Etourvy 2023

Trente ans déjà

Si j’en crois l’équipe du Domaine Saint-Georges, cela fait maintenant trente ans qu’ils nous accueillent, presque tous les ans, à Etourvy. Les rencontres ludopathiques, qui multiplient la population du village par un peu plus de deux, sont devenues un « acteur de l’économie locale».
Nous n’étions qu’une trentaine 1993, essentiellement des amis gravitant autour de Casus Belli et de Ludodélire. Certains sont partis, certains ne jouent plus, certains sont morts, j’ai perdu de vue quelques uns, et, à part moi bien sûr, je pense que la seule personne à avoir été présente à tous les épisodes est Hervé. Nous étions cent quatre-vingt du 17 au 21 mai 2023, et même avec les quatorze nouvelles places que l’on nous promet dans Etourvy l’an prochain, il me semble difficile d’aller au delà. Oui, je sais, cela fait vingt ans que je dis cela.

Lorsque, une quinzaine de jours avant les rencontres ludopathiques, j’ai regardé les premières prévisions météo qui nous annonçaient la pluie et la froidure, j’ai pris peur. À Etourvy, Virginie et Marie-Claire ont également commencé à se faire du souci et à étudier des solutions permettant d’abriter tout le monde, et de faire manger près de deux-cent personnes dans des lieux dimensionnés au mieux pour une centaine. Nous avons finalement eu, comme l’an dernier, un très beau temps, mais il n’en ira pas toujours ainsi et je m’inquiète déjà pour l’an prochain.
L’an dernier, après le Covid, les visiteurs étrangers étaient restés rares, et mes annonces bilingues lors des repas s’apparentaient à un acte de foi. Cette année, les joueurs d’Amérique, d’Europe de l’Est et même d’Asie étaient de retour – même si j’ai l’impression que Yohan Goh passe la moitié de sa vie en Europe. Ayant toujours été partisan du cosmopolitisme, je m’en réjouis. Les enfants aussi étaient revenus nombreux, ce qui contribue beaucoup à l’ambiance.

Organisation 

Je n’ai presque pas eu de désistements de dernière minute cette année et, du coup, les comptes, de toute façon très approximatifs, devrait être légèrement excédentaires, pour, je crois, la deuxième fois en trente ans.
Les rencontres ludopathiques fonctionnent de plus en plus en roue libre et me demandent plutôt moins de boulot qu’il y a une dizaine d’années. Je gère donc le budget global, l’hébergement, je prépare le transport des jeux, je surveille un peu tout ce qu’il se passe dans la semaine, mais l’aide de la petite équipe qui arrive avec moi en début de semaine, et notamment de Camille, allège considérablement le travail d’intendance. Cela serait quand même plus facile pour nous et pour l’équipe du domaine si tout le monde faisait plus attention à ne pas laisser traîner ses gobelets, à ne pas les utiliser comme poubelles, etc…

Je prépare toujours quelques jeux en extérieur, cette année Two Rooms and a Boom, Twister géant, et le traditionnel Brouhaha, mais d’autres organisent également des événements conséquents. Absent l’an dernier, Laurent Escoffier était de retour avec ses jeux d’extérieur un peu bizarres, mettant en scène chaines, aimantset mètres pliants, et bien sûr le toujours aussi bluffant Walking Mind.

Franck s’occupe toujours du tournoi de poker, et cette année Théo avait soigneusement préparé un tournoi de Challengers. Sébastien étant absent, c’est Ghislain qui a rejoint Isabelle pour faire jouer la murder party Le tour de monde en 80 jours, tandis que Mathias et Zephiriel faisaient jouer Papers, un petit GN loufoque sur les coachs, la culture d’entreprise, la ludification et toutes ces conneries. Jamais à court d’idées l’Equipe ludique avait préparé Tous en Scène, un jeu hilarant de reconstitution de films avec les moyens du bord. Profitant de ce que nous étions au vert et qu’il ne faisait pas trop chaud, certains ont organisé des balades à pied autour du village, Maud pour ceux qui courent assez vite, Charles pour ceux qui préfèrent la marche tranquille suivie d’un bon verre de vin.

L’orque et la baleine

J’étais un peu déçu à mon arrivée de constater que le colis d’Oink Games, contenant mes exemplaires d’auteur de Whale to Looksorti le week-end précédent pour le Tokyo Game Market, n’était pas parvenu à temps à Etourvy. Le plaisir n’en a été que plus grand de le voir arriver vendredi après-midi. Je me suis précipité sur mes premières boites, aussi mignonnes que sur les photos, et ai immédiatement envoyé quelques touristes observer les orques noires et les baleines blanches. 

Jun Sasaki et l’équipe de Oink Games ayant énormément retravaillé mon concept original, dans des directions parfois inattendues. Je n’avais jusque là joué à une version presque finale de ce jeu qu’une seule fois, en ligne, dans des conditions qui n’étaient pas optimales. Les quelques inquiétudes que j’avais sur les nouvelles règles ont cependant été rapidement balayées par mes parties à Etourvy – le jeu est finalement bien meilleur que celui que je leur avais initialement proposé, et je renonce donc à développer de mon côté mon jeu d’observation des étoiles dans le ciel. Il va falloir que je réécrive en ce sens mon article sur Whale to Look.

Sacré Graal

Grail Cup n’arrivera en boutique qu’à l’automne, mais Arnaud Charpentier avait apporté une boite de préproduction, à laquelle ne manquait que le dé, très aisément remplaçable par un dé classique. J’ai de la chance en ce moment avec les illustrations car, dans un style bien différent, Grail Cup est aussi mignon que Whale to Look. Je me suis beaucoup amusé à rechercher les nombreux œufs de Pâques – c’est comme cela que l’on dit en anglais – dissimulés sur le plateau par John Kovalic, et me suis même reconnu dans l’un d’entre eux. J’ai lancé quelques parties, rapides et pleines de rebondissements.

J’avais aussi apporté quelques prototypes, et ceux qui m’ont semblé les mieux reçus ont été la Salade de Fruits et les Voleurs de Poules, on verra s’il en sort quelque chose.

Que de jeux 

J’ai cette année profité des rencontres ludopathiques pour faire une partie de mon déménagement. Une quarantaine de cartons qui avaient quitté la rue de Belleville le lundi sont en effet rentrés le dimanche à quelques centaines de mètres, rue de la Villette. J’ai beau apporter chaque année à Etourvy environ un millier de jeux, je suis toujours étonné, passant entre les groupes, de voir la plupart des joueurs attablés devant des prototypes inconnus ou des jeux dont je suis à peu près certain qu’ils ne proviennent pas de ma collection.

À en croire aussi bien mes impressions que les nombreuses photos des participants, le jeu le plus populaire de ces cinq jours a été Mind Up, retour amusant puisque c’est à Etourvy que, l’an dernier, l’équipe de Catch Up Games avait découvert ce petit jeu de cartes d’aspect très kniziesque, présenté par son auteur Maxime Rambourg. Parmi les autres petits jeux très pratiqués, citons Focus, d’Antonin Boccara et Romaric Galonnier, Cat in the Box de Muneyuki Yokouchi, The Number de Hisashi Hayashi, Mantis de Ken Gruhl et Jeremy Posner et bien sûr Whale to Look de Jun Sasaki et Bruno Faidutti.

Dans des boites un peu plus grosses, mais pas trop complexes pour autant, le loufoque Hand to Hand Wombat, judicieusement traduit en français par Branle Bas de Combat, a remporté un grand succès d’estime, tout comme, dans un genre plus sage, les jeux coopératifs Kites, de Kevin Hamano,  Kuzooka de Leo Colovini et DorfRomantik de Michael Palm et Lukas Zach. Ce dernier est tellement moche que tout le mponde y a joué mais personne n’a osé en prendre une photo.

Parmi les jeux d’ambiance et de vocabulaire, on a comme l’an dernier beaucoup joué à Krazy Wordz, de Dirk Baumann, Thomas Odenhoven et Matthias Schmitt, mais aussi au curieux Hunch! de Nomas Kurnia, quelque part entre Codenames et Decrypto, et au prototype final de Sides apporté par l’équipe de Captain Games.

Côté gros jeux, on a bien sûr encore joué à Dune Imperium de Paul Dennenmais aussi à The Quest for Eldorado de Reiner Knizia deux jeux qui ne sont pas vraiment des nouveautés même si l’un a connu quelques extensions et l’autre une nouvelle édition magnifiquement illustré par Vincent Dutrait. À l’exception notable de Planet Unknown de Ryan Lambert et Adam Rehberg, qui a d’ailleurs et très mal rangé dans la boîte par ceux qui ont fait la dernière partie, les très grosses nouveautés ont fait des flops.

Le retour du jeu de rôles

Le grand retour du jeu de rôles, dont on parle beaucoup depuis quelques mois, semble avoir touché Etourvy. Lors des tous premiers épisodes, dans les années quatre-vingt dix, beaucoup des participants étaient des amis de GN, et il n’était pas rare de voir quelques parties de jeu de rôles sur table. J’ai d’ailleurs découvert une partie des villages du coin lors d’un GN loufoque où des mafieux mexicains qui avaient trouvé un moyen de produire de la coke à partir du colza cherchaient à accaparer la récolte locale, mais se heurtaient à des extraterrestres dont le vaisseau en panne fonctionnait à l’huile de colza, et à de gentils vampires qui souhaitaient produire à partir de cette céréale décidément multitâche un élixir leur permettant de décrocher du sang.

Depuis quelques années, Sébastien et Isabelle organisent à Etourvy de petites murder parties. Cette année, Isabelle et Ghislain ont fait jouer le tour du monde en 80 jours, tandis que Mathias et Zephiriel organisaient Papers. Le jeu cinématographique de l’équipe ludique, et même d’une certaine manière Two Rooms and a Boom ou des jeux narratifs comme Alice is Missing, relèvent aussi un peu du jeu de rôles. Et, pour la première fois depuis longtemps, plusieurs éditeurs avaient apporté des livres de jeux de rôles, parfois volumineux et ambitieux, pour la table de prix. Je ne vais pas me remettre au jeu sur table, mais cela me donne envie de refaire un ou deux GNs – si j’arrive à caser ça dans mon emploi du temps.

Voilà. Comme de plus en plus de gens organisent des trucs pendant les ludopathiques, j’en ai certainement raté ou oublié quelques uns. Merci à tous les participants, merci à tous les organisateurs de jeux petits et grands, merci à tous ceux qui m’ont donné un coup de main prévu ou improvisé, merci à l’équipe du domaine Saint-Georges, merci à Météo France de qui j’attends le même soutien en 2024, et à l’année prochaine.



Thirty years

I didn’t keep a precise track but, if I am to believe the team at the domaine Saint-Georges, they have been accommodating the ludopathic gathering almost every year since 1993. When we are here, the population of Etourvy is multiplied by a bit ore than 2, and we are now a part of the local economy.  
We were only thirty in 1993, mostly friends working with Casus Belli or Ludodélire. Some have quit gaming, some have left, some have died, I’ve lost trace of a few ones, and I think the only other person who has been here from the beginning is Hervé. We were 180
in 2023, May 17 to 21, and, even with the fourteen new beds which should be available in the village next year, I don’t think this number can grow more. Yes, I know, I’m saying this for 20 years now.

When, two weeks before the event, I started looking at the weather forecast, predicting cold and rain, I was seriously concerned. In Etourvy, Virginie and Marie-Claire also started worrying and tried to find ways to shelter everyone and to have nearly 200 people eating in a place designed for 100 at most. In the end, we had a really nice weather, but I’m already anxious for next year. 


Last year, after the Covid years, few foreigners were back. This year, players from America, from Eastern Europe and even from Asia were back – even when it seems like Yohan Goh is now spending half of his time traveling in Europe. Anyway, I’m always been in favor of cosmopolitanism, so let’s enjoy it. Children were back as well, which makes for a nice change from most professional gaming conventions.

Organization

I had very few last minute cancellations this year, which means that the (very rough) numbers are balanced, or may be even slightly positive, for, if I remember well, the second time in thirty years. 

I take care of the numbers, the accommodation, I pack and bring the games, I check everything during the week, but I could probably not do it any more without the help from the small advance team which arrives with me on Monday – especially Camille. It would nevertheless be much easier for everyone if people were more careful not to let empty glasses, when it’s not empty glasses used as table trash cans, everywhere…

I always prepare one or two big simple outdoor games, to bring everyone together, this year Two Rooms and a Boom, Giant Twister and the traditional Brouhaha. Laurent Escoffier had been missed last year, he was back with strange outdoor games using chains, magnets and folding rule, as well as a new competitive version of the Walking Mind.

Franck held, as always, the poker tournament, while Théo took care of Challengers. Sébastien was not here this year, so Ghislain replaced him to organize the Around the Earth in 80 Days murder party, while Mathias and Zephiriel held Papers, a light zany larp about coaching, business culture, ludification and all that crap. L’equipe Ludique held Everyone on Stage, a crazy game about reenacting movies with the limited means availabe. The weather being cooler than last year, Maud held a running tour of the nearby countryside, while Charles organized a walking and wine drinking tour for those – the vast majority – who don’t even try follow Maud.

The white whale and the orca

When arriving in Etourvy, I was slightly disappointed to find out that the parcel from Oink games with my author copies of Whale to Look, which had been premiered the week before at the Tokyo game market, didn’t make it in time. I was even more delighted when it arrived on Friday afternoon. I immediately seized the first box and sent a few tourists whale watching.

Jun Sasaki and the Oink team have largely developed my original concept, in directions I didn’t expect. I had only played a near final version of their game once, online, in far from optimal conditions. I was wary of some of the changes they had made to the game, but my reservations about the new rules disappeared after a few games in Etourvy. Their game is indeed better than what I had originally submitted, and I am therefore giving up the idea of developing on my side my tile game about watching stars. I should, one of these days, rewrite my article about Whale to look to make this clear.

Holy Grail !

Grail Cup will only hit the stores next fall, but Arnaud Charpentier had brought a preproduction copy, missing only the special die which we easily replaced with a standard one. I am really lucky with game art these days. Grail Cup is as cute as Whale to Look, though in a completely different style en boutique. I had great fun looking for the many Easter eggs disseminated by John Kovalic on the board, and I even found myself in one. I played a few games, fast and eventful.

I had also brought a few recent prototypes. The best received were Chicken Thieves and Fruit Salad, we’ll see if something comes out of it.  

So many games 

This year, I took advantage of the ludopathic gathering to move some of my games, who left my old flat rue de Belleville and came back to my new one, rue de la Villette. Every year, I bring about 1.000 games to Etourvy, and I’m always surprised to see most attendees playing either unknown prototypes or games which I am sure d’ont belong to my collection.

According to both my feeling and the many pictures I have seen, the most played game during this five days was Mind Up. It’s a fun come back since the prototype of this very kniziesque card game was shown by its designer, Maxime Rambourg to its publisher, Catch’Up, last year in Etourvy. Other much played small box games were Antonin Boccara & Romaric Galonnier’s Focus,  Muneyuki Yokouchi’s Cat in the Box, Hisashi Hayashi’s The Number, Ken Gruhl & Jeremy Posner’s Mantis and, of course, Whale to Look, starting from Friday afternoon.

Among bigger boxes, but not necessarily more serious games, the hits were the zany and noisy Hand to Hand Wombat, for which a few advanced rules were designed, as well as the more serious cooperative games Kites, by Kevin Hamano, Kuzooka by Leo Colovini and DorfRomantik by Michael Palm and Lukas Zach. The latter is so ugly that, though nearly everyone played it, no one took a single picture of it.

Among party and vocabulary games, the most played were, like last year, Krazy Wordz, by Dirk Baumann, Thomas Odenhoven and Matthias Schmitt, but also two brand new games, Nomas Kurnia’s Hunch!, a strange game feeling a bit like a mix of Decrypto and Codenames, and the prototypes of Sides brought by the Captain Games’ team.

The most played boardgames wwere Paul Dennen’s Dune Imperium and Reiner Knizia’s Quest for El Dorado. None of them is new, but there has been a few recent expansions for Dune and a new edition of Quest for El Dorado gorgeously illustrated by Vincent Dutrait. Except for Ryan Lambert & Adam Rehberg’s Planet Unknown, which, by the way, was carelessly placed back in the box by its last players, most new big box heavy games flopped.

Back to role playing games ?

The unexpected comeback of tabletop rpg which has been much discussed these last months also affected Etourvy. In the very first Etourvy gatherings, in the mid nineties, many of the attendees were LARP friends, and there was the occasional tabletop rpg session. I even first discovered the nearby villages during a zany LARP in which the Mexican mafia, having discovered a way to produce cocaine from rapeseed, was trying to corner the local rape market, but was facing aliens whose stranded spaceship was running on rapeseed oil and vampires who were using to produce an elixir helping them to get off blood. 

For a few years now, Sébastien and Isabelle have been holding small murder parties in Etourvy. This year, Ghislain and Isabelle organized Around the earth in 80 days, while Mathias and Zephiriel held Papers. L’Equipe ludique’s movie making game, Two Rooms and Boom, and even in a way narrative boardgames such as Alice is Missing, also have something to do with role playing. Also, for the first time I think, several publishers had brought role playing books, and sometimes heavy and ambitious ones, for the prize table. I probably won’t go back to tabletop rpg, but it makes me want to play more larps, if I can fit them in my schedule.  

That’s it. Since more and more people are organizing stuff during the ludopathic gathering, I certainly missed one or two notable events. Anyway, thanks to al the attendees, thanks to all those who organized small and big games, thanks to all those who helped me in managing the even, thanks to the team at the Domaine Saint-Georges, and thanks to MeteoFrance, I hope they will be as efficient next year. See you next year.  

Portraits de joueurs par Antoine Bauza – Gamers’ portraits by Antoine Bauza

Mes photos – My pictures

Photos de Dylan et Tanya – Dylan’s and Tanya’s pictures

Photos d’Isa – Isa’s pictures

Photos de l’Equipe Ludique – Equipe Ludique’s pictures

Photos de Maeva – Maeva’s pictures

Photos de Marie G. et Martin Vidberg – Marie G. & Martin Vidberg’s pictures

Photos de Maud – Maud’s pictures

Photos de Régis – Regis’ pictures

Photos de Seb – Seb’s pictures

Photos de Sandra – Sandra’s pictures

Photos dun peu tout le monde – Various pictures from various gamers

Etourvy 1995

Un grand merci à Hervé qui a retrouvé dans un coin de son disque dur cette video du troisième épisode des rencontres ludopathiques, en 1995 où l’on voit quelques personnes que j’ai un peu perdues de vue – Nadine, Scarlett, Laure, Pierre, Anne (charmante avec son chapeau), Arno, Isabelle, Jean-Yves, Mireille, Sabine, Tristan, Nadine et quelques autres, et surtout Pierre qui nous manque beaucoup. Côté jeux, on voit Cambio, Ave Cesar, Il était une fois, Condottiere, Meurtre à l’Abbaye, Credo, Tribalance, Taboo, dictionnaire, Pusher, Intrigues à Venise, et quelques trucs que je ne reconnais même plus. Cela n’a pas tellement changé, mais j’avais plus de cheveuex. Et on fumait plus.

Many thanks to Hervé for this video of the third ludopathic gathering in Etourvy, in 1995, with a few friends I have not seen for years – Nadine, Scarlett, Laure, Pierre, Anne (really pretty with her hat), Arno, Jean-Yves, Isabelle, Mireille, Sabine, Tristan, Nadine and, most of all, Pierre whom I really miss. As for games, I’ve spotted The Pit, Ave Caesar, One upon a Time, Condottiere, Murder at the Abbey, Credo, Tribalance, Taboo, Dictionary, Pusher, Incognito and a few things I don’t really remember. It didn’t change that much – but I had more hair. And we were all smoking.

Etourvy 2022

Simon, tu es repéré.

Ce retour à Étourvy après deux ans d’interruption a, je crois, fait beaucoup de bien à tous les participants. En tout cas, il m’a fait beaucoup de bien.

Derniers restes de la crise sanitaire ou tendance lourde et durable, sans doute un peu des deux, le public était bien plus franco-français que les années précédentes. Beaucoup d’habitués des quatre coins du monde ne sont pas venus cette année, ce que je regrette un peu – les polonais sont les seuls à s’être déplacés en force. Certains absents ont certes envoyé des jeux pour la table de prix, mais ce n’est pas la même chose ! Prendre l’avion, ce n’est pas bien et il va très vite falloir sérieusement se rationner, mais mélanger les gens, les langues, les cultures et les jeux, c’est bien et il est politiquement urgent de s’y remettre. Je ne sais pas bien comment on va concilier tout cela.

Et puis, il y avait ceux qui n’étaient pas là parce qu’ils ne sont plus là, Kristine et Jean-Marc, et cela fait un drôle d’effet.

On joue en bas

A quelque chose malheur est bon, j’ai pu inviter quelques nouveaux bien de chez nous, de vieux et de nouveaux amis, de jeunes auteurs qui montent comme Anthony Perone ou Oussama Khelifati, des éditeurs qui n’étaient jamais venus, comme Origames, et quelques critiques ou journalistes ludiques de chapelles plus ou moins rivales – j’avoue que je ne suis pas très bien. L’audience était donc moins cosmopolite que d’habitude, mais elle était plus jeune que lors des épisodes précédents, et du coup plus féminine car la nouvelle génération d’ “acteurs ludiques” est un peu moins masculine que la précédente.

L’apéro du vendredi

L’équipe du foyer rural d’Étourvy était aussi bien contente de nous revoir, au point de nous offrir à tous champagne et kir vendredi soir. Un immense merci à eux pour leur accueil et leur travail, et aussi à tous ceux qui m’ont aidé à organiser ce week-end. Camille d’abord, qui a géré la bière, les softs et les trucs à grignoter, mais aussi tous ceux qui sont arrivés sur place avec moi dès lundi et ont participé à la mise en place, Cyril, Vincent, Didier et Sébastien.

et en haut

Au fait, Camille est l’une des rares correctrices littéraires, peut-être la seule, à s’y connaître en jeux de société et jeux de rôles. Si vous êtes éditeur et avez besoin de faire relire des règles originales ou des traductions en français, n’hésitez pas à lui faire signe (vous pouvez me demander son mail).

Explication des règles avancées du téléphone arabe.

Merci aux organisateurs de tous les jeux et tournois, la Murder Party d’Isabelle et Sébastien, mais aussi le Two Room and a Boom, le tournoi de poker, le tournoi de Unmatched, le karaoké, les aventures de René, et tout ce que j’oublie. On a un peu regretté l’absence de Laurent Escoffier, personne n’étant aussi abon pour organiser des trucs en extérieur, mais on a quand même fait quelques jeux idiots, plus ou moins improvisés, dans la cour. Le grand nombre de boomers parmi le public d’Etourvy a permis de jouer à un quizz un peu original,  « mort, pas mort ». Les deux seuls personnages sur lesquels la majorité des joueurs s’est trompé sont Mikhail Gorbatchev et Henry Kissinger, tous deux encore vivants. Le traditionnel Brouhaha s’est joué cette année avec handicap, des écarteurs de lèvres, gadgets qui pourraient sans doute enrichir de très nombreux jeux de communication. Quant au turtle wushu, ses règles n’ont pas changé mais il est devenu un frog wushu, ce qui me semble plus logique – les grenouilles sautent mieux que les tortues.

Brouhaha

Si Scout, de Kei Kaijino, était le petit jeu de rien du tout le plus joué au début de ce long week-end de cinq jours, il a fini supplanté par Paquet de Chips, de Mathieu Aubert et Théo Rivière, qui est également ma découverte d’Étourvy. J’ai d’ailleurs appris que c’est lors d’un épisode précédent des rencontres ludopathiques que ce subtil jeu de paris avait été présenté à l’éditeur.

Paquet de chips

En poids moyens, Living Forest de Aske Christiansen et le très mignon Creature Comforts de Roberta Taylor ont semblé les plus appréciés.

Dune

Les gros jeux les plus pratiqués étaient clairement Dune Imperium, de Paul Dennen, que j’adore mais qui n’est plus vraiment une nouveauté, et le tout nouveau Ark Nova, de Matthias Wigge, dont je ne pense pas que ce soit ma came mais qui a eu un certain succès.

Chaque année, un jeu un peu ancien et un peu oublié est joué par tout le monde sans que l’on sache trop pourquoi. Cette année, c’était le génial Krazy Wordz de (plein d’auteurs avec des noms allemands) dont j’aimerais bien qu’il ressorte avec un matériel un peu plus convaincant.

Un autre jeu oublié…

Côté prototypes, Run, un jeu de zombies de Philippe Keyaerts auquel je n’ai pas eu l’occasion de jouer, semble avoir fait l’unanimité. Les gens d’Asmodee avaient aussi apporté Challengers, qui s’est avéré un très subtil jeu de deck building… mais qui a vraiment l’air sans grand intérêt quand on se contente d’expliquer les règles. J’espère donc qu’ils trouveront un truc pour le vendre !

J’ai été frappé, parmi les nouveautés comme parmi les prototypes, par le nombre de jeux utilisant le son. Sound Maker, Sound Box, le prototype de Tracks par Juan Rodriguez et Christian Rubiella… C’est peut-être la prochaine tendance du jeu de société.

Trollfest

Camille et moi venions de recevoir nos exemplaires de Trollfest, où l’on ne fait pas de son mais qui parle de musique. Je l’ai donc fait un peu tourner et il m’a semblé très apprécié. L’éditeur, le tout jeune Trick or Treat Games, m’avait aussi envoyé d’autres de ses nouveautés pour que je les présente aussi aux quelques éditeurs européens présents qui pourraient vouloir les « localiser », mais il semble que le colis se soit perdu en route… Je les ai au moins fait jouer à Trollfest.

J’ai réalisé un peu tard que les quatre boites de mon autre nouveauté, Vabanque, que j’avais apportées étaient toutes quatre sous cello, et que personne n’avait osé les prendre sur la table des prix pour les ouvrir. Du coup, cette autre nouveauté dont je suis assez fier et qui est superbement éditée n’a pas été jouée du week-end…. C’est un peu dommage. Mais, bon, Fabien Riffaud a pris l’une des boites sur la table des prix, y a joué avec ses enfants en rentrant, ils ont beaucoup aimé, et il m’a quand même envoyé une photo

La table de prix

À propos de la table des prix, certains des nouveaux n’avaient pas entendu les consignes demandant à ceux qui partaient avant samedi de ne pas prendre de grosse boite qui pourrait faire des jaloux. Les deux grosses boites de l’édition anniversaire des Aventuriers du Rail, ainsi que l’une des deux boites de Carnegie, n’étaient donc déjà plus là samedi matin. Ce n’est pas bien grave, mais je l’écris ici pour que tout le monde retienne la leçon pour l’an prochain.
Pour ma part, je suis parti avec Gutenberg, par curiosité, et Paquet de Chips, que j’adore.

Un grand merci à tous les éditeurs qui avaient apporté ou envoyé des jeux, d’Atlas Games à Z Man Games. Je ne vais pas me risquer à faire une liste complète, j’en oublierais !

De retour à Paris, en déballant mes cartons, je n’ai pas trouvé ma boite de Loco Momo, que d’autres doivent avoir emporté. En revanche, j’ai un Age of Civilization et des Gardiens de Havresac qui ne sont pas à moi.

Young fox listening to gamers.

Très pris par mon bouquin sur les licornes, et peut-être aussi un peu fatigué, je n’avais pas eu depuis longtemps d’idées vraiment originales pour de nouveaux jeux. Étourvy a dû débloquer un truc, car quelques-unes me sont venues sur le chemin du retour. Je vais essayer de ne pas les oublier et de me mettre au boulot….

(D’autres photos en bas de cette page)

Karaoke


Being back in Étourvy after a two years break was, I think, great for everyone. At least it was great for me.

Whether it was the remnants of the health crisis or a heavy and lasting trend, there were very few foreign attendees. Many of the regulars from all over the world did not join this year, and I regret it – at the Polish team from Portal came in force. Of course, a few ones still sent games for the prize table, but it’s not the same thing. Flying is bad and we will certainly very soon have to ration it, but it is also politically urgent to start again mixing people, languages, cultures and games. I’m not sure how we can reconcile these two urgent necessities.
Other regulars, Kristine and Jean-Marc, were not here because they are not here any more. Sad.

Long Shot

Every cloud has a silver lining, and I seized the opportunity to invite a few more French people, old and new friends, young promising game designers like Anthony Perone or Oussama Khelifati, pubishers who hade never been here before and I didn’t know that well, like Origames, as well as game reviewers or journalists from various more or less rival denominations. As a result, the public was more French than before, but also more feminine since the generation of gamers and game designers is less overly male than the former ones.

L’apéro du vendredi

The team at Etourvy was also happy to see us back, and even treated all of us with Champagne and Kir on Friday night. Many thanks to them for their hospitality and their hard work. Many thanks also to the small team which helped me organize this week-end, first of all Camille who took care of beer, soft drinks and snacks but also everyone who was here with me on Monday to prepare everything – Cyril, Vincent, Didier and Sebastien.

By the way, Camille, also codesigner of Trollfest, is one of the very few, may be even the only one, French literary proofreaders who knows everything about boardgames and role playing games. If you have French translations which need proof reading, just ask me and I’ll forward you to her.

Frog Wushu

Many thanks also to all those who organized various events, Isabelle and Sebastien’s Murder Party, The big Two Rooms and a Boom game, the Poker tournament, the Unmatched tournament, the Karaoke, the Adventures of René, and probably other stuff I forgot. We missed Laurent Escoffier, who’s the best at organizing strange massive outdoor games, but we still managed to play a few big games in the turf. The many boomers in the attendance played a  “Dead or not dead” quizz Hose results were impressive. The two only characters from the last century on which a majority of players were wrong were Henry Kissinger and Mikhail Gorbachev, both alive and well.

The traditional Brouhaha was played this year with a handicap, mouth openers – which, by the way, could improve many communication games. Turtle Wushu became Frog Wushu, which sounds more logical – Frogs are better jumpers than Turtles.

Scout

Kei Kaijino’s Scout was the most played light game at the beginning of this five days long week-end, but it was slowly outdone by Theo Rivière and Mathieu Aubert’s Bag of Chips, which is also my discovery of this years’s ludopathic gathering. I incidentally learned that this subtle betting game was first shown to the publisher a few years ago in Etourvy.

Ark Nova

The most played big games were clearly Paul Dennen’s Dune Imperium, which is not really new anymore, and Matthias Wigge’s Ark Nova. It doesn’t look like my kind of games, but it was a hit with hardcore gamers.

Among the many midweight new games, Aske Christiansen’s Living Forest, Roberta Taylor’s supercute Creature Comforts were probably the most played.

Pit !

Every year, an older and more or less forgotten game becomes a surprise hit, no one knows why. This year, it was Krazy Wordz (by a bunch of designers with German names), which I would love to see back with more convincing components. The people at Asmodee had brought Challengers, a light, simple and subtle deckbuilding game… which sounds very bland from just reading the rules. I hope they’ll find a way to convey how fun it can be.

I was surprised by the several recent games and prototypes making use of sounds – Sound Maker, Sound Box, the prototype of Tracks. May be it’s the next gaming craze.

A young fox came to visit us at night

Camille and I had just received our author copies of Trollfest, which doesn’t make use of sound but is about music, and it was also a hit. The publisher, Trick or Treat games, had also sent other of his new games to be played in Etourvy, so that I could show them to French or other European publishers interested in localizing them, but it looks like the parcel got lost somewhere. Well, I tried to have them, at least, play Trollfest.

Trollfest

I realized a bit too late that the four copies of my other new big box game, Vabanque, were all still wrapped and that no one had dared take one from the prize table and open it to play. My fault. As a result, this new and gorgeously published game, of which I am realy proud, was not played at all. Anyway, Fabien Riffaud took one of the copies from the prize table, played it with his kids when  back, they loved it and he sent me a picture…

Vabanque, a bit later….

Speaking of the prize table, some of the newbies didn’t hear me asking that leaving before saturday not to take any big box which could make late comers jealous. As a result, the two big Ticket to Ride anniversary editions and one of the two copies of Carnegie were gone by Saturday morning. Never mind, but I write it here so that everyone will remember of it next year.
I took Gutenber, by curiosity since I have not played it, and Bag of Chips, which I realy like.

Thanks to all th publishers, from Atalas Games to Z Man games, who had brought or sent games. I won’t risk making a full list, I’m sure I would forget some.

When opening my crates back in Paris, I didn’t find my copy of Loco Momo, someone must have left with it. On the other hand, I have a copy of Age of Civilization and another one of Les Gardiens de Havresac which don’t belong to me….

Photos by everyone, 2

Being very busy with my unicorns book, and may be also a bit tired of games, I had not had fresh gaming ideas for a while. Etourvy unblocked something, and I thought of a few things on the way back. Now, I’ll try not to forget them and to get back to work.

Etourvy 2019

Les rencontres ludopathiques

Cela fait maintenant 25 ans que, chaque printemps ou presque, j’organise à Etourvy, entre Champagne et Bourgogne, ma petite convention ludique personnelle, les rencontres ludopathiques. Ce qui était à l’origine une rencontre entre amis autour de l’équipe de Ludodélire est peu à peu devenu une petite convention ludique un peu à part, sur invitations, réunissant de vieux amis, des petites personnalités du monde du jeu, et souvent leurs familles. Quelque part entre salon professionnel et vacances entre amis, c’est un événement sui generis qui a maintenant pris son rythme de croisière.

On me demande régulièrement pourquoi je consacre tant de temps à l’organisation de ces rencontres, d’autant que j’y ai moins le temps de faire tourner mes ébauches de jeux et de les présenter à des éditeurs que des auteurs comme Antoine, Bruno, Théo, Ludo et quelques autres. La première raison est bien sûr que cela m’amuse, et que j’apprécie d’être, pour une petite semaine, au centre de l’attention générale. Une autre raison est sans doute que, même si j’aimerais avoir plus l’occasion de faire jouer mes prototypes, cela me permet quand même d’entretenir pas mal de contacts, et de faire un peu ma promotion personnelle. Et puis, c’est toujours agréable aussi de faire plaisir aux amis. J’ajoute que l’organisation étant désormais bien rodée, cela me demande finalement assez peu de travail, moins en tout cas que, par exemple, le corsaire ludique de Roberto Fraga.

J’étais un peu malade les premiers jours, mais tout s’est néanmoins déroulé comme prévu, sur un week-end sérieusement prolongé puisqu’il a commencé pour quelques-uns dès le lundi 29 avril au soir, et pour la plupart mardi ou mercredi. Nous étions 140 participants cette année, venus du monde entier mais tous logés dans une dizaine de gites au milieu de nulle part, à Etourvy et dans les villages voisins – Mélisey, Quincerot et Trichey.

Je remercie bien sûr les éditeurs qui avaient fait le voyage,en espérant que je n’oublie personne:
Abacus
Asmodée
Blackrock
Blue Orange
Catch’up Games
Days of Wonder
Djeco
Don’t Panic Games
Forgenext
Grrre games
Heidelbär
Hobbyworld
Iello
Libellud
Lui-même
Matagot
Oink Games
Pixie Games
Purple Brain
Ravensburger
Rebel
Repos Prod
Sand Castle Games
Space Cowboys
Surfin’ Meeple
Taiwan Boardgame Design
Van Ryder Games

et ceux qui n’ont pas pu venir mais nous ont envoyé des jeux pour la table de prix:
Cryptozoic
Fantasy Flight Games
Gigamic
Kolossal Games
North Star Games
Z-Man Games

Je ne fais pas la liste des auteurs, parce qu’il y a plein de gens qui le sont plus ou moins, qui sont là pour s’amuser mais ont quand même un petit proto qui traine, et tout ça. Je vais quand même citer les illustrateurs, ou plutôt les illustratrices, parce qu’elles étaient moins nombreuses – Maeva Kosmic et Christine Deschamps, des habituées, ainsi que Christine Alcouffe.

Je remercie tous ceux qui ont aidé à l’organisation, l’équipe ludique, ceux qui m’ont accompagné lundi, ceux qui sont allé faire des courses, ceux qui sont allé chercher ou ramener des joueurs à la gare de Tonnerre – en particulier Didier qui a dû se lever tôt dimanche pour que les russes de Hobbyworld ne ratent pas leur train. Je remercie Camille qui, les pieds solidement ancrés au sol, s’est occupée des bières. Je remercie aussi toute l’équipe du foyer rural d’Etourvy, côté bureaux et côté cuisine.

Il y a « encore » des services publics – pour combien de temps ?

Un énorme remerciement surtout aux pompiers et aux urgences de l’hôpital de Tonnerre. Lorsque Manu a commencé à se sentir mal vendredi soir, j’ai fait le 15 et suis tombé sur les urgences de l’Aube, département où se trouve Etourvy. J’ai expliqué à mon interlocuteur que nous étions, à Etourvy, entre Chaource et Tonnerre. Sa réaction a alors été « C’est au milieu de nulle part, ça ! Vous êtes plus près de Tonnerre, mais je ne sais même pas s’il y a encore des urgences à Tonnerre ». Il y en avait, il les a contactées. Elles étaient là vingt minutes plus tard et ont examiné puis emporté Manu. Tout s’est bien passé, et rapidement terminé.
Il reste que le mot qui fait peur, c’est « encore ». On ne se demande pas s’il y a des urgences à Tonnerre, on se demande s’il y a « encore » des urgences à Tonnerre. On peut imaginer que des services publics disparaissent, cela parait presque naturel, on n’imagine plus qu’il puisse s’en créer. Cela en dit beaucoup sur le système politique dans lequel nous vivons, et sur le fait que nous avons intégré comme presque naturelle une évolution qui ne l’est absolument pas.
Ce qu’avait Manu n’était pas bien grave, il s’en serait sorti sans problèmes s’il avait fallu aller à Troyes ou à Auxerre et n’aurait juste pas été de retour à quatre heures du matin. Dans une situation plus grave, cela aurait pu faire une sacrée différence, et j’espère donc qu’il y aura « encore » des urgences à Tonnerre l’an prochain. Du coup, je vais faire grève ce jeudi pour la défense du service public.

Le soleil et la neige

Je sais que beaucoup de joueurs regardent chaque année les photos des rencontres ludopathiques avec curiosité. Elles seront sans doute moins impressionnantes cette année que l’an dernier, car la météo n’a pas été vraiment avec nous. Nous avons eu beau temps mercredi, mais tout le monde n’était pas encore là, et un peu de soleil vendredi après-midi, bien qu’il ait fait un peu frais. Il a plu toute la journée de jeudi, et il a même neigé un peu samedi. Les sportifs de service, Liesbeth Bos et Bruno (l’autre) ont quand même trouvé le temps de faire quelques escapades en vélo.

Les jeux idiots en dans la pelouse ont donc été moins nombreux qu’à l’habitude. Concours de tir à la sarbacane, Twister géant (dont j’ai une idée pour améliorer les règles l’an prochain), Brouhaha mais surtout, une fois de plus, une étonnante invention de Laurent Escoffier, The Walking Mind, dont je vous laisse deviner les règles en regardant photos et videos. Oui, je sais, ça a l’air un peu bizarre.

Le temps se prêtait plutôt mieux aux activités d’intérieur, et deux murder parties, ou petits GNs, étaient organisées cette année. Sébastien avait préparé un scénario très provincial, Tonton Cristobal est revenu, joué le vendredi après-midi, qui a remporté un grand succès et sera certainement remonté, à Etourvy ou ailleurs. Le samedi, Isabelle a fait jouer un grand classique, Dieu est Mort, aux quelques personnes qui ne connaissaient pas ce petit chef-d’œuvre signé Croc – qui était d’ailleurs là un peu plus longtemps que d’habitude.

Didier a remporté le traditionnel tournoi de poker.

Bière et cocktails

Grande innovation, nous avions à l’initiative de Camille des tireuses servant les excellentes bières d’une brasserie locale, Thibord, à Palis. C’était très agréable, et nous a évité de trimbaler des tombereaux de bouteilles vides tous les soirs.

Autre innovation côté boisson, le cocktail mystère, préparé par la joyeuse Équipe Ludique, dont les activités semblent démarrer sur les chapeaux de roue. Pour ceux qui n’ont pas tout noté, les ingrédients à trouver étaient :

Mercredi soir :
– Tequila
– Aperol
– Jus de Goyave
– Sirop de Fraise
– Citron
Cocktail enfants:
– Jus de Poire
– Jus de citron vert
– Sirop de Myrtille

Jeudi soir :
– Calvados
– Jus d’Orange
– Crème de Mûre
– Martini Rouge
– Citron Vert
Cocktail enfants:
– Eau de Coco
– Jus d’ananas
– Jus d’orange

Vendredi soir:
– Rhum Ambré
– Café
– Amaretto
– Sirop de Canne
– Crème fleurette
Cocktail enfants:
– Jus de Pomme
– Limonade
– Sirop de Framboise

Samedi soir (de l’avis général le meilleur cocktail):
– Tequila
– Rhum Ambré
– Ginger Beer
– Sirop de Framboise
– Citron Vert
Cocktail enfants:
– Jus d’orange
– Schweppes
– Sirop de fraise

C’était une excellente idée, et l’on remettra certainement cela l’an prochain.

J’ajoute que Krzysztof avait apporté de Pologne une bouteille de ma vodka préférée, la Jarzebiak, qui a malheureusement été entièrement bue avant que j’ai pu y toucher. J’attends que les coupables se dénoncent et m’en dégottent une autre bouteille pour l’an prochain.

Petites nouvelles du monde du jeu

Des auteurs, des éditeurs, des illustrateurs, quelques agents ou distributeurs, et beaucoup de joueurs. Immanquablement, on a parlé du petit monde du jeu, des gros qui grossissent et de ceux qui maigrissent, de ceux qui se marient et de ceux qui se séparent, et des plans à trois ou plus qui compliquent un peu tout. Dans tous les cas, il y a du mouvement, beaucoup de mouvement, au point que certains ne savent plus très bien où ils sont. Oui, je sais, cela doit avoir l’air un peu mystérieux, mais je ne peux ou ne veux pas trop entrer dans les détails, ‘autant que j’ignore sans doute les détails les plus importants.

Et puis, on a quand même surtout joué, et parlé des jeux, en particulier de ceux qui viennent de ou qui vont sortir. Trop occupé à courir en tous sens, à gérer mes 140 invités et ma dizaine de gites, je n’ai, comme d’habitude, pas tellement joué, et joué à surtout à des jeux assez brefs. En revanche, j’ai pas mal traîné entre les tables, discuté avec les joueurs, demandé ce qu’ils pensaient de telle ou telle nouveauté.

Quelques grosses boites magnifiquement illustrées soigneusement éditées, qui avaient déjà fait un peu de buzz, étaient très attendues. Quelques joueurs particulièrement consciencieux m’avaient demandé si on pourrait y jouer à Etourvy. Elles semblent toutes être tombées un peu à plat. Je ne vais pas donner leurs noms ici, mais les joueurs les plus au fait de l’actualité les reconnaîtront sans difficulté sur les photos.
Les parutions de plus en plus nombreuses, notamment en ce qui concerne les gros jeux qui durent quelques heures, ont peut-être rendu le public plus exigeant, et surtout le public assez technique et informé que l’on peut croiser à Etourvy. Cela ne suffit pourtant pas à expliquer cette relative désaffection. Il me semble que nous avons peut-être là un effet pervers de la floraison récente de jeux très ambitieux vendus essentiellement, mais pas seulement, sur Kickstarter. Sur kickstarter, en effet, on n’achète pas vraiment un jeu, on achète une promesse de jeu. Du coup, le vendeur soigne plus le plumage que le ramage (comment vais-je traduire ça en anglais?). Les nouveautés sont superbement illustrées, et grouillent d’idées fort bien mises en avant, mais il leur manque parfois une dernière phase de développement, celle qui consiste à revenir à l’essentiel, à supprimer tout ce qui est lourd ou simplement inutile. Sur kickstarter, plus donne toujours l’impression d’être mieux, et cela déteint sur les gros jeux publiés de manière plus classique, qui sont promus à l’avance comme s’ils ne devaient pas rester bien longtemps sur le marché. Beaucoup de ces jeux auraient eu besoin non pas de trois ou quatre extensions, mais bien d’une “flexion” – mais voila, enlever tout ce qui encombre et ne sert à rien, ce n’est pas un stretch goal aussi sexy que douze figurines et leurs règles spéciales.

Du coup, les jeux les plus joués à Etourvy, ceux qui ont « fait le buzz » ont été ceux qui ont échappé à cette tendance, des trucs plus modestes et plus rapides. Le succès de la semaine est incontestablement Res Arcana, de Tom Lehmann, parce que c’est un excellent jeu poids moyen qui prend la tête (donc pas trop mon style), mais aussi parce que Cyrille en faisait la promotion avec sourire et constance. Beaucoup de jeux assez rapides comme Farben, Tokyo Highway, Dany ou Draftosaurus, n’ont cessé de tourner sur les tables – même s’il y a encore eu quelques cinglés pour enchaîner les Terraforming Mars jusqu’à 7 heures du matin.
Il n’y a pas que les nouveautés à Etourvy. J’apporte toujours 1000 ou 2000 jeux plus anciens, pris un peu au hasard dans ma collection. Chaque année, un ou deux d’entre eux ressortent sans que l’on sache trop pourquoi et tout le monde se met à y jouer. Cette année, ce furent Linko et Fantasy Realms.

Bien sûr, avec beaucoup d’auteurs présents, et quelques éditeurs, la moitié des tables étaient souvent occupées par des jeux qui n’existent pas ou pas encore, et dont je ne sais guère que ce à quoi ils ressemblent sur les photos. Il y a les brouillons que l’on essaie d’améliorer, et les vrais protos que l’on essaie de placer. J’en avais apporté une dizaine, mais je n’en ai vraiment fait tourner que quatre, Trollfest et Vintage qui cherchent des éditeurs, ainsi que Lifestyles et Reigns qui en ont trouvé. Je n’ai pas de photo des parties de Vintage et Reigns, si quelqu’un en a pris…..

Voila, je crois que j’ai dit l’essentiel, mais si vous pensez que j’ai oublié un truc qui mérite d’être dit, signalez-le en commentaire ou envoyez-moi un mail, je corrigerai.

Et à l’année prochaine.


The ludopathic gathering

For 25 years now, more or less every spring, I hold in Etourvy, between Champagne and Bourgogne, my own boardgame convention, the ludopathic gathering. It was originally a small friendly meeting of about thirty people more or less involved with one of my first publishers, Ludodélire. 25 years later, it is an international event, invitation only, in which I try to mix old and new friends with people from the boardgaming world, often with their families.

I’m often asked why I spent so much time and energy in preparing this gathering, almost all by myself. The fact is that I’m so busy dealing with daily organizational stuff that I much fewer time to discuss business and pitch my prototypes than other designers such as Antoine, Bruno, Ludo, Théo and a others. Of course, the first reason is that I have fun with it, and that I enjoy being, if only for one week, the focus of everyone’s attention. Another reason is that, while I would like to have more time to playtest and show my game prototypes, it nevertheless helps me keeping in contact with the boardgaming world, and it is a kind of self promotion. It’s fun for everyone, it’s also fun for me, even when it’s tiring. Also, after 25 years, the organization has become very smooth and almost automatic, requiring much less work than, for example, Roberto Fraga’s Corsaire Ludique.

I had caught a cold and was a bit ill in the first days, but then everything got back in order. It was a very long week-end, which started for a few one of us on Monday night, and for most attendees on Tuesday or Wednesday. There were 140 people accommodated in a dozen different places in Etourvy, right in the middle of nowhere, and in the nearby villages, Mélisey, Quincerot and Trichey

Many thanks to all the publishers who took part, that is – I hope I don’t forget anyone :
Abacus
Asmodee
Blackrock
Blue Orange
Catch’up Games
Days of Wonder
Djeco
Don’t Panic Games
Forgenext
Grrre games
Heidelbär
Hobbyworld
Iello
Libellud
Lui-même
Matagot
Oink Games
Pixie Games
Purple Brain
Ravensburger
Rebel
Repos Prod
Sand Castle Games
Space Cowboys
Surfin’ Meeple
Taiwan Boardgame Design
Van Ryder Games

And the ones who could not join but sent us games for the prize table:
Cryptozoic
Fantasy Flight Games
Gigamic
Kolossal Games
North Star Games
Z-Man Games

I won’t make a list of game designers, because many attending gamers were mostly here to play and have fun, but are also wannabee designers with one or two prototypes up their sleeve. I will, on the other isde, list the game artists, because there were only three, two regulars, Maeva Kosmic and Christine Deschamps, and a newcomer, Christine Alcouffe.

Many thanks to all those who helped me with all the practical stuff, the Équipe Ludique, those who helped me with the shopping, those who went to the Tonnerre station to catch people or drive them back, and especially Didier who woke up early on Sunday so that the Russians could get their train, and then their plane. Many thanks also to Camille who, feet solidly on the ground, took care of the beer. Many thanks, of course, to the whole team of the Etourvy city, both in the office and in the kitchen.

There’s “still” a public health service – for how long ?

Many thanks also to the emergency services at the Tonnerre hospital. When Manu started feeling bad on Friday night, I called the emergency services and got someone in Troyes. I explained that we were in Etourvy, between Tonnerre and Chaource. The officer’s answer was “Wow, that’s in the middle of nowhere. I’m not even sure there’s still an emergency ward in Tonnerre”.  Well, there was one, he called it, and twenty minutes later they were here, they examined Manu and they left with him. Everything went well, and he was back in the middle of the night.
The frightening word, however, is “still”. The question is not whether there is an emergency ward in Tonnerre, it is whether there is “still” an emergency ward in Tonnerre. We can imagine old public services closing and disappearing, we cannot imagine new ones opening. The fact that such a problematic trend feels normal, almost natural, tells a lot about the political system we are living in.
Anyway, Manu’s problems were benign, and it would not have been dramatic if he had to go to Troyes or Auxerre. The only difference is that he would not have been back at 4 am. In more dramatic cases, however, the extra distance could have made a difference. I hope there will “still” be an emergency ward in Tonnerre next year. This decided me to go on strike next Thursday for the defense of public services?

Sun and Snow

I know that, every year, hundreds of gamers browse the photos from the ludopathic gathering. They are probably less impressive this year than last one, because we were not very lucky with the weather. Wednesday was really nice, but only half of the attendees were there. We had some sun on Friday afternoon, but it was cold. Thursday was rainy, and we even had some snow on Saturday afternoon. Despite this, the two sport addicts, Bruno Cathala and Liesbeth Bos, managed to go for a few bike rides in the countryside.  

There were fewer big outside games than last year. We had a blowpipe contest, a giant twister (but I must improve the rules for next year) and the usual. Like last years, Laurent Escoffier came with a really innovative idea – the Walking Mind. I let you look at the pictures and videos and guess the rules.

The rainy weather, on the other hand, was not a problem for inside games. On Friday afternoon, Sébastien had organized a small parochial larp, Uncle Cristobal is back (from America, of course). It was a hit and will certainly be played again, in Etourvy or somewhere else. On Saturday, isabelle held a classical Murder Party scenario, God is Dead. The author, Croc, was also here.  Didier won the traditional poker tournament.

Beer and cocktails

There was much innovation this year with the drinks. Thanks to and cocktails Camille, we had draft beer on tap, made by a local brwer, the brasserie Thibord. It was really good, and it was a relief not have hundreds of empty bottles to remove every night.

Also, the Équipe Ludique prepared every night two mystery cocktails, one for adults and one for kids. Tracking the ingredients was really difficult. For those who didn’t keep track, the ingredient were:

Wednesday night :
– Tequila
– Aperol
– Guava juice
– Strawberry sirup
– Lemon
Kids cocktail:
– Pear Juice
– Lime
– Blueberry syrup

Thursday soir :
– Calvados
– Orange juice
– Blackberry cream
– Red Martini
– Lime
Kids cocktail:
– Coconut milk
– Pineapple juice
– Orange juice      

Friday night:
– Amber rhum
– Coffee
– Amaretto
– Sugar cane syrup
– Cream
Kids cocktail:
– Apple Juice
– Lemonade
– Raspberry Syrup

Saturday night (the best cocktail imho):
– Tequila
– Amber rhum
– Ginger Beer
– Raspberry syrup
– Lime
Kids cocktail:
– Orange Juice
– Schweppes
– Strawberry syrup

It made for a great team game, and we will do it again next year.

Also, Krzysztof had brought from Poland a bottle of my favorite vodka, Jarzebiak. Unfortunately, it was drunk before I could even touch it. I hope the culprits will confess and manage to get another bottle next year.

Some news from the gaming world

There were designers, publishers, artists, a few agents or distributors, and dozens of players. Of course, we discussed what’s happening in the boardgaming world. Who is getting fatter, who is getting thinner. Who is getting married, who is getting separated, who is involved in some strange threesome. Anyway, things are moving in many directions, and a few people don’t even really know where they are. Yes, I know, this must sound a bit mysterious, but I can’t or don’t want to go into details – and anyway, I ignore most details

Miost of the time, however, we played and then discussed games, either the games just published or the ones soon to be. Too busy running around managing my 140 attendees and ten gites, I didn’t play that much and played only short games. On the other hand, I walked between the gaming tables, and often stopped by to ask players what they thought of this or that new game.

There were a few big box games, gorgeously illustrated and published, which had already made some buzz. Hardcore gamers were waiting for them, and had even asked me if they will be available to play in Etourvy. It looks like they all fell a bit flat. I won’t give their names here, but the most dedicated players will easily recognize them on the pictures.
With more and more games published every year, especially big games hours-long games, players might have become more demanding, and especially the informed players who attend my gathering. I think, however, that there’s more to it. I’m afraid we are witnessing a perverse effect of the recent wave of ambitious games sold mostly, but not only, on kickstarter. One doesn’t buy a game on kickstarter, one buys the promise of a game. As a result, the look and art of a game seems more critical to its success than its actual gameplay. New games have great art, nice components, lots of exciting design ideas, but they sometimes lack the last and most important part of development, the trimming down, the removal of everything heavy or unnecessary. On Kickstarter, more always seems to mean better, and this now also affects the heavy games published in a more traditional way, which are promoted as if they were intended to stay more than a few months on the market. Many of these games arrive at once with three or four expansions, when what they would have needed is a compression. The problem is that “let’s remove everything superfluous” is not a stretch goal as exciting as “let’s add a dozen miniatures and their special rules”.

As a result, the most played game in Etourvy, the games that “made the buzz” were those that are not affected by this trend, which means lighter, faster and less ambitious games. The main hit was undoubtedly Tom Lehmann’s Res Arcana, because it is a great middle weight brain burner game (which means not realy my kind of game), but also because Cyrille was promoting it in a constant and nice way. The other games which were always playing were even lighter, games like Farben, Tokyo Highway, Dany or Draftosaurus. There were a few mad players anle to play one Terraforming Mars after another until seven in the morning, but they were not that many.
Etourvy is not only new games. I always bring 1 or 2 thousand games more or less randomly taken from my library. Every year, one or two of these older games stand out for no obvious reason and are played by almost everyone. This year, these were Linko and fantasy Realms.

Of course, with so many game designers and publishers around, many tables were often playing non-existing games, of which I know nothing more than what can be seen on the photos. There are drafts we are working on and trying toimprove, and nice looking prototypes we are pitching to potential publishers. I had brought a dozen, but only played four, Trollfest and Vintage which are looking for publishers, Lifestalys and Reigns which have found one. I have no picture of Vintage and Reigns being played, but may-be someone took one.

I think that’s all. If you think I forgot something which deserves to be told, plese say it in the comments or email me.

And see you next year!

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Etourvy 2018

Profitant d’une configuration exceptionnelle de jours fériés, j’ai cette année organisé les rencontres ludopathiques un peu plus tardivement que d’habitude, du 7 au 13 mai. Je ne suis pas sûr que l’on puisse encore parler de week-end pour un événement commençant le lundi soir. Comme chaque année depuis plus de vingt ans, le petit village d’Étourvy, 170 habitants entre Champagne et Bourgogne, est devenu pour quelques jours la petite capitale du monde ludique. Il y avait là une trentaine d’auteurs, connus ou moins connus, une vingtaine d’éditeurs et beaucoup de mes amis joueurs de Paris et d’ailleurs. L’ouverture d’un nouveau gîte dans le village avait permis d’accueillir quelques nouvelles têtes, dont beaucoup d’enfants, mais nous avons de toute évidence atteint la limite de capacité du site. Si j’invite des nouveaux l’an prochain, il faudra que je renonce à voir quelques anciens….

Un week-end de cinq jours, et une météo finalement plus favorable que prévu, ont permis à ces rencontres d’être particulièrement décontractées. Malgré les 140 personnes présentes vendredi et samedi, nous n’étions pas trop tassés, et chacun prenait le temps de jouer, causer, boire, se promener. Pour moi, comme pour l’équipe du gîte, le fait que les arrivées des participants soient étalées sur quatre jours a aussi rendu les choses plus faciles.

Business

On m’a fait remarquer qu’Étourvy devenait de plus en plus professionnel, que l’on y passait un peu moins de temps à jouer et un peu plus à discuter contrats, sorties et rumeurs. Il est vrai que si mes vieux amis joueurs sont toujours là, les nouveaux convives invités chaque année sont le plus souvent auteurs ou éditeurs – enfin, les éditeurs sont à la fois de plus en plus et de moins en moins nombreux, puisqu’entre le moment où je les invite et celui où ils viennent, il y en a toujours quelques uns qui deviennent des cowboys de l’espace ou sont rachetés par Asmodée. Cette relative professionnalisation des rencontres ludopathiques n’est pas une dérive, je l’ai voulue et provoquée, et je suis très satisfait qu’elle n’ait en rien affecté l’ambiance décontractée et bon enfant de ce long week-end. Je ne souhaite pas pour autant qu’Étourvy devienne un « salon professionnel » de plus, et vais donc m’efforcer de conserver un public varié, avec des joueurs occasionnels, des familles avec enfants, et en tous cas des gens que je connais et que j’aime bien.
On a beaucoup parlé d’Asmodée, du statut des auteurs de jeu, des jeux japonais, coopératifs, legacy, surproduits, kickstartés, redondants, inutiles…

Beaucoup de joueurs, donc, et beaucoup de jeux. Les tables de jeux se répartissaient à peu près à égalité entre jeux publiés et prototypes. Si j’en crois les retours des participants sur le groupe facebook, les révélations du week-end ont été Shadows in Amsterdam et Cursed Court.

Protos

Je ne sais pas trop ce que j’ai le droit de dire sur Shadows Amsterdam, qui devrait sortir bientôt chez Libellud, mais n’y ayant pas joué, je ne peux de toute façon pas révéler grand chose si ce n’est que c’est joli et coloré et que les joueurs avaient l’air de bien s’amuser. Je ne sais même pas de quoi cela parle, mais je pense qu’il y a des ombres et que ça se passe à Amsterdam.


Shadows in Amsterdam

Un autre prototype que j’ai beaucoup vu tourner était Alkemus (rebaptisé depuis Res Arcana), un gros jeu de cartes et de combos apporté par Cyrille Daujean, qui se lance dans l’édition de jeu. Preuve qu’il est bien intégré, il fait ça à la californienne et a imprimé des T-shirts bien avant d’avoir sorti son premier jeu. Il y avait aussi un truc avec des tuiles aux formes bizarres avec des dessins bizarres, dont je ne connais même pas le nom mais qui, je crois, devrait sortir chez Repos
Mes prototypes m’ont semblé aussi être appréciés, en particulier Maracas et Diamants dans la Mine. Tout le monde appelle ce dernier le jeu des coffres, ce qui semble indiquer que mon titre est vraiment mauvais.

Nouveautés

Du côté des nouveautés publiés, les trois grands succès furent clairement Cursed Court, Kikafé et The Mind. Je ne suis pas un grand fan de The Mind, dont je pense que l’on va vite se lasser, mais je dois reconnaître que c’est extrêmement original et excitant. J’ai vu des gens faire partie après partie dans un silence total en se regardant dans les yeux, jusqu’à je ne sais quel niveau. Kikafé, une sorte de 7 familles à l’envers, c’est rigolo et c’est plus mon truc.



Cursed Court

J’en veux un peu aux gens d’Atlas Games, qui avaient promis de m’envoyer quelques boites de Cursed Court et ne l’ont pas fait (ou pas à temps) mais cela ne m’a pas empêché de faire la promotion de ce jeu de paris que j’adore. Tout le monde, je crois, a apprécié, mais les nombreux auteurs présents ont tous fait la même petite remarque, le manque de progression d’une année sur l’autre. Ma proposition, que je n’ai pas encore essayé, serait de ne révéler aucune carte à la première saison de la première année, une carte à celle de la deuxième année, deux cartes à celle de la troisième année. Ainsi, avec un plus grand nombre de cartes en jeu, il y aurait un peu plus de points chaque année à répartir entre les joueurs, ce qui permettrait plus facilement aux joueurs distancés de se refaire. Une autre idée, que Martin Vidberg a eu en même temos que moi, serait de retirer un jeton à chaque pari réussi. Le fait que ce jeu ait été le plus apprécié du week-end malgré ses petits défauts évidents montre bien sa qualité et son originalité.



Azul

J’ai vu aussi beaucoup de parties d’Azur et de Dragon Castle, deux jeux un peu abstraits, un peu méchants et avec de jolies tuiles exotiques que les joueurs ont eu tendance à comparer. Il m’a semblé qu’une légère majorité préférait Azul, mais Dragon Castle avait ses défenseurs.
Parmi mes nouveautés à moi, c’est clairement Dragons qui a été le plus joué. On n’a pas sorti Kamasutra, sans doute parce que les enfants ont rapidement fait main basse sur le stock de ballons.
Côté gros jeux pour nos joueurs, les deux succès de la semaine furent clairement Terraforming Mars et Rising Sun. On voit bien plus Rising Sun sur les photos, mais c’est surtout parce qu’il est sacrément plus joli.
Sinon, il y avait les Roll and Write, plein de Roll & Write, ces jeux où l’on lance des dés dont chaque joueur reporte le résultat sur sa petite fiche à lui. Ils se ressemblent tous un peu, il y en a sans route déjà trop, et je n’ai pas eu l’impression que l’un d’entre eux se détache vraiment.

Événements et remerciements

Gérer presque entièrement une telle rencontre est assez fatigant, mais c’est aussi amusant, voire excitant. Si la comptabilité de tout cela reste très approximative, je pense, contrairement à l’an dernier, être rentré dans mes frais. En revanche, bien que n’ayant cessé cinq jours durant de courir en tous sens, j’ai pris trois kilos, ce qui montre sans doute les limites d’un régime alimentaire à base de bières et de Red Bull, et dans une moindre mesure d’andouillette et de Chaource. J’ai aussi pu constater que tout au long de la semaine, mon anglais devenait tout à la fois plus fluide et moins performant.



Photo Challenge

Un grand merci à tous ceux qui ont organisé des animations annexes particulièrement soignées. Hervé poursuit sa série d’escape rooms, René, dont il a fait jouer cette année les deuxième et troisième épisodes. Laurent animait des jeux d’extérieur artistiques et rigolos, Touche Finale, Photo Challenge et CAP Paintball. Frank a organisé le traditionnel tournoi de poker du samedi soir. J’aurais dû leur donner plein de bons points mais, pris dans le tourbillon, je n’y ai plus pensé. De mon côté, j’avais prévu l’habituel Brouhaha, une bataille de ballons au pied, et un Turtle Wushu par équipe.

Merci aussi à tous ceux qui m’ont aidé à descendre, transporter et finalement remonter dans mon 4ème étage sans ascenseur mes nombreux cartons de jeux.

Un grand merci à toute l’équipe du domaine Saint-Georges qui nous a une fois de plus accueilli avec une grande gentillesse et sans s’énerver, et félicitations à notre cuisinier qui a fort bien tiré son épingle du jeu en terminant troisième du tournoi de poker.

Merci aussi à tous mes sponsors, c’est à dire les éditeurs qui avaient envoyé des jeux pour la table de prix – et dites-moi vite si je vous ai oublié

Ankama
Asmodée
Bioviva
Blackrock Games
Blue Orange
Catch Up Games
Days of Wonder (avec plus d’extensions de  SmallWorld qu’il n’y avait de joueurs de SmallWorld. C’est peut-être une tactique commerciale pour que ceux qui repartent avec une extension gratuite achètent ensuite le jeu de base).
Don’t Panic Games
Drei Magier
Edge (que je soupçonne d’avoir par erreur envoyé deux fois le même colis)
Fantasy Flight Games
Forgenext
Gigamic
Hans im Glueck
Heidelbär (Heiko devait apporter des jeux mais est revenu malade du Tokyo Game Market, il les apportera l’an prochain).
Horrible Games
Iello
Kolossal games
Letheia
Libellud
Ludonaute
Mandoo Games
Matagot
Mesa Boardgames (enfin, je ne sais pas bien si le colis provenait de Mesa Boardgames ou d’Arcane Wonders)
North Star Games
Oink Games (Laura devait apporter des jeux mais est aussi tombée malade. Elle les apportera l’an prochain)
Philibert
Pixie Games
Portal Games
Purple Brain (enfin, Space Cowboys, quoi)
Ravensburger était là mais ils avaient oublié d’apporter des jeux 😉
Rebel
Repos Production
Schmidt
Serious Poulp (il y avait un 7ème Continent bien caché sur la table de prix, je ne sais pas qui l’a trouvé)
Space Cowboys
Superlude
Sweet Games
Z Man Games


This year’s ludopathic gathering took place a bit later than usually, May 7 to 13, in order to make the best use of an exceptional configuration of French public holidays. Calling it a week-end might now be a bit excessive for an event which started on Monday night. Anyway, like every year the small French village of Etourvy, 170 inhabitants, located between Champagne and Bourgogne has become for a few days the capital city of the board gaming world. There were about 30 game designers, some well known some not yet, 20 or so publishers, mostly but not only French, and many friends of mine from Paris and elsewhere. I could rent two more houses in the village this year, which allowed me to invite a few new faces, among which several kids. The accommodation limit of our dining and gaming hall is now clearly reached, so if I want invite new people next year I will have to give up seeing a few old ones.

Thanks to a five days week-and and a better weather than expected, the mood was really cool. Even with 140 people on Friday and Saturday, we were not really crammed and everyone took the time to casually talk, play, drink and walk around. for me, as for for the reception team, having people arriving slowly over a few days also made things much easier.

Business

Some friends noticed that Etourvy was becoming more and more a professional event, that people spent fewer times playing and more time discussing contracts, new games and various rumors. Indeed, while my old friends are still there, most of the new faces are game designers or publishers – well publishers are both more and less numerous, since between when the invitations and the events a few ones became space cowboys or were bought by Asmodee. This (relative) professionalisation of my event is not an unfortunate slide. I wanted and provoked it, while also trying to keep the event cool and relatively small, and I think I succeeded. I don’t want Etourvy to become one more professional convention, which is why I will keep a balanced attendance, with occasional gamers, families with kids, and most of all people I know and like.
Anyway, we talked a lot, about Asmodee, about game designers and their legal status, about games – japanese games, cooperative games, legacy games, overproduced games, kickstarter games, redundant games, unnecessary games…

Anyway, were there mostly for gaming, and we still mostly played. game tables were ore or less half published games and half prototypes. From the few reports I got, it seems that the most noticed games were Shadows in Amsterdam and Cursed Court.

Prototypes

I don’t know what I’m allowed to say about Shadows Amsterdam, a new game soon to be published by Libellud. Anyway, I didn’t play it so I can’t say much except that it’s brightly colored and that players seemed to have fun. I don’t even know what it is about, except that there are shadows and it probably takes place in Amsterdam.




The game of Chests and Boxes

Another prototype I saw played a lot was Alkemus, (now renamed Res Arcana) a heavy looking card-combo game to be published by Cyrille Daujean, who is starting a game company next year. He does it the Californian way, and has printed T-shirts long before his first game is published. There was also a strange game with strangely shaped tiles printed with inconsistent pictures which, I think, is to be published by Repos. My own prototypes were also played a lot, especially Maracas and Diamonds in the Mine – which everybody is calling the Game of Chests, which probably means my name is bad.

New Stuff

Among the many newly published games, the most popular were undoubtedly Cursed Court, Whodidit and The Mind. I’m not really a fan of The Mind, and I think the twist will get old soon, but I must admit it’s extremely original and so far exciting. I’ve seen friends play game after game in total silence looking at each other in the eyes, up to the umpteenth level. Whodidit, a zany take on Happy families, is more my cup of tea.



Whodidit / Kikafé

I’m a bit angry at the Atlas Games. They had promised to send a few copies of Cursed Court to Etourvy and failed to do it – or failed to do it in time. this didn’t prevent my only cry to be played again and again all the week long, and everybody liked this tense betting game. Game designers, however, all made the same remark – the game lacks a progression from one year to the other. My proposal – untested so far – is to reveal no public card in the first season of the first year, one in the first season of the second year, and one in the first season of the third year. more cards in game means slightly more points to score and might make catching up more likely. Another solution could be to lose one chip for every successful bid. Anyway, despite its obvious little problems, this was the most discussed and the most liked game of this weekend.


Dragon Castle

Among my own new games, Dragons was certainly the most played. We didn’t play Kamasutra this year, may be because the kids soon took control of the stock of rubber balloons.  I also say many games of Azul and Dragon Castle, two games which scratch the same itch. They are half abstract, relatively aggressive, and have nice looking exotic tiles. The majority was probably with Azul, but Dragon Castle had its supporters.
The most played really heavy games were Terraforming Mars and Rising Sun. Rising Sun shows more on pictures, but that’s only because it looks so much nicer.
There were also dozens of new Roll & Write games, games in which dies are rolled for all players and each players writes their result on their own small grid. They all feel very similar, there are probably already too many of them, and none seemed to really stand out.

Events and Thanks

Managing such an event is tiring, but it’s also fun and exciting. The books are extremely vague but I have the feeling that, unlike last year, I didn’t lose money on it. On the other hand, despite running back and forth the whole week long, I put on three kilograms, which probably shows the limits of a diet based on beer and Red Bull, and to a lesser extent on local cheese and beer sausage. I also noticed that my English gradually became both more fluid and less accurate.


Balloon wars

Many thanks to all those who organized fun and carefully planned side events. Hervé Marly is keeping up his escape room series, René, and played this year both the second and third episodes. Laurent Escoffier held fun artistic outside games, Final Touch, Photo Challenge and CAP Paintball. Frank organised the usual Saturday night poker tournament. As for me, I held three short outside games, the usual Brouhaha, a foot-balloon battle and a giant team Turtle Wushu.

Many thanks also to all the friends who helped me carry my game collection to Etourvy, and back to Paris – I live in a gift floor flat, with no elevator.
Many thanks to the whole team of the Domaine Saint-Georges who, like every year, dealt with us with great kindness and patience. And congrats to our cook, who ended third in the poker tournament.

Many thanks also to all my sponsors, meaning the publishers who had sent or brought games for the prize table.

Ankama
Asmodee
Bioviva
Blackrock Games
Blue Orange
Catch Up Games
Days of Wonder (they brought more Smallworld expansions that there were people owning Smallworld. May be it’s a sales trick).
Don’t Panic Games
Drei Magier
Edge (I suspect they mistakenly sent twice the exact same parcel of games)
Fantasy Flight Games
Forgenext
Gigamic
Hans im Glueck
Heidelbär (Heiko was supposed to bring games with him, but he want back ill from the Tokyo Game Market and couldn’t come. He’ll bring them next year).
Horrible Games
Iello
Kolossal games
Letheia
Libellud
Ludonaute
Mandoo Games
Matagot
Mesa Boardgames (well, I’m not sure the parcel was from Mesa Boardgames of Arcane Wonders)
North Star Games
Oink Games (Laura also was ill. She’ll bring her games next year as well)
Pixie Games
Portal Games
Purple Brain (well, one more Space Cowboy)
Ravensburger was here but they had forgotten to bring games with them 😉

Rebel
Repos Production
Schmidt
Serious Poulp (I had carefully hidden the 7th Continent copy behind other games, I don’t know who found it.)
Space Cowboys
Superlude
Sweet Games
Z Man Games

 


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Rencontres ludopathiques 2017
2017 Ludopathic Gathering

Plusieurs fois durant ce long week-end étalé du jeudi au lundi, on m’a demandé depuis combien de temps j’organisais les rencontres ludopathiques. Cela a commencé lorsque j’habitais dans le coin, à Troyes, donc vers le milieu des années quatre-vingt-dix. Nous en sommes donc sans doute à la vingt-et-une ou vingt-deuxième édition de ces rencontres ludiques, qui sont donc un peu plus récentes, et un peu plus modestes, que celles d’Alan Moon. Nous n’étions au début qu’une trentaine, et les seuls éditeurs présents étaient Ludodélire, mon éditeur principal de l’époque, Eurogames, car Duccio Vitale habitait, et  habite peut-être encore, à une trentaine de kilomètres.
Si quelques amis de l’époque sont toujours là, le public s’est largement renouvelé. Les rencontres ont grandi, ou grossi, puisque nous étions 110 cette année, comme l’an dernier, un nombre que je ne souhaite pas dépasser. Elles se sont professionnalisées, avec une vingtaine d’éditeurs présents (Asmodee, Blackrock, Blue Orange, Days of Wonder, Djeco, Don’t Panic Games, Flatlined, Gigamic, Iello, Letheia, Libellud, Lui-Même, Matagot, Passport Games, Pearl Games, Pixie Games, Portal, Purple Brain, Ravensburger, Repos Prod, Small Box Games, Space Cowboys, Sweet Games, sans compter ceux qui n’étaient pas là mais avaient fait parvenir des jeux, Funforge, Huch et Schmidt – prévenez-moi vite si vous constatez que j’ai oublié quelqu’un). Je ne vais pas lister les auteurs de peur d’en oublier, et parce qu’ils sont moins susceptibles, mais ils étaient aussi une bonne trentaine. Bruno Cathala, qui n’avait raté aucune des quinze ou vingt dernières rencontres, n’a pas pu venir cette année, mais Antoine Bauza, absent depuis quelques années du fait de ses séjours au Japon, était de retour. Il y avait aussi quelques illustrateurs de jeux, mais moins nombreux que les années précédentes. Les rencontres se sont aussi internationalisées, avec des participants venus de toute l’Europe, mais aussi des États-Unis et du Brésil, m’obligeant à faire les annonces en français et en anglais – du moins jusqu’à ce que je sois suffisamment saoul ou fatigué pour oublier l’anglais, ou parfois le français. Malgré une forte délégation polonaise cette année, je n’ai jamais assez bu pour essayer mes rudiments de polonais, sans doute très rouillés.


Malgré tout, je tiens à ce que les ludopathiques restent un moment décontracté, tenant plus du week-end entre amis que du salon professionnel – ce qui n’empêche, dans les coins discrets, de discuter un peu contrat d’édition ou distribution. C’est pour cela que j’invite aussi de nombreux amis, des vieux et des nouveaux, plus ou moins passionnés de jeux, et que j’essaie d’avoir au moins un tiers de femmes (ce qui devient plus facile car le milieu du jeu se féminise très rapidement) et quelques familles avec enfants. C’est pour cela aussi que, après une expérience assez mitigée de déménagement en région parisienne, il y a une dizaine d’années, les rencontres ludopathiques se sont définitivement installées à Etourvy, au milieu de nulle part, dans les bois entre Chaource et Tonnerre. Je n’envisage plus de bouger.

Lorsque quelques dizaines d’auteurs et d’éditeurs de jeux se rencontrent, il est inévitable que sortent de leurs larges sacs des jeux qui ne sont pas encore dans les boutiques, voire qui ne sont pas encore tout à fait au point, ce qu’il est convenu d’appeler des prototypes, et qu’il faudrait peut-être plutôt, au moins pour ceux des aueturs, appeler des brouillons. De plus en plus nombreux chaque année, ils représentent plus ou moins la moitié des parties – trois types de parties.

Il y a d’abord les jeux inachevés, sur lesquels les auteurs sont encore en train de travailler, dont ils modifient parfois les règles au vol, en cours de partie. Je n’en avais pas beaucoup cette année. Viennent ensuite les jeux à peu près au point auxquels les auteurs essaient de trouver un éditeur. J’en avais un, Vampires, conçu avec un ami américain qui avait fait le voyage depuis San Francisco, Charlie Cleveland; il a suscité beaucoup d’intérêt mais demande encore quelques menus bricolages. Viennent enfin les véritables prototypes, les jeux apportés par les éditeurs, ceux qui vont sortir, où qu’ils hésitent à sortir, et dont les règles et parfois les illustrations sont à peu près fixées. J’en avais pas mal cette année – Nutz!, Jungle (avec Anja Wrede), Le petit Poucet (également avec Anja Wrede), Secrets (avec Eric Lang), Dragons, Jongleurs et Ménestrels (with Sandra Pietrini), A King’s Life (avec Gwenaël Bouquin).


J’ai vu des trucs bizarres auxquels je n’ai pas eu l’occasion de jouer, des arbres chez Iello (à moins que ce ne soit chez Blue Orange), des acrobates de cirque chez Matagot (le plus photographié des prototypes). J’ai joué à Dice Forge, de Régis Bonnessée, un jeu de « dice-building », à Jack et le Haricot Magique de Frédéric Morard, à l’excellent Ô mon Chateau, de Ludovic Maublanc et Corentin Lebrat, un jeu de gestion qui donne envie de dessiner – du moins à ceux qui savent un peu dessiner – et à Seeders – Exodus de Serge Macasdar, un jeu d’enchères, de gestion et de combinaison dans un univers de science-fiction riche et ambitieux. J’ai beaucoup fait tourner mon petit dernier, le jeu des Dragons, à paraître chez Matagot. La présence de mon amie Anja Wrede nous a permis de jouer un peu à nos jeux qui devraient sortir cette année, Le Petit Poucet (devinez chez quel éditeur) et Jungle (sur lequel je n’ai pas encore le droit de dire grand chose). Dans une pièce secrète et retirée, Hervé avait monté son escape room, que je n’ai toujours pas jouée – tout le monde adore, mais je ne suis pas certain que ce soit mon truc.

Parmi les jeux publiés, on peut aussi distinguer trois grandes catégories – les nouveautés, les vieux classiques et les bizarreries – étant entendu que certaines bizarreries sont aussi des nouveautés, ou que certaines nouveautés, comme le Mâche Mots, sont aussi assez bizarres.
Les nouveautés ou jeux assez récents les plus joués, et donc sans doute les plus appréciés, m’ont semblé être
Clank!, de Paul Dennen, un dec k building assez léger et avec un vrai thème,
A Fake Artist Goes to New-York, de Jun Sasaki, un jeu de dessin et de bluff déjà vieux de deux ou trois ans mais qui n’est devenu un hit chez nous que cette année
Magic Maze, de Kasper Lapp, un jeu de coopération en temps réel très original,
Secret Hitler, de Mike Boxleiter, Tommy Maranges, et Max Temkin, un jeu à identités secrètes rigolo et magnifiquement édité.

Je pourrais citer aussi Insider, Baobab, Terraforming Mars, Mot pour Mot, Profiler, Fabled Fruit, Potion Explosion, Codenames, Capital Lux, Not Alone (dont l’auteur, Ghislain Masson, était pour la première fois à Etourvy), Picassimo (même chose pour Carlo Rossi), Kanagawa, ou Happy Salmon, et j’en oublie certainement. Les gens de Schmidt, que je ne connais pas particulièrement, avaient envoyé un énorme colis avec, parmi d’autres jeux, six boites des Bâtisseurs du Colisée, de Klaus-Jürgen Wrede. Quelqu’un en a ouvert une, et a découvert que c’était un très bon jeu familial, très allemand, qui du coup a pas mal tourné durant les derniers jours. L’autre succès inattendu fut Penguin Trap, une variation politiquement correcte du vieux Brise Glace – on ne doit plus noyer un esquimau, mais juste un pingouin – à laquelle les cases hexagonales donnent une nouvelle dimension.

Du côté des très gros jeux, un genre qui je pratique à l’occasion mais dont je ne suis pas spécialiste, on a vu des parties de Scythe, de Cthulhu Wars (dont Fred a toutes les extensions), de Mechs & Minions, de Time Stories dont Manu essayait de nouveaux scénarios, de Terraforming Mars, du prototype de Seeders – Exodus dont j’ai déjà un peu parlé, et d’un gros proto d’Ignacy Trzewiczek, installé à la même table que l’an dernier, dont j’ignore jusqu’au thème.

Côté jeux d’ambiance, j’essaie toujours de me procurer une bizarrerie colorée des années soixante ou soixante-dix. Cette année, c’était Grab a Loop, avec le magnifique slogan amplement mérité « vous avez aimé Twister ? Attendez de jouer à Grab a Loop ! ». Sébastien a organisé un chouette jeu de piste aux lapins de Paques pour les enfants. On a joué à Codenames avec mes canards, puis avec des vrais gens à la place des cartes, et à Unusual Suspects avec les onze candidats à l’élection présidentielle. Malgré un ciel hésitant, nous avons sorti le traditionnel Brouhaha, et improvisé un jeu de compétition avec deux crayons coopératifs géants apportées par Lia-Sabine, qui bosse chez Djeco. Situation 4, le puzzle en temps réel, est devenu un classique des rencontres, et a été beaucoup joué. La première nuit, tant qu’il n’y avait pas beaucoup d’enfants, il y eut une hilarante partie de Kamasutra, qui devrait sortir bien aux États-Unis chez un vrai éditeur, avec quelque cartes supplémentaires par rapport à la version publiée sur ce site.

C’était très bien, mais je devais être assez fatigué puisque, de retour à Paris, j’ai reçu un email d’Anja me disant qu’elle commençait à travailler au jeu dont nous avons parlé durant le week-end, et je n’ai pas le moindre souvenir des mécanismes de ce jeu.

(La galerie photo et les videos sont tout à la fin du post, après le texte anglais)

 

It was a long week-end, from Thursday to Monday. Several times, I’ve been asked for how long I was organising the ludopathic gathering in Etourvy, and I don’t know precisely. It started when I was living nearby, in in Troyes, which means in the mid nineties. this was therefore the 21th or 22nd ludopathic gathering – Alan Moon’s Gathering of Friends is a few years older. The first gatherings in Etourvy were extremely modest, with about thirty attendees and only two publishers, Ludodelire which was my main publisher at the time, and Eurogames, whose owner Duccio Vitale used to live nearby – and may be still does.
A few old friends from these times are still there, but there are now many more. My gathering has become bigger, may be also fatter, and we were about 110 this year, like last year. I don’t think it should grow more. It has also become more professiona, with about twenty publishers represented (Asmodee, Blackrock, Blue Orange, Days of Wonder, Djeco, Don’t Panic Games, Flatlined, Gigamic, Iello, Letheia, Libellud, Lui-Même, Matagot, Passport Games, Pearl Games, Pixie Games, Portal, Purple Brain, Ravensburger, Repos Prod, Small Box Games, Space Cowboys, Sweet Games, and a few ones who were not there but had sent games, Funforge, Huch et Schmidt – if I’ve forgotten you, please email me asap). There were also about thirty game designers,, whom I won’t list for fear of missing many, even when I know they are less touchy than publishers. Bruno Cathala, who had not missed a single gathering this fifteen or twenty last years, could not join us this time, but Antoine Bauza, who had missed the last gatherings because he was travelling in Japan, was back. There were fewer game illustrators than the last years. The Ludopathic Gathering also became more international, with attendees from all Europe, and also from the US and from Brazil. this means I had to make all announcements both in French and English, at least until I was drunk enough to forget one or the other. There was a strong Polish team this year, but luckily I didn’t drink enough to give a try at my rusty rudiments of polish.


Despite all this, I want Etourvy to stay what it has been so far, a casual and informal meeting, more a friendly gathering than a professional convention – even though discussion of publishing or distribution contracts sometimes occurs in discreet corners. That’s why I also invite several friends, old and recent ones, game enthusiasts or just casual players. That’s also why I try to have at least a girl for two guys (this is becoming much easier when there are more and more women in the gaming business) and a few family with kids. It’s also why, after trying a bigger place nearer to Paris a few years ago, I’ve brought the ludopathic gathering back to Etourvy, in the deep French countryside, in the middle of nowhere. It will stay there.


When a few dozen designers and publishers meet, they inevitably take out of their bags games which are not yet in shops, or even not really finalised, what we call prototypes and should probably, at least for the designers’ ones, call drafts. There are more and more in Etourvy every year, and they make for more or less half of the game sessions. There are designers trying rough drafts of game ideas, sometimes changing the rules during the game, I didn’t have many this year. There are more or less finalised ideas pitched to publishers by designers; I had one, Vampires, designed with Charlie Cleveland, who had made trip from San Francisco. It raised much interest but still needs some minor tweakings. The true prototypes are the games usually brought by publishers, games that will be published soon, or that they seriously consider publishing, and whose rules are more or less finalized. Several were mine – Nutz!, Jungle (with Anja Wrede), Little Thumb (also with Anja Wrede), Secrets (with Eric Lang), Dragons, Jugglers & Minstrels (with Sandra Pietrini), A King’s Life (with Gwenaël Bouquin).


I’ve seen strange stuff which I didn’t have the opportunity to play. There were trees at Iello (or may be at Blue Orange), circus acrobats at Matagot (probably the best looking prototype, and certainly the most photographed). I’ve played Régis Bonnessée’s Dice Forge, Fred Morard’s Jack and the Magical Bean, Ludovic Maublanc and Corentin Lebrat’s Ô mon Chateau, which is not a drawing game but in which players always start drawing their castle. The heaviest new game I tried was  Serge Macasdar’s Seeders – Exodus, an original and ambitious auction, resource management, drafting, and card combos game. My Dragons prototype, to be published next year by Matagot, was played a lot. Since my friend Anja Wrede was here, we played a few games at our two collaborations which ought to be published soon, Little Thumb (guess by which publisher) and Jungle (of which I’m not allowed to say anything so far). In a secluded room, Hervé was holding sessions of his escape room, which I’ve not played yet – everybody loves it, though I’m not sure it’s my kind of game.


Three types of published games are played in Etourvy – new stuff, classics and zany party games. Of course, some of the new stuff can be really zany, like Speak Out. Among the recent stuff, the games which seemed to be the most played were
• Paul Dennen’s Clank!, a light deck-building game with a solid theme
• Jun Sasaki’s A Fake Artist Goes to New-York, a drawing and bluffing game already two or three years old but which, for some reason, was a hit this year.
• Kasper Lapp’s Magic Maze, a very original real time cooperative game.
Secret Hitler, by Mike Boxleiter, Tommy Manages & Max Temkin, a fun, political and gorgeously edited secret identity game.


Other recent games much played were Insider, Baobab, Terraforming Mars, Mot pour Mot, Profiler, Fabled Fruit, Potion Explosion, Codenames, Capital Lux, Not Alone, (whose designer, Ghislain Masson, was here for the first time), Picassimo (same about Carlo Rossi), Happy Salmon, and I certainly forget many. Schmidt had sent us a huge parcel with new games, among which six copies of Klaus-Jürgen Wrede’s Builders of the Colosseum, a game no one had heard about before. A group opened a box, played it, and found out that it was a really nice family game, with a classic German feel, and it was played a lot in the last days. Another unexpected hit was Penguin Trap, a variation on the old Ice Breaker game. The hexagon spaces give him a whole new dimension, and it’s also more politically correct since it’s no more about drwoning an inuit but about drowning a penguin.


There were also, like every year, a few really heavy games, several hours long. I’ve seen people play Scythe, Cthulhu Wars (Fred brought all the expansions), Mechs and Minions, Time Stories (Manu was play testing new scenarios), Terraforming Mars, the Seeders Exodus prototype I’ve already described, and a rough prototype by Ignacy Trzewiczek of which I don’t know anything, not even the setting.


For party games, I try every year to find some new zany and coloured stuff from the sixties or seventies. This year, it was Grab a Loop, which bears the deserved motto « you loved Twister, now wait till you play Grab a Loop! ». Sebastien organised a fun easter rabbit hunting for the kids. We played Codenames with my ducks, then with people instead of card. We played Unusual Suspects with the eleven candidates at the French presidential election. Despite a grey sky, we played two games of the traditional Brouhaha, and improvised a competitive game with two cooperative pencils brought by Lia-sabine, who works at Djeco. Situation 4, the simultaneous puzzle is now an Etourvy classic, and was much played. On the first night, when there not that many kids yet, we played a hilarious game of Kamasutra, which will be published later in the US by a true publisher, with a dozen extra cards not on my website.


In short, it was great, but I must have been really tired since, when back in Paris, I got an email from Anja about a game design we’ve started discussing in Etourvy, and I don’t remember anything about it!

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Photos de / Pictures by Aurélie, Benoit, Bruno, Charlie, Coralie, Fabien, Jean-Baptiste, Lia-Sabine, Ludo, Manu, Marc, Masumi, Merry, Patrice, Regis & Sebastien

 

Rencontres ludopathiques 2016
2016 Ludopathic Gathering

Playing in the sun

Il ml’a fallu presqu’une semaine pour me remettre des rencontres ludopathiques. Je suis rentré de ces quatre jours – cinq pour moi, puisque j’étais à Etourvy dès le mardi – totalement épuisé et vaguement enrhumé. J’ai repris des forces, j’ai rangé un ou deux milliers de jeux dont beaucoup ne ressortiront plus avant l’année prochaine, j’ai posté sur Facebook les photos envoyées par les uns et les autres, et je m’attaque maintenant au traditionnel compte-rendu sur mon site web.

Je commence, parce qu’il faut le faire si je veux qu’ils reviennent ou qu’ils me renvoient des jeux l’année prochaine, par les remerciements aux éditeurs. Merci, donc, à  ceux qui sont venus en personne à Etourvy (Blue Orange, Gigamic (que j’essaie de faire venir depuis quinze ans), Iello, Tasty Minstrel Games, Days of Wonder, Letheia, FunForge, Matagot, Superlude, Portal, Libellud, Lui-Même, Sweet November, Horrible Games, Flatlined Games, MESABoardgames, Passport Game Studios, Purple Brain) et à ceux qui ont gentiment envoyé petits ou gros colis pour la table de prix (In Ludo Veritas, Edge, Blackrock, Matagot, Ravensburger, Abacus, Steve Jackson Games, White Goblin, FFG, Space Cowboys, Jolly Thinkers, Repos Prod, Gameworks , Tasty Minstrel, Philibert). Je ne sais pas quel était le plus gros colis, mais celui qui venait de plus loin était certainement celui de Jolly Thinkers, l’éditeur chinois de l’excellent CS-Files / Deception / Murder in Hong Kong – très joué tout au long du week-end.

Parce qu’il y avait de nombreux éditeurs, il y avait aussi de nombreux auteurs – à moins que ce ne soit l’inverse – et les prototypes ont beaucoup tourné. Ignacy Trzewiczek a installé ses premiers martiens sur une table qu’ils n’ont plus quitté du week-end. Bruno Cathala bougeait un peu plus, mais j’ai vu bien souvent le même jeu que l’an dernier, en plus vert et moins égyptien. On notait aussi les conséquences dramatiques du passage de Cthulhu dans le domaine public. Si je n’ai pas repéré les prototypes d’Arve, c’est parce qu’ils sont si bien faits que je les prenais régulièrement pour des jeux édités – et j’attends avec impatience le jeu de cartes avec des Samurais dont j’ai observé un bout de partie le dernier jour. J’arrête là, parce que si j’essaie de citer tous les auteurs, je vais inévitablement me fâcher avec ceux que je vais oublier, mais vous pouvez les chercher sur les photos.

Moi aussi, j’avais amené quelques protos, mais je n’ai pas eu vraiment le temps de les faire tourner et de me vendre auprès des éditeurs. Dolorès et Chawai, qui devraient tous deux sortir avant la fin de l’année, ont tourné un peu, mais sans moi. Tout juste a-t-on confirmé avec Benoit Forget, de Purple Brain, un deal qui était déjà dans l’air. Les rencontres ludopathiques sont de plus en plus professionnelles mais professionnellement je suis sans doute l’auteur qui en bénéficie le moins, trop occupé que je suis à la gestion de tout ce petit monde. Il y a un truc qui cloche…..

Codenames

Le grand succès des rencontres fut, sans grande surprise, le nouveau Taboo, Codenames, de Vlaada Chvatil. Il a été joué en français sur les jolies boites toutes neuves apportées par l’équipe de Iello, mais aussi en anglais, puis avec les cartes de Hall of Fame, un jeu italien sur les hommes célèbres, puis avec les cartes de Cards against Humanity, puis avec celles du Doigt dans la Chatte, le prototype de Martin Vidberg, et même avec vingt-cinq boites de jeu disposées en carré. On a envisagé un codenames grandeur nature avec 25 joueurs en guise de cartes, mais cela ne s’est pas fait.

Les autres grands succès du week-end, ceux que l’on voit toujours sur les photos, ont été Imagine, le jeu de dessins qui bougent de Shotaro Nakashima, et Potion Explosion. Lorenzo Silva, l’un des auteurs de Potion Explosion, avait fait le voyage depuis Milan. N’ayant pas encore joué à son jeu, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus – si ce n’est que ça ressemble à un mélange entre Candy Crush et Harry Potter, et qu’il est rare que la foule éclairée des ludopathiques se trompe quand elle plébiscite un nouveau jeu.

Photo Party

Côté jeu d’ambiance débile en extérieur, le prototype de la nouvelle version de Photo Party, jeu de Laurent Escoffier qui se joue désormais par équipe, a donné des résultats étonnants. La deuxième partie, celle du samedi, a mobilisé trois équipes de 10 joueurs. Je poste quelques photos ci-dessous, vous en avez plus sur Facebook, et pour les règles, voire les contrats d’édition, il faut voir avec Laurent.
J’avais prévu le matériel pour un Hippo Gloutons grandeur nature, avec des joueurs hippos allongés sur des skateboard et brandissant des cuvettes en plastique, mais l’expérience s’est avérée peu convaincante et les balles de piscine ont été recyclées dans d’autres jeux – notamment Photo Party où elles ont permis de distinguer les équipes. On a fait aussi deux Brouhahas, un classique avec des  bruits d’animaux et un en chanson, mais je n’ai curieusement aucune photo !

Mission : Red Planet

J’ai eu un certain succès en faisant la promo de Kheops, dont les premières boites étaient arrivées juste à temps pour le week-end. Ce jeu à deux à la fois stratégique et chaotique (après tout, c’est Serge Laget et moi qui l’avons conçu) a été beaucoup joué. J’ai vu aussi pas mal de parties de Mission: Planète Rouge, Blood Rage, Black Fleet, Lanterns, Isle of Skye, Abracada quoi, Agent Trouble, Focus, Qui Paire Gagne, et de quelques petits jeux de cartes, Triout, Parade et Dao (ces deux derniers étant assez proches). Eric Hanuise venait peut-être à Etourvy avec l’intention de faire jouer Argo, mais il a eu la malchance de tomber sur ma boite de King’s Forge, un jeu qu’il adore mais qui est à peu près introuvable, et l’a donc fait tourner tout le week-end – moi, je n’y ai toujours pas joué. Ne pas confondre avec Dice Forge, le joli proto de Libellud, qui tournait pas mal aussi.
Sur la grande table qui, il y a quelques années, supportait les vastes paysages d’Heroscape, de riches insensés avaient installé un Cthulhu Wars avec toutes les extensions, sans doute le jeu le plus impressionnant sur les photos. Et puis, il y a eu les classiques des ludopathiques, auxquels je joue tous les ans, les incontournables Situation 4 et Clusterfuck.

Blood Rage

Ça, c’est ce que j’ai vu, mais il y avait tellement de monde et de jeux que j’imagine que d’autres joueurs ont vu autre chose. En effet, nous étions nombreux – cent vingt personnes environ le samedi – et certains, surtout les plus jeunes, bougeaient sans cesse. Nous avons clairement atteint la capacité limite du domaine. Le temps splendide nous a permis de pas mal nous étaler dans la cour et sur la pelouse, mais je ne sais pas bien comment nous aurions fait si, comme l’an dernier, il avait plu. L’absence de quelques habitués, partis pour Tokyo ou retenus en Suisse ou ailleurs, avait permis d’inviter de nouvelles têtes et de rajeunir un peu le public des ludopathiques, ce qui a été très apprécié. Le problème, c’est que si les habitués veulent revenir en 2017, il va falloir trouver des lits et des places à table pour tout le monde….. Bon, j’ai encore quelques mois pour réfléchir au problème.

Enfin bon, il fait beau, ce qui nous a permis de nous promener alentour, de jouer au Mollky ou à Photo Party, mais je ne vais pas m’attarder sur le sujet, les photos seront plus parlantes que mes mots.

À l’année prochaine.


Etourvy

It’s been almost a week since I went back from the ludopathic gathering with a truckload of games, exhausted and vaguely ill. I have not yet completely recovered from these crazy four days – five days for me since I was in Etourvy on Tuesday. I’ve had a few long nights of sleep, I’ve put back on their shelves a few thousand game, many of which will stay there until next year. I’ve posted the pictures taken by the attendees on Facebook, and now I must write traditional short report.

Let’s start with the publishers acknowledgements, which are required if I want them to come back or to send more games next year. Thanks to the publisher who personally attended the gathering (Blue Orange, Gigamic (which I had been trying to lure in Etourvy for fifteen years), Iello, Tasty Minstrel Games, Days of Wonder, Letheia, FunForge, Matagot, Superlude, Portal, Libellud, Lui-Même, Sweet November, Horrible Games, Flatlined Games, MESABoardgames, Passport Game Studios, Purple Brain) and to those who sent parcels with games for the prize table (In Ludo Veritas, Edge, Blackrock, Matagot, Ravensburger, Abacus, Steve Jackson Games, White Goblin, FFG, Space Cowboys, Jolly Thinkers, Repos Prod, Gameworks , Tasty Minstrel, Philibert). I don’t know who sent the biggest parcel, but I know the one coming from farthest away was CS-Files, aka Deception, aka Murder in Hong Kong, sent by a Chinese publisher, Jolly Thinkers. It was played a lot.

Because there were many publishers, there were also many game designers – or may be it’s the reverse – and prototypes were played as much as published games. Ignacy Trzewiczek had installed his first martians on a table and they didn’t leave it for the whole week-end. Bruno Cathala was moving a bit, but was often playing the same game as last year, only less Egyptian and more green. The dramatic impact of Cthulhu becoming public domain could also be witnessed here and there. I mistook a few of Arve’s nicely produced prototypes for published games, and even if I saw only a few rounds, I’m impatiently waiting for his small Samurai card game. Better stop here, because if I try to list all game designers, I will necessarily anger the ones I will forget – anyway, you can check all of them on the pictures below.

Like every other game designer, I had brought some prototypes, but I didn’t find the time and opportunity to get them played and shown to publishers. There were a few games of Dolorès and Chawai, both of which ought to be published later this year, but without me. Well, at least I manage to play a game and confirm a deal with Benoit Forget, of Purple Brain. The ludopathic gathering are more and more a place for business, which is certainly not a bad thing, but being always busy with organizing, I end up being the designer with the fewest business opportunities. There’s something wrong….

Potion Explosion

Unsurprisingly, this year’s big hit was the new Taboo, Vlaada Chvatil’s Codenames. It was played in French with the brand new boxes brought by the Iello team, but it was also played in English, played with the cards from Hall of Fame, an Italian game about celebrities, played with the cards from « Finger in the Pussy », a prototype by Martin Vidberg, played with the white cards from Cards against Humanity, and even played with actual game boxes. We planned about playing it with 25 people instead of cards, but it didn’t work out.

The two other big hits, the games that are on all the pictures, were Shotaro Nakashima’s game of moving pictures, Imagine, and an Italian game about Harry Potter playing Candy Crush, Potion Explosion. Lorenzo Silva, one of the designers of Potion Explosion, had made the trip from Milan. Since I’ve not played the game yet, I cannot tell much about it, but the educated crowd of the ludopathic gathering has rarely been wrong when praising a new game.

Photo Party

As for outdoors zany party games, the most popular this year was the new Photo Party prototype by Laurent Escoffier. Photo Party is now a team game, and the results – you can see some of them in the pictures album below – were surprising, especially when, on Saturday afternoon, we played with three teams of ten players. For more pictures, look on facebook, and for rules or for discussing a publishing contract, since the game is looking for a publisher, contact Laurent.
I had planned to play a live action Hungry Hippos, with hippos lying on skateboards and using plastic basins to capture swimming pool balls, but it didn’t work very well and we recycled the colored balls for other improvised outdoor games – including Photo Party. We also played two games of blind Brouhaha, one with animal noises and one with musical tunes, but surprisingly I have no picture of them.

Kheops

I successfully managed to push Kheops, whose first boxes had been delivered just on time for the gathering. this strategic and chaotic game (after all, it’s by Serge Laget and me) was much played. I also witnessed many games of Mission: Red Planet, Blood Rage, Black Fleet, Lanterns, Isle of Skye, Abraca…what?, Spyfall, Focus (a new party game by Mathilde Spriet, not available in English yet), Pluckin’ Pairs (just published in French), and a few light card games, Triout, Parade and Dao – the latter two being quite similar. Eric Hanuise had come to Etourvy with the clear intent to play Argo, but unfortunately he stumbled on my copy of King’s Forge, a game he likes a lot but which is impossible to get in Europe, so he spent much of his time teaching it – and I’ve yet to play it. There was some confusion at times between King’s Forge and Dice Forge, a nice looking prototype which was brought, I think, by Libellud.

On the big oval table which, a few years ago, used to support large Heroscape landscapes, some rich mad guys had installed a Cthulhu Wars set, with all the expansions. The pictures are impressive. I also played two games which have become classics at my gathering, Situation 4 and Clusterfuck.

Cthulhu Wars

This is what I’ve seen, but there were two main halls, and so many peopleand games that other attendees may have seen other stuff. We were more than a hundred people on Saturday, and some of us, especially the youngest ones, were perpetually moving around. We have clearly reached the maximum capacity of the place at Etourvy. Thanks to a gorgeous weather, we could spread to the courtyard and the lawn, but I don’t know how we could have managed with a rainy weather like last year. Many regulars were missing, some of them because they were at the Tokyo Games Market. This made room for new people, but if the regulars come back next yea, I’ll have troubles finding beds for everybody. Well, I’ve a few months now to think on the problem.

Anyway, the weather was good, which allowed some of us to walk around, to play Mollky and Photo Party, etc…. But pictures tell more about this than words.

See you next year.


Ignacy Trzewiczek’s video report

Rencontres ludopathiques 2015
2015 Ludopathic gathering

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Les rencontres ludopathiques ont été, cette année, pluvieuses et même parfois boueuses. La pluie est tombée presque sans interruption du jeudi au dimanche, et je suis assez content d’avoir réussi à profiter de la petite heure de très relative éclaircie, dans la journée de samedi, pour organiser malgré tout un unique petit jeu en extérieur, version légèrement plus subtile du brouhaha en aveugle de l’an dernier.

Malgré la météo déprimante, tout le monde était content, gentil, souriant…. Et ce fut donc un superbe week-end, convivial, marrant, décontracté – même si cela n’apparaît pas nécessairement sur des photos aux couleurs moins vives qu’à l’habitude.

Merci donc à tous les vieux amis qui étaient présents – avec un mot spécial pour Cyrille revenu de Californie pour l’occasion. Merci à tous les auteurs de jeux, dont certains aussi, Sergio et Eric, venaient des deux Amériques. Merci à tous les éditeurs qui avaient fait le déplacement jusqu’à ce milieu de nulle part qu’est Etourvy (Repos prod, Days of Wonder, Argentum, Ravensburger, Gameworks, Ludonaute, Superlude, Iello, Funforge, Asmodée, Space Cowboys, Lui-même, Matagot, Passport Games, Gryphon Games, Hans im Glueck) et à ceux qui nous avaient envoyé quelques jeux pour la table de prix (Fantasy Flight Games, Philibert, Edge, Sweet November, Blackrock, Gigamic, Zoch ) – et je suis sûr que j’en oublie. Un double merci à Repos Production, puisqu’ils avaient oublié qu’ils avaient envoyé des lots et ont donc ramené une deuxième fournée.

Merci aussi à toute l’équipe du foyer rural d’Etourvy qui nous a supporté quatre jours. De tous les groupes qu’ils reçoivent au long de l’année, nous sommes le plus nombreux et sans doute le plus bruyant et celui qui boit le plus de bière. Nous étions 101 samedi, si j’ai bien compté, dont une dizaine d’enfants et un chien qui courait dans tous les sens. Il est d’ailleurs assez étonnant que personne n’ait été piétiné.

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Comme d’habitude, j’avais amené un ou deux milliers de jeux dont la plupart n’ont pas été ouverts, et il s’est trouvé des gens pour réclamer des jeux qui n’étaient pas là, ou qui étaient cachés tout en bas d’une pile.

Parmi les nouveautés très appréciées, il faut citer Cacao, Quartermaster General, Qui Paire Gagne, Monster Propre, Héros à Louer, Welcome to the Dungeon et, bien sûr, Pie Face, version chantilly de la roulette russe, qui fut incontestablement le jeu du week-end. L’autre grand succès fut Déconnaissances, un truc bien débile venu directement des années quatre-vingt et exhumé par Hervé Marly, mais qui demande une forme d’humour qui m’est totalement étrangère.

Peut-être est-ce la pluie, qui nous obligeait à rester à l’intérieur et un peu serrés les uns contre les autres qui explique la popularité cette année des jeux aux thèmes un peu lestes, ou peut-être sommes nous juste un peu en avance sur les tendances à venir du marché du jeu. Le jeu de mime sur le kamasutra a été un succès, mais certains joueurs ont demandé à ce que les videos ne soient pas publiées. À table, la boite de Schlongo tournait en permanence, et, après un test de Un Doigt dans la Chatte, subtil prototype de Martin Vidberg, j’ai enfin réussi à gagner une partie de Clusterfuck en participant à un plan à trois non repéré.

Pas encore édités, mais déjà présentés sous une forme presque définitive, Time Stories, City Mania et Mysterium ont tourné sans discontinuer. On s’était promis avec l’autre Bruno de faire une partie de Raptor sur le prototype presque définitif, mais on n’a pas trouvé le temps.

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Très pris par l’organisation, je n’ai d’ailleurs pas vraiment eu l’occasion de faire tourner mes prototypes encore en développement, ou de présenter les plus aboutis aux éditeurs. Les autres auteurs, eux, ne perdaient pas leur temps – il va falloir que je revoie quelque chose à l’organisation des ludopathiques.

Les rencontres ont quand même permis à tous les acteurs de l’aventure très internationale de l’entrepôt 51 de se rencontrer. Il y avait là deux des trois auteurs, un brésilien et un français, l’éditeur français et l’éditeur américain. Warehouse 51, dont la parution a été annoncée durant le week-end. Doria avait apporté une maquette avec les illustrations définitives, avec laquelle j’ai eu un grand plaisir à jouer.

Côté prototypes en cours de développement, le plus impressionnant était un machin de Bruno et Ludo (et peut-être Serge ou Antoine, je ne suis plus très sûr) avec moult chevaliers et dragons. Le plus joué et le plus apprécié me semble avoir été un gros jeu de Bruno Cathala avec des égyptiens qui construisent des monuments – un thème pas vraiment novateur, mais il paraît que c’est vraiment très, très bien – et sans doute un peu prise de tête. Rémy Lee avait aussi un jeu de rapidité assez malin qui devrait facilement trouver un éditeur – à moins que ce ne se soit déjà fait au cour du week-end.

Il y en avait bien d’autres, mais beaucoup d’auteurs réalisent aujourd’hui leurs prototypes avec tant de soin que, quand je vois truc inconnu sur une photo, je ne sais souvent pas si c’était un projet ultra secret ou une nouveauté confidentielle venue d’un est proche ou lointain. Il n’y a plus guère que mes prototypes, et ceux de l’autre Bruno, qui aient encore un air artisanal.

Je sais, ce compte rendu est bien bref. Je ne parle pas des jetons, du spectacle, des andouillettes… J’ai du travail en retard, des protos à mettre à jour, d’autres trucs à écrire pour ce site, et je vais devoir en rester là.

À l’année prochaine.


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 This year’s ludopathic gathering was rainy, and sometimes even muddy. From Thursday to Sunday, rain rarely stopped for more than a few minutes. I’m quite glad I managed to take advantage of one of the few sunny spells, on Saturday afternoon, to hold a short outside party game – an improved version of last year’s blind brouhaha.

Despite the depressing weather, everyone was smiling, kind, friendly, and we all had a great time, even when it’s not that obvious from the pictures, far less bright and sunny than they were last years.

A hearty thanks to my old friends, especially Cyrille who went all the way from California. Thanks to the many game designers, two of which – Sergio and Eric – also made the trip from the Americas. Thanks to all the publishers who went to Etourvy, right in the middle of nowhere (France) – Repos prod, Days of Wonder, Argentum, Ravensburger, Gameworks, Ludonaute, Superlude, Iello, Funforge, Asmodée, Space Cowboys, Lui-même, Matagot, Passport Games, Gryphon Games, Hans im Glück – and to those who had sent games for the prize table – Fantasy Flight Games, Philibert, Edge, Sweet November, Blackrock, Gigamic, Zoch – and I’m sure I forget one or two. Well, special thanks to Repos who forgot they had sent two parcels of games and so arrived with two more.

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Thanks to the whole local team at Etourvy. We are the largest group they receive every year, and probably also the noisiest one and the one which drinks the most beer. We were 101 and Saturday, if my count is right, including a several children and a puppy dog who ran randomly in every directions. I’m surprised no one got trampled.

Like every year, I had brought one or two thousand games, most of which were not opened, and a few gamers nevertheless managed to ask for games that were not there, or that were hidden at the bottom of a pile.

Among the new games, most played and praised were Cocoa, Quartermaster General, Pluckin’ Pairs, Monster Laundry, Seventh Hero, Welcome to the Dungeon and, most of all, Pie Face, a kind of Russian Roulette with whipped cream. The other big hit was a stupid French game from the eighties based on terrible puns that even some French guys – including me – could not understand – anyway, it was fun.

Due to the rain, we stayed most of the time indoors, and were a little tight, which might explain why there were so many games with lewd themes. Or may be we’re just ahead of the next trend in board and card games. Anyway, the Kamasutra party game was a hit, but some players asked me not to publish the videos. During lunch, lots of people were playing Schlongo. I playtested Martin Vidberg’s subtle word game prototype “a finger in the pussy”, and finally managed to win a game of clusterfuck with an unnoticed threesome.

A few publishers had brought near final prototypes of games soon to be published. Time Stories, City Mania and Mysterium were played again and again. The other Bruno and I had planned to play a game of Raptor with the final rules, but we did not find the time for it.

Mysterium

I was very busy planning and checking everything, and didn’t find enough time to play all my prototypes still in development, or to show the most advanced ones to publishers. Meanwhile, all the other designers were busy talking business, so may be I have to change something to the organization of the gathering…

At least, the ludopathic gathering allowed for a meeting between all those involved in Warehouse 51, which was also announced during the week-end. Two of the three designers, a Brazilian and a French, were there, as well as the French and US publishers. Doria had even brought a prototype with the gorgeous final illustrations, and I had a blast playing with it.

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The most impressive designer prototype was a massive game with knights and dragons by Bruno and Ludo (and may be Serge and/or Antoine as well, who knows). The most played was probably a boardgame by Bruno Cathala with Egyptians building buildings (sounds strange – can you say this?). It’s obviously not a very original setting, but everybody said the game was great, if a bit of a brainburner, like most of Bruno’s offerings. Rémy Lee had a clever folding dexterity game which will certainly find a publisher very soon, if it didn’t already during the week-end.
There were many more, but most designers now make gorgeous prototypes and, when I see an unknown game on a picture, I don’t know if it’s a scret project or just some confidential new game coming for the east or the far east.

It’s a short report, with nothing about tokens, performance, tripe sausage and other critical issues. I have to catch up on work, to update some prototypes, and to write other stuff for this blog, so that’s all folks. See you next year.