Je reviens d’un week-end à Göttingen, une jolie petite ville du centre de l‘Allemagne, où se déroulait, comme chaque année depuis 1985, une convention organisée par la SAZ, l’association des auteurs de jeux allemands, équivalent de la SAJ française. J’en entends parler depuis longtemps, mais n’aurait sans doute pas fait le déplacement si la SAZ ne m’avait pas invité pour recevoir, des mains du récipiendaire précédent, Hilko Drude, le Göttinger Spatz, l’hirondelle de Göttingen, un prix qui, depuis quarante ans, récompense des personnes ou organismes ayant contribué à la culture ludique. Voici d’ailleurs une photo, prise par Friedemann Friese, où je tiens l’objet, une hirondelle de bois dont les ailes sont comme les cœurs d’un jeu de carte. Pourquoi une hirondelle ? Je ne sais pas, je voulais poser la question aux organisateurs, et j’ai oublié.
Bien sûr, c’est flatteur, mais c’est aussi un peu un prix « pour l’ensemble de mon œuvre », le genre de récompense que l’on décerne à ceux dont on pense qu’il est temps qu’ils prennent leur retraite. Hilko a d’ailleurs dans sa présentation insisté sur des jeux déjà anciens et sans doute obsolètes, comme La Vallée des Mammouths, ou sur la ludothèque idéale qui n’est plus en ligne depuis longtemps. Je me suis donc empressé de rappeler dans mon bref discours de remerciements que si j’ai pris ma retraite de l’éducation nationale, je ne compte en revanche m’arrêter ni de créer des jeux, ni de réfléchir sur le jeu, ni d’écrire sur le jeu sur ce blog. Dans l’expression utilisée par la SAZ, « ayant contribué à la culture ludique », il y a l’idée, mieux acceptée en Allemagne qu’en France ou dans le monde anglo-saxon, qu’un jeu est une œuvre culturelle au même titre qu’un roman ou une pièce de musique. C’est en effet une idée que j’ai beaucoup défendue, même si depuis quelques temps je deviens plus nuancé sur ce sujet.
Les rencontres d’auteurs de jeux de Göttingen, c’est surtout un vaste hall dans lequel plus de 150 auteurs, certains très connus, d’autres n’ayant encore rien publié, disposent chacun d’une table pour présenter, pendant toute la journée du samedi, leurs prototypes. Une cinquantaine d’éditeurs, petits et grands, très majoritairement allemands mais parfois venus d’Europe de l’Est ou du Nord, passent de table en table, sans programme préétabli, discutant tranquillement, prenant parfois le temps d’essayer un jeu. Le rythme est, du moins pour les auteurs, bien moins oppressant que dans les salons où l’on court sans cesse d’un rendez-vous à un autre, et, si j’en crois mon expérience du week-end, c’est au moins aussi efficace.
I’m back from a week-end in Göttingen, a pretty small train in the center of Germany. I was attending a game designers meeting held every year since 1985 by the SAZ, the German boardgames designers union. I hear about this meeting for years, but I would probably not have made the trip if I had not been invited by the SAZ to receive, from the hand of last year’s recipient Hilko Drude, the Göttinger Spatz, the Göttingen Sparrow, an award which, for forty years now, rewards people or organizations which have contorted to the board gaming culture. On the picture below, taken by Friedemann Friese, I am holding the award, a wooden sparrow whose wings are like the heart suit symbol in a card game. Why a sparrow ? I don’t know, I thought of asking the organizing team and then forgot about it.
Of course, it’s flattering, but it also feels a bit like an award “for one’s whole work and carrer”, the kind of thing that means people are expecting you to soon retire. Hilko’s short presentation focused on older stuff, like Valley of the Mammoths, a game which didn’t age that well, and the Ideal Game Library, which I’ve deleted more or less 15 years ago. I therefore insisted in my short answer on the fact that while I retired from my day job as a teacher, I intend to keep on designing games, thinking about games, and occasionally writing about games, mostly on this blog. Behind the expression used by the SAJ, “people or organizations who contributed to the board gaming culture”, is the idea, probably more generally accepted in Germany than in the French or English speaking world, that a game is a cultural achievement in the same way as a novel or a musical piece. It is indeed an idea I have often put forward in the past, even when I now have a more nuanced opinion.
Most of all, the Göttingen boardgames designers meeting is a large hall in which more than 150 designers, some of them well known, most of them with no published game yet, each have one table to show their prototypes. Around fifty publishers, most of them German but a few ones coming from Northern or Eastern Europe, move from table to table, with no prior schedule, discussing casually and sometimes stopping to playtest a game. For the boardgame designers, the pace is less oppressive than in large game fairs where we constantly runs from one meeting to another, and, if I believe my experience of the weekend, it is at least as effective.
J’y suis allé il y a une dizaine d’années et j’avais beaucoup apprécié la quiétude de la manifestation. Bravo pour l’hirondelle.