Ce retour à Étourvy après deux ans d’interruption a, je crois, fait beaucoup de bien à tous les participants. En tout cas, il m’a fait beaucoup de bien.
Derniers restes de la crise sanitaire ou tendance lourde et durable, sans doute un peu des deux, le public était bien plus franco-français que les années précédentes. Beaucoup d’habitués des quatre coins du monde ne sont pas venus cette année, ce que je regrette un peu – les polonais sont les seuls à s’être déplacés en force. Certains absents ont certes envoyé des jeux pour la table de prix, mais ce n’est pas la même chose ! Prendre l’avion, ce n’est pas bien et il va très vite falloir sérieusement se rationner, mais mélanger les gens, les langues, les cultures et les jeux, c’est bien et il est politiquement urgent de s’y remettre. Je ne sais pas bien comment on va concilier tout cela.
Et puis, il y avait ceux qui n’étaient pas là parce qu’ils ne sont plus là, Kristine et Jean-Marc, et cela fait un drôle d’effet.
A quelque chose malheur est bon, j’ai pu inviter quelques nouveaux bien de chez nous, de vieux et de nouveaux amis, de jeunes auteurs qui montent comme Anthony Perone ou Oussama Khelifati, des éditeurs qui n’étaient jamais venus, comme Origames, et quelques critiques ou journalistes ludiques de chapelles plus ou moins rivales – j’avoue que je ne suis pas très bien. L’audience était donc moins cosmopolite que d’habitude, mais elle était plus jeune que lors des épisodes précédents, et du coup plus féminine car la nouvelle génération d’ “acteurs ludiques” est un peu moins masculine que la précédente.
L’équipe du foyer rural d’Étourvy était aussi bien contente de nous revoir, au point de nous offrir à tous champagne et kir vendredi soir. Un immense merci à eux pour leur accueil et leur travail, et aussi à tous ceux qui m’ont aidé à organiser ce week-end. Camille d’abord, qui a géré la bière, les softs et les trucs à grignoter, mais aussi tous ceux qui sont arrivés sur place avec moi dès lundi et ont participé à la mise en place, Cyril, Vincent, Didier et Sébastien.
Au fait, Camille est l’une des rares correctrices littéraires, peut-être la seule, à s’y connaître en jeux de société et jeux de rôles. Si vous êtes éditeur et avez besoin de faire relire des règles originales ou des traductions en français, n’hésitez pas à lui faire signe (vous pouvez me demander son mail).
Merci aux organisateurs de tous les jeux et tournois, la Murder Party d’Isabelle et Sébastien, mais aussi le Two Room and a Boom, le tournoi de poker, le tournoi de Unmatched, le karaoké, les aventures de René, et tout ce que j’oublie. On a un peu regretté l’absence de Laurent Escoffier, personne n’étant aussi abon pour organiser des trucs en extérieur, mais on a quand même fait quelques jeux idiots, plus ou moins improvisés, dans la cour. Le grand nombre de boomers parmi le public d’Etourvy a permis de jouer à un quizz un peu original, « mort, pas mort ». Les deux seuls personnages sur lesquels la majorité des joueurs s’est trompé sont Mikhail Gorbatchev et Henry Kissinger, tous deux encore vivants. Le traditionnel Brouhaha s’est joué cette année avec handicap, des écarteurs de lèvres, gadgets qui pourraient sans doute enrichir de très nombreux jeux de communication. Quant au turtle wushu, ses règles n’ont pas changé mais il est devenu un frog wushu, ce qui me semble plus logique – les grenouilles sautent mieux que les tortues.
Si Scout, de Kei Kaijino, était le petit jeu de rien du tout le plus joué au début de ce long week-end de cinq jours, il a fini supplanté par Paquet de Chips, de Mathieu Aubert et Théo Rivière, qui est également ma découverte d’Étourvy. J’ai d’ailleurs appris que c’est lors d’un épisode précédent des rencontres ludopathiques que ce subtil jeu de paris avait été présenté à l’éditeur.
En poids moyens, Living Forest de Aske Christiansen et le très mignon Creature Comforts de Roberta Taylor ont semblé les plus appréciés.
Les gros jeux les plus pratiqués étaient clairement Dune Imperium, de Paul Dennen, que j’adore mais qui n’est plus vraiment une nouveauté, et le tout nouveau Ark Nova, de Matthias Wigge, dont je ne pense pas que ce soit ma came mais qui a eu un certain succès.
Chaque année, un jeu un peu ancien et un peu oublié est joué par tout le monde sans que l’on sache trop pourquoi. Cette année, c’était le génial Krazy Wordz de (plein d’auteurs avec des noms allemands) dont j’aimerais bien qu’il ressorte avec un matériel un peu plus convaincant.
Côté prototypes, Run, un jeu de zombies de Philippe Keyaerts auquel je n’ai pas eu l’occasion de jouer, semble avoir fait l’unanimité. Les gens d’Asmodee avaient aussi apporté Challengers, qui s’est avéré un très subtil jeu de deck building… mais qui a vraiment l’air sans grand intérêt quand on se contente d’expliquer les règles. J’espère donc qu’ils trouveront un truc pour le vendre !
J’ai été frappé, parmi les nouveautés comme parmi les prototypes, par le nombre de jeux utilisant le son. Sound Maker, Sound Box, le prototype de Tracks par Juan Rodriguez et Christian Rubiella… C’est peut-être la prochaine tendance du jeu de société.
Camille et moi venions de recevoir nos exemplaires de Trollfest, où l’on ne fait pas de son mais qui parle de musique. Je l’ai donc fait un peu tourner et il m’a semblé très apprécié. L’éditeur, le tout jeune Trick or Treat Games, m’avait aussi envoyé d’autres de ses nouveautés pour que je les présente aussi aux quelques éditeurs européens présents qui pourraient vouloir les « localiser », mais il semble que le colis se soit perdu en route… Je les ai au moins fait jouer à Trollfest.
J’ai réalisé un peu tard que les quatre boites de mon autre nouveauté, Vabanque, que j’avais apportées étaient toutes quatre sous cello, et que personne n’avait osé les prendre sur la table des prix pour les ouvrir. Du coup, cette autre nouveauté dont je suis assez fier et qui est superbement éditée n’a pas été jouée du week-end…. C’est un peu dommage. Mais, bon, Fabien Riffaud a pris l’une des boites sur la table des prix, y a joué avec ses enfants en rentrant, ils ont beaucoup aimé, et il m’a quand même envoyé une photo
À propos de la table des prix, certains des nouveaux n’avaient pas entendu les consignes demandant à ceux qui partaient avant samedi de ne pas prendre de grosse boite qui pourrait faire des jaloux. Les deux grosses boites de l’édition anniversaire des Aventuriers du Rail, ainsi que l’une des deux boites de Carnegie, n’étaient donc déjà plus là samedi matin. Ce n’est pas bien grave, mais je l’écris ici pour que tout le monde retienne la leçon pour l’an prochain.
Pour ma part, je suis parti avec Gutenberg, par curiosité, et Paquet de Chips, que j’adore.
Un grand merci à tous les éditeurs qui avaient apporté ou envoyé des jeux, d’Atlas Games à Z Man Games. Je ne vais pas me risquer à faire une liste complète, j’en oublierais !
De retour à Paris, en déballant mes cartons, je n’ai pas trouvé ma boite de Loco Momo, que d’autres doivent avoir emporté. En revanche, j’ai un Age of Civilization et des Gardiens de Havresac qui ne sont pas à moi.
Très pris par mon bouquin sur les licornes, et peut-être aussi un peu fatigué, je n’avais pas eu depuis longtemps d’idées vraiment originales pour de nouveaux jeux. Étourvy a dû débloquer un truc, car quelques-unes me sont venues sur le chemin du retour. Je vais essayer de ne pas les oublier et de me mettre au boulot….
(D’autres photos en bas de cette page)
Being back in Étourvy after a two years break was, I think, great for everyone. At least it was great for me.
Whether it was the remnants of the health crisis or a heavy and lasting trend, there were very few foreign attendees. Many of the regulars from all over the world did not join this year, and I regret it – at the Polish team from Portal came in force. Of course, a few ones still sent games for the prize table, but it’s not the same thing. Flying is bad and we will certainly very soon have to ration it, but it is also politically urgent to start again mixing people, languages, cultures and games. I’m not sure how we can reconcile these two urgent necessities.
Other regulars, Kristine and Jean-Marc, were not here because they are not here any more. Sad.
Every cloud has a silver lining, and I seized the opportunity to invite a few more French people, old and new friends, young promising game designers like Anthony Perone or Oussama Khelifati, pubishers who hade never been here before and I didn’t know that well, like Origames, as well as game reviewers or journalists from various more or less rival denominations. As a result, the public was more French than before, but also more feminine since the generation of gamers and game designers is less overly male than the former ones.
The team at Etourvy was also happy to see us back, and even treated all of us with Champagne and Kir on Friday night. Many thanks to them for their hospitality and their hard work. Many thanks also to the small team which helped me organize this week-end, first of all Camille who took care of beer, soft drinks and snacks but also everyone who was here with me on Monday to prepare everything – Cyril, Vincent, Didier and Sebastien.
By the way, Camille, also codesigner of Trollfest, is one of the very few, may be even the only one, French literary proofreaders who knows everything about boardgames and role playing games. If you have French translations which need proof reading, just ask me and I’ll forward you to her.
Many thanks also to all those who organized various events, Isabelle and Sebastien’s Murder Party, The big Two Rooms and a Boom game, the Poker tournament, the Unmatched tournament, the Karaoke, the Adventures of René, and probably other stuff I forgot. We missed Laurent Escoffier, who’s the best at organizing strange massive outdoor games, but we still managed to play a few big games in the turf. The many boomers in the attendance played a “Dead or not dead” quizz Hose results were impressive. The two only characters from the last century on which a majority of players were wrong were Henry Kissinger and Mikhail Gorbachev, both alive and well.
The traditional Brouhaha was played this year with a handicap, mouth openers – which, by the way, could improve many communication games. Turtle Wushu became Frog Wushu, which sounds more logical – Frogs are better jumpers than Turtles.
Kei Kaijino’s Scout was the most played light game at the beginning of this five days long week-end, but it was slowly outdone by Theo Rivière and Mathieu Aubert’s Bag of Chips, which is also my discovery of this years’s ludopathic gathering. I incidentally learned that this subtle betting game was first shown to the publisher a few years ago in Etourvy.
The most played big games were clearly Paul Dennen’s Dune Imperium, which is not really new anymore, and Matthias Wigge’s Ark Nova. It doesn’t look like my kind of games, but it was a hit with hardcore gamers.
Among the many midweight new games, Aske Christiansen’s Living Forest, Roberta Taylor’s supercute Creature Comforts were probably the most played.
Every year, an older and more or less forgotten game becomes a surprise hit, no one knows why. This year, it was Krazy Wordz (by a bunch of designers with German names), which I would love to see back with more convincing components. The people at Asmodee had brought Challengers, a light, simple and subtle deckbuilding game… which sounds very bland from just reading the rules. I hope they’ll find a way to convey how fun it can be.
I was surprised by the several recent games and prototypes making use of sounds – Sound Maker, Sound Box, the prototype of Tracks. May be it’s the next gaming craze.
Camille and I had just received our author copies of Trollfest, which doesn’t make use of sound but is about music, and it was also a hit. The publisher, Trick or Treat games, had also sent other of his new games to be played in Etourvy, so that I could show them to French or other European publishers interested in localizing them, but it looks like the parcel got lost somewhere. Well, I tried to have them, at least, play Trollfest.
I realized a bit too late that the four copies of my other new big box game, Vabanque, were all still wrapped and that no one had dared take one from the prize table and open it to play. My fault. As a result, this new and gorgeously published game, of which I am realy proud, was not played at all. Anyway, Fabien Riffaud took one of the copies from the prize table, played it with his kids when back, they loved it and he sent me a picture…
Speaking of the prize table, some of the newbies didn’t hear me asking that leaving before saturday not to take any big box which could make late comers jealous. As a result, the two big Ticket to Ride anniversary editions and one of the two copies of Carnegie were gone by Saturday morning. Never mind, but I write it here so that everyone will remember of it next year.
I took Gutenber, by curiosity since I have not played it, and Bag of Chips, which I realy like.
Thanks to all th publishers, from Atalas Games to Z Man games, who had brought or sent games. I won’t risk making a full list, I’m sure I would forget some.
When opening my crates back in Paris, I didn’t find my copy of Loco Momo, someone must have left with it. On the other hand, I have a copy of Age of Civilization and another one of Les Gardiens de Havresac which don’t belong to me….
Being very busy with my unicorns book, and may be also a bit tired of games, I had not had fresh gaming ideas for a while. Etourvy unblocked something, and I thought of a few things on the way back. Now, I’ll try not to forget them and to get back to work.