Un faux et un vrai reportage
Practice coverage and true one

Bart est un ami, qui a fait des études pour devenir journaliste télé. En février 2014, dans le cadre de sa formation, il devait faire un reportage sur un personnage un peu original, et c’est moi qui m’y suis collé, d’abord au festival du jeu de Cannes, puis dans mon appartement parisien. Maintenant qu’il a son diplôme, on peut publier le reportage, que voici.
J’aurai juste un petit reproche à lui faire – il aime bien filmer en contre-plongée, et ça donne l’impression que j’ai du ventre – bon, j’en ai peut-être un peu, mais moins que ce que l’on pourrait croire en regardant ce petit reportage….

En février 2017, à l’occasion du même festival, un vrai journaliste est passé chez moi pour réaliser un peu le même reportage. Je suis cependant certain que lorsqu’il m’a demandé pourquoi j’étais encore prof, j’ai donné ma réponse habituelle, en deux parties. La seconde raison est donc que j’aime ce boulot, mais ça ne devait pas être dans la ligne éditoriale de M6.


Bart is a friend who finished in 2014 his studies to become a TV journalist. In Spring, for his final exam, he had to shoot a short coverage of some strange and interesting guy – and he chose me as his subject, filming me first at the Cannes game festival, then in my parisian apartment. Now that he got his degree, I can make it public – of course, it’s in French.
I have only one issue with this coverage – Bart likes low-angle shoot, and it makes me look more paunchy than I really am.

Three years later, in February 2017, a true journalist visited me before the Cannes festival to shoot more or less the same coverage. My only issue this time is that I’m quite sure that when he asked me why I’m still teaching, I had two answers. The second one was that I love my job, but it probably didn’t fit with the channel’s editorial policy.

Osaka Game Market

Je reviens d’un week-end au Japon lors duquel j’ai participé au Game Market d’Osaka, qui m’a donné l’occasion d’observer de près, quoique rapidement, le minimalisme japonais en matière de jeu de société, dont j’ai décrit l’émergence dans un autre article de ce blog, il y a cinq ans de cela.

Osaka n’est pas vraiment une ville touristique, et le quartier de Cosmo Square, où se déroulait le salon, est un bel exemple d’architecture grandiloquente des années soixante-dix, tours froides et bulles creuses sur vastes dalles de béton.
Dans un hall parfaitement rectangulaire, de nombreux petits éditeurs, présentaient leurs dernières créations. Le public, nombreux, était encore plus masculin qu’en Europe et aux États-Unis. Le salon ne durait qu’une journée, les allées étaient bondées, beaucoup de jeux n’avaient de règles qu’en japonais, et je n’ai donc pu jeter qu’un coup d’œil rapide, incomplet et superficiel. La tendance au minimalisme se confirme clairement, la quasi-totalité des jeux en vente, souvent édités à compte d’auteur, étant des jeux de cartes dans de petites boites rectangulaires. Graphiquement, on peut clairement distinguer deux écoles, la tendance baroque manga/anime tout en couleurs vives, et la tendance abstraite/minimaliste aux couleurs tout aussi vives mais moins nombreuses et moins mélangées. Quel que soit le style graphique, un jeu sur trois environ semble avoir pour thème les chats.

N’étant au Japon que pour un week-end, j’avais une petite valise, et n’ai pas pu rapporter grand chose. J’ai donc acheté un peu au hasard une dizaine de jeux ayant des règles en anglais, ou dont on m’a promis que les règles en anglais seraient bientôt sur le BGG.

Aucun éditeur européen ou américain n’était présent, et le marché japonais reste visiblement un peu à part. Quelques éditeurs, comme Arclight ou Hobby Base, importent ou traduisent des jeux occidentaux, qui sont les seules grosses boites que j’ai pu voir sur le salon. D’autres éditeurs, comme Japon Brand, s’efforcent plutôt de trouver des éditeurs occidentaux pour adapter les meilleures créations locales. Oink semble le seul à chercher, avec un certain succès, à publier à l’identique des jeux au look minimaliste pour les marchés japonais et occidentaux – j’aimerais bien avoir un truc chez eux un jour, car j’aime beaucoup leur style. De plus en plus d’éditeurs européens ou américains font aussi leurs courses sur les petits salons japonais, mais ils préfèrent le Game Market de Tokyo, plus grand, qui se tient dans un mois – il faudra aussi que j’y aille un jour.

Même les jeux occidentaux, qui sont aujourd’hui largement les mêmes en Europe et aux États-Unis, ne sont pas les mêmes au Japon. Mon Vabanque vient de ressortir là bas alors qu’il n’est plus disponible en Europe depuis une quinzaine d’années. Parmi les jeux les plus joués sur le salon, j’ai remarqué Gangsi, une réédition chinoise de la Pyramide de Marcel-André Casasola-Merkle, et le bon vieux Fantômes d’Alex Randolph, un peu oublié chez nous, auquel j’ai eu grand plaisir à rejouer.


Avec Seiji Kanai et Hisashi Hayashi

L’après-midi, j’ai participé à une discussion avec deux des plus grands auteurs japonais, Seiji Kanai et Hisashi Hayashi, et celui qui a été l’initiateur du renouveau du jeu de société au Japon, Nobuaki Takerube. Nous avons beaucoup parlé de Citadelles, de Love Letter, de minimalisme, de l’histoire et des perspectives du marché du jeu au Japon.

Ce fut aussi l’occasion d’annoncer ma première vraie collaboration avec un auteur japonais, la nouvelle édition de Greedy Kingdoms, de Hayato Kisaragi, qui n’était malheureusement pas présent. Ce petit jeu de bluff pour deux joueurs, qui fait un tout petit peu penser à Citadelles, sortira cette année chez AEG. Plus d’infos là dessus bientôt….


I’m back from a week-end in Japan, where I attended the Osaka game market. Five years ago, I had described here the emergence of a « Japanese minimalist school » of game design. This was a good opportunity to have a closer (but too short) look at it.

Osaka is not really a tourist venue, and the Cosmo Square district, where the even was taking place, is a typical example of grandiloquent architecture from the seventies, with cold towers and hollow bubbles standing over overlarge concrete esplanades.
In a perfectly rectangular hall, scores of small publishers were demoing their latest offerings for an overwhelmingly male attendance. The fair lasted only one day, the alleys were overcrowded, most games had rules only in Japanese, so my impression is necessarily partial and superficial. The minimalist trend is still very strong. Most of the games on sale were self published card games in small one or two deck size boxes. Graphically, there are clearly two schools, a baroque one inspired by manga and anime, with lots of bright colors, and an abstract minimalist whose bright colors are less numerous and more clearly separated. No matter their graphic style, more or less one game in three was about cats.

Since I was in Japan only for a few days, I had a small suitcase and could not bring many games back home. I bought nine, more or less at random among the few ones with english rules or whose english rules I’ve been promised will soon be uploaded on BGG.

There was no western publisher there, and the Japanese boardgames market is still clearly apart from the western one. A few publishers, like Arclight or Hobby Base, import or localise western games, which were the only really big boxes to be seen. Other ones, like Japon Brand, try to find western publishers for the best Japanese designs. Oink seems to be only publisher trying, with some success, to publish the same minimalistic looking games on both western and Japanese markets – I’d love to have them publish one of my games, since I really like the look of their boxes. More and more European or American publishers are also trying to find original designs in Japan, but they mostly go to the bigger Tokyo game market, one month later. I should also go there some day.

Even western games, which are now mostly the same in the US and in Europe, are not the same in Japan. My Vabanque, which has not been available in Europe for fifteen years, has just been republished there. Among the most played games on the fair were a Gangsi, a Chinese version of Marcel-Andre Casasola-Merkle Pyramid game, and Alex Randolph’s good old Ghost, which is almost forgotten here and which I had great fun playing again.


With Seiji Kanai & Hisashi Hayashi

In the afternoon, I took part in a public discussion with two of the most influential Japanese designers, Seiji Kanai and Hisashi Hayashi, and the originator of the Japanese boardgames renaissance, Nobuaki Takerube. We talked about Citadels, Love Letter, minimalism, and of the history and perspectives of boardgames in Japan.

It was also a good opportunity to announce my first collaboration with a Japanese game designer, the development of a new version of Hayato Kisaragi’s Greedy Kingdoms. this small two player bluffing card game, which feels a bit like Citadels, will be published later this year by AEG. More about this soon…


日本語翻訳

Compte rendu du festival des jeux de Cannes
Cannes game fair report


Un petit tour de mes nouveautés avec Isabelle Doll, du petit point Geek.

Je n’aime pas trop l’affiche du festival des jeux de Cannes cette année. Je tiens en effet beaucoup à l’idée que la vie n’est pas un jeu, et que les jeux ne sont pas du tout la vie. “Tout ce qui n’est pas du tout la vie” est même pour moi la meilleure définition du jeu. Mais bon, c’est un détail, et cela ne m’a pas empêché d’aller à Cannes, pour y croiser pas mal d’amis du petit monde du jeu, pour présenter mes nouveautés, pour faire le tour des éditeurs avec quelques prototypes, très peu nombreux car j’avais casé tout ce que j’avais dans mon sac à Essen.

Mon compte rendu va être très succinct, car je suis fatigué, un peu enrhumé, et j’ai plein de trucs à faire dans les jours qui viennent. Des copies à corriger, des prototypes à refaire après que j’ai laissé les miens à des éditeurs, des prototypes à refaire après y avoir joué et changé la moitié des règles, et tous les jeux que j’ai achetés ou que l’on m’a offerts à déballer.


J’explique les règles de Dragons

Les éditeurs de mes trois nouveautés, Dragons (Matagot), Chawai (Superlude) et Small Detectives (Pixie) semblaient s’être donné le mot et avaient installé leurs stands dans le même coin du salon, ce qui m’a évité pas mal de déplacements. J’ai pas mal fait tourner les trois jeux, qui m’ont tous semblé être bien reçus, et j’ai signé plein de boites. J’ai juste regretté un peu que Pixie n’ait pas apporté de boites du Kamasutra, jugeant le public de Cannes un peu trop familial.


Un joli chat explique celles de Chawai

Arrivé mercredi soir, juste à temps pour la sympathique soirée des amis de Sortilèges – il faudra un jour que j’aille les voir à La Réunion. Jeudi, journée pro, une nouveauté très appréciée qui nous a permis de déambuler dans les allées du salon et de faire des bises à droite et à gauche sans être perdus dans la foule. Jeudi soir, j’ai zappé la cérémonie des As dOr et ai fait un tour au off, où j’ai surtout fait tourner le prototype des petites boites, qui s’améliore après chaque partie.


Small Detectives

Vendredi, quelques rendez-vous avec des éditeurs mais, surtout, des démos et dédicaces de mes nouveautés. soir, j’ai Le soir commencé par la soirée Iello, poursuivi avec les10 ans de Libellud, et terminé sur la plage pour la soirée Asmodée; je suis quelqu’un de très diplomate. Samedi, après l’AG de la société des auteurs de jeux, j’ai laissé chez des éditeurs quelques petits prototypes malins mais sans grande ambition, et j’ai enfin pu voir la maquette du Petit Poucet, une nouveauté conçue avec Anja Wrede qui devrait sortir cet automne. Le soir, un tour au bar du Carlton, très agréable, puis soirée Repos Prod. Dimanche, encore des rendez-vous, le tout dernier étant avec Vincent Dutrait, Kevin Kichan Kim et toute l’équipe que j’avais croisé à Séoul il y a quelques mois – on a des projets en commun, j’en reparlerai un de ces jours.

Je n’ai pas eut le temps de jouer à grand chose en dehors de mes nouveautés et prototypes, mais j’ai laissé traîner un eu mes oreilles pour savoir quelles étaient les nouveautés dignes d’intérêt. Les jeux qui m’ont semblé faire le buzz, en tout cas dans mon entourage, étaient Decrypto, Who Dit It?, Kingdom Run, The Mind et Bahamas. J’ai acheté les trois premiers, je n’ai pas réussi à trouver le stand d’Oya pour acheter The Mind, et Bahamas n’était qu’un prototype, il parait cet automne..


I don’t like this year’s poster for the Cannes game fair – Life is a game. It has always been important to me that life is not a game, and that games are not life. The best definition for games is probably “everything which is absolutely not life”. Anyway, it’s a small detail, and it didn’t prevent me from attending the Cannes game fair. It’s a good oportunity to meet old friends from the small gaming world, to demo, sign and promote my new games, and to pitch my few prototypes to publishers. I had actually very few prototypes because I was quite successful last fall in Essen, where most of y recent designs found a publisher.

My  report will be very short. I’m tired, a bit snuffly, and I’ve tons of things to do in the coming days. I’ve student papers to mark, prototype to reprint after giving them to publishers, prototypes to update after playing them and changing half the rules, and new games I’ve bought or been offered to unbox.


Presenting Dragons

The publishers of my three new games, Dragons (Matagot), Chawai (Superlude) and Small Detectives (Pixie) had been kind enough to set there booths next one to the others o that I didn’t have to walk too much through the crowded alleys. I’ve demoed the three games a lot, I’ve signed scores of copies, and I think they were all well received. I regretted that Pixie, because the Cannes attendance was mostly families, didn’t bring copies of Kamasutra.


A game of Dolores

I arrived on Wednesday, just in time for the Sortilèges party. Some day, I have to visit them at La Réunion. Thursday was the pro day, a really good innovation, allowing us to walk through the alleys and meet everyone before the crowd gets in. On Thursday night, I skipped the As d’Or ceremony to attend the off, where designers old and young play their prototypes. I mostly played one, the one with many little boxes, which gets better at every iteration. On Friday, I had some appointments with publishers to pitch my prototypes, but I mostly demoed Dragons, Chawai and Small Detectives. Friday night, I attended successively the Iello party, the libelled ten years party and the Asmodee party – that’s called Diplomacy, I should make a game about it.


With Mathilde, from Gigamic, at the Iello party

Saturday, after the general assembly of the French game designers’ union, I let a few prototypes, only very small stuff, with publishers, and I finally saw the publisher’s mock-up of Little Thumb, codesigned with Anja Wrede, which ought to hit the shelves next fall. Saturday night, I spent a nice time at the Carlton bar before joining the Repos Prod party. My last appointment on Sunday was with the Koreans, Vincent Dutrait, Kevin Kichan Kim and their friends – we have some common projects, more about this one of these days.


Chawai

Too busy with my own stuff, I didn’t have much time to play other designers’ new games, but I tried to listen here and there. The games who were generating the most buzz, at least among my friends, were Decrypto, Who Did It?, Kingdom Run, The Mind and Bahamas. I bought the three first ones, I could not find the Oya booth to buy The Mind, and Bahamas was only playable as a prototype, and should be published next fall.


Little Thumb

Festival du jeu de société de Lillebonne

J’étais ce week-end à Lillebonne, près du Havre, pour un tout petit et très sympathique festival de jeu dont j’étais un peu la vedette. J’avais quatre tables pour moi tout seul, sur lesquelles j’ai fait beaucoup tourner mes dernières nouveautés, Chawaï, Junggle et Small Detectives, et quelques prototypes à paraître ou encore en développement. Le public étant très familial, j’ai aussi pas mal expliqué Diamant, mais n’ai pas sorti Kamasutra.


Dragons, à paraître chez Matagot.

Plusieurs joueurs ont voulu discuter de mon dernier article sur les jeux de course, et je suis content de voir que je ne suis pas le seul à regretter que ce genre ne soit pas plus mis en avant. Du coup, si je trouve le temps, je vais le reprendre demain ou après demain pour ajouter quelques commentaires, et parler de quelques jeux que j’avais oublié ou négligé. le meilleur nouveau jeu que j’ai découvert sur ce salon est d’ailleurs un petit jeu de course faussement enfantin, Grand Prix.



Petite réunion de la société des auteurs de jeux

Je n’ai jamais vraiment su me servir d’un appareil photo, et n’y trouve guère de plaisir, mais l y avait là aussi mon ami Gwenaël Bouquin, le deuxième auteur de King’s Life, qui sait très bien se servir d’un appareil photo, et qui m’a envoyé la plupart de ces quelques images.


Onitama, une chouette découverte qui prend un peu la tête.



Small Detectives

I was last week-end in Lillebonne, a small and cosy town near Le Havre, for a small and nice game festival, in which i was the guest star.I had four tables to show my games, and used them mostly to demo my new games, Small Detectives, Junggle and Chawaï, and to play a few prototypes at various stages of development. The attendance was mostly families with children, so I explained Diamant several times and didn’t play Kamasutra.


Two prototypes in development, in two very different styles.

Several gamers wanted to discuss my last article about Race games, and I’m glad to know that I’m not the only one thinking that this genre deserves more exposure. As a result, if I find time for this, I will rework this article one of these days, adding some thoughts and a few games I forgot or neglected so far. Also, the best new game I discovered there happens to be a race game, cute but less childish than it looks, Grand Prix.


Santa’s Little Elves, a marxist and feminist bluffing card galme.

I’m not good at taking pictures, may be because I don’t really like it, but my friend Gwenaël Bouquin, with whom I designed King’s Life, was there, and he’s really good at it. He shot most of these pictures.


Grand Prix

Compte rendu d’Essen 2017
Essen 2017 report


On a commencé dans le train avec des gens d’Asmodee qui passaient par là.

Ces dernières années, le salon d’Essen avait été un peu avancé, et se déroulait mi-octobre, donc une ou deux semaines avant les vacances scolaires de Toussaint. Du coup, comme je suis toujours un peu prof, même si ce n’est qu’à mi-temps, je ne pouvais plus m’y rendre régulièrement comme je le faisais dans les années 90 et 2000. Cette année, la grande messe était de nouveau à la fin du mois, et j’ai donc refait le voyage. Ça tombait plutôt bien, puisque j’avais une nouveauté chez Repos Production, Secrets, qui m’a permis de me faire inviter par un éditeur qui ne fait pas les choses à moitié et loge ses hôtes à l’Atlantic, l’hôtel de luxe situé à quelques pas du salon. Un hôtel Atlantic dans la Ruhr, c’est un peu curieux, ce doit être de l’humour allemand.


Il se passe de drôles de choses dans mon hôtel.

Cette année, j’ai un peu regretté de ne plus voir mes amis de Heidelberger, qui m’avaient les premiers invité sur ce salon en 1994 ou 1995, quand ils avaient traduit Tempête sur l’Échiquier en allemand. Heidelberger est racheté par Asmodée, Harald est mort par surprise, et j’ai trouvé en rentrant une sympathique lettre de Petra annonçant qu’elle s’en allait. En revanche, j’ai failli écrire à l’inverse, il y avait le tout Asmodée, qui m’a accueilli en rigolant comme le « dézingueur de logo ». J’avais en effet la veille du salon posté sur Facebook que je n’aimais guère le nouveau logo du groupe, ni très ludique ni très démoniaque. Quand j’écris sur un jeu, j’ai trois likes et deux commentaires, quand j’écris sur un logo, tout le monde commente, en rajoute, et reposte ! On m’a dit que c’était même remonté jusqu’au big boss.

Le salon a grandi, les jeux sont toujours plus nombreux. J’étais perdu dans la foule, et mes nouveautés un peu noyées dans la masse.
J’avais un emploi du temps bien chargé, avec même deux petits déjeuners de travail, concept que je ne peux pas m’empêcher de trouver un peu pervers. J’ai bien sûr passé pas mal de temps chez Repos production à signer des boites de Secrets, je leur devais bien ça, mais je me suis débrouillé pour faire aussi une séance de dédicaces chez les éditeurs de chacune de mes autres nouveautés.

Chez Blue Orange, mon Nutz! est passé un peu inaperçu, coincé entre les Queen et les King domino. Chez les Pixie, une petite boite qui monte très vite, j’ai fait quelques parties de Small Detectives. Matt, de Vice Games, encouragé par le succès du jeu aux États-Unis avait fait le voyage pour vendre quelques boites de Kamasutra et chercher des distributeurs, ce qui s’annonce plutôt très bien. Pareil pour King’s Life, chez Pandasaurus, dont je n’ai pas trouvé tout de suite le stand perdu au fond du hall 8.


Small Detectives, avec Charles Chevalier

Matt fantastic se repose entre deux parties de Kamasutra…

Le reste du temps, j’avais des rendez-vous toutes les heures, voire toutes les demi-heures, pour discuter un peu des jeux qui vont sortir et, surtout, pour tenter de trouver des éditeurs pour mes trois dernières créations. Rien n’est sûr, mais je pense avoir fait quelques touches. J’ai eu aussi deux bonnes séances de brain storming avec Eric Lang et Anja Wrede, qui devraient avoir relancé des projets qui tournaient un peu au ralenti. On verra ça après les vacances, car la semaine qui vient va être encore bien chargée.


À sortir bientôt chez Matagot…

Deux restos : Plan B et Hans im Glück. Devinez où on a dîné.

Du coup, je n’ai guère eu le temps de jouer aux innombrables nouveautés parues sur le salon, et n’ai même pas vraiment cherché à savoir ce qui faisait vraiment le buzz. J’ai juste remarqué, chez des éditeurs amis, que les boites de When I Dream, Seeders of Sereis, Photosynthesis, Queendomino, Coaster Park, Meeple Circus et Dragon Castle partaient comme des petits pains, mais il y avait peut-être des trucs qui partaient encore plus vite ailleurs. Rentrant en train, je n’ai rapporté qu’une seule grosse boite, Dragon Castle offert par mon ami Lorenzo Silva, et j’ai demandé aux autres de me les envoyer, sans bien savoir lesquels l’ont noté et lesquels vont oublier. J’ai acheté à droite et à gauche, un peu au pif, des toutes petites boites, surtout des trucs un peu exotiques que j’aurais du mal à trouver ensuite, des jeux de petits éditeurs chinois, japonais ou coréens. J’ai commencé à les regarder dans le train du retour, certains ont l’air intéressants, d’autres moins. Une journée de repos, je repars demain.



In the train to Essen, I met a few Asmodee people.

These last years, the Essen fair took place earlier, mid-october, and didn’t fit with my school holidays. Since I’m still a part time teacher, this meant I could not attend it as I used to in the nineties and 2000s. This year, the big German game fair was back in late October, so I was back there. Luckily, I was invited by Repos Production, a publisher who doesn’t do things by half, which meant I had a room at the Atlantic, the big and expensive hotel just next top the fair. I always wonder how there can be an Atlantic hotel in central Germany, but this must be German humor.


Strange things happening in my hotel.

This year, I was a bit sad not to see my old friends from Heidelberger, who had invited me the first time I went there, in 1994 or 1995, when they had just published a German version of Knightmare Chess. Heidelberger has been bought by Asmodée, Harald died unexpectedly, and I just found, back home, a kind letter from Petra telling she is leaving. On the other hand – or should I say on the opposite – all Asmodee was there, and when arriving at the hotel I was hailed as the « logo killer ». The day before, I had posted on Facebook that I didn’t like the new Asmodee logo. When I post something about a game, I have three likes and two comments. When I post about a logo, everyone comments, loves and forwards !
 I’ve been told it was even reported to the big boss !

The fair is still becoming bigger. I was lost in the crowd, as were my games.
I had a very busy schedule, starting with business breakfasts, something I find a bit disturbing, if not perverse. I spent much time at the Repos booth, signing copies of Secrets every day, but I also manages to hold one signing or demo session of each one of my other new games.


At Blue Orange, Nuts was a bit squashed between the King and Queendominos. The very first copies of Small Detectives were on sale at Pixie games, a small and fast growing French publisher and distributor. matt Fantastic, at Vice games, had been encouraged by the success of Kamasutra in the US to make the trip to Essen with a few copies to sell, but mostly to look for distributors. It seems to be going very well. Same for King’s Life, at Pandasaurus, even when I first didn’t find their booth, lost in the depth of the mysterious Hall 8.


Small Detectives, with Charles Chevalier

Matt fantastic having a rest between two demos of Kamasutra…

I had meetings almost every hour, sometimes every half hour, with various publishers either to discuss upcoming games or to pitch the three new designs I had with me. There’s nothing certain yet, but but two of them might have found a home. I also had two invigorating brain-storming sessions with fellow game designers Anja Wrede and Eric Lang, and old stalled projects might get a new start. Well, we’ll see when holidays will be over, in ten days.


One of my upcoming games, to be published by Matagot

Two restaurants : Plan B and Hans im Glueck. Guess where we had dinner.

This meant I didn’t have the time to play any of the new games published at the fair. I even didn’t really try to see which games were buzzing. I only noticed at friends’ booths that When I Dream, Seeders of Sereis, Photosynthesis, Queendomino, Coaster Park, Meeple Circus et Dragon Castle were selling like croissants (that’s what we say in french and it makes more sense than selling like hell), but there might have been games selling even better somewhere else. Since I was coming back by train, I could not bring back much games, at least no big boxes. I took only one, Dragon Castle, a gift from my friend Lorenzo Silva, and asked a few publishers if they could send me one or two. No idea which ones took notice and which ones will forget about it. The only games I bought were very small boxes by small and mostly exotic publishers – Chinese, Japanese, Koreans – which I might not have an opportunity to find later. I’ve started to look at them in the train, some of them look really interesting, others don’t. I’ve one day home to sleep, and I’m traveling again tomorrow.

Mon compte rendu de la Gen Con 2017
My 2017 GenCon report

Politique

Je suis arrivé aux États-Unis le lendemain des événements de Charlotteville, qui étaient le grand sujet de discussion. Comme assez souvent, je me suis retrouvé devoir essayer d’expliquer les grilles de lecture européennes aux américains, et inversement. En effet, si le racisme aux États-Unis est un peu différent de ce qu’il est en Europe, l’antiracisme est lui complètement différent.
Pour un américain, être antiraciste c’est vouloir l’égalité des races, considérées comme des réalités incontournables, voire comme des identités à défendre. Pour un européen, surtout dans les pays latins, être antiraciste c’est nier l’existence de races humaines, considérées comme un fantasme dangereux et sans fondement scientifique. Du coup, l’antiraciste américain apparait à l’européen comme un raciste soft et gentil, et l’antiraciste européen est aux yeux de l’américain un grand naïf. Les deux reproches sont sans doute un peu fondés. Discutant des événements de Charlotteville, le chauffeur de taxi qui m’a amené à Roissy disait que « les races, c’est un truc de chien, pas d’hommes », tandis qu’un employé d’hôtel d’Indianapolis m’a assuré que « Dieu a créé toutes les races égales » (ce qui colle mal avec l’histoire d’Adam et Eve, mais bon, je n’allais pas engager un débat théologique avec un américain).
Universaliste par tempérament, je me méfie de l’obsession identitaire et communautaire à l’américaine, de la tribalisation qui mène à la violence. Je ne peux qu’espérer, sans trop y croire, que les événements de Charlotteville vont conduire la gauche américaine à réaliser que les identités sont le problème et non la solution. Je m’inquiète plutôt de voir la vision tribale du monde s’insinuer de nouveau en Europe, que l’on pouvait penser vaccinée par l’histoire contre les identités collectives un peu trop fortes. En même temps (comme dirait Macron😀) on ne lutte pas contre une réalité sociale en refusant de la voir, et se regrouper est parfois, à court terme au moins, la meilleure manière de se défendre.
L’attentat de Barcelone a été beaucoup moins discuté aux USA que les événements de Charlotteville ne l’ont été en Europe. C’est un peu dérangeant, mais cela s’explique peut-être en partie par l’habitude. Les attentats de Ouagadougou, eux, ont a peine été signalés, ce qui est encore plus dérangeant. Il reste que tous ont, au fond, la même origine – quelques allumés pensant qu’ils doivent être fiers d’une identité fantasmée qui les rendrait différent du reste de l’humanité.

Minneapolis

Comme ces trois ou quatre dernières années, j’ai passé les trois premiers jours à Roseville, accueilli par la sympathique équipe de Z-Man Games, et plus largement d’Asmodee (sans accent) North America dans une zone industrielle au milieu de nulle part dans la banlieue de Minneapolis.

On a joué à mes prototypes, dont certain ont suscité un certain intérêt, et à quelques unes des dernières nouveautés et des jeux à venir de Z-Man. J’ai particulièrement apprécié un proto de Florian Fay dont on n’a pas encore le droit de parler et sur lequel il y a encore pas mal de boulot, Smile, un petit jeu de cartes de Michael Schacht, et NMBR9, que je connaissais déjà. Moi qui n’aime pas trop Splendor, et de manière générale le style un peu froid de Marc André, j’ai bien aimé Majesty, un jeu avec de l’interaction et un vrai thème. Discutant de jeux à deux joueurs avec Steven Kimball, j’avais presque réussi à le convaincre de faire une nouvelle édition de Greedy Kingdoms, de Hayato Kisaragi, et de me laisser faire le développement pour lequel j’avais quelques idées. Malheureusement, j’ai appris le soir que les japonais avaient déjà revendu leur jeu à AEG….

Indianapolis


Downtown Indianapolis vu depuis ma chambre au 27ème étage

Changement de rythme après l’arrivée à Indianapolis, caricature de ville américaine à l’architecture brutale plantée au milieu de la brousse. La 50ème GenCon a attiré 70.000 visiteurs, un record. Les auteurs, éditeurs, distributeurs et même fabricants de jeux du monde entier étaient là, seuls les illustrateurs me semblant peu représentés, à l’exception de peintres fantastiques très américains. Beaucoup de français, et pas seulement des asmodéens. Avec une telle foule, les hôtels ne se gênaient guère et la chambre d’Antoine Bauza, arrivé un jour plus tard que prévu, avait déjà été attribuée à un autre. Du coup, je l’ai hébergé deux nuits dans la mienne, ce qui nous a permis de commencer à bosser sur un nouveau petit projet.


Au bar du JW Marriott vec Merry Nowak-Trzewiczek, Eric Lang et une partie de l’équipe CMON.

Tout ce qui gravite autour d’Asmodée, de FFG, de CMON, avec donc un grand nombre de français, avait pour quartier général le bar du JW Marriot, le grand hôtel le plus proche du salon. Ça buvait pas mal, ça parlait plus de jeux que ça ne jouait vraiment. Soirée Iello jeudi, soirée Asmodée vendredi, j’apprécie de ne pas avoir à choisir mon camp.

Les nouveautés

Cinq ou six-cent nouveaux jeux de société étaient présentés sur le salon. C’est beaucoup, peut-être trop. Heureusement, cette année, aucun jeu n’a suscité l’enthousiasme général au point d’accaparer toute l’attention. Pas de big hit, donc, ce qui a permis à pas mal de jeux de se faire remarquer. Je n’ai eu le temps de jouer à rien, mais j’ai entendu dire du bien de tous ceux là, dans le désordre :

et j’en oublie certainement. Quelques uns de ceux-ci, mais aussi pas mal de petites boites qui m’ont intrigué sans que je trouve le temps d’y jouer, sont dans le gros colis que FFG, pardon Asmodee North America, se charge gentiment de m’envoyer bientôt.
Côté styles, certaines des tendances que je constatais dans mes considérations d’avant salon se confirment nettement. Beaucoup de jeux de coopération, beaucoup de jeux narratifs, de plus en plus d’auteurs japonais, et une opposition très nette entre les petits jeux de cartes élégants et les grosses boites au look baroque et au matériel aussi inutile que tapageur. La gamme intermédiaire se fait plus rare. Côté thème, c’est le retour de la science fiction, avec souvent un look très seventies, mais l’heroic fantasy résiste.

Mes jeux à moi

Mon emploi du temps chargé consistait pour moitié en dédicaces et présentations de mes nouveaux jeux, Secrets, Junggle, King’s Life et Kamasutra, pour moitié en rendez-vous avec des éditeurs connus ou inconnus pour leur présenter quelques brouillons. Les deux stands sur lesquels j’étais le plus présent étaient celui de Z-Man, éditeur de Junggle, qui avait la gentillesse de m’héberger dans l’hôtel assez cher où tout se passe et tout se discute, et celui de Vice Games, éditeur de Kamasutra, parce que c’était rigolo.


Présentation de Junggle sur le stand Z-Man

Junggle, léger et familial, n’est sans doute pas le jeu le plus facile à présenter dans un salon très geek, surtout sur un stand occupé surtout par des trucs plus sérieux, plus conséquents et plus allemands. Les démos ont pourtant remporté un certain succès. Le dernier jour, je n’étais cependant plus très performant, ni dans les jeux de rapidité, ni dans ceux de mémoire.


Une partie de Secrets

Sans participer aux parties, plus longues, je faisais de temps en temps un saut à côté, dans l’espace joliment décoré où étaient présentées les nouveautés de Repos Prod, dont Secrets, ma deuxième collaboration avec Eric Lang. Les joueurs avaient toujours l’air de bien s’amuser et de ne pas se faire confiance, c’est bon signe.


King’s Life, chez Pandasaurus

Sur le stand de Pandasaurus, King’s Life était largement éclipsé par l’immense succès de Wasteland Express Delivery Service, mais j’ai quand même pu faire quelques parties dont une, à sept joueurs, restera un de mes meilleurs moments du salon. Cela confirme que ce jeu prend tout son sel quand les joueurs sont assez nombreux.


Kamasutra et Come Together, les deux jeux les plus chauds de la GenCon

Le stand de Vice Games n’était qu’une étroite bande de tissu noir derrière celui, plus conséquent, de leurs amis de Japanime Games, mais c’était l’un des coins les plus drôles et des plus animés de la GenCon. Pendant que Matt, en robe de Blanche neige, expliquait son jeu de cartes Come Together, j’ai animé quelques parties de Kamasutra, qui a été incontestablement l’un des jeux qui faisait parler d’eux. Les mignonnes illustrations de David Cochard, l’enthousiasme de Matt et un peu de bouche à oreille ont permis au jeu d’être sold out le dimanche matin.


On a fait jouer l’équipe du Boardgamegeek à Kamasutra

Il y a même eu des tournois improvisés, dont un que j’ai arbitré à la Game Nerds Night. Du coup, alors que personne il y a deux ans, puis l’an dernier, ne voulait publier ce jeu, pas mal de distributeurs potentiels se sont fait connaître cette année. S’il n’est pas trop tard, Vice Games va se débrouiller pour avoir un stand à Essen.


Préparatifs du tournoi de la Game Nerds night

Prospection

J’avais une douzaine de rendez-vous avec des éditeurs, du plus petit au plus gros, et une dizaine de jeux à présenter. Pour la première fois, j’avais fait le choix d’amener, outre mes brouillons et projets en cours, deux prototypes quasi finaux de jeux, Chawai et Small Detectives, qui vont sortir en France mais dont les éditeurs cherchent licenciés ou distributeurs outre Atlantique. Tout cela a suscité pas mal d’intérêt, ce qui laisse espérer quelques nouveaux jeux de Bruno Faidutti l’an prochain ou dans deux ans – on verra bien. Et puis, comme il ne faut pas renoncer à une bonne idée, je suis passé voir les gens d’AEG, que je ne connaissais pas encore, pour leur proposer d’ajouter mon grain de sel à Greedy Kingdoms.

Retour


Dimanche soir, un peu de repos dans les salons de l’hôtel.

Mon dernier rendez-vous était lundi matin pour un petit déjeuner de travail au Patachou avec Eric Lang. Malgré nos fatigues respectives après quatre jours épuisants passés à jouer, boire et discuter affaires, nous avons réussi à remettre sur les rails un projet avec des elfes et des trolls qui piétinait depuis un an. Reste à espérer que nous n’oublierons pas nos brillantes idées du lundi matin et qu’elles nous sembleront toujours aussi bonnes après une bonne nuit de sommeil.
Ensuite, ce fut l’éclipse au moment du départ d’Indianapolis, une correspondance sans problème à Atlanta, ce qui n’était pas gagné d’avance, et une très courte nuit au dessus de l’Atlantique durant laquelle j’écris ce petit compte rendu. En arrivant, il va falloir que je réimprime des protos pour envoyer aux éditeurs, et que je m’attaque aux nouveaux projets avec Eric Lang, avec Hayato Kisaragi, avec Antoine Bauza. Et puis il y a la rentrée scolaire….


Embarquement sur le vol retour avec Bruno Cathala


Politics

I arrived in the USA the day after the Charlotteville events, which were of course the main topic of conversation. As often, I ended up trying to explain to Americans the standard European interpretation frameworks and premises, and vice versa. Indeed, while racism in the USA is only slightly different from what it is in Europe, antiracism is completely different.
Americans antiracists fight for race equality, and consider that races are an undeniable reality, or even identities needing to be asserted and defended. Europeans antiracists, especially in latin countries, fight to get rid of the idea of race, which they consider a dangerous fantasy based on dubious scientific premises. As a result, European antiracists see American ones as “soft and kind racists”, while American antiracists see European ones as naive dreamers. There’s some truth in both critics. Discussing the Charlotteville events, the taxi driver who drove me from Paris to the Roissy airport told me that “races are for dogs, not for men”. In Indianapolis, a hotel clerk assured me that “God has created all races equal” (which doesn’t quite fit with the Adam & Eve storyline, but I didn’t dare discuss theology with an American).
I am an universalist, and I am extremely wary of the American identity and community fetish, which inevitably leads to violence. I have only little hope that Charlotteville’s white identity furor will make US liberals realize that identities are not the solution but the problem. Conversely, I’m afraid when I see the US style tribal worldview worming itself back in Europe, which I thought had been immunized by history against strong identities. On the other hand, refusing to see a social reality might not be the best way to fight it, and banding together is often, at least in the short term, the best defense system.
The Barcelona terror attack was far less discussed in the US than the Charlotteville events were discussed in Europe. It’s a bit disturbing, but might be in part because it feels less new. The attacks in Ouagadougou went almost unnoticed, which is even more disturbing. Anyway, in the end, all have the same origin – a small group of looneys thinking they can be proud of a bullshit racial or religious identity which supposedly makes them different from the rest of the human race.

Minneapolis

Like the three or four last years, I first stopped for a few days in Roseville, where I joined the friendly Z-Man team, and of all Asmodee (no accent) Nort America, in a lost suburb of Minneapolis. We played my prototypes, some of which raised some interest, and a few new or upcoming Z-Man games. My favorites were a Florian Fay prototype which still needs some development, and Smile, a cute light card game by Michael Schacht, and NMBR9, which I had already played. While I don’t like Splendor and Marc Andrés’s style usually leaves me cold, I really enjoyed my game of Majesty, which has strong interaction and a consistent theme.

While discussing two player games with Steven Kimball, I tried to convince him to make a mew version of Hayato Kisaragi’s Greedy Kingdoms, a game I really like, and to let me work on the development, only to learn the day after that the game was already signed with AEG.

Indianapolis


Downtown Indianapolis viewed from my 27th floor room

There was a change of pace when arriving in Indianapolis, an archetypal american city, some brutal architecture planted in the bush, in the middle of nowhere.
There were 70.000 attendees, a record, at the 50th Gen Con. Designers, publishers, distributors and even game manufacturers from all around the world were here, but there were few artists, except for very american fantasy illustrators. Many French people, not all asmodeans. With such a busy crowd, hotels were full, if not overbooked. When Antoine Bauza arrived one day later than initially scheduled, his room had already been passed to someone else. He slept in mine for two days, a good opportunity to discuss games and to start working together on what will probably be a small card game.


At the JW Marriott bar with Merry Nowak-Trzewiczek, Eric Lang and two guys from CMON.

All the people gravitating around Asmodee, FFG or CMON used the nearby JW Marriott bar and lobby as their headquarters. We drank a lot, we talked games, but we didn’t play that much. Thursday night was the Iello party, Friday night the Asmodee one, I felt relieved for not having to choose my side.

New stuff

There were five or six hundred new games on the show. Many games, may be too many. Luckily, this year, there was no main big hit monopolizing the gamers’ attention, which was divided between many interesting new games. I could not find the time to play anything else than my own games and prototypes, but I’ve heard good things about all of these, in no specific order.

and I certainly forget a few ones. Some of these, and a few dozen small card games, are in the big box that FFG – ooops, ANA – will send me in the coming days. Thanks again friends!
Some of the trends I discussed in a recent blogpost were confirmed. Lots of cooperative games, and of narrative and legacy ones. Many games by Japanese designers. A focus on both small card games and big heavy boxes with baroque graphics and ridiculously overproduced components, but little in between. Science fiction is back, often with a seventies graphic style, but good old heroic fantasy is not dead.

My games

I had a busy schedule, half appointments with publishers to show my prototypes, half signings and demos of my four new games, Secrets, Junggle, King’s Life and Kamasutra. The two booths where I spent most of my time were Z-Man, the publisher of Junggle, who was kind enough to take care of my accommodation in the rather expensive hotel where all the interesting discussions take place, and Vice Games, the publisher of Kamasutra, because it was plain good fun.


Demoing Junggle at the Z-Man booth

Junggle, a light and fast paced family game, might not be very easy to show in a geeky event like Gen Con, especially when most of the other games at Z-Man were more serious, heavy and german. My demos were nevertheless a success, though on the last day, I was not very good an y more at rapidity or memory games.


A game of Secrets

I didn’t actually play Secrets but I often went to have a look and discuss the game at the nearby nice space where the new Repos games were demoed. Players always seemed to have fun and to be completely distrustful of each other, which is a good sign.


Playing King’s Life, at Pandasaurus

At Pandasaurus, King’s Life was largely eclipsed by their big hit, Wasteland Express Delivery Service, a monster game about delivery drivers in a Mad Max setting. I nevertheless played a few games of King’s Life, one of which, with seven players, was probably one of my highlights of the con. This game is definitely best with more players.


Kamasutra and Come Together, the two hottest games at GenCon

The Vice Games booth was just a narrow strip of black cloth behind the bigger one owned by their friends at Japanime Games, but it was one of the most fun and sexy places at the con. Matt, in a snow white outfit, explained his sexy card game Come Together, while I showed Kamasutra. Matt’s enthusiasm, David Cochard’s cute graphics and some word of mouth helped the game selll out quite fast.


Playing Kamasutra with BGG’s Eric Martin as a teammate. We won.

There were even a few improvised tournaments, and I was the referee at the Game Nerds Night on Sunday. No one wanted to publish this game when I showed it two years ago, and again last year, now everyone wants to distribute it all around the world ! If it’s not too late, Vice Games will try to book a small booth in Essen.


Preparing the Kamasutra tournament

(BTW, English grammar question. When explaining the rules of Kamasutra, I used to say that the balloon is placed in the « contact zone ». Then I heard Matt explaining the game, and saying it was in the « zone of contact ». It’s obvious to me, though I don’t know why, that the third possibility, contact’s zone, would not be correct. So, what is the rule ? If zone of contact is correct and not contact zone, why ?)

Prospection

I had ten or twelve appointments with publishers, small and big ones, and several games prototypes to show. For the first time, I had brought not only rough prototypes but also publisher prototypes of two games, Chawai and Small Detectives, which will be soon published in France and are looking for foreign distributors or licensees. Both my prototypes and these games raised some interest, so you can expect some more Bruno Faidutti games in the coming years. And since I could not abandon this idea, I also contacted the AEG team, which I didn’t know so far, to ask if I could add my grain of salt to Greedy Kingdoms.

Back to France


Sunday evening in the hotel lobby.

My last appointment was for breakfast, on mondai morning, at Patachou, with Eric Lang. Even when we were both exhausted after four games of gaming, drinking and talking business, we managed to revive a game project with elves and trolls which had stalled for several months. I only hope that we will not forget our new ideas, and that they will still sound as great after a full night of sleep.
The eclipse took place just when we were leaving Indianapolis. The connection in Atlanta was fast and smooth, which was not certain. I’m now writing this report during the very short night over the ocean. When back, I will have to reprint prototypes for the publishers who asked for them, and then to start working on the new projects with Eric Lang, with Hayato Kisaragi, with Antoine Bauza.


Boarding the plane with Bruno Cathala

Compte rendu de Paris est Ludique
Paris est Ludique report

Le grand salon français du jeu de société n’est pas celui de Paris mais celui de Cannes, en février. Paris est Ludique, en juin, est plus modeste, mais c’est sans doute mon salon préféré, pour toute une série de raisons. C’est à côté de chez moi, dans l’est parisien, et je n’ai donc pas à me préoccuper de billets de train ou d’avion, ni de chambre d’hôtel.
C’est l’un des rares salons ludiques à se tenir à l’extérieur, sur la pelouse de Reuilly, l’ancienne foire du Trône en bordure du bois de Vincennes, et cela contribue grandement à l’ambiance assez décontractée, avec beaucoup de bière, de shorts, de robes courtes et d’espadrilles. Le risque bien sûr est qu’il fasse trop chaud – il s’en est fallu de quelques jours -, qu’il y ait trop de vent – c’est arrivé – ou des orages, mais quand il fait juste beau comme cette année, c’est parfait.
C’est un salon très professionnel, où tous les éditeurs français sont présents, même si les étrangers restent très peu nombreux, à part les belges et les polonais. Cela reste cependant un salon familial (même si je n’aime pas ce mot), avec un public varié, mêlant geeks et curieux. C’est un salon qui remporte son petit succès, mais qui ne grossit pas trop vite.


Secrets

Cette année, je n’avais guère qu’une création à présenter aux éditeurs, et mon planning de rendez-vous était très modeste. Je n’avais pas non plus de nouveautés en vente sur le salon, mais j’en avais plusieurs en démonstration, qui arrivent dans les mois qui viennent – c’est à dire pour la Gen Con, en août, ou pour Essen, en octobre. J’ai donc passé pas mal de temps sur les stands de Repos Production éditeur de Secrets, ma deuxième collaboration avec Eric Lang, de Pixie Games, éditeur de Small Detectives, ma première collaboration avec Charles Chevallier, de Superlude, éditeur de Chawai et de Blue Orange, éditeur de Nutz!, et jai fait quelques photos. Sur les stands de Sweet November, de Matagot, de Lui-Même et de Flatline Prod, j’au eu la chance de constater qu’ils continuaient à présenter Waka Tanka, Raptor, Dolores et Argo, qui ne sont plus vraiment des nouveautés.


Chawai – qui ne sort pas chez Haba – et Argo en arrière plan.

Les quelques nouveautés auxquelles j’ai trouvé le temps de jouer étaient des jeux rapides, et j’ai particulièrement apprécié deux petits jeux de cartes un peu calculatoires, Startups, de Jun Sasaki, le dernier petit jeu dans une toute petite boite de chez Oink Games et Kimono, de Hinata Origuchi. J’ai enfin découvert Flamme Rouge, de Asger Harding Granerud, et j’ai beaucoup aimé, même si je ne suis pas sûr qu’il détrône Ave Cesar, mon jeu de course méchant préféré. J’aurais bien voulu jouer à Century-Spice Road, à Edgar et Lucien, aux Pillards de la Mer du Nord, à Arena for the Gods, mais soit les tables étaient pleines, soit je n’avais pas le temps. Je recommande aussi parmi les nouveautés du salon Seeders Exodus (mais c’est du lourd), Dice Forge, Décrocher la lune et Jack et le haricot magique, que j’avais découverts à Etourvy.


Wet Head – un jeu adapté à la météo

Sur le stand d’Accessijeux, j’ai eu la bonne surprise de découvrir trois de mes créations, Waka Tanka, Diamant et Citadelles, adaptées pour les joueurs aveugles (je déteste l’euphémisme non-voyant, qui laisse supposer qu’aveugle serait désobligeant, un peu comme personne âgée sous-entend que vieux serait une insulte). Je ne suis pas bien placé pour juger, mais je suis assez dubitatif sur l’adaptation de Citadelles, qui me semble un peu tarabiscotée. Celle de Waka Tanka, en revanche, est toute simple et doit très bien fonctionner.


Sur le stand d’Accessijeux. Les aveugles ne conduisent pas…

Roberto Fraga a donné cette année la patate d’or, que j’avais eu il y a quatre ou cinq ans, à Matthieu d’Epenoux. Ce prix totalement subjectif, grossièrement sculpté par Martin Vidberg, est attribué chaque année par son titulaire précédent à une personne qui a beaucoup fait pour le jeu de société. C’est vrai que Matthieu a fait de toutes petites choses, mais il en a fait vraiment beaucoup.


Martin, Matthieu et Roberto

Le samedi soir, c’était la traditionnelle soirée After organisée par Laurent Escoffier, où je ne me suis malheureusement guère attardé car je voulais corriger quelques copies de bac avant de me coucher, mais ceux qui sont restés jusqu’au bout de la nuit m’ont dit que c’était très bien.


Avec Hervé Marly à l’after party

Dimanche matin, ce fut la deuxième et très constructive assemblée générale de la société des auteurs de jeux. Nous étions nombreux, avec je pense le bon mix de vieux auteurs installés et de petits jeunes plein d’enthousiasme. Curieusement, très peu de femmes, alors qu’elles commencent à être nombreuses parmi les auteurs publiés. On a fixé quelques objectifs clairs, notamment clarifier notre situation socio-fiscale et obtenir une meilleure reconnaissance du jeu de société comme création culturelle, et donc de ses créateurs comme des auteurs – ces objectifs allant bien sûr de pair. Pour le reste, on n’était pas d’accord sur tout, mais c’est aussi une preuve de dynamisme.

Nous sommes dimanche soir, je suis fatigué, et je dois avoir un petit coup de soleil sur le dessus du crâne. Je crois que je vais me coucher tôt et reprendrai les corrections du bac demain matin.

The big french board game fair doesn’t take place in Paris but in Cannes, in February. Paris est Ludique, in June, is a much more modest thing, but it’s probably my favorite board game fair, for several reasons. The first one, of course, is that I live nearby, which means I don’t have to deal with hotel rooms and airplane tickets.
It’s one of the very few boardgames fairs taking place outside. he place, near the Vincennes park in the east of Paris, is really nice and the mood is always very cool, with shorts, short dresses, sandals and much beer. Of course, there’s a risk, it can be too hot – we avoided it by a few days -, or too windy – it happened a few years ago – and some year there will be storms, but when the weather is just nice like this year, it’s the perfect setting.
It’s a highly professional thing, and all french publishers are there, though except for Belgians and Polish there are few foreigners so far. It’s also very casual and family friendly, with an extremely varied audience, of all styles and ages. It’s a success, it’s growing every year, but not too fast.


Small Detectives

This year, I had only one prototype to show to publishers, and my planning was not too busy. I also did not have new games on sale on the fair, though there were demos of several that will arrive in the coming months, either for Gen Con in August or Essen in October. I spend some time at Repos Productions, the publisher of Secrets, my second collaboration with Eric M. Lang, at Pixie games, publisher of Small Detectives, my first collaboration with Charles Chevallier, at Superlude, publisher of Chawai, and Blue Orange, publisher of Nutz!, and I took some pictures. At Sweet Games, Matagot and Flatline Prod, I was glad to see that they were still demoing Waka Tanka, Raptor, Dolores and Argo, even when these are last year news.


Nutz!

The few new games I managed to play were fast-paced ones. I really enjoyed two small card games, Jun Sasaki’s Startups, the last small game in a tiny box by Japanese publisher Oink Games, and Hinata Origuchi’s Kimono (a remake of Colors of Kasane). I finally discovered Flamme Rouge, and liked it a lot though I doubt it will replace Ave Cesar as my favorite nasty racing game. I would have liked to play Century-Spice Road, Edgar & Lucien, Raiders of the North Sea (not new in English, but new in French), and Arena for the Gods, but the tables were full, or I didn’t have time. Other new games I recommend because I have played them earlier, most of them in Etourvy, are Seeders Exodus (but it’s heavy stuff), Dice Forge, Décrocher la lune and Jack and the Beanstalk.

With Charles and Bruno at Pixie Games. Thanks Bruno for promoting Masacarade !

It was nice to see, at the Accessijeux booth, three of my games, Waka Tanka, Citadels and Diamant played by blind players with adapted components. I’m not well placed to make a judgement, but I have doubts about the Citadels implementation, which looks a bit complex. one the other one, the Waka Tanka adaptation is extremely simple and seems to work very well.


Blind Diamant

Roberto Fraga handed the golden potato, which I had four or five years ago, to Matthieu d’Epenoux. This totally subjective award, roughly sculpted by Martin Vidberg, is given every year by his former holder to some one who did great things for the boardgaming scene. And, well, Matthieu did mostly very small things, but he did a lot!

On Saturday night, I went to the traditional after party held by Laurent Escoffier, but I didn’t stay long. I wanted to come back home early and mark three or fours exam papers before going to sleep. It looks like those who stayed the whole night had great fun.

On Sunday morning, the second and extremely constructive assembly of the French game designers association, the , was a success. There were many of us, with the good mix between young enthusiastic authors and old warhorses like me. Surprisingly, very few women, when there are more and more among the published designers. We settled for a few clear goals, mostly clarifying our fiscal situation and push for a recognition of games as cultural items and therefore of their designers as authors. We disagreed on a few points, but it’s also a token of dynamism.

It’s Sunday night, I’m tired, and I probably have a sunburn on the top of my head. I’ll go to sleep early and start again marking exam papers tomorrow.

Rencontres ludopathiques 2017
2017 Ludopathic Gathering

Plusieurs fois durant ce long week-end étalé du jeudi au lundi, on m’a demandé depuis combien de temps j’organisais les rencontres ludopathiques. Cela a commencé lorsque j’habitais dans le coin, à Troyes, donc vers le milieu des années quatre-vingt-dix. Nous en sommes donc sans doute à la vingt-et-une ou vingt-deuxième édition de ces rencontres ludiques, qui sont donc un peu plus récentes, et un peu plus modestes, que celles d’Alan Moon. Nous n’étions au début qu’une trentaine, et les seuls éditeurs présents étaient Ludodélire, mon éditeur principal de l’époque, Eurogames, car Duccio Vitale habitait, et  habite peut-être encore, à une trentaine de kilomètres.
Si quelques amis de l’époque sont toujours là, le public s’est largement renouvelé. Les rencontres ont grandi, ou grossi, puisque nous étions 110 cette année, comme l’an dernier, un nombre que je ne souhaite pas dépasser. Elles se sont professionnalisées, avec une vingtaine d’éditeurs présents (Asmodee, Blackrock, Blue Orange, Days of Wonder, Djeco, Don’t Panic Games, Flatlined, Gigamic, Iello, Letheia, Libellud, Lui-Même, Matagot, Passport Games, Pearl Games, Pixie Games, Portal, Purple Brain, Ravensburger, Repos Prod, Small Box Games, Space Cowboys, Sweet Games, sans compter ceux qui n’étaient pas là mais avaient fait parvenir des jeux, Funforge, Huch et Schmidt – prévenez-moi vite si vous constatez que j’ai oublié quelqu’un). Je ne vais pas lister les auteurs de peur d’en oublier, et parce qu’ils sont moins susceptibles, mais ils étaient aussi une bonne trentaine. Bruno Cathala, qui n’avait raté aucune des quinze ou vingt dernières rencontres, n’a pas pu venir cette année, mais Antoine Bauza, absent depuis quelques années du fait de ses séjours au Japon, était de retour. Il y avait aussi quelques illustrateurs de jeux, mais moins nombreux que les années précédentes. Les rencontres se sont aussi internationalisées, avec des participants venus de toute l’Europe, mais aussi des États-Unis et du Brésil, m’obligeant à faire les annonces en français et en anglais – du moins jusqu’à ce que je sois suffisamment saoul ou fatigué pour oublier l’anglais, ou parfois le français. Malgré une forte délégation polonaise cette année, je n’ai jamais assez bu pour essayer mes rudiments de polonais, sans doute très rouillés.


Malgré tout, je tiens à ce que les ludopathiques restent un moment décontracté, tenant plus du week-end entre amis que du salon professionnel – ce qui n’empêche, dans les coins discrets, de discuter un peu contrat d’édition ou distribution. C’est pour cela que j’invite aussi de nombreux amis, des vieux et des nouveaux, plus ou moins passionnés de jeux, et que j’essaie d’avoir au moins un tiers de femmes (ce qui devient plus facile car le milieu du jeu se féminise très rapidement) et quelques familles avec enfants. C’est pour cela aussi que, après une expérience assez mitigée de déménagement en région parisienne, il y a une dizaine d’années, les rencontres ludopathiques se sont définitivement installées à Etourvy, au milieu de nulle part, dans les bois entre Chaource et Tonnerre. Je n’envisage plus de bouger.

Lorsque quelques dizaines d’auteurs et d’éditeurs de jeux se rencontrent, il est inévitable que sortent de leurs larges sacs des jeux qui ne sont pas encore dans les boutiques, voire qui ne sont pas encore tout à fait au point, ce qu’il est convenu d’appeler des prototypes, et qu’il faudrait peut-être plutôt, au moins pour ceux des aueturs, appeler des brouillons. De plus en plus nombreux chaque année, ils représentent plus ou moins la moitié des parties – trois types de parties.

Il y a d’abord les jeux inachevés, sur lesquels les auteurs sont encore en train de travailler, dont ils modifient parfois les règles au vol, en cours de partie. Je n’en avais pas beaucoup cette année. Viennent ensuite les jeux à peu près au point auxquels les auteurs essaient de trouver un éditeur. J’en avais un, Vampires, conçu avec un ami américain qui avait fait le voyage depuis San Francisco, Charlie Cleveland; il a suscité beaucoup d’intérêt mais demande encore quelques menus bricolages. Viennent enfin les véritables prototypes, les jeux apportés par les éditeurs, ceux qui vont sortir, où qu’ils hésitent à sortir, et dont les règles et parfois les illustrations sont à peu près fixées. J’en avais pas mal cette année – Nutz!, Jungle (avec Anja Wrede), Le petit Poucet (également avec Anja Wrede), Secrets (avec Eric Lang), Dragons, Jongleurs et Ménestrels (with Sandra Pietrini), A King’s Life (avec Gwenaël Bouquin).


J’ai vu des trucs bizarres auxquels je n’ai pas eu l’occasion de jouer, des arbres chez Iello (à moins que ce ne soit chez Blue Orange), des acrobates de cirque chez Matagot (le plus photographié des prototypes). J’ai joué à Dice Forge, de Régis Bonnessée, un jeu de « dice-building », à Jack et le Haricot Magique de Frédéric Morard, à l’excellent Ô mon Chateau, de Ludovic Maublanc et Corentin Lebrat, un jeu de gestion qui donne envie de dessiner – du moins à ceux qui savent un peu dessiner – et à Seeders – Exodus de Serge Macasdar, un jeu d’enchères, de gestion et de combinaison dans un univers de science-fiction riche et ambitieux. J’ai beaucoup fait tourner mon petit dernier, le jeu des Dragons, à paraître chez Matagot. La présence de mon amie Anja Wrede nous a permis de jouer un peu à nos jeux qui devraient sortir cette année, Le Petit Poucet (devinez chez quel éditeur) et Jungle (sur lequel je n’ai pas encore le droit de dire grand chose). Dans une pièce secrète et retirée, Hervé avait monté son escape room, que je n’ai toujours pas jouée – tout le monde adore, mais je ne suis pas certain que ce soit mon truc.

Parmi les jeux publiés, on peut aussi distinguer trois grandes catégories – les nouveautés, les vieux classiques et les bizarreries – étant entendu que certaines bizarreries sont aussi des nouveautés, ou que certaines nouveautés, comme le Mâche Mots, sont aussi assez bizarres.
Les nouveautés ou jeux assez récents les plus joués, et donc sans doute les plus appréciés, m’ont semblé être
Clank!, de Paul Dennen, un dec k building assez léger et avec un vrai thème,
A Fake Artist Goes to New-York, de Jun Sasaki, un jeu de dessin et de bluff déjà vieux de deux ou trois ans mais qui n’est devenu un hit chez nous que cette année
Magic Maze, de Kasper Lapp, un jeu de coopération en temps réel très original,
Secret Hitler, de Mike Boxleiter, Tommy Maranges, et Max Temkin, un jeu à identités secrètes rigolo et magnifiquement édité.

Je pourrais citer aussi Insider, Baobab, Terraforming Mars, Mot pour Mot, Profiler, Fabled Fruit, Potion Explosion, Codenames, Capital Lux, Not Alone (dont l’auteur, Ghislain Masson, était pour la première fois à Etourvy), Picassimo (même chose pour Carlo Rossi), Kanagawa, ou Happy Salmon, et j’en oublie certainement. Les gens de Schmidt, que je ne connais pas particulièrement, avaient envoyé un énorme colis avec, parmi d’autres jeux, six boites des Bâtisseurs du Colisée, de Klaus-Jürgen Wrede. Quelqu’un en a ouvert une, et a découvert que c’était un très bon jeu familial, très allemand, qui du coup a pas mal tourné durant les derniers jours. L’autre succès inattendu fut Penguin Trap, une variation politiquement correcte du vieux Brise Glace – on ne doit plus noyer un esquimau, mais juste un pingouin – à laquelle les cases hexagonales donnent une nouvelle dimension.

Du côté des très gros jeux, un genre qui je pratique à l’occasion mais dont je ne suis pas spécialiste, on a vu des parties de Scythe, de Cthulhu Wars (dont Fred a toutes les extensions), de Mechs & Minions, de Time Stories dont Manu essayait de nouveaux scénarios, de Terraforming Mars, du prototype de Seeders – Exodus dont j’ai déjà un peu parlé, et d’un gros proto d’Ignacy Trzewiczek, installé à la même table que l’an dernier, dont j’ignore jusqu’au thème.

Côté jeux d’ambiance, j’essaie toujours de me procurer une bizarrerie colorée des années soixante ou soixante-dix. Cette année, c’était Grab a Loop, avec le magnifique slogan amplement mérité « vous avez aimé Twister ? Attendez de jouer à Grab a Loop ! ». Sébastien a organisé un chouette jeu de piste aux lapins de Paques pour les enfants. On a joué à Codenames avec mes canards, puis avec des vrais gens à la place des cartes, et à Unusual Suspects avec les onze candidats à l’élection présidentielle. Malgré un ciel hésitant, nous avons sorti le traditionnel Brouhaha, et improvisé un jeu de compétition avec deux crayons coopératifs géants apportées par Lia-Sabine, qui bosse chez Djeco. Situation 4, le puzzle en temps réel, est devenu un classique des rencontres, et a été beaucoup joué. La première nuit, tant qu’il n’y avait pas beaucoup d’enfants, il y eut une hilarante partie de Kamasutra, qui devrait sortir bien aux États-Unis chez un vrai éditeur, avec quelque cartes supplémentaires par rapport à la version publiée sur ce site.

C’était très bien, mais je devais être assez fatigué puisque, de retour à Paris, j’ai reçu un email d’Anja me disant qu’elle commençait à travailler au jeu dont nous avons parlé durant le week-end, et je n’ai pas le moindre souvenir des mécanismes de ce jeu.

(La galerie photo et les videos sont tout à la fin du post, après le texte anglais)

 

It was a long week-end, from Thursday to Monday. Several times, I’ve been asked for how long I was organising the ludopathic gathering in Etourvy, and I don’t know precisely. It started when I was living nearby, in in Troyes, which means in the mid nineties. this was therefore the 21th or 22nd ludopathic gathering – Alan Moon’s Gathering of Friends is a few years older. The first gatherings in Etourvy were extremely modest, with about thirty attendees and only two publishers, Ludodelire which was my main publisher at the time, and Eurogames, whose owner Duccio Vitale used to live nearby – and may be still does.
A few old friends from these times are still there, but there are now many more. My gathering has become bigger, may be also fatter, and we were about 110 this year, like last year. I don’t think it should grow more. It has also become more professiona, with about twenty publishers represented (Asmodee, Blackrock, Blue Orange, Days of Wonder, Djeco, Don’t Panic Games, Flatlined, Gigamic, Iello, Letheia, Libellud, Lui-Même, Matagot, Passport Games, Pearl Games, Pixie Games, Portal, Purple Brain, Ravensburger, Repos Prod, Small Box Games, Space Cowboys, Sweet Games, and a few ones who were not there but had sent games, Funforge, Huch et Schmidt – if I’ve forgotten you, please email me asap). There were also about thirty game designers,, whom I won’t list for fear of missing many, even when I know they are less touchy than publishers. Bruno Cathala, who had not missed a single gathering this fifteen or twenty last years, could not join us this time, but Antoine Bauza, who had missed the last gatherings because he was travelling in Japan, was back. There were fewer game illustrators than the last years. The Ludopathic Gathering also became more international, with attendees from all Europe, and also from the US and from Brazil. this means I had to make all announcements both in French and English, at least until I was drunk enough to forget one or the other. There was a strong Polish team this year, but luckily I didn’t drink enough to give a try at my rusty rudiments of polish.


Despite all this, I want Etourvy to stay what it has been so far, a casual and informal meeting, more a friendly gathering than a professional convention – even though discussion of publishing or distribution contracts sometimes occurs in discreet corners. That’s why I also invite several friends, old and recent ones, game enthusiasts or just casual players. That’s also why I try to have at least a girl for two guys (this is becoming much easier when there are more and more women in the gaming business) and a few family with kids. It’s also why, after trying a bigger place nearer to Paris a few years ago, I’ve brought the ludopathic gathering back to Etourvy, in the deep French countryside, in the middle of nowhere. It will stay there.


When a few dozen designers and publishers meet, they inevitably take out of their bags games which are not yet in shops, or even not really finalised, what we call prototypes and should probably, at least for the designers’ ones, call drafts. There are more and more in Etourvy every year, and they make for more or less half of the game sessions. There are designers trying rough drafts of game ideas, sometimes changing the rules during the game, I didn’t have many this year. There are more or less finalised ideas pitched to publishers by designers; I had one, Vampires, designed with Charlie Cleveland, who had made trip from San Francisco. It raised much interest but still needs some minor tweakings. The true prototypes are the games usually brought by publishers, games that will be published soon, or that they seriously consider publishing, and whose rules are more or less finalized. Several were mine – Nutz!, Jungle (with Anja Wrede), Little Thumb (also with Anja Wrede), Secrets (with Eric Lang), Dragons, Jugglers & Minstrels (with Sandra Pietrini), A King’s Life (with Gwenaël Bouquin).


I’ve seen strange stuff which I didn’t have the opportunity to play. There were trees at Iello (or may be at Blue Orange), circus acrobats at Matagot (probably the best looking prototype, and certainly the most photographed). I’ve played Régis Bonnessée’s Dice Forge, Fred Morard’s Jack and the Magical Bean, Ludovic Maublanc and Corentin Lebrat’s Ô mon Chateau, which is not a drawing game but in which players always start drawing their castle. The heaviest new game I tried was  Serge Macasdar’s Seeders – Exodus, an original and ambitious auction, resource management, drafting, and card combos game. My Dragons prototype, to be published next year by Matagot, was played a lot. Since my friend Anja Wrede was here, we played a few games at our two collaborations which ought to be published soon, Little Thumb (guess by which publisher) and Jungle (of which I’m not allowed to say anything so far). In a secluded room, Hervé was holding sessions of his escape room, which I’ve not played yet – everybody loves it, though I’m not sure it’s my kind of game.


Three types of published games are played in Etourvy – new stuff, classics and zany party games. Of course, some of the new stuff can be really zany, like Speak Out. Among the recent stuff, the games which seemed to be the most played were
• Paul Dennen’s Clank!, a light deck-building game with a solid theme
• Jun Sasaki’s A Fake Artist Goes to New-York, a drawing and bluffing game already two or three years old but which, for some reason, was a hit this year.
• Kasper Lapp’s Magic Maze, a very original real time cooperative game.
Secret Hitler, by Mike Boxleiter, Tommy Manages & Max Temkin, a fun, political and gorgeously edited secret identity game.


Other recent games much played were Insider, Baobab, Terraforming Mars, Mot pour Mot, Profiler, Fabled Fruit, Potion Explosion, Codenames, Capital Lux, Not Alone, (whose designer, Ghislain Masson, was here for the first time), Picassimo (same about Carlo Rossi), Happy Salmon, and I certainly forget many. Schmidt had sent us a huge parcel with new games, among which six copies of Klaus-Jürgen Wrede’s Builders of the Colosseum, a game no one had heard about before. A group opened a box, played it, and found out that it was a really nice family game, with a classic German feel, and it was played a lot in the last days. Another unexpected hit was Penguin Trap, a variation on the old Ice Breaker game. The hexagon spaces give him a whole new dimension, and it’s also more politically correct since it’s no more about drwoning an inuit but about drowning a penguin.


There were also, like every year, a few really heavy games, several hours long. I’ve seen people play Scythe, Cthulhu Wars (Fred brought all the expansions), Mechs and Minions, Time Stories (Manu was play testing new scenarios), Terraforming Mars, the Seeders Exodus prototype I’ve already described, and a rough prototype by Ignacy Trzewiczek of which I don’t know anything, not even the setting.


For party games, I try every year to find some new zany and coloured stuff from the sixties or seventies. This year, it was Grab a Loop, which bears the deserved motto « you loved Twister, now wait till you play Grab a Loop! ». Sebastien organised a fun easter rabbit hunting for the kids. We played Codenames with my ducks, then with people instead of card. We played Unusual Suspects with the eleven candidates at the French presidential election. Despite a grey sky, we played two games of the traditional Brouhaha, and improvised a competitive game with two cooperative pencils brought by Lia-sabine, who works at Djeco. Situation 4, the simultaneous puzzle is now an Etourvy classic, and was much played. On the first night, when there not that many kids yet, we played a hilarious game of Kamasutra, which will be published later in the US by a true publisher, with a dozen extra cards not on my website.


In short, it was great, but I must have been really tired since, when back in Paris, I got an email from Anja about a game design we’ve started discussing in Etourvy, and I don’t remember anything about it!

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Photos de / Pictures by Aurélie, Benoit, Bruno, Charlie, Coralie, Fabien, Jean-Baptiste, Lia-Sabine, Ludo, Manu, Marc, Masumi, Merry, Patrice, Regis & Sebastien