un saut à côté, dans l’espace joliment décoré où étaient présentées les nouveautés de Repos Prod, dont Secrets, ma deuxième collaboration avec Eric Lang. Les joueurs avaient toujours l’air de bien s’amuser et de ne pas se faire confiance, c’est bon signe.


King’s Life, chez Pandasaurus

Sur le stand de Pandasaurus, King’s Life était largement éclipsé par l’immense succès de Wasteland Express Delivery Service, mais j’ai quand même pu faire quelques parties dont une, à sept joueurs, restera un de mes meilleurs moments du salon. Cela confirme que ce jeu prend tout son sel quand les joueurs sont assez nombreux.


Kamasutra et Come Together, les deux jeux les plus chauds de la GenCon

Le stand de Vice Games n’était qu’une étroite bande de tissu noir derrière celui, plus conséquent, de leurs amis de Japanime Games, mais c’était l’un des coins les plus drôles et des plus animés de la GenCon. Pendant que Matt, en robe de Blanche neige, expliquait son jeu de cartes Come Together, j’ai animé quelques parties de Kamasutra, qui a été incontestablement l’un des jeux qui faisait parler d’eux. Les mignonnes illustrations de David Cochard, l’enthousiasme de Matt et un peu de bouche à oreille ont permis au jeu d’être sold out le dimanche matin.


On a fait jouer l’équipe du Boardgamegeek à Kamasutra

Il y a même eu des tournois improvisés, dont un que j’ai arbitré à la Game Nerds Night. Du coup, alors que personne il y a deux ans, puis l’an dernier, ne voulait publier ce jeu, pas mal de distributeurs potentiels se sont fait connaître cette année. S’il n’est pas trop tard, Vice Games va se débrouiller pour avoir un stand à Essen.


Préparatifs du tournoi de la Game Nerds night

Prospection

J’avais une douzaine de rendez-vous avec des éditeurs, du plus petit au plus gros, et une dizaine de jeux à présenter. Pour la première fois, j’avais fait le choix d’amener, outre mes brouillons et projets en cours, deux prototypes quasi finaux de jeux, Chawai et Small Detectives, qui vont sortir en France mais dont les éditeurs cherchent licenciés ou distributeurs outre Atlantique. Tout cela a suscité pas mal d’intérêt, ce qui laisse espérer quelques nouveaux jeux de Bruno Faidutti l’an prochain ou dans deux ans – on verra bien. Et puis, comme il ne faut pas renoncer à une bonne idée, je suis passé voir les gens d’AEG, que je ne connaissais pas encore, pour leur proposer d’ajouter mon grain de sel à Greedy Kingdoms.

Retour


Dimanche soir, un peu de repos dans les salons de l’hôtel.

Mon dernier rendez-vous était lundi matin pour un petit déjeuner de travail au Patachou avec Eric Lang. Malgré nos fatigues respectives après quatre jours épuisants passés à jouer, boire et discuter affaires, nous avons réussi à remettre sur les rails un projet avec des elfes et des trolls qui piétinait depuis un an. Reste à espérer que nous n’oublierons pas nos brillantes idées du lundi matin et qu’elles nous sembleront toujours aussi bonnes après une bonne nuit de sommeil.
Ensuite, ce fut l’éclipse au moment du départ d’Indianapolis, une correspondance sans problème à Atlanta, ce qui n’était pas gagné d’avance, et une très courte nuit au dessus de l’Atlantique durant laquelle j’écris ce petit compte rendu. En arrivant, il va falloir que je réimprime des protos pour envoyer aux éditeurs, et que je m’attaque aux nouveaux projets avec Eric Lang, avec Hayato Kisaragi, avec Antoine Bauza. Et puis il y a la rentrée scolaire….


Embarquement sur le vol retour avec Bruno Cathala


Politics

I arrived in the USA the day after the Charlotteville events, which were of course the main topic of conversation. As often, I ended up trying to explain to Americans the standard European interpretation frameworks and premises, and vice versa. Indeed, while racism in the USA is only slightly different from what it is in Europe, antiracism is completely different.
Americans antiracists fight for race equality, and consider that races are an undeniable reality, or even identities needing to be asserted and defended. Europeans antiracists, especially in latin countries, fight to get rid of the idea of race, which they consider a dangerous fantasy based on dubious scientific premises. As a result, European antiracists see American ones as “soft and kind racists”, while American antiracists see European ones as naive dreamers. There’s some truth in both critics. Discussing the Charlotteville events, the taxi driver who drove me from Paris to the Roissy airport told me that “races are for dogs, not for men”. In Indianapolis, a hotel clerk assured me that “God has created all races equal” (which doesn’t quite fit with the Adam & Eve storyline, but I didn’t dare discuss theology with an American).
I am an universalist, and I am extremely wary of the American identity and community fetish, which inevitably leads to violence. I have only little hope that Charlotteville’s white identity furor will make US liberals realize that identities are not the solution but the problem. Conversely, I’m afraid when I see the US style tribal worldview worming itself back in Europe, which I thought had been immunized by history against strong identities. On the other hand, refusing to see a social reality might not be the best way to fight it, and banding together is often, at least in the short term, the best defense system.
The Barcelona terror attack was far less discussed in the US than the Charlotteville events were discussed in Europe. It’s a bit disturbing, but might be in part because it feels less new. The attacks in Ouagadougou went almost unnoticed, which is even more disturbing. Anyway, in the end, all have the same origin – a small group of looneys thinking they can be proud of a bullshit racial or religious identity which supposedly makes them different from the rest of the human race.

Minneapolis

Like the three or four last years, I first stopped for a few days in Roseville, where I joined the friendly Z-Man team, and of all Asmodee (no accent) Nort America, in a lost suburb of Minneapolis. We played my prototypes, some of which raised some interest, and a few new or upcoming Z-Man games. My favorites were a Florian Fay prototype which still needs some development, and Smile, a cute light card game by Michael Schacht, and NMBR9, which I had already played. While I don’t like Splendor and Marc Andrés’s style usually leaves me cold, I really enjoyed my game of Majesty, which has strong interaction and a consistent theme.

While discussing two player games with Steven Kimball, I tried to convince him to make a mew version of Hayato Kisaragi’s Greedy Kingdoms, a game I really like, and to let me work on the development, only to learn the day after that the game was already signed with AEG.

Indianapolis


Downtown Indianapolis viewed from my 27th floor room

There was a change of pace when arriving in Indianapolis, an archetypal american city, some brutal architecture planted in the bush, in the middle of nowhere.
There were 70.000 attendees, a record, at the 50th Gen Con. Designers, publishers, distributors and even game manufacturers from all around the world were here, but there were few artists, except for very american fantasy illustrators. Many French people, not all asmodeans. With such a busy crowd, hotels were full, if not overbooked. When Antoine Bauza arrived one day later than initially scheduled, his room had already been passed to someone else. He slept in mine for two days, a good opportunity to discuss games and to start working together on what will probably be a small card game.


At the JW Marriott bar with Merry Nowak-Trzewiczek, Eric Lang and two guys from CMON.

All the people gravitating around Asmodee, FFG or CMON used the nearby JW Marriott bar and lobby as their headquarters. We drank a lot, we talked games, but we didn’t play that much. Thursday night was the Iello party, Friday night the Asmodee one, I felt relieved for not having to choose my side.

New stuff

There were five or six hundred new games on the show. Many games, may be too many. Luckily, this year, there was no main big hit monopolizing the gamers’ attention, which was divided between many interesting new games. I could not find the time to play anything else than my own games and prototypes, but I’ve heard good things about all of these, in no specific order.

and I certainly forget a few ones. Some of these, and a few dozen small card games, are in the big box that FFG – ooops, ANA – will send me in the coming days. Thanks again friends!
Some of the trends I discussed in a recent blogpost were confirmed. Lots of cooperative games, and of narrative and legacy ones. Many games by Japanese designers. A focus on both small card games and big heavy boxes with baroque graphics and ridiculously overproduced components, but little in between. Science fiction is back, often with a seventies graphic style, but good old heroic fantasy is not dead.

My games

I had a busy schedule, half appointments with publishers to show my prototypes, half signings and demos of my four new games, Secrets, Junggle, King’s Life and Kamasutra. The two booths where I spent most of my time were Z-Man, the publisher of Junggle, who was kind enough to take care of my accommodation in the rather expensive hotel where all the interesting discussions take place, and Vice Games, the publisher of Kamasutra, because it was plain good fun.


Demoing Junggle at the Z-Man booth

Junggle, a light and fast paced family game, might not be very easy to show in a geeky event like Gen Con, especially when most of the other games at Z-Man were more serious, heavy and german. My demos were nevertheless a success, though on the last day, I was not very good an y more at rapidity or memory games.


A game of Secrets

I didn’t actually play Secrets but I often went to have a look and discuss the game at the nearby nice space where the new Repos games were demoed. Players always seemed to have fun and to be completely distrustful of each other, which is a good sign.


Playing King’s Life, at Pandasaurus

At Pandasaurus, King’s Life was largely eclipsed by their big hit, Wasteland Express Delivery Service, a monster game about delivery drivers in a Mad Max setting. I nevertheless played a few games of King’s Life, one of which, with seven players, was probably one of my highlights of the con. This game is definitely best with more players.


Kamasutra and Come Together, the two hottest games at GenCon

The Vice Games booth was just a narrow strip of black cloth behind the bigger one owned by their friends at Japanime Games, but it was one of the most fun and sexy places at the con. Matt, in a snow white outfit, explained his sexy card game Come Together, while I showed Kamasutra. Matt’s enthusiasm, David Cochard’s cute graphics and some word of mouth helped the game selll out quite fast.


Playing Kamasutra with BGG’s Eric Martin as a teammate. We won.

There were even a few improvised tournaments, and I was the referee at the Game Nerds Night on Sunday. No one wanted to publish this game when I showed it two years ago, and again last year, now everyone wants to distribute it all around the world ! If it’s not too late, Vice Games will try to book a small booth in Essen.


Preparing the Kamasutra tournament

(BTW, English grammar question. When explaining the rules of Kamasutra, I used to say that the balloon is placed in the « contact zone ». Then I heard Matt explaining the game, and saying it was in the « zone of contact ». It’s obvious to me, though I don’t know why, that the third possibility, contact’s zone, would not be correct. So, what is the rule ? If zone of contact is correct and not contact zone, why ?)

Prospection

I had ten or twelve appointments with publishers, small and big ones, and several games prototypes to show. For the first time, I had brought not only rough prototypes but also publisher prototypes of two games, Chawai and Small Detectives, which will be soon published in France and are looking for foreign distributors or licensees. Both my prototypes and these games raised some interest, so you can expect some more Bruno Faidutti games in the coming years. And since I could not abandon this idea, I also contacted the AEG team, which I didn’t know so far, to ask if I could add my grain of salt to Greedy Kingdoms.

Back to France


Sunday evening in the hotel lobby.

My last appointment was for breakfast, on mondai morning, at Patachou, with Eric Lang. Even when we were both exhausted after four games of gaming, drinking and talking business, we managed to revive a game project with elves and trolls which had stalled for several months. I only hope that we will not forget our new ideas, and that they will still sound as great after a full night of sleep.
The eclipse took place just when we were leaving Indianapolis. The connection in Atlanta was fast and smooth, which was not certain. I’m now writing this report during the very short night over the ocean. When back, I will have to reprint prototypes for the publishers who asked for them, and then to start working on the new projects with Eric Lang, with Hayato Kisaragi, with Antoine Bauza.


Boarding the plane with Bruno Cathala

Compte rendu de Paris est Ludique
Paris est Ludique report

Le grand salon français du jeu de société n’est pas celui de Paris mais celui de Cannes, en février. Paris est Ludique, en juin, est plus modeste, mais c’est sans doute mon salon préféré, pour toute une série de raisons. C’est à côté de chez moi, dans l’est parisien, et je n’ai donc pas à me préoccuper de billets de train ou d’avion, ni de chambre d’hôtel.
C’est l’un des rares salons ludiques à se tenir à l’extérieur, sur la pelouse de Reuilly, l’ancienne foire du Trône en bordure du bois de Vincennes, et cela contribue grandement à l’ambiance assez décontractée, avec beaucoup de bière, de shorts, de robes courtes et d’espadrilles. Le risque bien sûr est qu’il fasse trop chaud – il s’en est fallu de quelques jours -, qu’il y ait trop de vent – c’est arrivé – ou des orages, mais quand il fait juste beau comme cette année, c’est parfait.
C’est un salon très professionnel, où tous les éditeurs français sont présents, même si les étrangers restent très peu nombreux, à part les belges et les polonais. Cela reste cependant un salon familial (même si je n’aime pas ce mot), avec un public varié, mêlant geeks et curieux. C’est un salon qui remporte son petit succès, mais qui ne grossit pas trop vite.


Secrets

Cette année, je n’avais guère qu’une création à présenter aux éditeurs, et mon planning de rendez-vous était très modeste. Je n’avais pas non plus de nouveautés en vente sur le salon, mais j’en avais plusieurs en démonstration, qui arrivent dans les mois qui viennent – c’est à dire pour la Gen Con, en août, ou pour Essen, en octobre. J’ai donc passé pas mal de temps sur les stands de Repos Production éditeur de Secrets, ma deuxième collaboration avec Eric Lang, de Pixie Games, éditeur de Small Detectives, ma première collaboration avec Charles Chevallier, de Superlude, éditeur de Chawai et de Blue Orange, éditeur de Nutz!, et jai fait quelques photos. Sur les stands de Sweet November, de Matagot, de Lui-Même et de Flatline Prod, j’au eu la chance de constater qu’ils continuaient à présenter Waka Tanka, Raptor, Dolores et Argo, qui ne sont plus vraiment des nouveautés.


Chawai – qui ne sort pas chez Haba – et Argo en arrière plan.

Les quelques nouveautés auxquelles j’ai trouvé le temps de jouer étaient des jeux rapides, et j’ai particulièrement apprécié deux petits jeux de cartes un peu calculatoires, Startups, de Jun Sasaki, le dernier petit jeu dans une toute petite boite de chez Oink Games et Kimono, de Hinata Origuchi. J’ai enfin découvert Flamme Rouge, de Asger Harding Granerud, et j’ai beaucoup aimé, même si je ne suis pas sûr qu’il détrône Ave Cesar, mon jeu de course méchant préféré. J’aurais bien voulu jouer à Century-Spice Road, à Edgar et Lucien, aux Pillards de la Mer du Nord, à Arena for the Gods, mais soit les tables étaient pleines, soit je n’avais pas le temps. Je recommande aussi parmi les nouveautés du salon Seeders Exodus (mais c’est du lourd), Dice Forge, Décrocher la lune et Jack et le haricot magique, que j’avais découverts à Etourvy.


Wet Head – un jeu adapté à la météo

Sur le stand d’Accessijeux, j’ai eu la bonne surprise de découvrir trois de mes créations, Waka Tanka, Diamant et Citadelles, adaptées pour les joueurs aveugles (je déteste l’euphémisme non-voyant, qui laisse supposer qu’aveugle serait désobligeant, un peu comme personne âgée sous-entend que vieux serait une insulte). Je ne suis pas bien placé pour juger, mais je suis assez dubitatif sur l’adaptation de Citadelles, qui me semble un peu tarabiscotée. Celle de Waka Tanka, en revanche, est toute simple et doit très bien fonctionner.


Sur le stand d’Accessijeux. Les aveugles ne conduisent pas…

Roberto Fraga a donné cette année la patate d’or, que j’avais eu il y a quatre ou cinq ans, à Matthieu d’Epenoux. Ce prix totalement subjectif, grossièrement sculpté par Martin Vidberg, est attribué chaque année par son titulaire précédent à une personne qui a beaucoup fait pour le jeu de société. C’est vrai que Matthieu a fait de toutes petites choses, mais il en a fait vraiment beaucoup.


Martin, Matthieu et Roberto

Le samedi soir, c’était la traditionnelle soirée After organisée par Laurent Escoffier, où je ne me suis malheureusement guère attardé car je voulais corriger quelques copies de bac avant de me coucher, mais ceux qui sont restés jusqu’au bout de la nuit m’ont dit que c’était très bien.


Avec Hervé Marly à l’after party

Dimanche matin, ce fut la deuxième et très constructive assemblée générale de la société des auteurs de jeux. Nous étions nombreux, avec je pense le bon mix de vieux auteurs installés et de petits jeunes plein d’enthousiasme. Curieusement, très peu de femmes, alors qu’elles commencent à être nombreuses parmi les auteurs publiés. On a fixé quelques objectifs clairs, notamment clarifier notre situation socio-fiscale et obtenir une meilleure reconnaissance du jeu de société comme création culturelle, et donc de ses créateurs comme des auteurs – ces objectifs allant bien sûr de pair. Pour le reste, on n’était pas d’accord sur tout, mais c’est aussi une preuve de dynamisme.

Nous sommes dimanche soir, je suis fatigué, et je dois avoir un petit coup de soleil sur le dessus du crâne. Je crois que je vais me coucher tôt et reprendrai les corrections du bac demain matin.

The big french board game fair doesn’t take place in Paris but in Cannes, in February. Paris est Ludique, in June, is a much more modest thing, but it’s probably my favorite board game fair, for several reasons. The first one, of course, is that I live nearby, which means I don’t have to deal with hotel rooms and airplane tickets.
It’s one of the very few boardgames fairs taking place outside. he place, near the Vincennes park in the east of Paris, is really nice and the mood is always very cool, with shorts, short dresses, sandals and much beer. Of course, there’s a risk, it can be too hot – we avoided it by a few days -, or too windy – it happened a few years ago – and some year there will be storms, but when the weather is just nice like this year, it’s the perfect setting.
It’s a highly professional thing, and all french publishers are there, though except for Belgians and Polish there are few foreigners so far. It’s also very casual and family friendly, with an extremely varied audience, of all styles and ages. It’s a success, it’s growing every year, but not too fast.


Small Detectives

This year, I had only one prototype to show to publishers, and my planning was not too busy. I also did not have new games on sale on the fair, though there were demos of several that will arrive in the coming months, either for Gen Con in August or Essen in October. I spend some time at Repos Productions, the publisher of Secrets, my second collaboration with Eric M. Lang, at Pixie games, publisher of Small Detectives, my first collaboration with Charles Chevallier, at Superlude, publisher of Chawai, and Blue Orange, publisher of Nutz!, and I took some pictures. At Sweet Games, Matagot and Flatline Prod, I was glad to see that they were still demoing Waka Tanka, Raptor, Dolores and Argo, even when these are last year news.


Nutz!

The few new games I managed to play were fast-paced ones. I really enjoyed two small card games, Jun Sasaki’s Startups, the last small game in a tiny box by Japanese publisher Oink Games, and Hinata Origuchi’s Kimono (a remake of Colors of Kasane). I finally discovered Flamme Rouge, and liked it a lot though I doubt it will replace Ave Cesar as my favorite nasty racing game. I would have liked to play Century-Spice Road, Edgar & Lucien, Raiders of the North Sea (not new in English, but new in French), and Arena for the Gods, but the tables were full, or I didn’t have time. Other new games I recommend because I have played them earlier, most of them in Etourvy, are Seeders Exodus (but it’s heavy stuff), Dice Forge, Décrocher la lune and Jack and the Beanstalk.

With Charles and Bruno at Pixie Games. Thanks Bruno for promoting Masacarade !

It was nice to see, at the Accessijeux booth, three of my games, Waka Tanka, Citadels and Diamant played by blind players with adapted components. I’m not well placed to make a judgement, but I have doubts about the Citadels implementation, which looks a bit complex. one the other one, the Waka Tanka adaptation is extremely simple and seems to work very well.


Blind Diamant

Roberto Fraga handed the golden potato, which I had four or five years ago, to Matthieu d’Epenoux. This totally subjective award, roughly sculpted by Martin Vidberg, is given every year by his former holder to some one who did great things for the boardgaming scene. And, well, Matthieu did mostly very small things, but he did a lot!

On Saturday night, I went to the traditional after party held by Laurent Escoffier, but I didn’t stay long. I wanted to come back home early and mark three or fours exam papers before going to sleep. It looks like those who stayed the whole night had great fun.

On Sunday morning, the second and extremely constructive assembly of the French game designers association, the , was a success. There were many of us, with the good mix between young enthusiastic authors and old warhorses like me. Surprisingly, very few women, when there are more and more among the published designers. We settled for a few clear goals, mostly clarifying our fiscal situation and push for a recognition of games as cultural items and therefore of their designers as authors. We disagreed on a few points, but it’s also a token of dynamism.

It’s Sunday night, I’m tired, and I probably have a sunburn on the top of my head. I’ll go to sleep early and start again marking exam papers tomorrow.

Cari et les illustrations de Secrets
Cari and the Secrets art

Bonjour Carole, Je n’avais pas entendu parler de toi avant de voir les illustrations de Secrets. Cela ne fait pas bien longtemps que tu fais des illustrations de jeux. Qu’as-tu fait avant, que fais-tu d’autre, et comment en es-tu arrivé aux jeux de société ?

Salut Bruno !
Tu as raison, ça ne fait que deux ans que je me suis lancée dans l’illustration de jeu de société. Mais je viens quand même du jeu… vidéo ! J’ai été animateur et lead anim pendant plusieurs années (chez Ubisoft, Arkane Studios et Dontnod, entre autres).
A la base j’ai étudié le dessin à l’école Emile Cohl sur Lyon (que je recommande à tous ceux qui veulent un bon bagage artistique !). Une fois dans le jeu vidéo, j’ai complètement arrêté de dessiner pour me concentrer sur l’anim et tous les problèmes techniques liés au jeu vidéo … bref le dessin me manquait beaucoup !
Maintenant j’illustre pour le jeu de société. J’ai bossé avec les Space Cowboys sur 3 jeux déjà, avec Matagot et maintenant avec Repos Prod ! J’ai fait aussi du jeu de rôle pour Black Book Editions et j’ai hâte d’en refaire !
Pinup et zombies, Illustration pour HitzRoad

Mais ma vraie passion c’est la bande dessinée !
Il y a un mois j’ai signé mon tout premier contrat de BD avec Glénat ! C’est le rêve de ma vie qui se réalise ^^
Ma partenaire au scénario s’appelle Clotilde Bruneau, elle cartonne en ce moment sur une série de mythologie : La Sagesse des Mythes.
Notre histoire à nous se passe au temps du western et sera publié sous forme de roman graphique dans la collection Vents d’Ouest !

• Es-tu joueuse ? Si oui, est-ce que tu lis les règles d’un jeu, et essaie d’y jouer, avant de l’illustrer ? Ou après ?

Oui, je suis très très très joueuse, mais pas hardcore non plus. J’adore les jeux d’équipe plutôt rapides ! Il parait que je suis mauvaise perdante, mais je nie absolument ce qualificatif ! J’adore gagner, c’est tout ^^
Alors malheureusement non, je n’ai pas encore eu la chance de jouer à un jeu avant de travailler dessus. Et c’est bien dommage, car je pense que ça aiderait beaucoup pour la cohérence des illustrations de voir comment on tient les cartes, où est-ce qu’on les place, dans quel sens, etc.
Tout dépend de la complexité des jeux évidemment. Dans le cadre de Time Stories – Estrella Drive avec les Space Cowboys (qui sortira bientôt), ils m’ont envoyé les scénarios déjà parus, pour que je puisse tester le jeu et comprendre les mécaniques. Ca m’a beaucoup aidé. Etant donné la complexité de Time Stories, je ne vois pas comment j’aurais pu illustrer correctement sans voir l’objectif concret. On crée des objets réels, ce n’est pas du virtuel. C’est important je pense de visualiser l’ensemble.
A ce sujet, je vais peut-être bientôt collaborer avec Delphin Druelle d’Eclosion Games et normalement on fera des playtests ensemble avant d’attaquer les illustrations. J’ai hâte de vivre cette expérience et de voir ce qu’on pourra en tirer de meilleur !

Pavillon Noir

Comment travailles-tu ? Tout à la main, ou une ébauche à la main et le travail final sur ordinateur (ça m’a l’air le plus fréquent chez les autres illustrateurs que j’ai interrogés), ou tout sur écran ?

Non, je fais quasiment tout sur écran. Je fais juste quelques recherches de composition sur des carnets, mais en général ils sont tellement sommaires que je ne les scanne même pas.
Par contre je passe énormément de temps en recherches et je fais beaucoup d’essais de compos, de style… Ça me prend du temps mais c’est là où je me sens la plus performante, et ça évite que je me repose sur mes acquis.
C’était le cas sur Secrets. Je voulais vraiment développer le style des années 50. J’ai regardé beaucoup de films, de séries TV qui se passaient dans ces années-là et même de la haute couture pour trouver des inspirations !


Pour un récit circonstancié de l’illustration de l’espionne par Cari, c’est sur son tumblr.

J’adore aussi me mettre des musiques de l’époque en fond. Ça stimule mon imaginaire !
Sinon, plus techniquement je travaille sous Photoshop et sur un écran Cintiq 24’ qui est devenu mon meilleur ami. Dommage d’ailleurs qu’il soit si lourd, sinon je l’emmènerais partout avec moi !^^

Préfères-tu que l’éditeur te lâche la bride pour les illustrations, ou qu’il te donne des indications précises ?

Je dirais que ça dépend du sujet. Si c’est un sujet que je maîtrise, je n’ai pas forcément besoin de beaucoup d’éléments.
En général je préfère être assez libre, c’est là où je peux m’exprimer. Je pense que c’est avant tout pour s’exprimer qu’on choisit ce métier !
Mais en même temps, plus on a de descriptions, plus il y a de quoi réfléchir et c’est souvent palpitant d’échanger avec le créateur. J’adore tout ce qui est brainstorming.


Millions of Dollars

Dans le cas de Secrets, comment cela s’est-il passé ?

Pour Secrets, à la base je n’avais pas forcément besoin de beaucoup de précisions car les personnages étaient déjà bien établis de par leur métier respectif.
Mais avec Alexis Vanmeerbeeck (Directeur Artistique), on a quand même réussi à échanger énormément sur certains personnages, et je dois avouer que j’ai adoré cette collaboration. Alexis regorge d’idées et a un grand sens artistique, c’était vraiment super inspirant de travailler avec lui !
Secrets est vraiment l’une de mes meilleures expériences en tant qu’illustrateur. Je suis très fière de ce que j’ai fait. Ce qui est assez rare, vu comment je suis hyper pointilleuse et exigeante ! Mais laisse passer quelques mois, et je reviendrais dessus en me disant : « Wouah ! Quelle horreur !»

Une anecdote, un truc marrant, une réflexion à propos de Secrets ?

Hah, en voila deux.
Tout d’abord il faut savoir que j’ai bien failli ne pas illustrer Secrets.
J’ai rencontré Alexis Vanmeerbeeck sur le festival de jeux à Cannes par le biais d’un ami graphiste chez Repos Prod : Eric Azagury. Quand Alexis m’a rappelé pour Secrets, j’ai d’abord décliné car j’avais beaucoup de travail et je souffrais d’une tendinite au poignet. Eric m’a quand même convaincue de rappeler Alexis car il avait vraiment aimé une des pinups de mon book et avait du mal à trouver un autre illustrateur pour le projet.
Evidemment, je ne regrette pas du tout d’avoir dit oui finalement !
L’autre anecdote c’est qu’il y a eu deux versions pour le personnage du diplomate.
Au tout début de notre collaboration, on m’avait demandé 9 personnages : 5 hommes et 4 femmes. J’avais pointé que je trouvais dommage que le personnage du diplomate soit masculin. Je le trouvais assez cliché et trop proche du personnage politicien. L’équipe a quand même voulu laisser le diplomate en homme.
Et début janvier, quand j’avais déjà tout fini, on m’a finalement demandé de refaire le diplomate en femme, et voici les deux variantes :


Avec du recul, je suis presque déçue, car j’adorais mon diplomate masculin ^^

Quand on regarde ton site, on voit deux inspirations qui reviennent, les années cinquante-soixante, et les jolies filles plantureuses. Je ne connais pas du tout les dessinateurs de pin-ups, mais – réflexe sexiste sans doute – j’imaginais plutôt des hommes. Comment te situes-tu par rapport à ça ?

Haha tu as remarqué aussi ?
C’est évident que je préfère dessiner les filles, c’est depuis toute petite. Après, je ne fais pas que ça, je fais aussi du réaliste pour le jeu de rôle et c’est cool à faire aussi !
Mais c’est vrai que j’ai appris à dessiner avec les mangas, et ça se voit encore dans mon style je pense. Masakazu Katsura (le créateur de Video Girl Aï) était mon maître absolu. On peut dire que dans son genre, c’était le roi des pinups.

Masakazu Katsura

J’adore dessiner du glamour et du sexy.
J’admirais beaucoup Royo aussi, qui s’adressait quand même beaucoup plus à un public masculin (pour ne pas dire mâle !). Maintenant avec un oeil d’adulte, je trouve ça assez vulgaire, mais le talent est là et les femmes y sont juste magnifiques.
Je ne sais pas s’il y a un genre prédéfini pour le dessinateur de pinups. C’est un peu cliché de dire ça, comme de dire qu’il n’y aura que les hommes qui voudront dessiner des voitures et qu’il n’y aura que des femmes qui dessineront des livres pour enfants. Cependant, ce n’est peut-être pas tout à fait faux ^^


J’ai une amie dessinatrice qui adore aussi dessiner les pinups. C’est beau et c’est facile à dessiner. Le dessin c’est aussi fait pour faire rêver, mais c’est sûr que ça ne doit pas se limiter à ça ! Heureusement je suis capable de faire d’autres choses ^^
D’un point du vue purement personnel, je trouve aussi que les courbes des hanches et du buste chez les femmes sont plus agréables à dessiner que chez les hommes.

Je dirais presque qu’il n’y a qu’un Michel-Ange pour pouvoir rendre glamour le corps masculin !

Secrets
Un jeu de Eric M. Lang et Bruno Faidutti
Illustré par Carole Chaland
4 à 8 joueurs – 20 minutes
Publié par Repos Prod (2017)
Boardgamegeek


Hi Carole,
I had never heard of you before I first saw the graphics for Secrets. It looks like you’ve just started illustrating games. What did you do vefore, what are you still also doing, and how did you end up illustrating boardgames ?

Hi Bruno !
You’re right, I’m working on boardgames illustrations for only two years, but I was still in games before – in video games. I’ve been 3D Animator and Lead Animator for several years, at Ubisoft, Arkane Studio, Dontnod and others).
 I’ve studied illustration at the Emile Cohl school in Lyon (which I strongly recommend), but once in the video game industry, I’ve completely stopped drawing to focus on animation, and all technical issues of video games. I was really missing drawing.
Now, I’m mostly illustrating boardgames. I’ve worked with Space Cowboys on three different games, with Matagot and now with Repos Prod. I’ve also worked on role playing games with Black Book Editions and I’m eager to do it again.




HitzRoad

My true passion, however, is comics. Just one month ago, I’ve signed for my first comics with Glénat editions. It’s like the dream of my life becoming real. The scenarist is Clotilde Bruneau, who’s having a great success at the moment with a Mythology comics series, The Wisdom of Myths. Our is a western story and will be published as a graphic novel in the Vents d’Ouest collection. (Bruno’s note : this might not tell a lot to foreign readers, but Glénat and the Vent d’Ouest series are really big stuff here).

Are you a gamer ? If you are, do you read the rules and play a game before illustrating it ? Or may be afterwards ?

Yes, I am a dedicated gamer, but not a hardcore one. I prefer fast paced team games. I’ve been called a sore loser, but I disagree – I just like to win.  ^^
Unfortunately, I’ve never had the chance to play a game before illustrating it. It’s a shame. I think knowing how cards are held in hand, in which position they are played, how they are stacked, would help a lot in making the graphics consistent with the gameplay.
 Of course, it also depends on the game. For Time Stories – Estrella Drive (to be published soon), the Space Cowboys did send me the scenarios already published, so that I could play the game and understand its systems. Given how complex Time Stories is, I probably could not have illustrated it without an idea of the final object. With real objects, even more than with virtual ones, a global view is required.
I’m to start soon working with Delphin Druelle, at Eclosion Games, and we’re supposed to play the game together before I start working on the graphics. I’m really eager to experience this and see how it can improve my work.

Pavillon Noir

How do you draw ?  Everything by hand, or first a hand draft and then the final work on a computer (which seems to be the usual way with the other illustrators I’ve asked), or everything on screen ?

I do almost everything on screen. I only draw some rough composition studies on paper, but they are so rough and vague that I don’t even scan them.
On the other hand, I spend much time on research, and I make lots of essays in style and composition. It takes time, but I feel that’s what I do best, and it prevents me from always building on former achievements.
That’s how I worked on Secrets. I wanted a true fifties look and feel. I watched lots of movies and TV series taking place in these times, and even browsed high-fashion magazines looking for inspiration.

For a detailed story – in French – of how Cari imagined and drew the Spy character, read her tumblr

I also like to listen to music from the period I am illustrating , it helps my imagination.
More technically, I work with Photoshop on a Cintiq 24’ screen which has become my best friend. Unfortunately, it’s too heavy to bring with me everywhere.

Do you prefer to work under strict instructions and work description, or to be let loose on how to illustrate a setting ?



It depends on the subject. If it’s something I know quite well, I don’t need many elements to start drawing. As a general rule, I prefer to feel free to express myself – that’s probably why most illustrators have chosen this job.
But on the other hand, more descriptions also means more to think about, and discussing with the designer is always exciting – I love brainstorming.


Elysium

And how did it go with Secrets ?

I didn’t need many details for Secrets, because the characters were largely defined by their occupations. Nevertheless, I discussed a lot with Alexis Vanmeerbeeck (the artistic director) on a few characters, and it was great. Alexis has scores of ideas and a great artistic feel, which makes working with him really inspiring.
Secrets really was one of y best experiences as an illustrator. I’m really proud of the job done – and it’s not always the case, since I can be demanding and punctilious with myself. Anyway, in a few months, I’l probably look at it with horror.

Any fun anecdote about Secrets ?

I have two.
First, I might not have worked on Secrets. I met Alexis Vanmeerbeeck at the Cannes game festival through a friend of mine working as a graphiste at Repos Prod, Eric Azagury. When Alexis called me about Secrets, I first declined the job because I suffered from a wrist tendonitis. Eric insisted and convinced me to call Alexis back because they really liked one of the pinups in my book and they had a hard time finding someone else for this project. In the end, I’m really glad I finally agreed to do the job.

The other anecdote is about the Diplomat character. There has been two versions of it. I was first asked for nine characters, 5 males and 4 females. I had made known that I thought the Diplomat should be a woman, because the male diplomat was too much a cliché and too similar with the politician. The Repos team insisted on a man, so a man it was. Anyway, in January, when everything was finished, they finally asked me to redraw the Diplomat as a woman, which I did. Here are the two variants….


And of course,with some hindsight, I now regret my male diplomat, whom I had learned to like a lot…

I’ve browsed through your website, and noticed two main sources of inspiration, the fifties and sixties, and sexy curvy women. I know very little about pin-up artists, but I naively imagined that they were mostly men. Any comments on this ?  

So you’ve noticed as well ?
Obviously, since I was a little girl, I’ve always preferred to draw women – but I can do other stuff, like realistic illustrations for role playing games, and I’ve also fun doing it.
I learned to draw with mangas, and it probably still shows in my drawing style. My ultimate model was Masakazu Katsura (the creator of Video Girl Aï) and, in his own style, he was the king of pin-up artists. I still love to draw glamour and sexy illustrations.
Masakazu Katsura

I also liked a lot Royo, even when his style was clearly targeted at a more male audience. Now, as an adult, I find him a bit vulgar, but it doesn’t detract from his talent, and his women are still gorgeous.
I’m not sure pinup artists are bound to be men more than women. It’s a bit of a cliché, like men drawing cars and women illustrating children books. On the other hand, may be it’s not completely wrong….


Chun Li

I’ve a friend, a woman, who also loves to draw pinups. It’s pretty, and easy to draw. Art’s first function is to make one dream, but of course there are other ones – and I’m able to do other stuff.
It’s very personal, but I prefer to draw women’s hips and chests than men’s ones.

I think Michelangelo was the only one who managed to make men’s bodies look glamorous.

Secrets
A game by Eric M. Lang & Bruno Faidutti
Art by Carole Chaland
4 to 8 players – 20 minutes
Published by Repos Prod (2017)
Boardgamegeek

Secrets

Eric Lang et moi avons, ces deux dernières années, travaillé ensemble sur trois petits jeux de cartes.

Dilemma, notre premier prototype, construit autour du dilemme du prisonnier, s’appelle finalement Dolorès, et est sorti l’an dernier chez Lui-Même éditions. Secrets, notre deuxième jeu va bientôt arriver chez Repos Production, dans le même format que Mascarade. Le troisième, qui pour l’instant s’appelle Animal Farm, n’en est qu’à de premières mais prometteuses ébauches. J’entends déjà les critiques affirmer que ces petits jeux de cartes assez légers et psychologiques ressemblent plus à du Faidutti qu’à du Lang, mais le fait est qu’ils ont vraiment été tous, du début à la fin, des collaborations. Nous avons aussi essayé de faire un party game, et un gros jeu plus langien dans une grosse boite, mais cela n’a rien donné de très convaincant pour l’instant.


Discussion avec Eric Lang à la Gen Con

Dolorès n’était pas encore totalement finalisé lorsque nous avons commencé à réfléchir à notre deuxième jeu. Depuis le succès des Loups-Garous, les jeux à identités secrètes – ce que les anglo-saxons appellent les « social deduction games » – sont devenus un genre à part entière, avec ses précurseurs, Hoax et Mafia (et peut-être Citadelles), ses classiques, Les Loups Garous, Résistance ou Complots et de nombreuses variations plus ou moins originales.  Ce sont des jeux vivants, rapides, tendus, tout en bluff et en interactions – un genre qui semble fait pour moi, et auquel je me suis déjà essayé avec Mascarade et quelques projets inaboutis. Eric Lang, de son côté, était plutôt spécialisé ces dernières années dans les gros jeux de plateaux avec plein de règles et de figurines, mais ayant souvent une dimension psychologique, comme dans le draft de Blood Rage, sans doute celle de ses créations que je préfère.

La feuille de route de notre deuxième projet, griffonnée lors d’une discussion à la Gen Con, était assez simple – un jeu à identités secrètes, par équipe, dans lequel les joueurs doivent enquêter et intriguer pour découvrir quels sont leurs partenaires, et peuvent changer d’équipe en cours de partie. Le titre, Which Side are you on?, chanson emblématique des syndicats et de la gauche américaine, s’est imposé de lui-même, et le premier prototype avait donc des équipes rouge et jaune.


Which Side are you on ? aux rencontres ludopathiques

Alors que Mascarade est un jeu que l’on joue chacun pour soi, Which Side are you on? était dès le début, comme l’indique son titre, un jeu opposant des équipes secrètes et mouvantes, et où l’une des difficultés est d’identifier ses partenaires. Au cours du développement, nous y avons quand même ajouté un ou deux joueurs qui la jouent perso, mais ils n’ont pas le même objectif que ceux qui jouent en équipe.

Contrairement à Dilemma / Dolorès, qui avait été terminé assez vite, Which Side are you on ? / Secrets  a demandé beaucoup de réglages. Dans les premières ébauches, par exemple, l’identité d’un joueur était déterminée par la majorité de trois jetons, un qu’il avait devant lui et deux qu’il partageait avec chacun de ses deux voisins. C’était sans doute malin, mais finalement un peu lourd à manipuler. De même, les joueurs avaient très classiquement des cartes en main, et le manque de données sur les mains des autres joueurs rendait le bluff difficile. Nous avons essayé bien des versions, avec plus ou moins de cartes, plus ou moins d’information, plus ou moins de jetons, plus ou moins de mouvement. Même après la signature du contrat, nous avons continué à faire des modifications – la dernière règle que j’aie rédigée portait le numéro 6.8, et c’était avant que l’équipe de Repos ne suggère d’autres réglages.

Pour le thème, après les syndicats américains, nous avons essayé une version ésotérique, cabalistes contre illuminatis, qui fonctionnait assez bien, mais le thème était un peu trop, justement, ésotérique. Dans le même esprit fantastique, nous avons pensé aux grandes religions, islam et christianisme ; cela collait assez bien, avec des conversions plus ou moins secrètes et un ou deux bouddhistes pour faire bon poids, mais il est devenu trop risqué aujourd’hui de se moquer de la religion. Chats et chiens ne fonctionnait pas vraiment, faute d’ambiguïté entre les deux statuts et de problèmes existentiels. Je sais que l’éditeur a essayé un temps une thématique science-fiction, vaguement Star Wars, Empire et rebelles. Finalement, après bien des tâtonnements, Repos a choisi la guerre froide, CIA contre KGB dans les années 60 – avec quelques hippies venus semer le trouble dans les consciences. Un thème plus original, et qui permet des illustrations au look vintage et un peu décalé, la spécialité de Carole Chaland.

Pour le titre, j’aurais voulu conserver Which Side are you on? , qui a l’avantage de suggérer déjà les mécanismes du jeu, mais cela ne marche qu’en anglais, et rappelle trop aux américains l’univers des grèves et des syndicats, certes positif mais pas très excitant. C’est donc finalement Secrets – car à notre grande surprise, comme vous pouvez le vérifier sur le Boardgamegeek, il n’y a pas encore de jeu qui s’appelle ainsi.

Secrets se joue de 4 à 8 joueurs. La majorité d’entre eux appartiennent à l’une des agences rivales, CIA et KGB, et un ou deux sont des hippies. Les cartes représentent des personnages, Politicien, Journaliste, Diplomate, Scientifique et quelques autres que chacun essaie de recruter dans son camp, tout en s’efforçant de déterminer quels sont ses alliés. Pour cela, chaque joueur à son tour pioche deux cartes, connues de tous, et en choisit secrètement une qu’il propose à l’un des autres joueurs, face cachée. Le joueur à qui la carte est proposée décide alors lequel des deux recrute la carte et en applique les effets – effets bons ou mauvais, qui peuvent affecter les scores des joueurs, révéler des informations, et parfois faire changer de camp un joueur.  Secrets demande donc de la psychologie, un peu de sens tactique, et une certaine capacité à déjouer les embrouilles.

Secrets
Un jeu de Eric M. Lang et Bruno Faidutti
Illustré par Carole Chaland
4 à 8 joueurs – 20 minutes
Publié par Repos Prod (2017)
Vindjeux      Ludovox     Trictrac      Boardgamegeek


These last years, Eric Lang and I have worked together on three light card games.

Our first co-design, built around the prisoner’s dilemma, H.M.S. Dolores, has been published last year by Lui-Même. The second one, Secrets, is published by Repos Production, in the same box size as Mascarade. The third one, with working title Animal farm, is only a rough prototype so far, but shows some promise. We’ve been already told a few times that these light and psychological games felt more like Faidutti than Lang , but the truth is that they all have been, from the original idea to the final version, collaborative work. We’ve also thought of a party game, and started working on heavier and more langesque stuff, but none of this has been very convincing so far.

We’ve started thinking on our second game before HMS Dolores was even finalized. Since the world success of Werewolves, secret identity games, also known as social deduction games, have become a genre in itself, with its precursors, Hoax and Mafia (and may be Citadels), its classics, Werewolves, The Resistance or Coup, and several more or less original variations. These are lively, tense and fast paced games, built around bluffing and interaction, a genre I’ve always liked and with which I already tinkered with with Mascarade and a few abandoned projects. These last years, Eric Lang has mostly worked on big boxes full of rules, cardboard and plastic, but often with some psychological elements, like the draft in Blood Rage, which is probably my favorite among his designs.

The roadmap for our second design, which we discussed very shortly two years ago at gen Con, was relatively simple. It was to be a secret identity game, in which players had to find out who their teammates were, but could also try to change teams when they thought the other side was winning. The obvious title was Which Side are you on ?, and the first prototype was therefore themed about worker unions, the teams being red and yellow (In French, “yellow” is slang for strike-breaker – I don’t know if it also works in English).

While Mascarade is every player for himself, Which Side are you on was, as one can guess from its original name, a team game with secret and sometimes changing teams, in which every player must try to find out who is on their side. During the game development, we added one or two players with a different and individual victory condition.
Unlike Dilemma / Dolorès, whose development went very fast, Which Side are you on ? / Secrets needed lots of tuning. For example, in the first versions, a player’s team was determined by the majority in three tokens, one in front of them and two shared with their left and right neighbor. It was clever, but it was also confusing and a bit heavy. Similarly, players had hands of cards, and the lack of information about other players’ hands mad bluffing very hazardous. So we changed all that, and tried many versions with fewer or more tokens or cards, with more or less movement and information. Even after the contract was signed, we kept on making criticl changes to the game. The last rules version I wrote was the 6.8, and that was before the Repos team took over and suggested more changes.

US trade unions made for an original setting, but not something very easy to sell. We tried something esoteric, cabalists against illuminatis; it worked but the setting was too, well, esoteric. We thought of another strange fantasy, religion, Islam vs Christianism, with more or less secret conversions and one or two Buddhists thrown in just for fun, but it has become too risky to mock religions. Cats vs Dogs didn’t work, due to a lack of ambiguity between the two positions. I know the publisher tried a sci-fi version, empire against rebels. We finally agreed on one of the publisher’s ideas, the cold war, CIA against KGBs in the sixties, with a few hippies thrown in to question the meaning of all this. It’s relatively original, and makes for a nice vintage graphic look, something Carole Chaland masters perfectly.

Which Side are you on? was a nice title that suggested the mechanisms, and I would have liked to keep it, but the pun worked only in English and might have been too strongly associated with the trade unions history – something positive but not very exciting. We finally settled on something less original – Secrets – and you can check on the BGG, there’s no boardgame so far with this name.

Secrets is a 4 to 8 players game. Most players belong to one of the two rival agencies, CIA and KGB, and one or two might be hippies. Cards figure various characters, Politician, Journalist, Diplomat, Scientist… that players try to recruit on their side – assuming they know which side they are on, and with whom. Each player on turn draws two cards, shows them to everyone, and then secretly proposes one, face down, to some other player. This player then decides if he takes the card for himself and applies its effects, good or bad, or if the proponent does. Cards effect can affect scoring, can reveal information to one or all players, and can even make players swap team. Secrets requires subtle psychology, tactical sense, and an ability to see clearly in muddled situations.

 

Secrets
A game by Eric M. Lang & Bruno Faidutti
Art by Carole Chaland
4 to 8 players – 20 minutes
Published by Repos Prod (2017)
Boardgamegeek

Mon bilan du festival des jeux de Cannes
Short report of the Cannes games festival

Dans le train qui me ramène du festival de jeux de Cannes, j’écris ce petit compte rendu de trois jours passés un peu à jouer et à boire, et surtout à causer et à arpenter les travées du salon. Comme je n’ai pas pris de photos, il va falloir en arrivant chez moi qui je fasse le tour des fils facebook de mes amis et éditeurs pour trouver de quoi illustrer cet article.

Le salon a commencé bizarrement, jeudi soir, par une chambre d’hôtel si moderne et tellement design que j’ai eu bien du mal à découvrir la porte de la salle de bain, puis à trouver comment l’ouvrir. On est resté dans l’improbable avec l’annonce du jeu de l’année français, l’As d’Or. Si Scythe et Kikou le Coucou sont des choix fort pertinents pour les jeux pour gros et pour tout petits joueurs, celui d’Unlock pour le jeu grand public m’a pour le moins surpris – comme tout le monde, j’attendais Codenames, meilleur jeu de vocabulaire, voire meilleur jeu familial depuis Taboo.  Il est vrai que je ne suis pas le public pour les jeux d’enquête logique façon escape room, que j’ignore un peu comme, il y a trente ans, j’ignorais consciencieusement dans Jeux et Stratégie les pages de casse-têtes logiques.


Fearz! un peu perdu entre DC Marvel deck building game, Ghostbusters et Attack on Titan…

Ce fut pour moi cette année un salon tranquille, car je n’avais aucun nouveau brouillon* de jeu à présenter aux éditeurs, ayant casé le dernier qu’il me restait chez Matagot il y a quinze jours. J’avais une petite nouveauté en vente, Fearz, ma première collaboration avec Anja Wrede, dont j’ai fait quelques parties sur le stand de Don’t Panic Games, mais ce petit jeu de cartes rigolo était un peu perdu sur un stand plein de figurines monstrueuses et/ou robotiques. Au fait, Cédric est de retour.

Deux jeux à paraître cet été, Small Detectives (écrit à quatre mains avec Charles Chevalier) et Secrets (conçu avec Eric Lang) étaient présentés sur les stands de Pixie Games et de Repos Prod.


Avec Charles Chevallier sur le stand de Pixie Games

Pixie Games est le petit éditeur-distributeur qui monte, une sympathique équipe qui vient d’arriver et qui, outre l’édition de petits jeux malins, a fait quelques choix de distribution très astucieux, notamment les jeux de vikings de Shem Phillips illustrés par l’extraordinaire Mihajlo Dimitrievski, et les bons gros jeux à l’allemande des italiens de What’s your Game. Small Detectives, une sorte de Cluedo en quinze minutes, en plus dynamique et en plus rigolo, m’a semblé être très apprécié par les quelques uns qui ont pu y jouer sur l’unique boite disponible. J’ai découvert à Cannes les illustrations définitives du jeu, elles sont mignonnes et très efficaces – même si on a tous été d’accord pour demander un peu plus de couleur sur la boite.


Une présentation de Secrets en québécois (à 1’56″”)


Je parle de mon travail avec Eric Lang (à 0’40”), et Eric Lang parle de plein de choses dans un franglais parfait (à 12’56”)


Et là, à 1’50”, j’explique pourquoi il n’y a pas de sexe oral dans kamasutra .

Repos Prod n’avait pas fait les choses à moitié pour la première présentation en public de Secrets, le deuxième jeu que j’ai créé avec Eric Lang, qui sortira en août à la GenCon  d’Indianapolis (les belges à sombrero vont cependant devoir changer de logo et de costume s’ils ne veulent pas être refoulés à l’entrée des États-Unis). À Cannes, Secrets était joué sur une grande table dans un magnifique stand aux couleurs du jeu. Secrets, dont je parlerai bientôt plus en détail sur ce site, est une sorte de Mascarade pour joueurs et par équipe. L’action se situe durant la guerre froide, chaque joueur pouvant être affilié au KGB ou à la CIA, ou bien être un hippie et jouer à un autre jeu. Les illustrations sont drôles comme tout, et les premiers essais de pions en bakelite absolument magnifiques.

 
Soirée belgo-mexicaine – et je ne sais plus pourquoi je suis le seul à faire la gueule.

J’ai d’ailleurs passé pas mal de temps avec Eric Lang sur ce salon, sur les stands des éditeurs de nos deux collaborations, Dolorès et Secrets, et aux soirées festives organisées par les grosses boites. Vendredi soir, après avoir déjà pas mal bu à la soirée Iello, nous sommes quand même parvenus à trouver le chemin de celle d’Asmodée. Comme me l’a fait remarquer Eric, le monde de l’édition ludique en France étant “very political”, il faut y naviguer prudemment. Samedi, c’était la soirée Repos Prod, et nous sommes restés sobres.


Un beau totem pour Waka Tanka

Sinon, j’ai trainé un peu sur les stands d’Atalia, de Sweet Games, de Lui-Même et de Iello pour signer quelques boites d’Argo, de Waka Tanka, de Dolorès et de Diamant, j’ai discuté avec éditeurs et illustrateurs de projets dont je n’ai pas encore le droit de parler, et j’ai trainé un peu entre les stands pour regarder les nombreuses, très nombreuses, trop nombreuses peut-être nouveautés.

Comme souvent sur les salons, je n’ai eu le temps de jouer à rien, mais j’ai regardé des bouts de partie ici et là, et entendu les commentaires d’amis moinjs surbookés. On m’a dit beaucoup de bien de Seeders – Exodus de Serge Macasdar et des Montagnes hallucinées de Rob Daviau et j’ai eu très envie de jouer à Cannon Buster, de Gun Hee Kim, à Top Face Fantasy de Wlad Watine, à Profiler de Romaric Galonnier, et au petit jeu de cartes avec des chats kawaii chez Bombyx – mais rien de tout cela n’est encore en vente. Et puis, il y a ceux que j’ai du mal à considérer comme des nouveautés parce que j’y ai déjà pas mal joué sur les protototypes brouillons, Watizit et Yamatai de mes amis Hervé Marly et Bruno Cathala, ainsi que Sentai Cats, un tout petit jeu d’une demi douzaine de grands auteurs.


Paul Mafayon, l’illustrateur, dédicaçant une boite de Diamant. Derrière, c’est Antoine Bauza qui dédicace son Oceanos, un excellent jeu dont on ne comprends pas bien pourquoi il ne se vend pas.

Les allées du salon m’ont semblé moins encombrées que l’an dernier, peut-être parce que la surface a été un peu agrandie, ou parce que les contrôles de sécurité et les longues files d’attente ont découragé pas mal de visiteurs. Côté professionnel, en revanche, il y a de plus en plus de monde, et un monde de plus en plus international – j’ai causé jeu avec des coréens, des polonais (mes vieux amis Ignacy et Merry), des allemands, des anglais, des italiens, des américains, des canadiens, des finlandais et même une polyglotte allemande voulant importer en France des jeux japonais – sans compter le schizophrène culturel qu’est David Cochard. Il y avait même Eric Martin, en famille, filmant pour le boardgamegeek.


Avec Stefania Niccolini, qui présentait Railroad Revolution chez Pixie Games.

Samedi matin, c’était l’assemblée constitutive de la société des auteurs de jeux, que j’ai malheureusement dû avant que les sujets les plus chauds ne soient discutés. C’est une excellente initiative, menée par des personnes sympathiques et compétentes, et j’espère trouver le temps de m’y impliquer un peu.

Le dernier épisode fut dimanche, sur le quai de la gare où je pense avoir laissé un sac contenant une partie des jeux que j’ai achetés ou que je me suis fait offrir sur le salon. Donc, si quelqu’un a trouvé un sac Pixie Games contenant Clonk!, Mot pour Mot, Top Face Fantasy et une ou deux autres petites boites, faites-le moi savoir.

* Les vieilles et mauvaises habitudes sont difficiles à abandonner mais, si nous voulons que les jeux soient considérés par les joueurs et par les pouvoirs publics comme des œuvres culturelles, il me semble que nous devons faire l’effort d’éviter le vocabulaire de la technique et lui préférer celui de la culture. Tout comme j’essaie de dire et surtout d’écrire “critique” et non “test”, je vais désormais essayer d’utiliser “brouillon” ou “ébauche” et non “prototype” pour parler des premières versions de mes jeux. Si les boites réalisées par les éditeurs, avec les illustrations et le mise en page définitive, sont effectivement des prototypes, celles que je réalise pour jouer avec des amis sont bien des brouillons, des versions préparatoires, inachevées…. et souvent brouillonnes.


 

In the train back from the Cannes game festival, I’m writing a short report of these three days spent sometimes playing and drinking, but most times just talking and walking through the fair alleys. Since I didn’t take any pictures, I’ll steal a few ones on my friends and publishers’s facebook threads to illustrate it.

The fair started strangely, on Thursday night, with a modern design hotel room, so conceptual that I needed five minutes to find the bathroom door, and then to understand how to open it. Then came the surrealistic  results of the French game of the year award, the As d’Or. While Scythe and Go Cuckoo! are good and informed choices for the hardcore gamers and the kids awards, everybody was surprised by the choice for the main award, Unlock!. Like everyone here, I was expecting Codenames, the best word game since Taboo. I might have been even more shocked because I’m not interested in escape rooms and escape rooms like logical deduction games which seem to be the new craze – and are certainly not for everybody. Let’s hope it won’t last.

I had no new prototype to pitch to publishers, having sold the last one to Matagot two weeks ago, so it was a relatively calm fair for me. My only new game sold on the fair was Fearz!, codesigned with Anja Wrede. I played a few games at the Don’t Panic booth, but our light children game was a bit lost, surrounded with much heavier stuff, with lots of monsters and/or giant robots miniatures. And, by the way, it looks like Cedric is back.

Two games that will hit the shelves this summer, Small Detectives (designd with Charles Chevalier) and Secrets (designed with Eric Lang) were shown in advance at Pixie Games and Repos Prod.

Left, with Charles Chevallier at Pixie Games
 
Pixie Games is a small but dynamic and fast growing French publisher and distributor. They have already published a few cute and clever light games, and are also importing in France some great stuff, like Shem Phillips’s viking games illustrated by the fabulous Mico, and the great German style games by the Italian publisher What’s Your Game. Small Detectives is a 15 minutes deduction game, clearly derivative of good old clue but much lighter, fun and dynamic. There was only one advance copy and one table to play it, but it seemed to be a hit with the few people who could play it. I saw the near final components for the first time, and they look great – even if we all agreed that there must be more bright colors on the box.

Repos Prod did things properly for the first public presentation of Secrets, my second collaboration with Eric Lang, which will be out for the Indianapolis Gen Con, in August (The Sombrero wearing Belgians might have to change their costumes and logo if the don’t want to be rejected when entering the U.S). Secrets was played on a large table in a large booth decorated with images from the game. Secrets feels a bit like a hardcore player and team version of Mascarade. The theme is the cold war, with most players being members of the CIA or the KGB and one or two being hippies and playing a different game. Graphics are really fun, and the first prototypes of bakelite tokens were impressive.

At the Iello party, with some designers, developpers and publishers.

I spent much time at Cannes with Eric Lang, at the booths of the publishers of our codesigns, HMS Dolores and Secrets, and at various publishers parties. On Friday night, after having already drunk a bit at the Iello party, we managed to find our way to the Iello one. As Eric said, the game publishing business in France being “very political”, one must sail very carefully through it (not sure one can say this in English, but I like the “sailing” image). Saturday, at the Repos party, we didn’t drink much.


Serge Laget demoes Argo

I’ve stopped at the Atalia, Sweet Games, Lui-Même and Iello booths to sign a few copies of Argo, Waka Tanka, Dolorès and Diamant. I also had some discussions with publishers and illustrators about stuff I’m not allowed to discuss publicly yet.

As always in such fairs, I could not find the time to play many games. The few new games I will recommend, most of which are not out yet, are from hearsay and from looking for ten minutes at people playing and enjoying them. I’ve heard very good reports of Rob Daviau’s Mountains of Madness and of Serge Macasdar’s Seeders : Exodus. I’ve seen people playing Wlad Watine’s Top Face Fantasy, Gun Hee Kim’s Cannon Buster, Romaric Galonnier’s Profiler and a card game with kawaii cats whose title and designer I forgot at the Bombyx booth. There are also games I don’t always think as new stuff, since I already played them long ago in prototype form, Watizit and Yamatai, by my friends Hervé Marly and Bruno Cathala, and Sentai Cats, a small game by half a dozen designers.

I’ve wandered in the alleys looking at the many, really many, may be too many, new games. I had a feeling the place was less crowded than last year, but this might be due a to a larger exhibit are, or to the long and fastidious lines, due to security check, to enter the fair.
On the professional side, there seemed to be more people from all around the world. I discussed games with Koreans, Poles (my old friends Ignacy and Merry), Germans, English, Italians, Finns, Americans, Canadians and even a German polyglot trying to bring Japanese games into France – and I don’t count the cultural schizophrenic David Cochard. Even Eric Martin was here, with his family, for the boardgamegeek.


With Bruno Cathala and Kevin Kimchan Kim

The constitutive meeting of the French game designers association took place on Saturday morning, but unfortunately I had to leave before the most interesting topics were discussed. Anyway, it’s a great initiative pushed forward by really nice and efficient people, and I hope to find some time to invest in it.

The last episode took place on Sunday. I probably forgot on the station platform, or may be in my hotel, a bag with some of the games I bought or was offered on the fair. If someone found a Pixie Games purple bag with copies of Clonk!, Mot pour Mot, Top Face Fantasy and one or two more small boxes, please tell me !


Tiring and challenging work session with Ludovic Maublanc, Corentin Lebrat and Antoine Bauza.