Mon compte rendu de la Gen Con 2017
My 2017 GenCon report

Politique

Je suis arrivé aux États-Unis le lendemain des événements de Charlotteville, qui étaient le grand sujet de discussion. Comme assez souvent, je me suis retrouvé devoir essayer d’expliquer les grilles de lecture européennes aux américains, et inversement. En effet, si le racisme aux États-Unis est un peu différent de ce qu’il est en Europe, l’antiracisme est lui complètement différent.
Pour un américain, être antiraciste c’est vouloir l’égalité des races, considérées comme des réalités incontournables, voire comme des identités à défendre. Pour un européen, surtout dans les pays latins, être antiraciste c’est nier l’existence de races humaines, considérées comme un fantasme dangereux et sans fondement scientifique. Du coup, l’antiraciste américain apparait à l’européen comme un raciste soft et gentil, et l’antiraciste européen est aux yeux de l’américain un grand naïf. Les deux reproches sont sans doute un peu fondés. Discutant des événements de Charlotteville, le chauffeur de taxi qui m’a amené à Roissy disait que « les races, c’est un truc de chien, pas d’hommes », tandis qu’un employé d’hôtel d’Indianapolis m’a assuré que « Dieu a créé toutes les races égales » (ce qui colle mal avec l’histoire d’Adam et Eve, mais bon, je n’allais pas engager un débat théologique avec un américain).
Universaliste par tempérament, je me méfie de l’obsession identitaire et communautaire à l’américaine, de la tribalisation qui mène à la violence. Je ne peux qu’espérer, sans trop y croire, que les événements de Charlotteville vont conduire la gauche américaine à réaliser que les identités sont le problème et non la solution. Je m’inquiète plutôt de voir la vision tribale du monde s’insinuer de nouveau en Europe, que l’on pouvait penser vaccinée par l’histoire contre les identités collectives un peu trop fortes. En même temps (comme dirait Macron😀) on ne lutte pas contre une réalité sociale en refusant de la voir, et se regrouper est parfois, à court terme au moins, la meilleure manière de se défendre.
L’attentat de Barcelone a été beaucoup moins discuté aux USA que les événements de Charlotteville ne l’ont été en Europe. C’est un peu dérangeant, mais cela s’explique peut-être en partie par l’habitude. Les attentats de Ouagadougou, eux, ont a peine été signalés, ce qui est encore plus dérangeant. Il reste que tous ont, au fond, la même origine – quelques allumés pensant qu’ils doivent être fiers d’une identité fantasmée qui les rendrait différent du reste de l’humanité.

Minneapolis

Comme ces trois ou quatre dernières années, j’ai passé les trois premiers jours à Roseville, accueilli par la sympathique équipe de Z-Man Games, et plus largement d’Asmodee (sans accent) North America dans une zone industrielle au milieu de nulle part dans la banlieue de Minneapolis.

On a joué à mes prototypes, dont certain ont suscité un certain intérêt, et à quelques unes des dernières nouveautés et des jeux à venir de Z-Man. J’ai particulièrement apprécié un proto de Florian Fay dont on n’a pas encore le droit de parler et sur lequel il y a encore pas mal de boulot, Smile, un petit jeu de cartes de Michael Schacht, et NMBR9, que je connaissais déjà. Moi qui n’aime pas trop Splendor, et de manière générale le style un peu froid de Marc André, j’ai bien aimé Majesty, un jeu avec de l’interaction et un vrai thème. Discutant de jeux à deux joueurs avec Steven Kimball, j’avais presque réussi à le convaincre de faire une nouvelle édition de Greedy Kingdoms, de Hayato Kisaragi, et de me laisser faire le développement pour lequel j’avais quelques idées. Malheureusement, j’ai appris le soir que les japonais avaient déjà revendu leur jeu à AEG….

Indianapolis


Downtown Indianapolis vu depuis ma chambre au 27ème étage

Changement de rythme après l’arrivée à Indianapolis, caricature de ville américaine à l’architecture brutale plantée au milieu de la brousse. La 50ème GenCon a attiré 70.000 visiteurs, un record. Les auteurs, éditeurs, distributeurs et même fabricants de jeux du monde entier étaient là, seuls les illustrateurs me semblant peu représentés, à l’exception de peintres fantastiques très américains. Beaucoup de français, et pas seulement des asmodéens. Avec une telle foule, les hôtels ne se gênaient guère et la chambre d’Antoine Bauza, arrivé un jour plus tard que prévu, avait déjà été attribuée à un autre. Du coup, je l’ai hébergé deux nuits dans la mienne, ce qui nous a permis de commencer à bosser sur un nouveau petit projet.


Au bar du JW Marriott vec Merry Nowak-Trzewiczek, Eric Lang et une partie de l’équipe CMON.

Tout ce qui gravite autour d’Asmodée, de FFG, de CMON, avec donc un grand nombre de français, avait pour quartier général le bar du JW Marriot, le grand hôtel le plus proche du salon. Ça buvait pas mal, ça parlait plus de jeux que ça ne jouait vraiment. Soirée Iello jeudi, soirée Asmodée vendredi, j’apprécie de ne pas avoir à choisir mon camp.

Les nouveautés

Cinq ou six-cent nouveaux jeux de société étaient présentés sur le salon. C’est beaucoup, peut-être trop. Heureusement, cette année, aucun jeu n’a suscité l’enthousiasme général au point d’accaparer toute l’attention. Pas de big hit, donc, ce qui a permis à pas mal de jeux de se faire remarquer. Je n’ai eu le temps de jouer à rien, mais j’ai entendu dire du bien de tous ceux là, dans le désordre :

et j’en oublie certainement. Quelques uns de ceux-ci, mais aussi pas mal de petites boites qui m’ont intrigué sans que je trouve le temps d’y jouer, sont dans le gros colis que FFG, pardon Asmodee North America, se charge gentiment de m’envoyer bientôt.
Côté styles, certaines des tendances que je constatais dans mes considérations d’avant salon se confirment nettement. Beaucoup de jeux de coopération, beaucoup de jeux narratifs, de plus en plus d’auteurs japonais, et une opposition très nette entre les petits jeux de cartes élégants et les grosses boites au look baroque et au matériel aussi inutile que tapageur. La gamme intermédiaire se fait plus rare. Côté thème, c’est le retour de la science fiction, avec souvent un look très seventies, mais l’heroic fantasy résiste.

Mes jeux à moi

Mon emploi du temps chargé consistait pour moitié en dédicaces et présentations de mes nouveaux jeux, Secrets, Junggle, King’s Life et Kamasutra, pour moitié en rendez-vous avec des éditeurs connus ou inconnus pour leur présenter quelques brouillons. Les deux stands sur lesquels j’étais le plus présent étaient celui de Z-Man, éditeur de Junggle, qui avait la gentillesse de m’héberger dans l’hôtel assez cher où tout se passe et tout se discute, et celui de Vice Games, éditeur de Kamasutra, parce que c’était rigolo.


Présentation de Junggle sur le stand Z-Man

Junggle, léger et familial, n’est sans doute pas le jeu le plus facile à présenter dans un salon très geek, surtout sur un stand occupé surtout par des trucs plus sérieux, plus conséquents et plus allemands. Les démos ont pourtant remporté un certain succès. Le dernier jour, je n’étais cependant plus très performant, ni dans les jeux de rapidité, ni dans ceux de mémoire.


Une partie de Secrets

Sans participer aux parties, plus longues, je faisais de temps en temps un saut à côté, dans l’espace joliment décoré où étaient présentées les nouveautés de Repos Prod, dont Secrets, ma deuxième collaboration avec Eric Lang. Les joueurs avaient toujours l’air de bien s’amuser et de ne pas se faire confiance, c’est bon signe.


King’s Life, chez Pandasaurus

Sur le stand de Pandasaurus, King’s Life était largement éclipsé par l’immense succès de Wasteland Express Delivery Service, mais j’ai quand même pu faire quelques parties dont une, à sept joueurs, restera un de mes meilleurs moments du salon. Cela confirme que ce jeu prend tout son sel quand les joueurs sont assez nombreux.


Kamasutra et Come Together, les deux jeux les plus chauds de la GenCon

Le stand de Vice Games n’était qu’une étroite bande de tissu noir derrière celui, plus conséquent, de leurs amis de Japanime Games, mais c’était l’un des coins les plus drôles et des plus animés de la GenCon. Pendant que Matt, en robe de Blanche neige, expliquait son jeu de cartes Come Together, j’ai animé quelques parties de Kamasutra, qui a été incontestablement l’un des jeux qui faisait parler d’eux. Les mignonnes illustrations de David Cochard, l’enthousiasme de Matt et un peu de bouche à oreille ont permis au jeu d’être sold out le dimanche matin.


On a fait jouer l’équipe du Boardgamegeek à Kamasutra

Il y a même eu des tournois improvisés, dont un que j’ai arbitré à la Game Nerds Night. Du coup, alors que personne il y a deux ans, puis l’an dernier, ne voulait publier ce jeu, pas mal de distributeurs potentiels se sont fait connaître cette année. S’il n’est pas trop tard, Vice Games va se débrouiller pour avoir un stand à Essen.


Préparatifs du tournoi de la Game Nerds night

Prospection

J’avais une douzaine de rendez-vous avec des éditeurs, du plus petit au plus gros, et une dizaine de jeux à présenter. Pour la première fois, j’avais fait le choix d’amener, outre mes brouillons et projets en cours, deux prototypes quasi finaux de jeux, Chawai et Small Detectives, qui vont sortir en France mais dont les éditeurs cherchent licenciés ou distributeurs outre Atlantique. Tout cela a suscité pas mal d’intérêt, ce qui laisse espérer quelques nouveaux jeux de Bruno Faidutti l’an prochain ou dans deux ans – on verra bien. Et puis, comme il ne faut pas renoncer à une bonne idée, je suis passé voir les gens d’AEG, que je ne connaissais pas encore, pour leur proposer d’ajouter mon grain de sel à Greedy Kingdoms.

Retour


Dimanche soir, un peu de repos dans les salons de l’hôtel.

Mon dernier rendez-vous était lundi matin pour un petit déjeuner de travail au Patachou avec Eric Lang. Malgré nos fatigues respectives après quatre jours épuisants passés à jouer, boire et discuter affaires, nous avons réussi à remettre sur les rails un projet avec des elfes et des trolls qui piétinait depuis un an. Reste à espérer que nous n’oublierons pas nos brillantes idées du lundi matin et qu’elles nous sembleront toujours aussi bonnes après une bonne nuit de sommeil.
Ensuite, ce fut l’éclipse au moment du départ d’Indianapolis, une correspondance sans problème à Atlanta, ce qui n’était pas gagné d’avance, et une très courte nuit au dessus de l’Atlantique durant laquelle j’écris ce petit compte rendu. En arrivant, il va falloir que je réimprime des protos pour envoyer aux éditeurs, et que je m’attaque aux nouveaux projets avec Eric Lang, avec Hayato Kisaragi, avec Antoine Bauza. Et puis il y a la rentrée scolaire….


Embarquement sur le vol retour avec Bruno Cathala


Politics

I arrived in the USA the day after the Charlotteville events, which were of course the main topic of conversation. As often, I ended up trying to explain to Americans the standard European interpretation frameworks and premises, and vice versa. Indeed, while racism in the USA is only slightly different from what it is in Europe, antiracism is completely different.
Americans antiracists fight for race equality, and consider that races are an undeniable reality, or even identities needing to be asserted and defended. Europeans antiracists, especially in latin countries, fight to get rid of the idea of race, which they consider a dangerous fantasy based on dubious scientific premises. As a result, European antiracists see American ones as “soft and kind racists”, while American antiracists see European ones as naive dreamers. There’s some truth in both critics. Discussing the Charlotteville events, the taxi driver who drove me from Paris to the Roissy airport told me that “races are for dogs, not for men”. In Indianapolis, a hotel clerk assured me that “God has created all races equal” (which doesn’t quite fit with the Adam & Eve storyline, but I didn’t dare discuss theology with an American).
I am an universalist, and I am extremely wary of the American identity and community fetish, which inevitably leads to violence. I have only little hope that Charlotteville’s white identity furor will make US liberals realize that identities are not the solution but the problem. Conversely, I’m afraid when I see the US style tribal worldview worming itself back in Europe, which I thought had been immunized by history against strong identities. On the other hand, refusing to see a social reality might not be the best way to fight it, and banding together is often, at least in the short term, the best defense system.
The Barcelona terror attack was far less discussed in the US than the Charlotteville events were discussed in Europe. It’s a bit disturbing, but might be in part because it feels less new. The attacks in Ouagadougou went almost unnoticed, which is even more disturbing. Anyway, in the end, all have the same origin – a small group of looneys thinking they can be proud of a bullshit racial or religious identity which supposedly makes them different from the rest of the human race.

Minneapolis

Like the three or four last years, I first stopped for a few days in Roseville, where I joined the friendly Z-Man team, and of all Asmodee (no accent) Nort America, in a lost suburb of Minneapolis. We played my prototypes, some of which raised some interest, and a few new or upcoming Z-Man games. My favorites were a Florian Fay prototype which still needs some development, and Smile, a cute light card game by Michael Schacht, and NMBR9, which I had already played. While I don’t like Splendor and Marc Andrés’s style usually leaves me cold, I really enjoyed my game of Majesty, which has strong interaction and a consistent theme.

While discussing two player games with Steven Kimball, I tried to convince him to make a mew version of Hayato Kisaragi’s Greedy Kingdoms, a game I really like, and to let me work on the development, only to learn the day after that the game was already signed with AEG.

Indianapolis


Downtown Indianapolis viewed from my 27th floor room

There was a change of pace when arriving in Indianapolis, an archetypal american city, some brutal architecture planted in the bush, in the middle of nowhere.
There were 70.000 attendees, a record, at the 50th Gen Con. Designers, publishers, distributors and even game manufacturers from all around the world were here, but there were few artists, except for very american fantasy illustrators. Many French people, not all asmodeans. With such a busy crowd, hotels were full, if not overbooked. When Antoine Bauza arrived one day later than initially scheduled, his room had already been passed to someone else. He slept in mine for two days, a good opportunity to discuss games and to start working together on what will probably be a small card game.


At the JW Marriott bar with Merry Nowak-Trzewiczek, Eric Lang and two guys from CMON.

All the people gravitating around Asmodee, FFG or CMON used the nearby JW Marriott bar and lobby as their headquarters. We drank a lot, we talked games, but we didn’t play that much. Thursday night was the Iello party, Friday night the Asmodee one, I felt relieved for not having to choose my side.

New stuff

There were five or six hundred new games on the show. Many games, may be too many. Luckily, this year, there was no main big hit monopolizing the gamers’ attention, which was divided between many interesting new games. I could not find the time to play anything else than my own games and prototypes, but I’ve heard good things about all of these, in no specific order.

and I certainly forget a few ones. Some of these, and a few dozen small card games, are in the big box that FFG – ooops, ANA – will send me in the coming days. Thanks again friends!
Some of the trends I discussed in a recent blogpost were confirmed. Lots of cooperative games, and of narrative and legacy ones. Many games by Japanese designers. A focus on both small card games and big heavy boxes with baroque graphics and ridiculously overproduced components, but little in between. Science fiction is back, often with a seventies graphic style, but good old heroic fantasy is not dead.

My games

I had a busy schedule, half appointments with publishers to show my prototypes, half signings and demos of my four new games, Secrets, Junggle, King’s Life and Kamasutra. The two booths where I spent most of my time were Z-Man, the publisher of Junggle, who was kind enough to take care of my accommodation in the rather expensive hotel where all the interesting discussions take place, and Vice Games, the publisher of Kamasutra, because it was plain good fun.


Demoing Junggle at the Z-Man booth

Junggle, a light and fast paced family game, might not be very easy to show in a geeky event like Gen Con, especially when most of the other games at Z-Man were more serious, heavy and german. My demos were nevertheless a success, though on the last day, I was not very good an y more at rapidity or memory games.


A game of Secrets

I didn’t actually play Secrets but I often went to have a look and discuss the game at the nearby nice space where the new Repos games were demoed. Players always seemed to have fun and to be completely distrustful of each other, which is a good sign.


Playing King’s Life, at Pandasaurus

At Pandasaurus, King’s Life was largely eclipsed by their big hit, Wasteland Express Delivery Service, a monster game about delivery drivers in a Mad Max setting. I nevertheless played a few games of King’s Life, one of which, with seven players, was probably one of my highlights of the con. This game is definitely best with more players.


Kamasutra and Come Together, the two hottest games at GenCon

The Vice Games booth was just a narrow strip of black cloth behind the bigger one owned by their friends at Japanime Games, but it was one of the most fun and sexy places at the con. Matt, in a snow white outfit, explained his sexy card game Come Together, while I showed Kamasutra. Matt’s enthusiasm, David Cochard’s cute graphics and some word of mouth helped the game selll out quite fast.


Playing Kamasutra with BGG’s Eric Martin as a teammate. We won.

There were even a few improvised tournaments, and I was the referee at the Game Nerds Night on Sunday. No one wanted to publish this game when I showed it two years ago, and again last year, now everyone wants to distribute it all around the world ! If it’s not too late, Vice Games will try to book a small booth in Essen.


Preparing the Kamasutra tournament

(BTW, English grammar question. When explaining the rules of Kamasutra, I used to say that the balloon is placed in the « contact zone ». Then I heard Matt explaining the game, and saying it was in the « zone of contact ». It’s obvious to me, though I don’t know why, that the third possibility, contact’s zone, would not be correct. So, what is the rule ? If zone of contact is correct and not contact zone, why ?)

Prospection

I had ten or twelve appointments with publishers, small and big ones, and several games prototypes to show. For the first time, I had brought not only rough prototypes but also publisher prototypes of two games, Chawai and Small Detectives, which will be soon published in France and are looking for foreign distributors or licensees. Both my prototypes and these games raised some interest, so you can expect some more Bruno Faidutti games in the coming years. And since I could not abandon this idea, I also contacted the AEG team, which I didn’t know so far, to ask if I could add my grain of salt to Greedy Kingdoms.

Back to France


Sunday evening in the hotel lobby.

My last appointment was for breakfast, on mondai morning, at Patachou, with Eric Lang. Even when we were both exhausted after four games of gaming, drinking and talking business, we managed to revive a game project with elves and trolls which had stalled for several months. I only hope that we will not forget our new ideas, and that they will still sound as great after a full night of sleep.
The eclipse took place just when we were leaving Indianapolis. The connection in Atlanta was fast and smooth, which was not certain. I’m now writing this report during the very short night over the ocean. When back, I will have to reprint prototypes for the publishers who asked for them, and then to start working on the new projects with Eric Lang, with Hayato Kisaragi, with Antoine Bauza.


Boarding the plane with Bruno Cathala

Compte rendu de Paris est Ludique
Paris est Ludique report

Le grand salon français du jeu de société n’est pas celui de Paris mais celui de Cannes, en février. Paris est Ludique, en juin, est plus modeste, mais c’est sans doute mon salon préféré, pour toute une série de raisons. C’est à côté de chez moi, dans l’est parisien, et je n’ai donc pas à me préoccuper de billets de train ou d’avion, ni de chambre d’hôtel.
C’est l’un des rares salons ludiques à se tenir à l’extérieur, sur la pelouse de Reuilly, l’ancienne foire du Trône en bordure du bois de Vincennes, et cela contribue grandement à l’ambiance assez décontractée, avec beaucoup de bière, de shorts, de robes courtes et d’espadrilles. Le risque bien sûr est qu’il fasse trop chaud – il s’en est fallu de quelques jours -, qu’il y ait trop de vent – c’est arrivé – ou des orages, mais quand il fait juste beau comme cette année, c’est parfait.
C’est un salon très professionnel, où tous les éditeurs français sont présents, même si les étrangers restent très peu nombreux, à part les belges et les polonais. Cela reste cependant un salon familial (même si je n’aime pas ce mot), avec un public varié, mêlant geeks et curieux. C’est un salon qui remporte son petit succès, mais qui ne grossit pas trop vite.


Secrets

Cette année, je n’avais guère qu’une création à présenter aux éditeurs, et mon planning de rendez-vous était très modeste. Je n’avais pas non plus de nouveautés en vente sur le salon, mais j’en avais plusieurs en démonstration, qui arrivent dans les mois qui viennent – c’est à dire pour la Gen Con, en août, ou pour Essen, en octobre. J’ai donc passé pas mal de temps sur les stands de Repos Production éditeur de Secrets, ma deuxième collaboration avec Eric Lang, de Pixie Games, éditeur de Small Detectives, ma première collaboration avec Charles Chevallier, de Superlude, éditeur de Chawai et de Blue Orange, éditeur de Nutz!, et jai fait quelques photos. Sur les stands de Sweet November, de Matagot, de Lui-Même et de Flatline Prod, j’au eu la chance de constater qu’ils continuaient à présenter Waka Tanka, Raptor, Dolores et Argo, qui ne sont plus vraiment des nouveautés.


Chawai – qui ne sort pas chez Haba – et Argo en arrière plan.

Les quelques nouveautés auxquelles j’ai trouvé le temps de jouer étaient des jeux rapides, et j’ai particulièrement apprécié deux petits jeux de cartes un peu calculatoires, Startups, de Jun Sasaki, le dernier petit jeu dans une toute petite boite de chez Oink Games et Kimono, de Hinata Origuchi. J’ai enfin découvert Flamme Rouge, de Asger Harding Granerud, et j’ai beaucoup aimé, même si je ne suis pas sûr qu’il détrône Ave Cesar, mon jeu de course méchant préféré. J’aurais bien voulu jouer à Century-Spice Road, à Edgar et Lucien, aux Pillards de la Mer du Nord, à Arena for the Gods, mais soit les tables étaient pleines, soit je n’avais pas le temps. Je recommande aussi parmi les nouveautés du salon Seeders Exodus (mais c’est du lourd), Dice Forge, Décrocher la lune et Jack et le haricot magique, que j’avais découverts à Etourvy.


Wet Head – un jeu adapté à la météo

Sur le stand d’Accessijeux, j’ai eu la bonne surprise de découvrir trois de mes créations, Waka Tanka, Diamant et Citadelles, adaptées pour les joueurs aveugles (je déteste l’euphémisme non-voyant, qui laisse supposer qu’aveugle serait désobligeant, un peu comme personne âgée sous-entend que vieux serait une insulte). Je ne suis pas bien placé pour juger, mais je suis assez dubitatif sur l’adaptation de Citadelles, qui me semble un peu tarabiscotée. Celle de Waka Tanka, en revanche, est toute simple et doit très bien fonctionner.


Sur le stand d’Accessijeux. Les aveugles ne conduisent pas…

Roberto Fraga a donné cette année la patate d’or, que j’avais eu il y a quatre ou cinq ans, à Matthieu d’Epenoux. Ce prix totalement subjectif, grossièrement sculpté par Martin Vidberg, est attribué chaque année par son titulaire précédent à une personne qui a beaucoup fait pour le jeu de société. C’est vrai que Matthieu a fait de toutes petites choses, mais il en a fait vraiment beaucoup.


Martin, Matthieu et Roberto

Le samedi soir, c’était la traditionnelle soirée After organisée par Laurent Escoffier, où je ne me suis malheureusement guère attardé car je voulais corriger quelques copies de bac avant de me coucher, mais ceux qui sont restés jusqu’au bout de la nuit m’ont dit que c’était très bien.


Avec Hervé Marly à l’after party

Dimanche matin, ce fut la deuxième et très constructive assemblée générale de la société des auteurs de jeux. Nous étions nombreux, avec je pense le bon mix de vieux auteurs installés et de petits jeunes plein d’enthousiasme. Curieusement, très peu de femmes, alors qu’elles commencent à être nombreuses parmi les auteurs publiés. On a fixé quelques objectifs clairs, notamment clarifier notre situation socio-fiscale et obtenir une meilleure reconnaissance du jeu de société comme création culturelle, et donc de ses créateurs comme des auteurs – ces objectifs allant bien sûr de pair. Pour le reste, on n’était pas d’accord sur tout, mais c’est aussi une preuve de dynamisme.

Nous sommes dimanche soir, je suis fatigué, et je dois avoir un petit coup de soleil sur le dessus du crâne. Je crois que je vais me coucher tôt et reprendrai les corrections du bac demain matin.

The big french board game fair doesn’t take place in Paris but in Cannes, in February. Paris est Ludique, in June, is a much more modest thing, but it’s probably my favorite board game fair, for several reasons. The first one, of course, is that I live nearby, which means I don’t have to deal with hotel rooms and airplane tickets.
It’s one of the very few boardgames fairs taking place outside. he place, near the Vincennes park in the east of Paris, is really nice and the mood is always very cool, with shorts, short dresses, sandals and much beer. Of course, there’s a risk, it can be too hot – we avoided it by a few days -, or too windy – it happened a few years ago – and some year there will be storms, but when the weather is just nice like this year, it’s the perfect setting.
It’s a highly professional thing, and all french publishers are there, though except for Belgians and Polish there are few foreigners so far. It’s also very casual and family friendly, with an extremely varied audience, of all styles and ages. It’s a success, it’s growing every year, but not too fast.


Small Detectives

This year, I had only one prototype to show to publishers, and my planning was not too busy. I also did not have new games on sale on the fair, though there were demos of several that will arrive in the coming months, either for Gen Con in August or Essen in October. I spend some time at Repos Productions, the publisher of Secrets, my second collaboration with Eric M. Lang, at Pixie games, publisher of Small Detectives, my first collaboration with Charles Chevallier, at Superlude, publisher of Chawai, and Blue Orange, publisher of Nutz!, and I took some pictures. At Sweet Games, Matagot and Flatline Prod, I was glad to see that they were still demoing Waka Tanka, Raptor, Dolores and Argo, even when these are last year news.


Nutz!

The few new games I managed to play were fast-paced ones. I really enjoyed two small card games, Jun Sasaki’s Startups, the last small game in a tiny box by Japanese publisher Oink Games, and Hinata Origuchi’s Kimono (a remake of Colors of Kasane). I finally discovered Flamme Rouge, and liked it a lot though I doubt it will replace Ave Cesar as my favorite nasty racing game. I would have liked to play Century-Spice Road, Edgar & Lucien, Raiders of the North Sea (not new in English, but new in French), and Arena for the Gods, but the tables were full, or I didn’t have time. Other new games I recommend because I have played them earlier, most of them in Etourvy, are Seeders Exodus (but it’s heavy stuff), Dice Forge, Décrocher la lune and Jack and the Beanstalk.

With Charles and Bruno at Pixie Games. Thanks Bruno for promoting Masacarade !

It was nice to see, at the Accessijeux booth, three of my games, Waka Tanka, Citadels and Diamant played by blind players with adapted components. I’m not well placed to make a judgement, but I have doubts about the Citadels implementation, which looks a bit complex. one the other one, the Waka Tanka adaptation is extremely simple and seems to work very well.


Blind Diamant

Roberto Fraga handed the golden potato, which I had four or five years ago, to Matthieu d’Epenoux. This totally subjective award, roughly sculpted by Martin Vidberg, is given every year by his former holder to some one who did great things for the boardgaming scene. And, well, Matthieu did mostly very small things, but he did a lot!

On Saturday night, I went to the traditional after party held by Laurent Escoffier, but I didn’t stay long. I wanted to come back home early and mark three or fours exam papers before going to sleep. It looks like those who stayed the whole night had great fun.

On Sunday morning, the second and extremely constructive assembly of the French game designers association, the , was a success. There were many of us, with the good mix between young enthusiastic authors and old warhorses like me. Surprisingly, very few women, when there are more and more among the published designers. We settled for a few clear goals, mostly clarifying our fiscal situation and push for a recognition of games as cultural items and therefore of their designers as authors. We disagreed on a few points, but it’s also a token of dynamism.

It’s Sunday night, I’m tired, and I probably have a sunburn on the top of my head. I’ll go to sleep early and start again marking exam papers tomorrow.

Rencontres ludopathiques 2017
2017 Ludopathic Gathering

Plusieurs fois durant ce long week-end étalé du jeudi au lundi, on m’a demandé depuis combien de temps j’organisais les rencontres ludopathiques. Cela a commencé lorsque j’habitais dans le coin, à Troyes, donc vers le milieu des années quatre-vingt-dix. Nous en sommes donc sans doute à la vingt-et-une ou vingt-deuxième édition de ces rencontres ludiques, qui sont donc un peu plus récentes, et un peu plus modestes, que celles d’Alan Moon. Nous n’étions au début qu’une trentaine, et les seuls éditeurs présents étaient Ludodélire, mon éditeur principal de l’époque, Eurogames, car Duccio Vitale habitait, et  habite peut-être encore, à une trentaine de kilomètres.
Si quelques amis de l’époque sont toujours là, le public s’est largement renouvelé. Les rencontres ont grandi, ou grossi, puisque nous étions 110 cette année, comme l’an dernier, un nombre que je ne souhaite pas dépasser. Elles se sont professionnalisées, avec une vingtaine d’éditeurs présents (Asmodee, Blackrock, Blue Orange, Days of Wonder, Djeco, Don’t Panic Games, Flatlined, Gigamic, Iello, Letheia, Libellud, Lui-Même, Matagot, Passport Games, Pearl Games, Pixie Games, Portal, Purple Brain, Ravensburger, Repos Prod, Small Box Games, Space Cowboys, Sweet Games, sans compter ceux qui n’étaient pas là mais avaient fait parvenir des jeux, Funforge, Huch et Schmidt – prévenez-moi vite si vous constatez que j’ai oublié quelqu’un). Je ne vais pas lister les auteurs de peur d’en oublier, et parce qu’ils sont moins susceptibles, mais ils étaient aussi une bonne trentaine. Bruno Cathala, qui n’avait raté aucune des quinze ou vingt dernières rencontres, n’a pas pu venir cette année, mais Antoine Bauza, absent depuis quelques années du fait de ses séjours au Japon, était de retour. Il y avait aussi quelques illustrateurs de jeux, mais moins nombreux que les années précédentes. Les rencontres se sont aussi internationalisées, avec des participants venus de toute l’Europe, mais aussi des États-Unis et du Brésil, m’obligeant à faire les annonces en français et en anglais – du moins jusqu’à ce que je sois suffisamment saoul ou fatigué pour oublier l’anglais, ou parfois le français. Malgré une forte délégation polonaise cette année, je n’ai jamais assez bu pour essayer mes rudiments de polonais, sans doute très rouillés.


Malgré tout, je tiens à ce que les ludopathiques restent un moment décontracté, tenant plus du week-end entre amis que du salon professionnel – ce qui n’empêche, dans les coins discrets, de discuter un peu contrat d’édition ou distribution. C’est pour cela que j’invite aussi de nombreux amis, des vieux et des nouveaux, plus ou moins passionnés de jeux, et que j’essaie d’avoir au moins un tiers de femmes (ce qui devient plus facile car le milieu du jeu se féminise très rapidement) et quelques familles avec enfants. C’est pour cela aussi que, après une expérience assez mitigée de déménagement en région parisienne, il y a une dizaine d’années, les rencontres ludopathiques se sont définitivement installées à Etourvy, au milieu de nulle part, dans les bois entre Chaource et Tonnerre. Je n’envisage plus de bouger.

Lorsque quelques dizaines d’auteurs et d’éditeurs de jeux se rencontrent, il est inévitable que sortent de leurs larges sacs des jeux qui ne sont pas encore dans les boutiques, voire qui ne sont pas encore tout à fait au point, ce qu’il est convenu d’appeler des prototypes, et qu’il faudrait peut-être plutôt, au moins pour ceux des aueturs, appeler des brouillons. De plus en plus nombreux chaque année, ils représentent plus ou moins la moitié des parties – trois types de parties.

Il y a d’abord les jeux inachevés, sur lesquels les auteurs sont encore en train de travailler, dont ils modifient parfois les règles au vol, en cours de partie. Je n’en avais pas beaucoup cette année. Viennent ensuite les jeux à peu près au point auxquels les auteurs essaient de trouver un éditeur. J’en avais un, Vampires, conçu avec un ami américain qui avait fait le voyage depuis San Francisco, Charlie Cleveland; il a suscité beaucoup d’intérêt mais demande encore quelques menus bricolages. Viennent enfin les véritables prototypes, les jeux apportés par les éditeurs, ceux qui vont sortir, où qu’ils hésitent à sortir, et dont les règles et parfois les illustrations sont à peu près fixées. J’en avais pas mal cette année – Nutz!, Jungle (avec Anja Wrede), Le petit Poucet (également avec Anja Wrede), Secrets (avec Eric Lang), Dragons, Jongleurs et Ménestrels (with Sandra Pietrini), A King’s Life (avec Gwenaël Bouquin).


J’ai vu des trucs bizarres auxquels je n’ai pas eu l’occasion de jouer, des arbres chez Iello (à moins que ce ne soit chez Blue Orange), des acrobates de cirque chez Matagot (le plus photographié des prototypes). J’ai joué à Dice Forge, de Régis Bonnessée, un jeu de « dice-building », à Jack et le Haricot Magique de Frédéric Morard, à l’excellent Ô mon Chateau, de Ludovic Maublanc et Corentin Lebrat, un jeu de gestion qui donne envie de dessiner – du moins à ceux qui savent un peu dessiner – et à Seeders – Exodus de Serge Macasdar, un jeu d’enchères, de gestion et de combinaison dans un univers de science-fiction riche et ambitieux. J’ai beaucoup fait tourner mon petit dernier, le jeu des Dragons, à paraître chez Matagot. La présence de mon amie Anja Wrede nous a permis de jouer un peu à nos jeux qui devraient sortir cette année, Le Petit Poucet (devinez chez quel éditeur) et Jungle (sur lequel je n’ai pas encore le droit de dire grand chose). Dans une pièce secrète et retirée, Hervé avait monté son escape room, que je n’ai toujours pas jouée – tout le monde adore, mais je ne suis pas certain que ce soit mon truc.

Parmi les jeux publiés, on peut aussi distinguer trois grandes catégories – les nouveautés, les vieux classiques et les bizarreries – étant entendu que certaines bizarreries sont aussi des nouveautés, ou que certaines nouveautés, comme le Mâche Mots, sont aussi assez bizarres.
Les nouveautés ou jeux assez récents les plus joués, et donc sans doute les plus appréciés, m’ont semblé être
Clank!, de Paul Dennen, un dec k building assez léger et avec un vrai thème,
A Fake Artist Goes to New-York, de Jun Sasaki, un jeu de dessin et de bluff déjà vieux de deux ou trois ans mais qui n’est devenu un hit chez nous que cette année
Magic Maze, de Kasper Lapp, un jeu de coopération en temps réel très original,
Secret Hitler, de Mike Boxleiter, Tommy Maranges, et Max Temkin, un jeu à identités secrètes rigolo et magnifiquement édité.

Je pourrais citer aussi Insider, Baobab, Terraforming Mars, Mot pour Mot, Profiler, Fabled Fruit, Potion Explosion, Codenames, Capital Lux, Not Alone (dont l’auteur, Ghislain Masson, était pour la première fois à Etourvy), Picassimo (même chose pour Carlo Rossi), Kanagawa, ou Happy Salmon, et j’en oublie certainement. Les gens de Schmidt, que je ne connais pas particulièrement, avaient envoyé un énorme colis avec, parmi d’autres jeux, six boites des Bâtisseurs du Colisée, de Klaus-Jürgen Wrede. Quelqu’un en a ouvert une, et a découvert que c’était un très bon jeu familial, très allemand, qui du coup a pas mal tourné durant les derniers jours. L’autre succès inattendu fut Penguin Trap, une variation politiquement correcte du vieux Brise Glace – on ne doit plus noyer un esquimau, mais juste un pingouin – à laquelle les cases hexagonales donnent une nouvelle dimension.

Du côté des très gros jeux, un genre qui je pratique à l’occasion mais dont je ne suis pas spécialiste, on a vu des parties de Scythe, de Cthulhu Wars (dont Fred a toutes les extensions), de Mechs & Minions, de Time Stories dont Manu essayait de nouveaux scénarios, de Terraforming Mars, du prototype de Seeders – Exodus dont j’ai déjà un peu parlé, et d’un gros proto d’Ignacy Trzewiczek, installé à la même table que l’an dernier, dont j’ignore jusqu’au thème.

Côté jeux d’ambiance, j’essaie toujours de me procurer une bizarrerie colorée des années soixante ou soixante-dix. Cette année, c’était Grab a Loop, avec le magnifique slogan amplement mérité « vous avez aimé Twister ? Attendez de jouer à Grab a Loop ! ». Sébastien a organisé un chouette jeu de piste aux lapins de Paques pour les enfants. On a joué à Codenames avec mes canards, puis avec des vrais gens à la place des cartes, et à Unusual Suspects avec les onze candidats à l’élection présidentielle. Malgré un ciel hésitant, nous avons sorti le traditionnel Brouhaha, et improvisé un jeu de compétition avec deux crayons coopératifs géants apportées par Lia-Sabine, qui bosse chez Djeco. Situation 4, le puzzle en temps réel, est devenu un classique des rencontres, et a été beaucoup joué. La première nuit, tant qu’il n’y avait pas beaucoup d’enfants, il y eut une hilarante partie de Kamasutra, qui devrait sortir bien aux États-Unis chez un vrai éditeur, avec quelque cartes supplémentaires par rapport à la version publiée sur ce site.

C’était très bien, mais je devais être assez fatigué puisque, de retour à Paris, j’ai reçu un email d’Anja me disant qu’elle commençait à travailler au jeu dont nous avons parlé durant le week-end, et je n’ai pas le moindre souvenir des mécanismes de ce jeu.

(La galerie photo et les videos sont tout à la fin du post, après le texte anglais)

 

It was a long week-end, from Thursday to Monday. Several times, I’ve been asked for how long I was organising the ludopathic gathering in Etourvy, and I don’t know precisely. It started when I was living nearby, in in Troyes, which means in the mid nineties. this was therefore the 21th or 22nd ludopathic gathering – Alan Moon’s Gathering of Friends is a few years older. The first gatherings in Etourvy were extremely modest, with about thirty attendees and only two publishers, Ludodelire which was my main publisher at the time, and Eurogames, whose owner Duccio Vitale used to live nearby – and may be still does.
A few old friends from these times are still there, but there are now many more. My gathering has become bigger, may be also fatter, and we were about 110 this year, like last year. I don’t think it should grow more. It has also become more professiona, with about twenty publishers represented (Asmodee, Blackrock, Blue Orange, Days of Wonder, Djeco, Don’t Panic Games, Flatlined, Gigamic, Iello, Letheia, Libellud, Lui-Même, Matagot, Passport Games, Pearl Games, Pixie Games, Portal, Purple Brain, Ravensburger, Repos Prod, Small Box Games, Space Cowboys, Sweet Games, and a few ones who were not there but had sent games, Funforge, Huch et Schmidt – if I’ve forgotten you, please email me asap). There were also about thirty game designers,, whom I won’t list for fear of missing many, even when I know they are less touchy than publishers. Bruno Cathala, who had not missed a single gathering this fifteen or twenty last years, could not join us this time, but Antoine Bauza, who had missed the last gatherings because he was travelling in Japan, was back. There were fewer game illustrators than the last years. The Ludopathic Gathering also became more international, with attendees from all Europe, and also from the US and from Brazil. this means I had to make all announcements both in French and English, at least until I was drunk enough to forget one or the other. There was a strong Polish team this year, but luckily I didn’t drink enough to give a try at my rusty rudiments of polish.


Despite all this, I want Etourvy to stay what it has been so far, a casual and informal meeting, more a friendly gathering than a professional convention – even though discussion of publishing or distribution contracts sometimes occurs in discreet corners. That’s why I also invite several friends, old and recent ones, game enthusiasts or just casual players. That’s also why I try to have at least a girl for two guys (this is becoming much easier when there are more and more women in the gaming business) and a few family with kids. It’s also why, after trying a bigger place nearer to Paris a few years ago, I’ve brought the ludopathic gathering back to Etourvy, in the deep French countryside, in the middle of nowhere. It will stay there.


When a few dozen designers and publishers meet, they inevitably take out of their bags games which are not yet in shops, or even not really finalised, what we call prototypes and should probably, at least for the designers’ ones, call drafts. There are more and more in Etourvy every year, and they make for more or less half of the game sessions. There are designers trying rough drafts of game ideas, sometimes changing the rules during the game, I didn’t have many this year. There are more or less finalised ideas pitched to publishers by designers; I had one, Vampires, designed with Charlie Cleveland, who had made trip from San Francisco. It raised much interest but still needs some minor tweakings. The true prototypes are the games usually brought by publishers, games that will be published soon, or that they seriously consider publishing, and whose rules are more or less finalized. Several were mine – Nutz!, Jungle (with Anja Wrede), Little Thumb (also with Anja Wrede), Secrets (with Eric Lang), Dragons, Jugglers & Minstrels (with Sandra Pietrini), A King’s Life (with Gwenaël Bouquin).


I’ve seen strange stuff which I didn’t have the opportunity to play. There were trees at Iello (or may be at Blue Orange), circus acrobats at Matagot (probably the best looking prototype, and certainly the most photographed). I’ve played Régis Bonnessée’s Dice Forge, Fred Morard’s Jack and the Magical Bean, Ludovic Maublanc and Corentin Lebrat’s Ô mon Chateau, which is not a drawing game but in which players always start drawing their castle. The heaviest new game I tried was  Serge Macasdar’s Seeders – Exodus, an original and ambitious auction, resource management, drafting, and card combos game. My Dragons prototype, to be published next year by Matagot, was played a lot. Since my friend Anja Wrede was here, we played a few games at our two collaborations which ought to be published soon, Little Thumb (guess by which publisher) and Jungle (of which I’m not allowed to say anything so far). In a secluded room, Hervé was holding sessions of his escape room, which I’ve not played yet – everybody loves it, though I’m not sure it’s my kind of game.


Three types of published games are played in Etourvy – new stuff, classics and zany party games. Of course, some of the new stuff can be really zany, like Speak Out. Among the recent stuff, the games which seemed to be the most played were
• Paul Dennen’s Clank!, a light deck-building game with a solid theme
• Jun Sasaki’s A Fake Artist Goes to New-York, a drawing and bluffing game already two or three years old but which, for some reason, was a hit this year.
• Kasper Lapp’s Magic Maze, a very original real time cooperative game.
Secret Hitler, by Mike Boxleiter, Tommy Manages & Max Temkin, a fun, political and gorgeously edited secret identity game.


Other recent games much played were Insider, Baobab, Terraforming Mars, Mot pour Mot, Profiler, Fabled Fruit, Potion Explosion, Codenames, Capital Lux, Not Alone, (whose designer, Ghislain Masson, was here for the first time), Picassimo (same about Carlo Rossi), Happy Salmon, and I certainly forget many. Schmidt had sent us a huge parcel with new games, among which six copies of Klaus-Jürgen Wrede’s Builders of the Colosseum, a game no one had heard about before. A group opened a box, played it, and found out that it was a really nice family game, with a classic German feel, and it was played a lot in the last days. Another unexpected hit was Penguin Trap, a variation on the old Ice Breaker game. The hexagon spaces give him a whole new dimension, and it’s also more politically correct since it’s no more about drwoning an inuit but about drowning a penguin.


There were also, like every year, a few really heavy games, several hours long. I’ve seen people play Scythe, Cthulhu Wars (Fred brought all the expansions), Mechs and Minions, Time Stories (Manu was play testing new scenarios), Terraforming Mars, the Seeders Exodus prototype I’ve already described, and a rough prototype by Ignacy Trzewiczek of which I don’t know anything, not even the setting.


For party games, I try every year to find some new zany and coloured stuff from the sixties or seventies. This year, it was Grab a Loop, which bears the deserved motto « you loved Twister, now wait till you play Grab a Loop! ». Sebastien organised a fun easter rabbit hunting for the kids. We played Codenames with my ducks, then with people instead of card. We played Unusual Suspects with the eleven candidates at the French presidential election. Despite a grey sky, we played two games of the traditional Brouhaha, and improvised a competitive game with two cooperative pencils brought by Lia-sabine, who works at Djeco. Situation 4, the simultaneous puzzle is now an Etourvy classic, and was much played. On the first night, when there not that many kids yet, we played a hilarious game of Kamasutra, which will be published later in the US by a true publisher, with a dozen extra cards not on my website.


In short, it was great, but I must have been really tired since, when back in Paris, I got an email from Anja about a game design we’ve started discussing in Etourvy, and I don’t remember anything about it!

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Photos de / Pictures by Aurélie, Benoit, Bruno, Charlie, Coralie, Fabien, Jean-Baptiste, Lia-Sabine, Ludo, Manu, Marc, Masumi, Merry, Patrice, Regis & Sebastien

 

Mon bilan du festival des jeux de Cannes
Short report of the Cannes games festival

Dans le train qui me ramène du festival de jeux de Cannes, j’écris ce petit compte rendu de trois jours passés un peu à jouer et à boire, et surtout à causer et à arpenter les travées du salon. Comme je n’ai pas pris de photos, il va falloir en arrivant chez moi qui je fasse le tour des fils facebook de mes amis et éditeurs pour trouver de quoi illustrer cet article.

Le salon a commencé bizarrement, jeudi soir, par une chambre d’hôtel si moderne et tellement design que j’ai eu bien du mal à découvrir la porte de la salle de bain, puis à trouver comment l’ouvrir. On est resté dans l’improbable avec l’annonce du jeu de l’année français, l’As d’Or. Si Scythe et Kikou le Coucou sont des choix fort pertinents pour les jeux pour gros et pour tout petits joueurs, celui d’Unlock pour le jeu grand public m’a pour le moins surpris – comme tout le monde, j’attendais Codenames, meilleur jeu de vocabulaire, voire meilleur jeu familial depuis Taboo.  Il est vrai que je ne suis pas le public pour les jeux d’enquête logique façon escape room, que j’ignore un peu comme, il y a trente ans, j’ignorais consciencieusement dans Jeux et Stratégie les pages de casse-têtes logiques.


Fearz! un peu perdu entre DC Marvel deck building game, Ghostbusters et Attack on Titan…

Ce fut pour moi cette année un salon tranquille, car je n’avais aucun nouveau brouillon* de jeu à présenter aux éditeurs, ayant casé le dernier qu’il me restait chez Matagot il y a quinze jours. J’avais une petite nouveauté en vente, Fearz, ma première collaboration avec Anja Wrede, dont j’ai fait quelques parties sur le stand de Don’t Panic Games, mais ce petit jeu de cartes rigolo était un peu perdu sur un stand plein de figurines monstrueuses et/ou robotiques. Au fait, Cédric est de retour.

Deux jeux à paraître cet été, Small Detectives (écrit à quatre mains avec Charles Chevalier) et Secrets (conçu avec Eric Lang) étaient présentés sur les stands de Pixie Games et de Repos Prod.


Avec Charles Chevallier sur le stand de Pixie Games

Pixie Games est le petit éditeur-distributeur qui monte, une sympathique équipe qui vient d’arriver et qui, outre l’édition de petits jeux malins, a fait quelques choix de distribution très astucieux, notamment les jeux de vikings de Shem Phillips illustrés par l’extraordinaire Mihajlo Dimitrievski, et les bons gros jeux à l’allemande des italiens de What’s your Game. Small Detectives, une sorte de Cluedo en quinze minutes, en plus dynamique et en plus rigolo, m’a semblé être très apprécié par les quelques uns qui ont pu y jouer sur l’unique boite disponible. J’ai découvert à Cannes les illustrations définitives du jeu, elles sont mignonnes et très efficaces – même si on a tous été d’accord pour demander un peu plus de couleur sur la boite.


Une présentation de Secrets en québécois (à 1’56″”)


Je parle de mon travail avec Eric Lang (à 0’40”), et Eric Lang parle de plein de choses dans un franglais parfait (à 12’56”)


Et là, à 1’50”, j’explique pourquoi il n’y a pas de sexe oral dans kamasutra .

Repos Prod n’avait pas fait les choses à moitié pour la première présentation en public de Secrets, le deuxième jeu que j’ai créé avec Eric Lang, qui sortira en août à la GenCon  d’Indianapolis (les belges à sombrero vont cependant devoir changer de logo et de costume s’ils ne veulent pas être refoulés à l’entrée des États-Unis). À Cannes, Secrets était joué sur une grande table dans un magnifique stand aux couleurs du jeu. Secrets, dont je parlerai bientôt plus en détail sur ce site, est une sorte de Mascarade pour joueurs et par équipe. L’action se situe durant la guerre froide, chaque joueur pouvant être affilié au KGB ou à la CIA, ou bien être un hippie et jouer à un autre jeu. Les illustrations sont drôles comme tout, et les premiers essais de pions en bakelite absolument magnifiques.

 
Soirée belgo-mexicaine – et je ne sais plus pourquoi je suis le seul à faire la gueule.

J’ai d’ailleurs passé pas mal de temps avec Eric Lang sur ce salon, sur les stands des éditeurs de nos deux collaborations, Dolorès et Secrets, et aux soirées festives organisées par les grosses boites. Vendredi soir, après avoir déjà pas mal bu à la soirée Iello, nous sommes quand même parvenus à trouver le chemin de celle d’Asmodée. Comme me l’a fait remarquer Eric, le monde de l’édition ludique en France étant “very political”, il faut y naviguer prudemment. Samedi, c’était la soirée Repos Prod, et nous sommes restés sobres.


Un beau totem pour Waka Tanka

Sinon, j’ai trainé un peu sur les stands d’Atalia, de Sweet Games, de Lui-Même et de Iello pour signer quelques boites d’Argo, de Waka Tanka, de Dolorès et de Diamant, j’ai discuté avec éditeurs et illustrateurs de projets dont je n’ai pas encore le droit de parler, et j’ai trainé un peu entre les stands pour regarder les nombreuses, très nombreuses, trop nombreuses peut-être nouveautés.

Comme souvent sur les salons, je n’ai eu le temps de jouer à rien, mais j’ai regardé des bouts de partie ici et là, et entendu les commentaires d’amis moinjs surbookés. On m’a dit beaucoup de bien de Seeders – Exodus de Serge Macasdar et des Montagnes hallucinées de Rob Daviau et j’ai eu très envie de jouer à Cannon Buster, de Gun Hee Kim, à Top Face Fantasy de Wlad Watine, à Profiler de Romaric Galonnier, et au petit jeu de cartes avec des chats kawaii chez Bombyx – mais rien de tout cela n’est encore en vente. Et puis, il y a ceux que j’ai du mal à considérer comme des nouveautés parce que j’y ai déjà pas mal joué sur les protototypes brouillons, Watizit et Yamatai de mes amis Hervé Marly et Bruno Cathala, ainsi que Sentai Cats, un tout petit jeu d’une demi douzaine de grands auteurs.


Paul Mafayon, l’illustrateur, dédicaçant une boite de Diamant. Derrière, c’est Antoine Bauza qui dédicace son Oceanos, un excellent jeu dont on ne comprends pas bien pourquoi il ne se vend pas.

Les allées du salon m’ont semblé moins encombrées que l’an dernier, peut-être parce que la surface a été un peu agrandie, ou parce que les contrôles de sécurité et les longues files d’attente ont découragé pas mal de visiteurs. Côté professionnel, en revanche, il y a de plus en plus de monde, et un monde de plus en plus international – j’ai causé jeu avec des coréens, des polonais (mes vieux amis Ignacy et Merry), des allemands, des anglais, des italiens, des américains, des canadiens, des finlandais et même une polyglotte allemande voulant importer en France des jeux japonais – sans compter le schizophrène culturel qu’est David Cochard. Il y avait même Eric Martin, en famille, filmant pour le boardgamegeek.


Avec Stefania Niccolini, qui présentait Railroad Revolution chez Pixie Games.

Samedi matin, c’était l’assemblée constitutive de la société des auteurs de jeux, que j’ai malheureusement dû avant que les sujets les plus chauds ne soient discutés. C’est une excellente initiative, menée par des personnes sympathiques et compétentes, et j’espère trouver le temps de m’y impliquer un peu.

Le dernier épisode fut dimanche, sur le quai de la gare où je pense avoir laissé un sac contenant une partie des jeux que j’ai achetés ou que je me suis fait offrir sur le salon. Donc, si quelqu’un a trouvé un sac Pixie Games contenant Clonk!, Mot pour Mot, Top Face Fantasy et une ou deux autres petites boites, faites-le moi savoir.

* Les vieilles et mauvaises habitudes sont difficiles à abandonner mais, si nous voulons que les jeux soient considérés par les joueurs et par les pouvoirs publics comme des œuvres culturelles, il me semble que nous devons faire l’effort d’éviter le vocabulaire de la technique et lui préférer celui de la culture. Tout comme j’essaie de dire et surtout d’écrire “critique” et non “test”, je vais désormais essayer d’utiliser “brouillon” ou “ébauche” et non “prototype” pour parler des premières versions de mes jeux. Si les boites réalisées par les éditeurs, avec les illustrations et le mise en page définitive, sont effectivement des prototypes, celles que je réalise pour jouer avec des amis sont bien des brouillons, des versions préparatoires, inachevées…. et souvent brouillonnes.


 

In the train back from the Cannes game festival, I’m writing a short report of these three days spent sometimes playing and drinking, but most times just talking and walking through the fair alleys. Since I didn’t take any pictures, I’ll steal a few ones on my friends and publishers’s facebook threads to illustrate it.

The fair started strangely, on Thursday night, with a modern design hotel room, so conceptual that I needed five minutes to find the bathroom door, and then to understand how to open it. Then came the surrealistic  results of the French game of the year award, the As d’Or. While Scythe and Go Cuckoo! are good and informed choices for the hardcore gamers and the kids awards, everybody was surprised by the choice for the main award, Unlock!. Like everyone here, I was expecting Codenames, the best word game since Taboo. I might have been even more shocked because I’m not interested in escape rooms and escape rooms like logical deduction games which seem to be the new craze – and are certainly not for everybody. Let’s hope it won’t last.

I had no new prototype to pitch to publishers, having sold the last one to Matagot two weeks ago, so it was a relatively calm fair for me. My only new game sold on the fair was Fearz!, codesigned with Anja Wrede. I played a few games at the Don’t Panic booth, but our light children game was a bit lost, surrounded with much heavier stuff, with lots of monsters and/or giant robots miniatures. And, by the way, it looks like Cedric is back.

Two games that will hit the shelves this summer, Small Detectives (designd with Charles Chevalier) and Secrets (designed with Eric Lang) were shown in advance at Pixie Games and Repos Prod.

Left, with Charles Chevallier at Pixie Games
 
Pixie Games is a small but dynamic and fast growing French publisher and distributor. They have already published a few cute and clever light games, and are also importing in France some great stuff, like Shem Phillips’s viking games illustrated by the fabulous Mico, and the great German style games by the Italian publisher What’s Your Game. Small Detectives is a 15 minutes deduction game, clearly derivative of good old clue but much lighter, fun and dynamic. There was only one advance copy and one table to play it, but it seemed to be a hit with the few people who could play it. I saw the near final components for the first time, and they look great – even if we all agreed that there must be more bright colors on the box.

Repos Prod did things properly for the first public presentation of Secrets, my second collaboration with Eric Lang, which will be out for the Indianapolis Gen Con, in August (The Sombrero wearing Belgians might have to change their costumes and logo if the don’t want to be rejected when entering the U.S). Secrets was played on a large table in a large booth decorated with images from the game. Secrets feels a bit like a hardcore player and team version of Mascarade. The theme is the cold war, with most players being members of the CIA or the KGB and one or two being hippies and playing a different game. Graphics are really fun, and the first prototypes of bakelite tokens were impressive.

At the Iello party, with some designers, developpers and publishers.

I spent much time at Cannes with Eric Lang, at the booths of the publishers of our codesigns, HMS Dolores and Secrets, and at various publishers parties. On Friday night, after having already drunk a bit at the Iello party, we managed to find our way to the Iello one. As Eric said, the game publishing business in France being “very political”, one must sail very carefully through it (not sure one can say this in English, but I like the “sailing” image). Saturday, at the Repos party, we didn’t drink much.


Serge Laget demoes Argo

I’ve stopped at the Atalia, Sweet Games, Lui-Même and Iello booths to sign a few copies of Argo, Waka Tanka, Dolorès and Diamant. I also had some discussions with publishers and illustrators about stuff I’m not allowed to discuss publicly yet.

As always in such fairs, I could not find the time to play many games. The few new games I will recommend, most of which are not out yet, are from hearsay and from looking for ten minutes at people playing and enjoying them. I’ve heard very good reports of Rob Daviau’s Mountains of Madness and of Serge Macasdar’s Seeders : Exodus. I’ve seen people playing Wlad Watine’s Top Face Fantasy, Gun Hee Kim’s Cannon Buster, Romaric Galonnier’s Profiler and a card game with kawaii cats whose title and designer I forgot at the Bombyx booth. There are also games I don’t always think as new stuff, since I already played them long ago in prototype form, Watizit and Yamatai, by my friends Hervé Marly and Bruno Cathala, and Sentai Cats, a small game by half a dozen designers.

I’ve wandered in the alleys looking at the many, really many, may be too many, new games. I had a feeling the place was less crowded than last year, but this might be due a to a larger exhibit are, or to the long and fastidious lines, due to security check, to enter the fair.
On the professional side, there seemed to be more people from all around the world. I discussed games with Koreans, Poles (my old friends Ignacy and Merry), Germans, English, Italians, Finns, Americans, Canadians and even a German polyglot trying to bring Japanese games into France – and I don’t count the cultural schizophrenic David Cochard. Even Eric Martin was here, with his family, for the boardgamegeek.


With Bruno Cathala and Kevin Kimchan Kim

The constitutive meeting of the French game designers association took place on Saturday morning, but unfortunately I had to leave before the most interesting topics were discussed. Anyway, it’s a great initiative pushed forward by really nice and efficient people, and I hope to find some time to invest in it.

The last episode took place on Sunday. I probably forgot on the station platform, or may be in my hotel, a bag with some of the games I bought or was offered on the fair. If someone found a Pixie Games purple bag with copies of Clonk!, Mot pour Mot, Top Face Fantasy and one or two more small boxes, please tell me !


Tiring and challenging work session with Ludovic Maublanc, Corentin Lebrat and Antoine Bauza.

Festival Internacional de Juegos de Cordoba

cordobaEn revanche, j’étais le week-end dernier à Cordoue, invité au plus modeste mais très sympathique de Cordoue. Il faisait beau, le lieu était splendide, et mes jeux étaient partout, comme vous pouvez le voir sur l’affiche du festival et sur photos ci-dessous (chipées en partie sur les pages facebook de mes collègues Roberto Fraga et Juan Rodriguez, parce que je ne suis pas bon photographe).

On the other hand, I was last week at the more modest but really nice Cordoba international game fair. The weather was nice, the place was splendid, and my games were everywhere, as you can see on the festival poster and on the pictures below – some of the borrowed from the facebook pages of fellow game designers Roberto Fraga and Juan Rodriguez, because I’m not a good photographer.

Gen Con 2016 Report

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Depuis que le salon d’Essen a été avancé d’une semaine, et ne coïncide donc plus avec les vacances de Toussaint, il m’est devenu difficile d’y aller. Du coup, je prends mes habitudes à la Gen Con estivale d’Indianapolis, l’autre grand rendez-vous du petit monde ludique. L’ambiance y est à la fois moins familiale et plus décontractée qu’à Essen, et c’est plutôt bien.

dolorescitadels 2 coverWaka Tanka US - Coverfearz-box
Les jeux que j’ai présentés sur le salon

Comme les années précédentes, j’en ai profité pour passer d’abord quelques jours à Minneapolis chez FFG, pardon, chez Asmodee North-America, pour discuter essentiellement de projets dont je n’ai pas encore le droit de parler. C’est toujours chez Asmodée, qui présentait la nouvelle édition de Citadelles, avec plein de nouveaux personnages et quartiers, et Dolorès, ma première collaboration avec Eric M. Lang (il y en aura d’autres), que j’ai passé le plus clair de mon temps à Indianapolis. J’étais un peu déçu que  Raptor ne soit pas mis en avant. J’ai quand même trouvé quelques heures pour aller faire quelques parties de Waka Tanka, dont CMON (il ne faut plus dire Cool Mini or Not) publie la version américaine et politiquement correcte et de Fearz!, ma première collaboration avec Anja Wrede (il y en aura d’autres), chez les petits français de Don’t Panic Games.

waka tankaUne partie de Waka Tanka

citadels gencon
Explications de Citadelles

Ayant d’abord pas mal bossé sur le développement de Citadelles, et ayant ensuite un peu manqué d’idées ces derniers mois, je n’avais apporté qu’un seul prototype,  pour lequel j’ai eu la chance de trouver assez facilement un éditeur. Ça laissait du temps pour “faire du relationnel”, comme on dit, pour causer les éditeurs des jeux qui sortiront l’an prochain, pour discuter de plein de projets avec les nombreux auteurs qui trainaient au bar du J.W. Marriott, pour des interviews plus ou moins improvisées, et pour attraper quelques variétés locales de pokemons. Dans un bistrot, on m’a demandé mon passeport pour vérifier que j’avais bien 21 ans, l’âge minimum pour boire une bière.

eric lang
Quelques nouvelles idées de jeux avec Eric Lang….

seiji
Et discussion avec Seiji Kanai (photo par Douglas Morse de tabletopmovie)

GenCon
Les auteurs Sweet November, avec Juan Rodriguez et Julien Prothière

Je ne suis pas en mesure de vous dire quels étaient les succès du salon, les jeux dont tout le monde parle. La Gen Con est un immense bouillon de culture ou groupes et réseaux s’entremêlent ou s’ignorent, et les jeux dont parlent les uns ne sont pas toujours ceux dont causent les autres. Alors, bien sûr, il y a le GeekBuzz du boardgamegeek, mais il ne donne que les jeux dont parlent les Geek, et peut être sujet à manipulations. L’an dernier, tout le monde jouait à Codenames, cette année, tout le monde jouait à Codenames Pictures. Ont aussi bien buzzé Cry Havoc, Mansions of Madness, Dead Last, Grifters, Vast, The Dragon and the Flagon, Scythe, Lotus, SeaFall, Terraforming Mars, Secret Hitler, Last Friday, Captain Sonar, et j’en oublie beaucoup. Mention spéciale pour Scythe et Lotus, qui sont aussi magnifiques.

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La panne informatique de Delta a quelque peu compliqué le retour de tous les participants à la Gen Con. Parmi les français, je pense ne m’en être pas trop mal sorti avec juste une dizaine d’heures de retard – mais j’ignore encore où sont mes bagages.


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Since the Essen fair has been advanced to mid-october, it doesn’t coincide anymore with French school holidays, and it has become complex for me to go there. This is why I now regularly attend the other major boardgame convention, the summer Indianapolis Gen Con. It feels different, both more geeky and more casual, and I think I enjoy it more than Essen.  

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The games I was demoing at the fair

Like the former years, I seized the oportunity to spend a few days at FFG – ooops, at Asmodee North-America, mostly to discuss stuff I cannot talk about yet. I also spent most of my time at Gen Con at Asmodee, wher. e two of my upcoming games were premiered.  The new edition of Citadels has lots of new characters and districts. Dolorès is my first collaboration with Eric Lang – there will be more. I was a bit depited that Raptor was not demoed on the fair, but it’s not possible to have all games. I escaped for a few hours to demo Waka Tanka whose US edition is published by CMON (now it’s CMON, not Cool Mini or Not) and  Fearz!, my first collaboration with Anja Wrede – there wil be more – at Don’t Panic Games, a small French company created by good friends of mine.

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Explaining Citadels

I’ve spent much time last year on the playtesting and development of Citadels, and then I had a game designer’s block this last two monthes.  I had only one prototype to show, but it found a publisher relatively easily. On the other hand, I had much time to socialize at the J.W. Marriott bar, to discuss upcoming games with publishers and new ideas with other game designers, to do a few interviews, and to capture local varieties of pokemons. Nice anecdote, I was asked for my ID in a bar when ordering a beer to prove that I am 21.

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Discussing a game idea with Eric Lang….

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And meeting Seiji Kanai (photo by Douglas Morse of tabletopmovie)

GenCon
The Sweet November game designers, with Juan Rodriguez and Julien Prothière

I cannot tell you what were the main hits of the con. The Con is vast and messy, with numerous groups and networks which sometimes mix and sometimes don’t. The games that buzz in a group might go completely unnoticed in another one. Of course, there’s the boardgamegeek Geekbuzz, but it’s not flawless and it only gives the specific opinion of the true boardgamegeeks.
Last year, everybody was playing Codenames, and this year everybody was playing Codenames pictures. I’ve heard mentioned quite often Cry Havoc, Mansions of Madness, Dead Last, Grifters, Vast, the Dragon and the Flagon, Scythe, Lotus, SeaFall, Terraforming Mars, Secret Hitler, Last Friday, Captain Sonar and I certainly forget many. Scythe and Lotus deserve a special mention for their strong and original themes and graphic choices.

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Delta’s computer system outage has made flying back from GenCon a bit complex. Among the French people, I think I didn’t do bad with only about ten hours delay – but I’ve yet no idea where my bags are. 

Rencontres ludopathiques 2016
2016 Ludopathic Gathering

Playing in the sun

Il ml’a fallu presqu’une semaine pour me remettre des rencontres ludopathiques. Je suis rentré de ces quatre jours – cinq pour moi, puisque j’étais à Etourvy dès le mardi – totalement épuisé et vaguement enrhumé. J’ai repris des forces, j’ai rangé un ou deux milliers de jeux dont beaucoup ne ressortiront plus avant l’année prochaine, j’ai posté sur Facebook les photos envoyées par les uns et les autres, et je m’attaque maintenant au traditionnel compte-rendu sur mon site web.

Je commence, parce qu’il faut le faire si je veux qu’ils reviennent ou qu’ils me renvoient des jeux l’année prochaine, par les remerciements aux éditeurs. Merci, donc, à  ceux qui sont venus en personne à Etourvy (Blue Orange, Gigamic (que j’essaie de faire venir depuis quinze ans), Iello, Tasty Minstrel Games, Days of Wonder, Letheia, FunForge, Matagot, Superlude, Portal, Libellud, Lui-Même, Sweet November, Horrible Games, Flatlined Games, MESABoardgames, Passport Game Studios, Purple Brain) et à ceux qui ont gentiment envoyé petits ou gros colis pour la table de prix (In Ludo Veritas, Edge, Blackrock, Matagot, Ravensburger, Abacus, Steve Jackson Games, White Goblin, FFG, Space Cowboys, Jolly Thinkers, Repos Prod, Gameworks , Tasty Minstrel, Philibert). Je ne sais pas quel était le plus gros colis, mais celui qui venait de plus loin était certainement celui de Jolly Thinkers, l’éditeur chinois de l’excellent CS-Files / Deception / Murder in Hong Kong – très joué tout au long du week-end.

Parce qu’il y avait de nombreux éditeurs, il y avait aussi de nombreux auteurs – à moins que ce ne soit l’inverse – et les prototypes ont beaucoup tourné. Ignacy Trzewiczek a installé ses premiers martiens sur une table qu’ils n’ont plus quitté du week-end. Bruno Cathala bougeait un peu plus, mais j’ai vu bien souvent le même jeu que l’an dernier, en plus vert et moins égyptien. On notait aussi les conséquences dramatiques du passage de Cthulhu dans le domaine public. Si je n’ai pas repéré les prototypes d’Arve, c’est parce qu’ils sont si bien faits que je les prenais régulièrement pour des jeux édités – et j’attends avec impatience le jeu de cartes avec des Samurais dont j’ai observé un bout de partie le dernier jour. J’arrête là, parce que si j’essaie de citer tous les auteurs, je vais inévitablement me fâcher avec ceux que je vais oublier, mais vous pouvez les chercher sur les photos.

Moi aussi, j’avais amené quelques protos, mais je n’ai pas eu vraiment le temps de les faire tourner et de me vendre auprès des éditeurs. Dolorès et Chawai, qui devraient tous deux sortir avant la fin de l’année, ont tourné un peu, mais sans moi. Tout juste a-t-on confirmé avec Benoit Forget, de Purple Brain, un deal qui était déjà dans l’air. Les rencontres ludopathiques sont de plus en plus professionnelles mais professionnellement je suis sans doute l’auteur qui en bénéficie le moins, trop occupé que je suis à la gestion de tout ce petit monde. Il y a un truc qui cloche…..

Codenames

Le grand succès des rencontres fut, sans grande surprise, le nouveau Taboo, Codenames, de Vlaada Chvatil. Il a été joué en français sur les jolies boites toutes neuves apportées par l’équipe de Iello, mais aussi en anglais, puis avec les cartes de Hall of Fame, un jeu italien sur les hommes célèbres, puis avec les cartes de Cards against Humanity, puis avec celles du Doigt dans la Chatte, le prototype de Martin Vidberg, et même avec vingt-cinq boites de jeu disposées en carré. On a envisagé un codenames grandeur nature avec 25 joueurs en guise de cartes, mais cela ne s’est pas fait.

Les autres grands succès du week-end, ceux que l’on voit toujours sur les photos, ont été Imagine, le jeu de dessins qui bougent de Shotaro Nakashima, et Potion Explosion. Lorenzo Silva, l’un des auteurs de Potion Explosion, avait fait le voyage depuis Milan. N’ayant pas encore joué à son jeu, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus – si ce n’est que ça ressemble à un mélange entre Candy Crush et Harry Potter, et qu’il est rare que la foule éclairée des ludopathiques se trompe quand elle plébiscite un nouveau jeu.

Photo Party

Côté jeu d’ambiance débile en extérieur, le prototype de la nouvelle version de Photo Party, jeu de Laurent Escoffier qui se joue désormais par équipe, a donné des résultats étonnants. La deuxième partie, celle du samedi, a mobilisé trois équipes de 10 joueurs. Je poste quelques photos ci-dessous, vous en avez plus sur Facebook, et pour les règles, voire les contrats d’édition, il faut voir avec Laurent.
J’avais prévu le matériel pour un Hippo Gloutons grandeur nature, avec des joueurs hippos allongés sur des skateboard et brandissant des cuvettes en plastique, mais l’expérience s’est avérée peu convaincante et les balles de piscine ont été recyclées dans d’autres jeux – notamment Photo Party où elles ont permis de distinguer les équipes. On a fait aussi deux Brouhahas, un classique avec des  bruits d’animaux et un en chanson, mais je n’ai curieusement aucune photo !

Mission : Red Planet

J’ai eu un certain succès en faisant la promo de Kheops, dont les premières boites étaient arrivées juste à temps pour le week-end. Ce jeu à deux à la fois stratégique et chaotique (après tout, c’est Serge Laget et moi qui l’avons conçu) a été beaucoup joué. J’ai vu aussi pas mal de parties de Mission: Planète Rouge, Blood Rage, Black Fleet, Lanterns, Isle of Skye, Abracada quoi, Agent Trouble, Focus, Qui Paire Gagne, et de quelques petits jeux de cartes, Triout, Parade et Dao (ces deux derniers étant assez proches). Eric Hanuise venait peut-être à Etourvy avec l’intention de faire jouer Argo, mais il a eu la malchance de tomber sur ma boite de King’s Forge, un jeu qu’il adore mais qui est à peu près introuvable, et l’a donc fait tourner tout le week-end – moi, je n’y ai toujours pas joué. Ne pas confondre avec Dice Forge, le joli proto de Libellud, qui tournait pas mal aussi.
Sur la grande table qui, il y a quelques années, supportait les vastes paysages d’Heroscape, de riches insensés avaient installé un Cthulhu Wars avec toutes les extensions, sans doute le jeu le plus impressionnant sur les photos. Et puis, il y a eu les classiques des ludopathiques, auxquels je joue tous les ans, les incontournables Situation 4 et Clusterfuck.

Blood Rage

Ça, c’est ce que j’ai vu, mais il y avait tellement de monde et de jeux que j’imagine que d’autres joueurs ont vu autre chose. En effet, nous étions nombreux – cent vingt personnes environ le samedi – et certains, surtout les plus jeunes, bougeaient sans cesse. Nous avons clairement atteint la capacité limite du domaine. Le temps splendide nous a permis de pas mal nous étaler dans la cour et sur la pelouse, mais je ne sais pas bien comment nous aurions fait si, comme l’an dernier, il avait plu. L’absence de quelques habitués, partis pour Tokyo ou retenus en Suisse ou ailleurs, avait permis d’inviter de nouvelles têtes et de rajeunir un peu le public des ludopathiques, ce qui a été très apprécié. Le problème, c’est que si les habitués veulent revenir en 2017, il va falloir trouver des lits et des places à table pour tout le monde….. Bon, j’ai encore quelques mois pour réfléchir au problème.

Enfin bon, il fait beau, ce qui nous a permis de nous promener alentour, de jouer au Mollky ou à Photo Party, mais je ne vais pas m’attarder sur le sujet, les photos seront plus parlantes que mes mots.

À l’année prochaine.


Etourvy

It’s been almost a week since I went back from the ludopathic gathering with a truckload of games, exhausted and vaguely ill. I have not yet completely recovered from these crazy four days – five days for me since I was in Etourvy on Tuesday. I’ve had a few long nights of sleep, I’ve put back on their shelves a few thousand game, many of which will stay there until next year. I’ve posted the pictures taken by the attendees on Facebook, and now I must write traditional short report.

Let’s start with the publishers acknowledgements, which are required if I want them to come back or to send more games next year. Thanks to the publisher who personally attended the gathering (Blue Orange, Gigamic (which I had been trying to lure in Etourvy for fifteen years), Iello, Tasty Minstrel Games, Days of Wonder, Letheia, FunForge, Matagot, Superlude, Portal, Libellud, Lui-Même, Sweet November, Horrible Games, Flatlined Games, MESABoardgames, Passport Game Studios, Purple Brain) and to those who sent parcels with games for the prize table (In Ludo Veritas, Edge, Blackrock, Matagot, Ravensburger, Abacus, Steve Jackson Games, White Goblin, FFG, Space Cowboys, Jolly Thinkers, Repos Prod, Gameworks , Tasty Minstrel, Philibert). I don’t know who sent the biggest parcel, but I know the one coming from farthest away was CS-Files, aka Deception, aka Murder in Hong Kong, sent by a Chinese publisher, Jolly Thinkers. It was played a lot.

Because there were many publishers, there were also many game designers – or may be it’s the reverse – and prototypes were played as much as published games. Ignacy Trzewiczek had installed his first martians on a table and they didn’t leave it for the whole week-end. Bruno Cathala was moving a bit, but was often playing the same game as last year, only less Egyptian and more green. The dramatic impact of Cthulhu becoming public domain could also be witnessed here and there. I mistook a few of Arve’s nicely produced prototypes for published games, and even if I saw only a few rounds, I’m impatiently waiting for his small Samurai card game. Better stop here, because if I try to list all game designers, I will necessarily anger the ones I will forget – anyway, you can check all of them on the pictures below.

Like every other game designer, I had brought some prototypes, but I didn’t find the time and opportunity to get them played and shown to publishers. There were a few games of Dolorès and Chawai, both of which ought to be published later this year, but without me. Well, at least I manage to play a game and confirm a deal with Benoit Forget, of Purple Brain. The ludopathic gathering are more and more a place for business, which is certainly not a bad thing, but being always busy with organizing, I end up being the designer with the fewest business opportunities. There’s something wrong….

Potion Explosion

Unsurprisingly, this year’s big hit was the new Taboo, Vlaada Chvatil’s Codenames. It was played in French with the brand new boxes brought by the Iello team, but it was also played in English, played with the cards from Hall of Fame, an Italian game about celebrities, played with the cards from « Finger in the Pussy », a prototype by Martin Vidberg, played with the white cards from Cards against Humanity, and even played with actual game boxes. We planned about playing it with 25 people instead of cards, but it didn’t work out.

The two other big hits, the games that are on all the pictures, were Shotaro Nakashima’s game of moving pictures, Imagine, and an Italian game about Harry Potter playing Candy Crush, Potion Explosion. Lorenzo Silva, one of the designers of Potion Explosion, had made the trip from Milan. Since I’ve not played the game yet, I cannot tell much about it, but the educated crowd of the ludopathic gathering has rarely been wrong when praising a new game.

Photo Party

As for outdoors zany party games, the most popular this year was the new Photo Party prototype by Laurent Escoffier. Photo Party is now a team game, and the results – you can see some of them in the pictures album below – were surprising, especially when, on Saturday afternoon, we played with three teams of ten players. For more pictures, look on facebook, and for rules or for discussing a publishing contract, since the game is looking for a publisher, contact Laurent.
I had planned to play a live action Hungry Hippos, with hippos lying on skateboards and using plastic basins to capture swimming pool balls, but it didn’t work very well and we recycled the colored balls for other improvised outdoor games – including Photo Party. We also played two games of blind Brouhaha, one with animal noises and one with musical tunes, but surprisingly I have no picture of them.

Kheops

I successfully managed to push Kheops, whose first boxes had been delivered just on time for the gathering. this strategic and chaotic game (after all, it’s by Serge Laget and me) was much played. I also witnessed many games of Mission: Red Planet, Blood Rage, Black Fleet, Lanterns, Isle of Skye, Abraca…what?, Spyfall, Focus (a new party game by Mathilde Spriet, not available in English yet), Pluckin’ Pairs (just published in French), and a few light card games, Triout, Parade and Dao – the latter two being quite similar. Eric Hanuise had come to Etourvy with the clear intent to play Argo, but unfortunately he stumbled on my copy of King’s Forge, a game he likes a lot but which is impossible to get in Europe, so he spent much of his time teaching it – and I’ve yet to play it. There was some confusion at times between King’s Forge and Dice Forge, a nice looking prototype which was brought, I think, by Libellud.

On the big oval table which, a few years ago, used to support large Heroscape landscapes, some rich mad guys had installed a Cthulhu Wars set, with all the expansions. The pictures are impressive. I also played two games which have become classics at my gathering, Situation 4 and Clusterfuck.

Cthulhu Wars

This is what I’ve seen, but there were two main halls, and so many peopleand games that other attendees may have seen other stuff. We were more than a hundred people on Saturday, and some of us, especially the youngest ones, were perpetually moving around. We have clearly reached the maximum capacity of the place at Etourvy. Thanks to a gorgeous weather, we could spread to the courtyard and the lawn, but I don’t know how we could have managed with a rainy weather like last year. Many regulars were missing, some of them because they were at the Tokyo Games Market. This made room for new people, but if the regulars come back next yea, I’ll have troubles finding beds for everybody. Well, I’ve a few months now to think on the problem.

Anyway, the weather was good, which allowed some of us to walk around, to play Mollky and Photo Party, etc…. But pictures tell more about this than words.

See you next year.


Ignacy Trzewiczek’s video report

Festival des jeux de Cannes
Cannes game festival

Cannes - playmobil

Le salon du jeu de Cannes devient peu à peu un évènement ludique majeur. On y croise un peu les mêmes gens qu’à Essen ou Indianapolis, même s’ils sont encore un peu moins nombreux. J’avais un programme bien chargé cette année pour présenter dans le hall surpeuplé et bas de plafond mes jeux qui viennent de sortir (Raptor, 3 Singes, Warehouse 51), celui qui sortait tout juste sur le salon, Waka Tanka, et ceux qui sont en route pour une sortie prochaine, Dolorès et Fearz!.

Il y en a quelques autres dont je ne peux pas trop parler pour l’instant, et dont nous discutions plutôt dans les petits bureaux et salons à l’étage. Je n’avais amené que deux prototypes vraiment nouveaux à présenter aux éditeurs, mais ils semblent avoir plu.

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Waka Tanka, un jeu de bluff malin pour toute la famille, a été très bien accueilli. Mon ami David Cochard, l’illustrateur, était très occupé à peindre squaws et indiens tandis que je me contentais de signer les boites, ce qui prend moins de temps. Nous avons profité de ces quelques heures passées côte à côte sur le stand de Sweet November pour nous mettre d’accord sur un autre projet encore un peu secret.

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Au coin de chaque allée du salon, je croisais Nobuaki Takerube, qui m’a semblé être partout. David l’a d’ailleurs croqué en Indien. Sans doute a-t-il aussi semblé à Tak que j’étais partout. J’ai aussi passé pas mal de temps avec mon ami Eric Lang, mais cela, c’était prévu, car nous avons pas mal de projets communs.

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Cannes, c’est aussi les As d’or. Le fabuleux et original Mysterium, d’Oleg Sidorenko et Oleksandr Nevskij, jeu de déduction coopératif que je soutiens depuis ses débuts, a reçu le très mérité as d’or, tandis que Maître Renard, de Frédéric Vuagnat, recevait le prix enfant et Pandemic Legacy de Matt Leacock et Rob Daviau le prix expert des jeux un peu compliqués. Parmi les auteurs que je côtoyais, et avec lesquels j’ai beaucoup discuté les jours suivants, cette cérémonie a provoqué un certain malaise, avec des discours qui vantaient la qualité d’édition et la ligne éditoriale mais parlaient bien peu des auteurs et encore moins des jeux eux-mêmes. C’est une maladresse dont on espère qu’elle ne présage pas de l’évolution du monde du jeu et qu’elle sera donc corrigée l’an prochain. On retiendra un moment d’émotion lorsque Régis Bonnessée, sachant, lui,  mettre ses auteurs en avant, a lu la lettre de remerciements des auteurs ukrainiens de Mysterium, qui n’avaient pas pu faire le voyage.

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Entre soirées et cocktails, je n’ai pu passer au “off” ou les auteurs connus et moins connus font tourner leurs jeux encore en construction que jeudi soir, après la cérémonie des as d’or. Je pourrai désormais me vanter d’être le premier auteur à s’être fait virer du off. Enfin, je ne me suis pas vraiment fait virer, mais le service d’ordre est venu interrompre après trois tours une partie de Kamasutra trop bruyante et qui aurait pu choquer certains joueurs – pas de cela chez nous!

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Sans doute pour contrebalancer cet épisode et me redonner un petit vernis culturel, j’étais le lendemain à la soirée de lancement d’Ilinx, la société d’édition littéraire dédiée aux univers ludiques créée par mes amies Adèle Perché et Natacha Deshayes. C’est un projet ambitieux et risqué, qui mérite d’être soutenu.

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Les quelques heures libres dans mon emploi du temps bien chargé ne m’ont pas permis de faire vraiment le tour du salon et de découvrir toutes les nouveautés, mais j’ai quand même écouté les rumeurs et ramené quelques boites. Voici donc les jeux qui m’ont semblé faire le buzz, du moins parmi les gens que j’ai croisés, qui n’avaient pas joué à tout et n’ont pas nécessairement les mêmes goûts que vous, ni même que moi

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Sinon, j’ai fait un peu de tourisme la veille du salon, et conseille vivement la visite du musée Picasso d’Antibes.


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The Cannes game fair is now becoming a major boardgaming event. It’s not yet Essen or Indianapolis, but the people one meets in the alleys is more and more the same. I had a very busy schedule this year, and spent most of my time in the crowded and low-ceilinged hall showing my recently published games (Raptor, 3 Monkeys, Warehouse 51), the one that was published just for the fair, Waka Tanka, and those which are due very soon, Dolorès and Fearz! I also spent a few hours in the upper office rooms discussing a few ones I cannot talk about yet. I had brought with me only two new prototypes which I wanted to show to prospective publishers, and both raised some interest.

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Waka Tanka, a light bluffing game for the whole family, was very well received. My friend David Cochard, the illustrator of Waka Tanka, was busy painting pretty squaws and indians while i only had to sign copies, which takes much less time. The long hours we spent side by side on the Sweet November booth also led to a new common project… more about this in a few weeks.

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Round every corner, i was walking into Nobuaki Taketube, who seemed to be everywhere, and David also drew him as an indian. Tak probably also thought I was everywhere. I also spent lots of time with my friend Eric Lang, but this was less of a surprise, since we have some common projects.

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Cannes is also where and when the As d’or awards are bestowed. The highly original and fantastically fabulous Mysterium, by Oleg Sidorenko and Oleksandr Nevskij, a game I am praising and promoting since its very beginnings, deservedly got the As d’Or, while Master Fox, by Frédéric Vuagnat got the Children award, and Pandemic Legacy, by Matt Leacock & Rob Daviau got the expert award for more complicated games. The many game designers who were there, however, were feeling a bit uneasy. The speeches were always praising the quality of the game production or the consistency of the editorial line, but told very little about the game designers and even less about the game themselves. We all hope this doesn’t foretell the way the boardgaming world will evolve in the coming years, and next year’s speeches will be more balanced, but there are reasons to be concerned. There was a moving moment when Régis Bonnessée read a letter by the Ukrainian designers of Mysterium, who could not attend the fair.

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Every night, at the “off” festival, game designers can freely play their prototypes. With a heavy schedule of dinners and cocktail parties, I was there only once, on Thursday night, but I can now praise myself of being the first designer expelled from the Off. Well, I was not really expelled, but I was ordered by security to stop after three rounds of my Kamasutra game, which was too noisy and could be shocking for some of the audience.

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On Friday night, I tried to redeem myself and attended the launch party of Ilinx, the new book publishing company of my friends Adèle Perché and Natacha Deshayes. Ilinx, an intellectually ambitious project, plans to publish books about all the aspects of gaming.

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I had too few and too short free slots in my schedule to play themany new games shown on the fair, but I tried to listen to the buzz. So, here are the games abiut which I’ve heard the most good things:

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Also, since I was in Cannes a day earlier, I went sightseeing, and  I strongly recommend the Picasso museum in Antibes.