Etourvy 2024

Les rencontres ludopathiques, qui se tiennent chaque année, au mois de mai, à Etourvy, un charmant petit village de l’Aube, entre Chaource et Tonnerre, sont un peu ma convention ludique à moi, que j’organise et où j’invite les gens que j’ai envie de voir. Le succès tient à une formule peu à peu affinée depuis une trentaine d’années.

Les gens

Le public est composé pour plus de la moitié de professionnels du jeu de société, essentiellement des auteurs et éditeurs mais aussi quelques illustrateurs, et pour plus de la moitié aussi d’amis plus ou moins anciens et plus ou moins joueurs – cela fait plus de deux moitiés parce que les deux groupes se chevauchent pas mal, quarante ans dans le monde ludique m’ayant amené à m’y faire des amis.

Certains éditeurs, mécontents de ne pas être invités, m’ont reproché de faire du « copinage ». Je peux d’ores et déjà leur confirmer qu’ils ne seront jamais invités. Ces rencontres sont ma petite semaine ludique à moi, et j’y invite des gens que j’aime bien, que j’ai envie de voir ou suis curieux de mieux connaître. Il n’y a déjà pas assez de place pour les nombreux éditeurs et auteurs sympathiques, je ne vois pas pourquoi j’y ajouterai des antipathiques. Je sais que je trouverai aisément plus de 200 professionnels du jeu désireux de participer, mais je tiens à ce que la moitié environ des participants n’en soient pas, juste des amis qui apprécient ce moment, et dont certains – peu nombreux, c’est vrai – ne sont d’ailleurs même pas de gros joueurs. Et si le copinage consiste à essayer de rester et même de bosser avec des gens qu’on aime bien, c’est une pratique à laquelle je suis tout à fait favorable.

Cette année, à mon grand regret, les rencontres d’Etourvy étaient moins internationales qu’à l’habitude, l’immense majorité des participants étant français ou francophones. Par goût, mais aussi par principe, j’essaie habituellement de mélanger un peu plus, j’espère que j’aurai plus de succès l’an prochain, et qu’il y aura plus de tables de jeux parlant anglais ou quelque autre langue plus ou moins exotique.

Le lieu bucolique, à l’écart des grandes villes, permet une certaine décontraction et une déconnection qui fait du bien à tous, du moins lorsque le beau temps est au rendez-vous, ce qui était encore le cas cette année. Pour se rendre à Etourvy, au milieu de nulle part, il faut faire quelques efforts. Nous sommes accueillis par la sympathique équipe du domaine Saint-Georges, qui prépare les repas et héberge la moitié environ des 180 participants, les autres dormant dans des gites alentour. Cette année, les deux jours fériés consécutifs du 8 mai et de l’Ascension font que beaucoup sont restés sur toute la durée, du mercredi au dimanche.

Le succès et la décontraction des rencontres tiennent aussi à ce que j’y accepte ce qui est parfois mal vu dans les rencontres professionnelles autour du jeu – les enfants, les chiens et chats, le vin et la bière. On avait cette année deux chiens portant le même nom, Rocket (j’ai d’abord cru à Roquette, qui est quand même plus sympa), ce qui a entraîné quelques confusions… L’excellente bière à la tireuse était, comme chaque année désormais, brassée par Clémence de la brasserie Thibord, et complétée par les bières maison apportées de Suisse par Fabien Conus. On est aussi sur la frontière stratégique entre Champagne et Bourgogne.

Tout était calme, et la douzaine d’enfants se sentaient suffisamment à l’aise pour partir d’eux même en excursion à une dizaine de bornes à une heure du matin…. Il y a une certaine ironie à ce que cela nous effraie un peu à l’âge des portables et des GPS, alors que nous avons tous fait ça avant les portables et les GPS.

Lorsque les rencontres ont débuté, en 1993, nous n’étions qu’une vingtaine, des amis de GN et des joueurs gravitant de la petite équipe de Ludodélire, parmi lesquels Gérard Mathieu et Droopy, que j’ai eu beaucoup de plaisir à voir revenir cette année. J’ai cru en revanche assez longtemps que, pour la première fois depuis une douzaine d’années, le rencontres ludopathiques allaient devoir se dérouler sans Camille, habituellement préposée aux bières, à l’intendance et à l’engueulade de ceux qui ne rangent pas les jeux et ne nettoient pas les tables, mais retenue à Paris par la santé de son chat. Ce fut une excellente surprise de la voir finalement débarquer vendredi soir, au milieu du repas, quand je n’y croyais plus vraiment. Je pense que cela nous a fait beaucoup de bien à tous les deux.

Les jeux

Un autre petit regret de ces rencontres 2024 est d’avoir oublié quelques-uns des jeux idiots que je pensais faire jouer en extérieur après les repas. Mais, bon, si je les ai oubliés, c’est sans doute parce que l’ambiance était bonne et qu’ils ne semblaient pas nécessaires. Nous avons seulement joué au Brouhaha olympique, un grand succès comme on peut le voir sur les videos, et à un quizz photo par équipe remporté par l’équipe Alain Delon, alors que la structure des questions aurait dû plutôt favoriser David Bowie et Mick Jagger.

Il y a eu pas mal d’autres jeux et activités cryptoludiques, que je n’ai pas tous suivis, tournois de Set & Match, de Poker (remporté par Marie Giordana), de Pétanque et de Casse-Noisette – un jeu de Laurent Escoffier qui se joue avec des cailloux et des noisettes -, dégustations d’eaux, de vins et de bières. On voit aussi sur les photos des trucs avec des dés géants, des ficelles et des balles de toutes les couleurs, je ne sais pas ce que c’était. Le Walk and Wine, organisé par Charles Chevallier, est devenu incontournable, tout comme la balade sportive de Maud et la Murder Party préparée par Isabelle, Sébastien et Ghislain, et qui se déroulait cette fois-ci dans l’Amérique des années cinquante.

Ayant pris il y a trois mois ma retraite de l’éducation nationale, j’essaie de pratiquer mon activité d’auteur de jeux de façon un peu plus professionnelle, sans trop en faire néanmoins. J’avais donc préparé un petit dossier de présentation de mes prototypes, et suis parvenu à bloquer quelques créneaux pour en discuter avec des éditeurs. Mathilde est partie avec quelques boites, j’ai envoyé en rentrant des pdfs de jeux de cartes à d’autres, on verra bien où cela mène.

Pour la promotion de mes nouveautés, en revanche, le moins que l’on puisse dire est je n’ai pas été très professionnel, puisque j’avais simplement oublié de prendre, parmi le millier de jeux que j’avais apporté, quelques boites de Whale to Look – en fait, j’avais toute la gamme Oink, sauf celui-ci. Flavien Loisier, qui distribue le jeu outre-Manche, n’en avait pas pris non plus, certain que j’en aurais. Fort heureusement, Eliette et Jeremy Fraile, prévenu au dernier moment, ont apporté leur exemplaire récupéré en avant-première l’an dernier, ce qui a permis de faire quelques parties et quelques photos.

J’avais aussi quelques exemplaires mes jeux qui sortent dans les semaines ou les mois qui viennent. 6 Suspects, chez Matagot, même s’il ne sort que cet automne, est en effet imprimé depuis longtemps, et souvent présenté dans les conventions. Les toutes premières boites de Migo, arrivées de Chine par avion, ont été apportées par l’éditeur, Antoine de Ghost Dog Games, qui avait aussi un prototype presque final de mon petit jeu de fruits, auquel ne manquait que le titre pour lequel nous hésitons encore entre Fruit of the Doom, Fruit Salad et Fruit Cocktail – lequel préférez vous. Cédric s’était débrouillé pour débusquer dans les labyrinthes asmodéens le prototype éditeur d’Animots, co-créé avec Anja Wrede, qui devrait arriver en août.

Beaucoup d’autres jeux tout juste ou bientôt arrivés en boutique ont tourné assez régulièrement. Souvent, l’auteur ou l’éditeur poussait un peu à la roue, mais cela ne fonctionnait que s’il y avait aussi un bon buzz. Cela est vrai pour deux des trois principaux hits du Week-End, The Gang et Harmonies, mais le troisième, Surfosaurus Max s’est débrouillé tout seul, sans personne qui ait cherché particulièrement à le pousser.

Commençons par les plus nombreux et les plus joués, les petits jeux de cartes. Surfosaurus Max, de Ikhwan Kwon, et The Gang, de John Cooper, John Cooper (!) et Kory Heath, sont tous deux des variations originales sur le poker, la première semi-coopérative, la seconde totalement coopérative. Prey Another Day, de Matthew Dunstan et Brett Gilbert est peut-être la meilleure variation sur le principe de pierre, feuille, ciseaux, et deviendra sans doute un classique, mais tous les joueurs français ont regretté d’apprendre que les étonnantes illustrations des éditions allemande et américaine allaient être remplacées dans la version française. Le succès de Courtisans, de Romaric Galonnier et Antony Pérone, s’est confirmé, même si l’équipe de Catch Up n’avait pu en apporter qu’une boite – ils ont tout vendu.

Oussama Khelifati ne semblait pas très convaincu par le titre, Duck and Cover, choisi par l’équipe de Captain Games pour son petit jeu de cartes, moi je trouve le titre excellent, même s’il est vrai qu’il parlera surtout aux américains. Dékal, de Claude Clément, me fait penser qu’il faut que j’écrive un de ces jours un article expliquant aux éditeurs qu’ils devraient cesser de vouloir réinventer la boite, surtout quand le résultat semble conçu tout exprès pour que l’on perde des cartes. Tout comme Dékal, Flowers, de Paul-Henti Argiot, et Diciasette, de Munetoshi Harigaya, sont des jeux avec juste des chiffres sur des cartes que les joueurs ont eu l’air de beaucoup apprécier. Odin, de Yohan Goh, Hope S. Hwang, Gary Kim est un jeu de défausse, un genre à la mode. Je me réjouis que l’orientalisme des jeux européens soit de plus en plus compensé par l’occidentalisme des jeux asiatiques, même si dans ce cas là, je ne sais pas bien si le thème est une idée des auteurs ou de l’éditeur.

Parmi les petits jeux Oink, Cinq hommes sur un bateau, de Mashiu et Jun Sasaki, ainsi que Order Overload Cafe, de Jun Sasaki tout seul, étaient les plus appréciés – avec bien sûr Whale to Look. Manu Rozoy et Guillaume Montiage procédaient aux derniers réglages d’un prototype dont il va falloir que je parle sur ce site un de ces jours. Bruno Cathala et Antoine Bauza faisaient tourner la version Seigneur des Anneaux de Seven Wonders Duel, dont j’ai oublié le titre, et j’ai vu tourner un ou deux autres protos plus ou moins secrets dans l’univers de Tolkien. Le monde de Star Wars n’était pas en reste avec Bounty Hunters, de Frédéric Henry, qui semble simple et dynamique. Mantis, de Ken Gruhl et Jeremy Posner, n’était pas vraiment une nouveauté mais il était pour beaucoup une découverte et a été bien plus joué que l’an dernier.


J’ai moins de choses à dire, et de titres à citer, pour les plus grosses boîtes, avec des pions, des plateaux, tout ça. L’équipe de Harmonies avait bien préparé son coup, puisqu’il y avait là l’auteur, Johan Benvenuto, l’illustratrice, Maeva da Silva, et l’éditeur, Libellud, qui avait apporté un jeu géant avec de jolies figurines d’animaux. Harmonies, qui est un peu le jeu que Cascadia aurait dû être (je n’aime pas Cascadia) fut sans doute le jeu un peu consistant le plus joué de la semaine. Laurent Escoffier et Charles Chevallier expliquaient Loot, mais j’ai maintenant l’impression qu’ils font ça tous les ans. Vale of Eternity, de Eric Hong, et Captain Flip, de Paolo Mori et Remo Conzadori, tournaient pas mal aussi, même s’ils attiraient moins les photos que Balconia, de Paul Schulz. Quoi qu’il en soit, ces cinq jeux ne sont guère plus complexes que les jeux de cartes cités plus haut. Ils durent trente à quarante minutes, leurs boites et leurs prix restent modestes, et ils sont destinés à un public de joueurs occasionnels – ce que l’on appelle parfois un public familial, comme si tous les joueurs occasionnels étaient des familles.

En passant à côté d’une table occupée par un jeu assez impressionant, j’ai entendu un joueur annoncer “je lance un feu d’artifice qui me rapporte un point par chevalier noir” – il semble qu’il se soit agi d’un prototype de Théo Rivière Ghislain Masson.

Clairement, cette année à Etourvy, la tendance n’était pas aux gros jeux pour joueurs avec des centaines de cartes et de figurines, même si en fin de nuit quelques courageux s’attaquaient aux différentes itérations de Dune Imperium, et si quelques monstruosités dont j’ignore le nom apparaissent sur les photos. Parmi les nouveautés, le jeu le plus consistant qui m’ait semblé être beaucoup joué et discuté était Le Château Blanc, de Israel Cendrero et Sheila Santos – là, on revient à l’orientalisme classique, ou plutôt à l’exotisme puisque c’est un peu la suite de la Cathédrale Rouge, le suivant pourrait être la Voûte verte. On m’a aussi dit du bien d’Apiary. Ceci dit, les énormes boites envoyées par Awaken Realms ont été parmi les premières à partir de la table de prix.

La mode n’était pas non plus aux Roll & Write, qui semblent avoir disparu aussi vite qu’ils étaient arrivés. Les jeux d’enquête collaboratifs, à la manière de Perspectives, Suspects, Backstories ou Mysterium, dont l’auteur, Olexandre Nevskiy, présentait une variation plus sombre, étaient en revanche très nombreux. Je n’ai pas noté leurs noms, qui se ressemblent souvent un peu, et ne sais pas très bien ce qui était édité ou en cours d’édition et ce qui n’était que prototype d’auteur

Quelques excellents jeux dont personne ne parle sont joués chaque année à Etourvy, notamment Krazy Wordz, de Dirk Baumann, Thomas Odenhoven et Mathias Schmitt, qui mériterait décidément une réédition avec des cartes thèmes mieux choisies et des jetons type Scrabble, Mot pour Mot, de Jack Degnan, dont je ne crois plus non plus qu’il soit disponible, et le subtil jeu de paris Cursed Court. Cette année, j’ai vu avec plaisir ressortir des trucs plus vieux encore, Cosmic Encounter et Full Metal Planet, ce dernier présenté par l’un de ses auteurs.

On a beaucoup parlé depuis deux ans du retour du jeu de rôles sur table, à l’ancienne, avec dés et écran. Les ludopathiques, d’où le jeu de rôles avait disparu après les tous premiers épisodes, semblent confirmer cette tendance. Il y avait presque toujours au moins une table de rôlistes encapuchonnés dans un coin sombre. Manu avait commencé, les choses se sont accélérées avec l’arrivée de Camille vendredi. On oppose souvent les joueurs de jeux de société aux amateurs de jeux de rôles ou de jeux video, on a tort. Toutes les études confirment ce que l’on peut voir à Etourvy – ce sont majoritairement les mêmes.

Discussions

Bien sûr, on ne fait pas que jouer, on prend aussi le temps de discuter. Parmi les sujets de conversation, on a pas mal parlé d’Asmodée, avec des interprétations divergentes de ce qui est train de se passer, et ce y compris chez les gens qui bossent chez ou avec Asmodée. On a aussi causé du ralentissement récent des ventes et des difficultés actuelles de pas mal de petits éditeurs spécialisés dans les kickstarters et les jeux vendus au poids. Si tout le monde se réoriente vers les petits jeux de cartes, c’est sans doute bon pour les auteurs comme moi dont c’est la spécialité, mais cela signifie que ce segment de marché va aussi vite être encombré. On a parlé de la place croissante de l’Asie dans les ventes, l’édition et la création ludique, et de l’absence de différence notable entre les jeux de là bas et d’ici – s’il y avait peu d’étrangers à Etourvy cette année, jamais les éditeurs coréens et japonais ne m’avaient envoyé autant de jeux. On s’est plaint du vieillissement des joueurs, même s’il semble moins net en Europe qu’aux États-Unis. On a apprécié ou regretté, selon les cas, l’extinction des trolls et des dragons et l’invasion du monde ludique par les arbres et les gentils animaux. J’ai certainement manqué plein d’autres discussions intéressantes sur les petits et grands sujets du microcosme ludique.

On remettra ça l’an prochain… (et les autres photos sont tout en bas du post).



The ludopathic gathering takes place every year in May in Etourvy, a small village in the French countryside, between Chaource and Tonnerre. It is my own little game convention, where I invite the people I want to see. In thirty years, the formula has been slowly refined.  

The people

A little more than half of the attendees are boardgame professionals, mostly designers and publishers but also a few illustrators. A little more than half are friends of mine, old and new, dedicated and casual gamers alike. Yes, this makes for more than two halves since there is some overlap between the categories, having made a few friends in forty years in the gaming world.

A few publishers, angry at not being invited, have accused me of « cronyism ». I can confirm they will never be invited. This gathering is my own little game week, a private event where I invite people I like, people I want to play games with or to know better. There are not enough beds for all the many game designers and publishers I like, I see no reason to invite the ones I dislike. I would easily find 200 boardgame professionals willing to go, but I want to keep more or less half of the places for other people, friends I like among which a few ones are not even dedicated gamers. And if trying to stay and even work with people one like is cronyism, well, I’m all for it.

My big regret this year is that the gathering was less international than it used to be, most of the attendees being French or, at least, French speaking. By taste, but also on principle, I always try to mix people from everywhere. I hope I’ll be more successful at it next year, and there will be more tables speaking English or any other more or less exotic language.  

The bucolic venue, far from the big cities, allows for casualness and disconnection, at least when the weather is nice enough, which was the case this year. Some effort is required to join Etourvy, right in the middle of nowhere. The friendly team of the Domaine Saint Georges takes care of all meals and accomodates more or less half of the 180 attendees, the other ones sleeping in nearby villages. This year, due to two consecutive french public holidays, most people stayed four days, from Wednesday to Sunday.

The success and casualness of the ludopathic gathering is also due to it being kids friendly, dogs and cats friendly, beer and wine friendly, things which are sadly becoming rare in the boardgaming world. This year, we had two dogs of the same name, Rocket – I first thought it was Roquette, the french name for a slightly bitter salad, which would have been more fun – which brought some nice confusion. The tap beer now always come from the same local brewery, that of Clémence Thibord, with bottles also brought from Switzerland by Fabien Conus. Of course, we also are on the strategic border between Champagne, to the north, and Bourgogne, to the south.

Everything was calm, and the dozen kids felt safe and cool enough to leave for a twelve miles walk in the countryside at 1 am… There is some irony in finding this a bit frightening now when we used to do it when we were kids and had no cellphones or GPS.

We were only two dozen people for the first ludopathic gathering, in 1993. Most of them where either LARP friends or friends of the small Ludodelire team. Among the latter were Gérard Mathieu and Droopy, whom I was really happy to see coming back this year. Conversely,  I first thought that, for the first time in ten or twelve years, the gathering would take place without my friend Camille, who usually takes care of beer kegs and of giving hell to players who don’t put games back in their box or don’t tidy up their table, but who was blocked in Paris due to an ill cat. It was really good to see here arrive during dinner on Friday, when I didn’t really believe in it anymore. I think it was good for both of us.  

The games

I also regret that I forgot some of the stupid outside  games I wanted to hold after lunch or dinner. Anyway, I probably forgot about them because the overall mood was nice and they didn’t feel necessary. We only played olympic Brouhaha, which was a hit as you can see on the video, and a photo quizz game. The Alain Delon team won, when I thought the structure of the game should favor David Bowie and, to a lesser extent, Mick Jagger.

There were many other games and gamey activities organized by friends. There were Poker, Set & Match, Petanque and Nutcracker tournament – Nutcracker being a game devised for the occasion by Laurent Escoffier and played with rocks and nuts -, as well as wine, beer and even water tasting. There are strange games with giant dice, ropes and colored balls on the pictures, I don’t even know what they are. Like they did these last years, Isabelle, Sébastien and Ghislain organized a murder party whose action took place in the US in the fifties.

Since retiring, three months ago, from my day job as a teacher, I’m trying to do my job as a boardgame designer in a more professional way, though without overdoing it. It is the first year I print a small catalog of my available designs, and also the first year I manage to block a few time spots in Etourvy for meeting with publishers. Mathilde left with a few prototypes, I have sent a few card games pdfs to publishers after coming back, we’ll see if something comes out of it.

On the other hand, I was not very professional in promoting my last published games, since I had brought with me all my Oink games collection…. Save the one I co-designed with Jun Sasaki, Whale to Look. Flavien Loisier, who distributes Oink games in the UK, didn’t bring it either since he thought I would have several copies. Luckily, I could ask Eliette and Jeremy Fraile, who were joining us on Friday and had left with one of the advanced copies last year, to bring it so that I could have it played and take a few pictures.

There were also advance copies of several of my upcoming games. 6 Suspects, to be published by Matagot in October, is in fact already printed and regularly demoed at conventions. The first boxes of Migo, just arrived from China by airplane, were brought by the publisher, Antoine of Ghost Dog Games, who also had a publisher prototype of another small card game to be published in the same collection, whose name has not been decided yet – Fruit of the Doom, Fruit Salad, Fruit Cocktail – what do you prefer ? Cedric had managed to find, in the Asmodean labyrinths, the one preprod copy of Animots, a fun children game designed with Anja Wrede, which should hit the shelves in August.

Many other games just arrived or soon to arrive in the shops were intensively played. Publisher or designer might have been pushing one or the other, but it would not have worked without some good buzz. This was the case for two of the three big hits, The Gang and Harmonies, but the third one, Surfosaurus Max, managed to succeed by itself, without being specifically pushed by anyone.

Let’s start with the most numerous and the most played, the small card games. Surfosaurus Max, by Ikhwan Kwon and The Gang, by John Cooper, John Cooper (!) and Kory Heath are both original variations on poker, the first one half and the second fully cooperative. Prey Another Day, by Matthew Dunstan and Brett Gilbert, might be the best variation ever on Rock, Paper Scissors and will become a classic – but the French players all regret that the crazy art of the German and English version will be replaced in the French one. Courtisans, by Romaric Galonnier and Antony Pérone, is selling so well that the Catch Uo team could bring only one copy, having sold all the other ones but it was played intensively.

Oussama Khelifati didn’t look convinced by « Duck and Cover », the name chosen by Captain Games for his fast and clever card game ; I really like the pun in the title, but it’s true that few people will get it out of the US. Dekal, by Claude Clément, reminded me that I should one day write an article explaining to publishers that there’s no point in always reinventing the box, especially when the result seems to be designed specifically to help players lose cards. Like Dekal, Flowers, by Paul-Henri Argiot et Diciasette, by Munetoshi Harigaya, are games with just numbers of the cards. I don’t know how they play, but people were obviously enjoying them. Odin, by Yohan Goh, Hope S. Hwang and Gary Kim, is a shedding  game, a trending genre. I enjoy seeing the orientalism of western games more and more balanced by the occidentalism of eastern ones – though to be honest, in this case, I don’t know if the setting comes from the designers or the publisher.

Among the small Oink games, the most liked were Rafter Five, by Mashiu and Jun Sasaki, and Order Overload Café, by Jun Sasaki, and of course Whale to Look. Manu Rozoy and Guillaume Montiage were making the last adjustments to a game I will have to discuss in more details here one of these days. Bruno Cathala and Antoine Bauza were demoing the Lord of the Ring  version of Seven Wonders Duel, which was much praised and whose name I have forgotten, and I saw one or two other Tolkien games. The Star Wars universe was also present, mostly with Frédéric Henry’s Bounty Hunters, which seem to be both simple and deep. Mantis, by Ken Gruhl and Jeremy Posner, was already here last year, but seems to have been really discovered by most players this year, and it was a hit.

I have far fewer things to say, and titles to list, about bigger boxes with pawns, tokens, board and all that stuff. A few brand new games were played a lot. The team behind Harmonies had seriously prepared the event. The designer, Johan Benvenuto, the artist, Maeva da Silva and the publisher, Libellud, were all there, and had brought a giant game with cute animal figures. Harmonies, the game Cascadia should have been – I don’t like Cascadia – was probably the most played relatively long and serious game. Laurent Escoffier and Charles Chevallier were explaining Loot, but it feels a bit like they are doing this every year. Eric Hong’s Vale of Eternity, as well as Paolo Mori and Remo Conzadori’s Captain Flip were hits, even when they don’t look as nice on the photos as Paul Schulz’s Balconia. Anyway, while these five games are a bit more than light card games, they are not hardcore gamer’s stuff either. All these games last thirty or forty minutes, their boxes are not that big, and they are aimed at casual gamers (what many call families, but all casual gamers are not families).

Walking by a table occupied by an impressive boardgame, I heard a player say “My fireworks score one point for each black knight” – it looks like it was Theo Rivière Ghislain Masson prototype.

Clearly, the trend in Etourvy this year was not hardcore gamers games with hundreds of cards and miniatures, even when dedicated players tried all the various iterations of Dune Imperium, and when a few monstrosities I cannot name appear here and there on the pictures. Among the new stuff, the heaviest game which seemed to be played and discussed a lot was The White Castle by Israel Cendrero and Sheila Santos – we’re back to classic orientalism, or rather exoticism since it’s more or less a follow-up on The Red Cathedral, may be the next one will be the Green Vault. I also heard good things of Apiary. Big and intricate games have not lost all of their appeal, and the incredibly heavy boxes sent by Awaken Realms were still the first to be taken on the prize table.

Roll & Write seemed to have largely disappeared, almost as fast as they came in a few years ago. On the other hand, I saw many collaborative social deduction games, like Perspectives, Suspects, Back Stories or Mysterium, whose designer Oleksandr Nevskiy was demoing a much darker version. I didn’t write down the names of all these games, and don’t know what was already published, being published or just designer prototypes.

A few hidden gems are played every year at Etourvy, and they still appear on the pictures. There’s Krazy Wordz, a party word game by Dirk Baumann, Thomas Odenhoven et Mathias Schmitt, which deserves a better edition with nice themes and Scrabble like tokens, Word on the Street by Jack Degnan, another clever word game, and my favorite betting game, Cursed Court by Andrew Hanson. This year, I was thrilled to see even older stuff being played, especially Cosmic Encounter and Full Metal Planet, the latter explained by one of its designers.

These last two years, there has been much talk of a comeback of tabletop role playing games. Tabletop RPG had disappeared from Etourvy after the very first years, but it is now back. There was always a table of hooded RPGers in some dark corner. Manu started, and it accelerated after Camille arrived on Friday night. It is tempting to oppose players of good old boardgames to nerds playing video games and RPGs, but all market studies have shown it’s wrong – these are mostly the same people. 

Boardgame topics

Of course, we don’t spend all our time playing games. There were also many discussion about the state of the gaming business. There were very different analysis of what recently happened to Asmodee, including among people working at or with Asmodee. We talked about the recent slackening of sales, and the difficulties of several small publishers, especially those specialized in heavy boxes and kickstarters. If everyone moves to micro card games, it’s certainly good for designers like me, but it means this market will also soon become overcrowded.  We discussed the growing place of East Asia in the design, the publishing and the sales of boardgames, and the absence of significant differences between Asian and Western games – there were few foreigners in Etourvy this year, but Korean and Japanese publishers had sent many games. We regretted the aging demographic of gamers, even when it seems to be more noticeable in the US than elsewhere. Some praised and other lamented the extinction of trolls and dragons and the invasion of trees and animals. There were certainly other interesting discussion I missed about small and big boardgame related topics.

We’ll do it again next year…

Portraits de joueurs par Antoine Bauza
Gamers portraits by Antoine Bauza

Mes photos
My pictures

Photos de Dylan
Dylan’s pictures

Photos d’Eliette
Eliette’s pictures

Photos de Fred & Nath
Fred & Nath’s pictures

Photos de Laurène
Laurène’s pictures

Photos de Lia-Sabine
Lia-Sabine’s pictures

Photos de Marie Giordana
Marie Giordana’s Pictures

Photos de Maud
Maud’s pictures

Photos de Pénélope
Pénélope’s photos

Photos de Sandra
Sandra’s pictures

Photos de tous les autres
Pictures by everyone else

Etourvy 2023

Trente ans déjà

Si j’en crois l’équipe du Domaine Saint-Georges, cela fait maintenant trente ans qu’ils nous accueillent, presque tous les ans, à Etourvy. Les rencontres ludopathiques, qui multiplient la population du village par un peu plus de deux, sont devenues un « acteur de l’économie locale».
Nous n’étions qu’une trentaine 1993, essentiellement des amis gravitant autour de Casus Belli et de Ludodélire. Certains sont partis, certains ne jouent plus, certains sont morts, j’ai perdu de vue quelques uns, et, à part moi bien sûr, je pense que la seule personne à avoir été présente à tous les épisodes est Hervé. Nous étions cent quatre-vingt du 17 au 21 mai 2023, et même avec les quatorze nouvelles places que l’on nous promet dans Etourvy l’an prochain, il me semble difficile d’aller au delà. Oui, je sais, cela fait vingt ans que je dis cela.

Lorsque, une quinzaine de jours avant les rencontres ludopathiques, j’ai regardé les premières prévisions météo qui nous annonçaient la pluie et la froidure, j’ai pris peur. À Etourvy, Virginie et Marie-Claire ont également commencé à se faire du souci et à étudier des solutions permettant d’abriter tout le monde, et de faire manger près de deux-cent personnes dans des lieux dimensionnés au mieux pour une centaine. Nous avons finalement eu, comme l’an dernier, un très beau temps, mais il n’en ira pas toujours ainsi et je m’inquiète déjà pour l’an prochain.
L’an dernier, après le Covid, les visiteurs étrangers étaient restés rares, et mes annonces bilingues lors des repas s’apparentaient à un acte de foi. Cette année, les joueurs d’Amérique, d’Europe de l’Est et même d’Asie étaient de retour – même si j’ai l’impression que Yohan Goh passe la moitié de sa vie en Europe. Ayant toujours été partisan du cosmopolitisme, je m’en réjouis. Les enfants aussi étaient revenus nombreux, ce qui contribue beaucoup à l’ambiance.

Organisation 

Je n’ai presque pas eu de désistements de dernière minute cette année et, du coup, les comptes, de toute façon très approximatifs, devrait être légèrement excédentaires, pour, je crois, la deuxième fois en trente ans.
Les rencontres ludopathiques fonctionnent de plus en plus en roue libre et me demandent plutôt moins de boulot qu’il y a une dizaine d’années. Je gère donc le budget global, l’hébergement, je prépare le transport des jeux, je surveille un peu tout ce qu’il se passe dans la semaine, mais l’aide de la petite équipe qui arrive avec moi en début de semaine, et notamment de Camille, allège considérablement le travail d’intendance. Cela serait quand même plus facile pour nous et pour l’équipe du domaine si tout le monde faisait plus attention à ne pas laisser traîner ses gobelets, à ne pas les utiliser comme poubelles, etc…

Je prépare toujours quelques jeux en extérieur, cette année Two Rooms and a Boom, Twister géant, et le traditionnel Brouhaha, mais d’autres organisent également des événements conséquents. Absent l’an dernier, Laurent Escoffier était de retour avec ses jeux d’extérieur un peu bizarres, mettant en scène chaines, aimantset mètres pliants, et bien sûr le toujours aussi bluffant Walking Mind.

Franck s’occupe toujours du tournoi de poker, et cette année Théo avait soigneusement préparé un tournoi de Challengers. Sébastien étant absent, c’est Ghislain qui a rejoint Isabelle pour faire jouer la murder party Le tour de monde en 80 jours, tandis que Mathias et Zephiriel faisaient jouer Papers, un petit GN loufoque sur les coachs, la culture d’entreprise, la ludification et toutes ces conneries. Jamais à court d’idées l’Equipe ludique avait préparé Tous en Scène, un jeu hilarant de reconstitution de films avec les moyens du bord. Profitant de ce que nous étions au vert et qu’il ne faisait pas trop chaud, certains ont organisé des balades à pied autour du village, Maud pour ceux qui courent assez vite, Charles pour ceux qui préfèrent la marche tranquille suivie d’un bon verre de vin.

L’orque et la baleine

J’étais un peu déçu à mon arrivée de constater que le colis d’Oink Games, contenant mes exemplaires d’auteur de Whale to Looksorti le week-end précédent pour le Tokyo Game Market, n’était pas parvenu à temps à Etourvy. Le plaisir n’en a été que plus grand de le voir arriver vendredi après-midi. Je me suis précipité sur mes premières boites, aussi mignonnes que sur les photos, et ai immédiatement envoyé quelques touristes observer les orques noires et les baleines blanches. 

Jun Sasaki et l’équipe de Oink Games ayant énormément retravaillé mon concept original, dans des directions parfois inattendues. Je n’avais jusque là joué à une version presque finale de ce jeu qu’une seule fois, en ligne, dans des conditions qui n’étaient pas optimales. Les quelques inquiétudes que j’avais sur les nouvelles règles ont cependant été rapidement balayées par mes parties à Etourvy – le jeu est finalement bien meilleur que celui que je leur avais initialement proposé, et je renonce donc à développer de mon côté mon jeu d’observation des étoiles dans le ciel. Il va falloir que je réécrive en ce sens mon article sur Whale to Look.

Sacré Graal

Grail Cup n’arrivera en boutique qu’à l’automne, mais Arnaud Charpentier avait apporté une boite de préproduction, à laquelle ne manquait que le dé, très aisément remplaçable par un dé classique. J’ai de la chance en ce moment avec les illustrations car, dans un style bien différent, Grail Cup est aussi mignon que Whale to Look. Je me suis beaucoup amusé à rechercher les nombreux œufs de Pâques – c’est comme cela que l’on dit en anglais – dissimulés sur le plateau par John Kovalic, et me suis même reconnu dans l’un d’entre eux. J’ai lancé quelques parties, rapides et pleines de rebondissements.

J’avais aussi apporté quelques prototypes, et ceux qui m’ont semblé les mieux reçus ont été la Salade de Fruits et les Voleurs de Poules, on verra s’il en sort quelque chose.

Que de jeux 

J’ai cette année profité des rencontres ludopathiques pour faire une partie de mon déménagement. Une quarantaine de cartons qui avaient quitté la rue de Belleville le lundi sont en effet rentrés le dimanche à quelques centaines de mètres, rue de la Villette. J’ai beau apporter chaque année à Etourvy environ un millier de jeux, je suis toujours étonné, passant entre les groupes, de voir la plupart des joueurs attablés devant des prototypes inconnus ou des jeux dont je suis à peu près certain qu’ils ne proviennent pas de ma collection.

À en croire aussi bien mes impressions que les nombreuses photos des participants, le jeu le plus populaire de ces cinq jours a été Mind Up, retour amusant puisque c’est à Etourvy que, l’an dernier, l’équipe de Catch Up Games avait découvert ce petit jeu de cartes d’aspect très kniziesque, présenté par son auteur Maxime Rambourg. Parmi les autres petits jeux très pratiqués, citons Focus, d’Antonin Boccara et Romaric Galonnier, Cat in the Box de Muneyuki Yokouchi, The Number de Hisashi Hayashi, Mantis de Ken Gruhl et Jeremy Posner et bien sûr Whale to Look de Jun Sasaki et Bruno Faidutti.

Dans des boites un peu plus grosses, mais pas trop complexes pour autant, le loufoque Hand to Hand Wombat, judicieusement traduit en français par Branle Bas de Combat, a remporté un grand succès d’estime, tout comme, dans un genre plus sage, les jeux coopératifs Kites, de Kevin Hamano,  Kuzooka de Leo Colovini et DorfRomantik de Michael Palm et Lukas Zach. Ce dernier est tellement moche que tout le mponde y a joué mais personne n’a osé en prendre une photo.

Parmi les jeux d’ambiance et de vocabulaire, on a comme l’an dernier beaucoup joué à Krazy Wordz, de Dirk Baumann, Thomas Odenhoven et Matthias Schmitt, mais aussi au curieux Hunch! de Nomas Kurnia, quelque part entre Codenames et Decrypto, et au prototype final de Sides apporté par l’équipe de Captain Games.

Côté gros jeux, on a bien sûr encore joué à Dune Imperium de Paul Dennenmais aussi à The Quest for Eldorado de Reiner Knizia deux jeux qui ne sont pas vraiment des nouveautés même si l’un a connu quelques extensions et l’autre une nouvelle édition magnifiquement illustré par Vincent Dutrait. À l’exception notable de Planet Unknown de Ryan Lambert et Adam Rehberg, qui a d’ailleurs et très mal rangé dans la boîte par ceux qui ont fait la dernière partie, les très grosses nouveautés ont fait des flops.

Le retour du jeu de rôles

Le grand retour du jeu de rôles, dont on parle beaucoup depuis quelques mois, semble avoir touché Etourvy. Lors des tous premiers épisodes, dans les années quatre-vingt dix, beaucoup des participants étaient des amis de GN, et il n’était pas rare de voir quelques parties de jeu de rôles sur table. J’ai d’ailleurs découvert une partie des villages du coin lors d’un GN loufoque où des mafieux mexicains qui avaient trouvé un moyen de produire de la coke à partir du colza cherchaient à accaparer la récolte locale, mais se heurtaient à des extraterrestres dont le vaisseau en panne fonctionnait à l’huile de colza, et à de gentils vampires qui souhaitaient produire à partir de cette céréale décidément multitâche un élixir leur permettant de décrocher du sang.

Depuis quelques années, Sébastien et Isabelle organisent à Etourvy de petites murder parties. Cette année, Isabelle et Ghislain ont fait jouer le tour du monde en 80 jours, tandis que Mathias et Zephiriel organisaient Papers. Le jeu cinématographique de l’équipe ludique, et même d’une certaine manière Two Rooms and a Boom ou des jeux narratifs comme Alice is Missing, relèvent aussi un peu du jeu de rôles. Et, pour la première fois depuis longtemps, plusieurs éditeurs avaient apporté des livres de jeux de rôles, parfois volumineux et ambitieux, pour la table de prix. Je ne vais pas me remettre au jeu sur table, mais cela me donne envie de refaire un ou deux GNs – si j’arrive à caser ça dans mon emploi du temps.

Voilà. Comme de plus en plus de gens organisent des trucs pendant les ludopathiques, j’en ai certainement raté ou oublié quelques uns. Merci à tous les participants, merci à tous les organisateurs de jeux petits et grands, merci à tous ceux qui m’ont donné un coup de main prévu ou improvisé, merci à l’équipe du domaine Saint-Georges, merci à Météo France de qui j’attends le même soutien en 2024, et à l’année prochaine.



Thirty years

I didn’t keep a precise track but, if I am to believe the team at the domaine Saint-Georges, they have been accommodating the ludopathic gathering almost every year since 1993. When we are here, the population of Etourvy is multiplied by a bit ore than 2, and we are now a part of the local economy.  
We were only thirty in 1993, mostly friends working with Casus Belli or Ludodélire. Some have quit gaming, some have left, some have died, I’ve lost trace of a few ones, and I think the only other person who has been here from the beginning is Hervé. We were 180
in 2023, May 17 to 21, and, even with the fourteen new beds which should be available in the village next year, I don’t think this number can grow more. Yes, I know, I’m saying this for 20 years now.

When, two weeks before the event, I started looking at the weather forecast, predicting cold and rain, I was seriously concerned. In Etourvy, Virginie and Marie-Claire also started worrying and tried to find ways to shelter everyone and to have nearly 200 people eating in a place designed for 100 at most. In the end, we had a really nice weather, but I’m already anxious for next year. 


Last year, after the Covid years, few foreigners were back. This year, players from America, from Eastern Europe and even from Asia were back – even when it seems like Yohan Goh is now spending half of his time traveling in Europe. Anyway, I’m always been in favor of cosmopolitanism, so let’s enjoy it. Children were back as well, which makes for a nice change from most professional gaming conventions.

Organization

I had very few last minute cancellations this year, which means that the (very rough) numbers are balanced, or may be even slightly positive, for, if I remember well, the second time in thirty years. 

I take care of the numbers, the accommodation, I pack and bring the games, I check everything during the week, but I could probably not do it any more without the help from the small advance team which arrives with me on Monday – especially Camille. It would nevertheless be much easier for everyone if people were more careful not to let empty glasses, when it’s not empty glasses used as table trash cans, everywhere…

I always prepare one or two big simple outdoor games, to bring everyone together, this year Two Rooms and a Boom, Giant Twister and the traditional Brouhaha. Laurent Escoffier had been missed last year, he was back with strange outdoor games using chains, magnets and folding rule, as well as a new competitive version of the Walking Mind.

Franck held, as always, the poker tournament, while Théo took care of Challengers. Sébastien was not here this year, so Ghislain replaced him to organize the Around the Earth in 80 Days murder party, while Mathias and Zephiriel held Papers, a light zany larp about coaching, business culture, ludification and all that crap. L’equipe Ludique held Everyone on Stage, a crazy game about reenacting movies with the limited means availabe. The weather being cooler than last year, Maud held a running tour of the nearby countryside, while Charles organized a walking and wine drinking tour for those – the vast majority – who don’t even try follow Maud.

The white whale and the orca

When arriving in Etourvy, I was slightly disappointed to find out that the parcel from Oink games with my author copies of Whale to Look, which had been premiered the week before at the Tokyo game market, didn’t make it in time. I was even more delighted when it arrived on Friday afternoon. I immediately seized the first box and sent a few tourists whale watching.

Jun Sasaki and the Oink team have largely developed my original concept, in directions I didn’t expect. I had only played a near final version of their game once, online, in far from optimal conditions. I was wary of some of the changes they had made to the game, but my reservations about the new rules disappeared after a few games in Etourvy. Their game is indeed better than what I had originally submitted, and I am therefore giving up the idea of developing on my side my tile game about watching stars. I should, one of these days, rewrite my article about Whale to look to make this clear.

Holy Grail !

Grail Cup will only hit the stores next fall, but Arnaud Charpentier had brought a preproduction copy, missing only the special die which we easily replaced with a standard one. I am really lucky with game art these days. Grail Cup is as cute as Whale to Look, though in a completely different style en boutique. I had great fun looking for the many Easter eggs disseminated by John Kovalic on the board, and I even found myself in one. I played a few games, fast and eventful.

I had also brought a few recent prototypes. The best received were Chicken Thieves and Fruit Salad, we’ll see if something comes out of it.  

So many games 

This year, I took advantage of the ludopathic gathering to move some of my games, who left my old flat rue de Belleville and came back to my new one, rue de la Villette. Every year, I bring about 1.000 games to Etourvy, and I’m always surprised to see most attendees playing either unknown prototypes or games which I am sure d’ont belong to my collection.

According to both my feeling and the many pictures I have seen, the most played game during this five days was Mind Up. It’s a fun come back since the prototype of this very kniziesque card game was shown by its designer, Maxime Rambourg to its publisher, Catch’Up, last year in Etourvy. Other much played small box games were Antonin Boccara & Romaric Galonnier’s Focus,  Muneyuki Yokouchi’s Cat in the Box, Hisashi Hayashi’s The Number, Ken Gruhl & Jeremy Posner’s Mantis and, of course, Whale to Look, starting from Friday afternoon.

Among bigger boxes, but not necessarily more serious games, the hits were the zany and noisy Hand to Hand Wombat, for which a few advanced rules were designed, as well as the more serious cooperative games Kites, by Kevin Hamano, Kuzooka by Leo Colovini and DorfRomantik by Michael Palm and Lukas Zach. The latter is so ugly that, though nearly everyone played it, no one took a single picture of it.

Among party and vocabulary games, the most played were, like last year, Krazy Wordz, by Dirk Baumann, Thomas Odenhoven and Matthias Schmitt, but also two brand new games, Nomas Kurnia’s Hunch!, a strange game feeling a bit like a mix of Decrypto and Codenames, and the prototypes of Sides brought by the Captain Games’ team.

The most played boardgames wwere Paul Dennen’s Dune Imperium and Reiner Knizia’s Quest for El Dorado. None of them is new, but there has been a few recent expansions for Dune and a new edition of Quest for El Dorado gorgeously illustrated by Vincent Dutrait. Except for Ryan Lambert & Adam Rehberg’s Planet Unknown, which, by the way, was carelessly placed back in the box by its last players, most new big box heavy games flopped.

Back to role playing games ?

The unexpected comeback of tabletop rpg which has been much discussed these last months also affected Etourvy. In the very first Etourvy gatherings, in the mid nineties, many of the attendees were LARP friends, and there was the occasional tabletop rpg session. I even first discovered the nearby villages during a zany LARP in which the Mexican mafia, having discovered a way to produce cocaine from rapeseed, was trying to corner the local rape market, but was facing aliens whose stranded spaceship was running on rapeseed oil and vampires who were using to produce an elixir helping them to get off blood. 

For a few years now, Sébastien and Isabelle have been holding small murder parties in Etourvy. This year, Ghislain and Isabelle organized Around the earth in 80 days, while Mathias and Zephiriel held Papers. L’Equipe ludique’s movie making game, Two Rooms and Boom, and even in a way narrative boardgames such as Alice is Missing, also have something to do with role playing. Also, for the first time I think, several publishers had brought role playing books, and sometimes heavy and ambitious ones, for the prize table. I probably won’t go back to tabletop rpg, but it makes me want to play more larps, if I can fit them in my schedule.  

That’s it. Since more and more people are organizing stuff during the ludopathic gathering, I certainly missed one or two notable events. Anyway, thanks to al the attendees, thanks to all those who organized small and big games, thanks to all those who helped me in managing the even, thanks to the team at the Domaine Saint-Georges, and thanks to MeteoFrance, I hope they will be as efficient next year. See you next year.  

Portraits de joueurs par Antoine Bauza – Gamers’ portraits by Antoine Bauza

Mes photos – My pictures