Baston

Baston, conçu avec mon ami Pierre Cléquin, récemment décédé, et illustré par Frank Margerin, était un jeu de simulation décrivant une bagarre dans un troquet, à coup de chaines de mob, canettes de bière, rasoir, etc. Ce fut mon premier jeu publié, mais c’est le type même du jeu auquel je refuserais de jouer aujourd’hui, effrayé par la complexité des règles!

Certes, ça a pris un coup de vieux, mais c’était comme cela que l’on faisait les jeux dans les années quatre-vingt, avant l’invasion allemande, et cela reste quand même plus drôle que la plupart des jeux de simulation.

Baston
Un jeu de Pierre Cléquin & Bruno Faidutti
2 à 6 joueurs – 120 minutes
Publié par Jeux Actuels (1984)
Illustrations de Franck Margerin
TricTrac          Boardgamegeek


Une photo de l’époque où j’avais des cheveux, parue en 1984 dans Jeux & Stratégie.
When I still had some hair…. picture from jeux & Stratégie #33, in 1984

Baston, made with the late Pierre Cléquin and iluustrated by Frank Margerin, was a simulation game, which described a bar brawl involving two or more rocker or hell’s angels gangs. The weapons were bicycle chains, beer bottles, rasors a.s.o. It was my first published game, but it is also the kind of game I would never play nowadays, because of the length and complexity of its rules.

Sure, it’s a game that wears its age, but that’s how games were designed in the eighties, before the german invasion, and it’s still more fun than most simulation games.

Baston
by Pierre Cléquin & Bruno Faidutti
2 to 6 players – 120 minutes
Published by Jeux Actuels (1984)
Art by Franck Margerin
Boardgamegeek

Iglu Iglu

Iglu-Iglu, c’est un peu l’anti-Carcassonne. Les tuiles sont des blocs de glace – elles fondent, elles dérivent, et chacun essaie, à la tête de sa tribu d’esquimaux, de contrôler les territoires qui restent, tout en pêchant phoques et poissons et en échappant au grand méchant ours blanc. C’était ma première collaboration avec Bruno Cathala, et ce jeu très thématique, tactique et mouvementé, est passé largement inaperçu. C’est dommage, parce qu’il est vraiment amusant à jouer.

Iglu Iglu
Un jeu de Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Illustré par Guido Hoffmann

2 à 4 joueurs – 60 minutes
Publié par Goldsieber (2004)
Tric Trac    Boardgamegeek


Igloo-Igloo is a kind of Carcassonne in reverse. The tiles are ice floes – they melt and disappear, or they simply drift. Each player controls an inuit tribe and tries to control the scarce remaining territories, while fishing seals and fishes, and avoiding the big bad white bear. It was my first common design with Bruno Cathala. This very thematic, dynamic and tactical game went largely unnoticed. It’s a shame, because it’s really fun to play.

Iglu Iglu
A game by Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Art by Guido Hoffmann
2 to 4 players – 60 minutes
Published by Goldsieber (2004)
Boardgamegeek

La Robe des Hospitaliers
The Templar’s Frock

Au départ, Emmanuel Roudier s’est inspiré pour dessiner les moines de ceux de la première édition de Meurtre à l’Abbaye, et de silhouettes de moine trouvées ici et là dans sa documentation. Il a donc dessiné des moines gris sombre, des moines bruns, et des moines blancs avec un peu de noir, qui auraient dû devenir les dominicains (même si ceux-ci sont plutôt tout en blanc). Là dessus, soucieux avant tout de jouabilité, l’éditeur a décidé que les moines blancs et noirs deviendraient blancs et rouges – un petit coup de photoshop, et le tour est joué – pour mieux les distinguer des gris. Graphiquement, le résultat était assez heureux.

Lorsque j’ai reçu les premiers fichiers des cartes, j’ai été choqué. J’ai immédiatement fait remarquer que des dominicains vêtus de rouge, cela ne faisait pas très sérieux, et j’ai souhaité qu’ils soient intégralement blanchis. Il me fut répondu que, d’une part, ils étaient plus jolis en rouge (ce qui est vrai) et que le premier marché visé par Days of Wonder était les familles américaines, et qu’aucune famille américaine n’avait la moindre idée préconçue sur le costume des dominicains.
S’ensuivirent de longs débats, jusqu’à ce que je suggère un compromis: garder les moines rouges et blancs, mais les rebaptiser Hospitaliers. Certes, on représente plutôt les hospitaliers l’épée au côté, et ils devraient être en blanc avec une croix rouge, mais cela passe quand même bien mieux – d’autant que des hospitaliers tenaient effectivement des abbayes hébergeant les pèlerins sur les routes de Saint Jacques.
Tout semblait réglé lorsque l’on découvrit que la famille américaine, encore elle, n’avait probablement jamais entendu parler des hospitaliers et risquait de penser que le jeu se déroulait dans un hôpital… Voila pourquoi nous avons des hospitaliers dans la version française et des templiers dans la version américaine!

Clovis Trouille, Religieuse italienne fumant la cigarette, 1944
Ce tableau qui faisait partie de la collection d’André Breton, dispersée aux enchères en 2003, montre que la robe des hospitaliers de Mystère à l’Abbaye n’est pas si invraisemblable…
Clovis Trouille, Italian Nun smoking a Cigarette, 1944
This painting was part of the André Breton collection, which was auctionned in 2003. It shows that the Templar frock in Mystery of the Abbey is not that incredible.

When he painted the monk figures, Emmanuel Roudier took his inspiration from the first edition of the game, Murder at the Abbey, and from a few monk figures he found here and there in his books. He made grey monks, brown ones and white and black ones – the latter ones being supposed to be dominicans – the Dominicans were called black friars because they wore white. Afraid that there could be confusion between the grey monks and the white ones, the publisher decided to change the white and black to white and red – easy to do with photoshop. The red monks, indeed, look nicer and are easy to distinguish from the others.
When I received the first files, I was shocked. I immediately protested that red dominicans were something really strange and will not look serious, and suggested to make them plain white. I was answered that they looked nicer in red – and that’s true – and that Days of Wonder first market was american families, who don’t care about the color of dominican robes since they have absolutely no idea about it.
We had long phone and email arguments about it, until I suggested a compromise: we keep the red monks, but we name hospitallers. Hospitallers are supposed to be in white with a red hospitaller cross, and are often figured in war costume, but they were not just fighting monks and some of their monasteries, indeed, used to provide food and shelter to pilgrims.
I thought everything was OK when someone found out that the same American families (see above) didn’t know about hospitallers and could think that the game has something to do with hospitals and medicine.. So we now have hospitallers in the french version, and templars in the american one!

The Hollywood Card Game

Michael Schacht et moi avions déjà collaboré pour Draco and Co et, surtout, pour Aux Pierres du Dragon. Hollywood est donc le troisième jeu de cartes que nous avons conçu ensemble mais, contrairement aux précédents, celui-ci est d’un style bien plus schachtesque que faiduttien. Pas mal de réflexion, donc, et pas de cartes événements aux effets imprévisibles et incontrôlables.

Hollywood est en effet un jeu de cartes tactique, léger et rapide, qui laisse très peu de place au hasard. Les règles en sont très simples, et une partie se joue en une quinzaine de minutes.

Le thème est celui du cinéma, les joueurs s’efforçant de produire les meilleurs films en confiant les meilleurs scénarios de films d’action, de film d’épouvante et de films romantiques aux meilleurs réalisateurs. Ils doivent pour cela collecter des cartes composant le scénario, avant d’y associer un réalisateur qui en multipliera la valeur commerciale. Les cartes que peut prendre un joueur dépendant en grande partie de ce qu’ont fait les joueurs précédents, les choix tactiques peuvent être assez tordus.

Les toutes premières versions du jeu contaient une course de sorcières sur des balais, puis des nobles de la Renaissance faisant bâtir des palais dans leurs fiefs – bref, rien de bien fort ou original. Le thème hollywoodien, moins rebattu et très bien adapté aux mécanismes du jeu, est une idée de l’éditeur.

Je dois bien admettre que cartes et boite sont plutôt moches, et surtout que la pochette en carton souple est fort peu pratique. C’est quand même d’abord le jeu qui compte, et j’espère donc que ça ne vous empêchera pas de l’acheter !

The Hollywood card game
Un jeu de Michael Schacht & Bruno Faidutti
Illustrations de Danieli Bigliardo & Gregory Szucs
3 à 4 joueurs – 15 minutes
Publié par Fantasy Flight Games (2005)
Tric Trac    Boardgamegeek


Michael Schacht and I had already designed together Draco and Co and, more important, Fist of Dragonstones. Hollywood is our third card game but, unlike the two former ones, it feels definitely more Schacht that Faidutti. This means that it can be a brain teaser, and that there are no zany event cards with unpredictable and uncontrollable effects.

Hollywood is a light and fast paced tactical card game, with almost no luck. The rules are very simple, and it plays in 15 minutes.

The setting is, of course, the movie business. Players try to produce the most profitable movies with finding the best scripts and hiring to work on them the most renowned directors. To do this, they must collect cards to build the scripts, and then add a director card which acts as a multiplier. Since the cards a player will take depend both on his actions and on the other players’ ones, the tactics can be a bit tricky.

The first versions of this game involved witches in a broom racing, then Renaissance Nobles building palaces – nothing very deep or new. The Hollywood theme was the publisher’s idea, feels more original, and fits well with the game systems.

I must admit that the cards and box graphics are not the nicest ones, and that the soft cardboard box is highly unpractical. Since the most important is still the game, I hope it won’t put you off buying it!

The Hollywood card game
A game by Michael Schacht & Bruno Faidutti
Art by Daniele Bigliardo & Gregory Szucs
3 to 4 players – 15 minutes
Published by Fantasy Flight Games (2005)
Boardgamegeek

Iles mystérieuses et eldorados
Mysterious Islands and eldorados

Les îles au trésor un peu mystérieuses sont dans l’air du temps. Si le nom n’avait pas été déjà pris, Isla Dorada aurait bien pu s’appeler Tobago, Atlantis ou Forbidden Island – l’île interdite.

Le thème de l’île mystérieuse se prête très bien au jeu, avec l’exotisme, la jungle, les trésors, le tout en vert et or flamboyants – même si la couverture de Valdora montre curieusement un décor de montagne sur fond bleu. Si l’île menace de s’enfoncer sous les eaux, ou si le volcan local montre des signes de colère, c’est encore mieux.  Côté mécanisme, cela permet de jouer sur une carte topographique, toujours plus agréable qu’un damier abstrait, avec des des découvertes, des dangers, tout ce qu’il faut à un concepteur de jeu pour créer un peu de tension.

Parmi les nombreux jeux un peu anciens qui ont exploité le thème de l’île mystérieuse, Survive, plusieurs fois réédité sous le nom d’Atlantis puis, tout récemment, de The Island, est sans doute le plus connu, un classique simple et assez méchant, qui a très bien vieilli, et dans lequel, là encore, l’île est petit à petit recouverte par les flots. Avant qu’elle n’ait entièrement disparu sous les eaux, les joueurs essaient de sauver le plus possible d’insulaires et de richesses, et n’hésitent pas à envoyer requins et pieuvres géantes vers les canots adverses.
Destination Trésor est mécaniquement plus original. Parachuté au centre de l’île inconnue, vous ne savez pas exactement où vous vous trouvez donc au jugé, découvrant peu à peu les points de repère qui vont vous permettre de vous situer sur la carte… et donc, car on en vient toujours là, de trouver les trésors.


Pour les amateurs de kitsch série B, le dinosaures du monde perdu, un vieil Avallon Hill mêlant jeu de parcours classique et stratégie, promet des aventures un peu plus viriles. Il ne s’agit plus de trouver des trésors mais bien de survivre sur une île infestée de dinosaures, dans une ambiance de roman d’aventure pour adolescents des années trente.

Les jeux plus modernes ont aussi largement exploité ce thème. Dans Tobago, de Bruce Allen, un jeu de déduction (ou d’induction?) aux mécanismes très originaux, les joueurs s’efforcent de réunir les indices qui leur permettront de découvrir les trésors enterrés dans la jungle, tout en surveillant du coin de l’œil les inquiétantes statues qui semblent pivoter pour mieux les surveiller.


Forbidden Island est un jeu de Matt Leacock, qui s’inspire, en le simplifiant et avec un thème plus familial et amusant, de son chef d’œuvre Pandemic. C’est donc un jeu de coopération, où les joueurs doivent ensemble récupérer le plus possible de trésors avant que l’île ne soit couverte par les flots.

Quelques mois avant Isla Dorada sont parus deux excellents jeux de mon ami Michael Schacht, Die Goldene Stadt (la cité d’or) et Valdora, dont le thème et les titres, s’inspirent aussi du mythe de l’eldorado. Leurs mécanismes n’ont rien de commun avec ceux d’Isla Dorada, Valdora étant un jeu de “pick-up and deliver”, ce que j’appelle parfois les jeux de représentant de commerce, et Die Goldene Stadt (qui n’a pas eu le succès qu’il méritait) un fabuleux jeu de développement. Ils ont pourtant comme un petit air de famille avec Isla Dorada, du fait de leurs titres, mais aussi parce qu’ils ont un peu le même niveau de complexité, des jeux à l’allemande “poids moyen”.

Ce sont ceux là qui me viennent à l’esprit maintenant, mais vous en connaissez surement d’autres, avec des gorilles, des volcans, des pièges…


Mysterious treasure islands are in the air. Isla Dorada could have been called Tobago if the name was not already taken, or Forbidden Island, or even Atlantis.
A mysterious southern island makes for a great game setting, especially if it’s sinking into the sea or if the volcano starts to be menacing. It’s exotic, with jungles, treasures, wild animals, all in green and gold – even when the cover of Valdora shows, surprisingly, a mountain landscape on a blue background. It makes for nice looking maps, always better than square or hex grids, with dangers, discoveries and everything a game designer needs to create tension.

Among the many older games whose action takes place on some mysterious remote island, Survive, republished as Atlantis, then simply as ” The Island”, is the best seller and the best known. This old classic aged very well, and is still an excellent family game. Players try to save as much souls and treasures as possible from the sinking Atlantis before it sinks completely, and can move sea monsters to sink rival ships.
Discover Island is more surprising and original. Having been parachuted somewhere on the island, the explorers must first find out where they are, using a map and the clues they find out, one after the other, when exploring the island. Of course, as usual, once you knows where you are, the only thing to do is to go for the treasures…
A variant of the mysterious island setting is the B-movie dinosaur continent, as in Dinosaurs of the Lost World, an old Avalon Hill game mixing roll and move and strategy. Dinosaur hunt makes for very manly adventures, like in old adventure novels for boys.

More recent games have also made intensive use of the lost island topic.
In Bruce Allen’s Tobago, a very original deduction (or may be induction?) game, explorers try to put together the clues that will reveal where the treasure chests are hidden. Strange blue-eyed stone statues seem to be sometimes turning around to have a look at them…
Matt Leacock’s Forbidden Island is a simpler design based on the same basic idea as his Pandemic. It’s a cooperative game in which players must get as many treasures as possible before the island sinks into the ocean.

A few month before Isla Dorada, two great games designed by my friend Michael Schacht were published – The Golden City and Valdora – whose names and titles are also inspired by the eldorado myth. Their game systems have nothing in common with Isla Dorada, Valdora being a “pick-up and deliver” game and The Golden City, a great game which went surprisingly unnoticed, a resource gathering and development game. Despite their completely different game system, both feel a bit like Isla Dorada, being middle weight “German style” game.

I’m thinking of these ones at the moment, but I’m sure you remember other mysterious island games – may be with gorillas, volcanoes, traps…

Stonehenge

Un plateau de jeu représentant le cercle de pierres levées de Stonehenge, des pions figurant les grands dolmens centraux, et quelques druides ou aliens de diverses couleurs, un jeu de cartes. À partir de ce matériel, choisi d’un commun accord après bien des discussions, nous sommes cinq à avoir conçu des jeux sur le thème de Stonehenge. Présentez-vous donc à l’élection du grand druide lors de la cérémonie du solstice, lancez des sorts plein d’éclairs multicolores abrités derrière les menhirs, slalomez entre les pierres dans une violente course de machines volantes, affrontez les fantômes des chevaliers du roi Arthur, ou achetez simplement ces belles pierres au bourgmestre pour bâtir votre ferme – à vous de choisir entre ces cinq jeux imaginés par cinq auteurs différents, et d’en imaginer d’autres ensuite.

Stonehenge était un projet très ambitieux, réunir des auteurs aux styles très différents pour concevoir ensemble un matériel très versatile permettant de construire d’innombrable jeux de société différents. Chacun, bien sûr, devait aussi imaginer un premier jeu utilisant ces éléments. Le thème de Stonehenge nous semblait bien choisi, les innombrables théories plus ou moins farfelues quant à la nature de ce lieu pouvant permettre d’imaginer bien des jeux. Nous ne voulions pas seulement que les gens jouent à nos jeux, nous voulions qu’ils s’approprient le matériel de Stonehenge, cartes, pions et plateau de jeu, pour en imaginer d’autres.

Cela n’a pas vraiment marché. Certes, une cinquantaine de règles de jeux ont été postées sur le site de l’éditeur dans les mois qui ont suivi la sortie du jeu, mais cela s’est ensuite arrêté là, malgré une extension avec des jeux de Bruno Cathala, Serge Laget, Andrew Looney et Klaus- Jürgen Wrede . Un autre projet similaire, celui d’Andrew Looney avec ses Icehouse pyramids, sans doute plus versatiles, a eu plus de succès et est en passe de devenir un nouveau classique.

Stonehenge
Richard Borg, James Ernest, Bruno Faidutti, Richard Garfield, Mike Selinker
Publié par Titanic Games (2007)
Tric Trac    Boardgamegeek


A board figuring the standing stones circle of Stonehenge, pawns figuring the five central dolmens and some druids or aliens in different colors, and a card game. With these generic components, decided after long email discussions, five designers have imagined five different games about Stonehenge. Will you take part in the summer solstice druidic election? Will you cast fireballs and lightning balls spells, hidden behind the great stones? Will you take part in the alien chariot race and slalom around the menhirs? Will you fight the ghost of the arthurian knights? or will you, more prosaically, buy the big stones from the town council and use them in building your farm? Or may be design your own game using our versatile set of components.

Stonehenge was a very ambitious project. Five game authors of very different styles gathered to design a versatile set of components that could used to design hundreds of different boardgames. Of course, each one of us also designed a game in order to start the pump. The Stonehenge setting was chosen because of the many different zany theories about this place, which could give the them for many games. We didn’t only want players to play our games, we wanted them to get hold of all the elements, cards, tokens, board and design their own.

It didn’t work. A few dozen game rules were published on the publisher’s website immediately after the game was published, but it then stalled, even when a small expansion with games by Bruno Cathala, Serge Laget, Andrew Looney et Klaus- Jürgen Wrede  was published.

Another similar project, Andrew Looney’s icehouse pyramids, was far more successful and is becoming a true classic.

Stonehenge
Richard Borg, James Ernest, Bruno Faidutti, Richard Garfield, Mike Selinker
Published by Titanic Games (2007)
Boardgamegeek

Les pyramides Icehouse d’Andrew Looney, qui ont réussi là où nous avons échoués.
Icehouse Pyramids, by Andrew Looney, a much better take on the same idea.

Aux Pierres du Dragon
Fist of Dragonstones

La légende

Il était une fois, dans un pays lointain, une vaste forêt enchantée au creux d’une profonde vallée enserrée entre deux hautes chaînes de montagne. Cette vallée était divisée en plusieurs royaumes dont les princes combattaient depuis toujours, chacun voulant faire sous son autorité l’unité du pays. Symboles de puissance, les pierres magiques que les dragons conservaient dans leurs grottes, sur les contreforts des montagnes, étaient recherchées par tous, car la tradition voulait que celui qui les réunirait régnerait sur toute la vallée.

Comme beaucoup d’autres pourtant, les princes de ce pays finirent par préférer le confort de leurs châteaux à l’aventure et à la guerre. Plutôt que de risquer leur vie dans les montagnes à la recherche des gemmes enchantées, ils promirent de couvrir d’or et d’argent ceux qui leur apporteraient les pierres des dragons. La rumeur aidant, la forêt grouilla bientôt d’elfes, de magiciens, de lutins et autres créatures féeriques – tous à la recherche des pierres si convoitées.

Ce monde n’existe plus guère aujourd’hui que dans les légendes, et les pierres des dragons seraient sans doute oubliées de tous s’il n’y avait, dans un petit village au pied des montagnes, une taverne tenue par un vieil aventurier. Le soir au coin du feu, il conte parfois les vieilles histoires du pays enchanté. À ceux qui savent se faire apprécier d’eux, il leur montre même parfois sa collection de pierres magiques, avant de les défier au jeu, leur donnant ainsi une chance de repartir, eux aussi, avec une pierre du dragon.

Le jeu

Aux Pierres du Dragon est un jeu d’enchères à poing fermé unique en son genre pour 3 à 6 joueurs. Les joueurs s’affrontent en utilisant de l’or et des pièces magiques afin de s’approprier les pouvoirs magiques de chaque carte de personnage. Chaque personnage peut posséder les inestimables pierres du dragon, mais aussi certains pouvoirs magiques, des sorts que vous pourrez jeter à vos adversaires. Ils peuvent enfin vous permettre de convertir vos pierres du dragon en victoire.

Pour chaque carte de personnage, les joueurs choisissent le nombre de pièces avec lesquelles ils souhaitent renchérir et les placent dans leur poing fermé. Tous les joueurs révèlent alors simultanément leurs enchères, et le vainqueur prend le contrôle des pouvoirs de la carte. Le vainqueur utilise alors les pouvoirs des cartes de manière à accumuler les pierres des dragons, mais aussi à jeter des sorts sur les autres joueurs et enfin à gagner des points.

Après Citadelles

L’idée qui nous a guidé, Michael Schacht et moi, dans la conception des Pierres du Dragon, était loin d’être désintéressée. Il s’agissait en effet de reproduire le succès de Citadelles en concevant un jeu de cartes situé dans le même univers médiéval fantastique, procurant des sensations très proches mais construit sur des mécanismes complètement différents. Des magiciens et des dragons, donc, et même un voleur, et du bluff et de la psychologie, mais pas de draft pour le choix des personnages.

L’aspect le plus original du jeu est le système d’enchères, qui fait appel à différentes sortes de monnaie – or vulgaire, or des fées et argent – et permet quelques coups de bluff assez vicieux. Plus qu’un jeu d’enchères, Aux Pierres du Dragon est un jeu de psychologie, de double-guessing. Les ressources sont en effet très limitées, et il importe souvent moins de savoir de combien l’on dispose que de deviner ce que misent vos rivaux.

Le jeu s’inspire donc des vieilles légendes sur l’or des fées, cet or enchanté avec lequel les fées achètent parfois les services des humains, mais qui, le soir venu, quitte les bourses des hommes pour revenir magiquement au pays des fées. Les joueurs cherchent à bénéficier des pouvoirs des habitants de la forêt – dragons, trolls, fées et sorciers de tous poils – chacun de ces personnages vendant ses pouvoirs au plus offrant. Le but est d’acquérir les pierres magiques nécessaires à la fabrication de l’amulette encore plus magique, et caetera…Rien de bien nouveau côté thème, mais ça marche toujours, et on y croit. La maquette fut d’ailleurs aisée à faire, en reprenant des images de Citadelles, de l’Or des Dragons, de Castel et de Draco and Co.

Aux Pierres du Dragon à peut-être pâti d’une édition trop luxueuse. Le jeu s’est vendu très honorablement, mais l’éditeur, Days of Wonder, ne gagnait presque rien sur chaque boite vendue, et à donc préféré se reconvertir vers les plus grosses boîtes, sur lesquelles il est plus facile de concilier une présentation luxueuse et une marge correcte. Aux Pierres du Dragon n’a donc pas été réimprimé, et le jeu n’est plus disponible. Quoi qu’il en soit, Michael et moi en rediscutons de temps à autre et avons une nouvelle version plus variée, avec de nombreux nouveaux personnages, toute prête si un éditeur intéressé se manifeste.

Aux Pierres du Dragon
Un jeu de Bruno Faidutti & Michael Schacht
Illustrations de Julien Delval
3 à 6 joueurs – 45 minutes
Publié par Days of Wonder (2002)
Tric Trac    Boardgamegeek


The legend

Many, many years ago, an enchanted forest lay hidden between two great mountain ranges. The forest valley was home to several kingdoms whose rival princes battled with each other to unite the entire realm under one flag. To gain advantage, princes vied with each other to collect powerful magic amulets called Dragonstones.

Like many royals, over time the princes began to prefer the comfort and safety of their fortified castles. Rather than risk their own lives by venturing out to search for these amulets, they paid handsome rewards to those who could bring them stones. The allure of the princes’ wealth soon filled the enchanted forest with all manner of wizards, witches, dwarves, goblins, and many other enchanted creatures – all in pursuit of the magic Dragonstones.

This enchanted land is now almost entirely lost to legend. Yet, at a cozy inn, in a small forgotten village, the memory of Dragonstones is kept alive by the inn’s ancient proprietor. Even today, a nod from a knowing traveler may persuade him to recount some of the ancient tales. And if he takes a particular liking to you, he may bring out his own collection of magic stones, and challenge you to a simple game of luck and skill and a chance to grab your own Dragonstones!


The game

Fist of Dragonstones is an exciting, closed-fist, bidding game for 3 to 6 players. Players try to outwit their opponents by using gold and magic coins to buy control of an ever-changing cast of enchanted character cards. Those characters’ powers collect valuable Dragonstones; lend their magical powers; help foil other players, and convert Dragonstones into victory.

For each character card, players choose the number of coins they want to bid by placing them in a closed fist. All players reveal their bets at the same time with the winner of the auction then gaining control of the card’s powers. Depending on the card they may: win additional coins or Dragonstones; place spells on other players; or win scoring points.

After Citadels

Michael Schacht and I had a very precise idea in mind when we started working on this game. We aimed at a Citadels follow-up, a game in the same kind of medieval fantasy setting, provideing the same kind of experience but using completely different game systems. Wizards and Dragons, even a Thief, bluffing and double-guessing, but no drafting for character cards.

The most original and interesting aspect of the game is probably the bidding system, which uses three different currencies – common gold, fairy gold and silver – and allows for some nasty tricks. Fist of Dragonstones looks like a bidding game, and is technically one, but feels in fact much more like a pure double-guessing game, since it’s more important to feel what your opponents are bidding than to know exactly how much you can bid.

The storyline comes from the old legends about the enchanted “fairy gold” with which the fairies usually pay the humans who make some work for them. Humans take the gold, place it in their purse, but in the night the gold magically vanishes and comes back to the magic land. In Fist of Dragonstones there are cards figuring the various inhabitants of the deep magic forest – wizards, trolls, goblins, witches and even dragons. These creatures are as grasping as they are powerful, and players bid to have them use their magic abilities for them. The goal of the game is to get the magic stones that will help you to make the even-more-magic amulets, and so on… Nothing new, I know, but it works very well here. The prototypes were easy to make, using pictures from Castle, Citadels, Dragons Gold and Draco and Co.

This game paradoxically suffered from a too good, too luxuous, too gorgeous edition. It sold well, but the publisher didn’t really make money on it. After their exeriment with Queen’s Necklace and Fist of Dragonstines, Days of Wonder decided to publish bigger games in bigger boxes, and at a higher price, thus making easier to reconcile gorgeous production and sufficient profit margin. Fist of Dragonstones was not reprinted. It is now out of print for years, but Michael and I eventually discuss new ideas and new characters for it, and have a ready new and much improved version ready to show to any interested publisher.

Fist of Dragonstones
by Bruno Faidutti & Michael Schacht
Art by Julien Delval
3 to 6 players – 45 minutes
Published par Days of Wonder (2002)
Boardgamegeek

Lettres de Marque
Letter of Marque

Lettre de Marque est un jeu de cartes, basé entièrement sur le bluff, dans lequel chacun doit faire traverser l’océan à ses galions chargés d’or en évitant qu’ils soient attaqués par les corsaires au service de l’adversaire.

Histoire du jeu

Même si je suis devenu le spécialiste des collaborations tous azimuts, il m’arrive encore de temps à autre de faire un jeu tout seul. Beaucoup de ces créations solitaires sont cependant de petits jeux sans grande prétention, comme Corsaires.
Les petits jeux de bluff très simples, comme Toc Toc Toc! mais aussi Kakerlaken Poker, Alarm, Le Menteur, Stupide Vautour ou Vive le Roi, sont un genre souvent dénigré par les stratèges et méprisé par les auteurs. Le succès de Toc Toc Toc! qui, même s’il n’a pas des notes fantastiques sur Tric Trac, est sans doute aujourd’hui, après Citadelles, celui de mes jeux qui se vend le mieux, m’a encouragé à m’essayer de nouveau à un genre que, personnellement, j’ai toujours beaucoup apprécié.

Il y a une vingtaine d’années de cela, à l’époque de Ludodélire, je m’étais attaqué à un gros jeu de plateau, avec carte géographique pleine de petits hexagones et couverte de petits pions, dans lequel les joueurs étaient des à la fois commerçants et pirates en mer de Chine, cherchant à faire transporter de port en port leurs marchandises, et à s’emparer des cargaisons adverses. Bien évidemment, les cargaisons étaient cachées, et chacun cherchait à attirer l’attention sur ses navires les moins chargés et les mieux protégés. J’ai retrouvé récemment une boite avec un plateau de jeu et quelques pions, mais je ne me souviens plus des règles, de toute façon non abouties.
Le même principe se retrouvait, mêlé à un amusant système de météo, dans La Compagnie des Amériques, un prototype conçu il y a quelques années et aujourd’hui abandonné.

Le prototype de Corsaires aux Rencontres Ludopathiques
The Corsairs prototype at the Ludopathic gathering

C’est finalement dans sa forme la plus épurée, la plus simple, la plus évidente sans doute, que cette idée a trouvé sa pleine réalisation. Dès les premières parties, en effet, Corsaires a accroché les joueurs. Entre la toute première version et le jeu publié, les seuls changements de règles furent la valeur des trésors (de 3 à 7 et non plus de 1 à 5) et la désignation du premier joueur. L’éditeur a en revanche repensé le matériel – les jetons boulets de canon sont devenus des cartes, tandis que les cartes navires sont devenues de mignons petits bateaux en plastique. À l’usage, je ne suis pas sûr que cela soit mieux, Mais qu’importe – le jeu est fun et intéressant à jouer.

Lettres de Marque
Un jeu de Bruno Faidutti
Illustrations de David Ardila, Tim Arney-O’Neil, Brian Schomburg
3 à 6 joueurs – 20 minutes
Publié par Fantasy Flight Games (2009)
Tric Trac    Boardgamegeek


Letter of Marque is a light card game based strictly on bluff, in which each player tries to have his gold loaded galleons cross the ocean while avoiding the corsairs hired by his opponents.

History of the Game

Even when I’m now a specialist in collaborative game design, I still sometimes design one all by myself. Most of this games, however, are small, light and unassuming games, such as Corsairs.

Light and simple bluffing games, such as Knock Knock!, but also Kakerlaken Poker, Alarm, Fool!, Raj or King Me! are often bashed by hardcore gamers and despised by games designers. Knock Knock! is probably – at least in France, because the US version doesn’t sell well – my best seller after Citadels. This egged me on giving a new try to this genre, which I personally always liked and never despised.

Twenty years ago, in the times of Ludodelire, I had started working on a heavy boardgame, with a large hex map and lots of counters, in which players controlled both merchant and pirate ships in the Chinese seas, trying to carry precious goods from port to port, and to seize opponents’ cargoes. Of course, cargoes were hidden and one always tried to lure opponents in attacking the ships with the fewest cargo and the most cannons. I recently found a box with a board and some tokens, but I don’t remember the rules, which anyway never were finalized.

The same idea was also, together with a fun weather control system, in West India Company, a prototype I worked on a few years ago and have now set aside.

In the end, this idea was used again, in its most simple and obvious way, and with no other systems to disturb it, in Letter of Marque. This game which was fast designed, and there has been very few changes between the very first prototype and the published game. The treasures value were ranging from 1 to 5, now it’s 3 to 7, and a first player rule, which is critical here, has been added.

On the other hand, the publisher revamped the components. Cannons were tokens and are now cards, ships were cards and are now nice plastic miniatures. I’m not sure it was a good idea but, anyway, the game is fun and challenging to play.

Letter of Marque
A game by Bruno Faidutti
Art by David Ardila, Tim Arney-O’Neil, Brian Schomburg
3 to 6 players – 20 minutes
Published by Fantasy Flight Games (2009)
Boardgamegeek

Emoticon
Smiley Face

Après Toc Toc Toc! et Captain Pirate, Smiley Face – qui porte en France le nom un peu ridicule d’Émoticon – est le troisième jeu de cartes léger et familial que j’ai conçu en collaboration avec Gwenaël Bouquin. Smiley Face est cependant un tout petit peu plus complexe que les précédents.

Dans ce jeu pour quatre à huit joueurs, les cartes représentent quatre émotions principales, la joie, la tristesse, la colère et la surprise. Les joueurs jouent leurs cartes pour tenter de suivre l’émotion dominante, ou d’en imposer une autre. Parfois, plutôt que de chercher en vain à s’imposer, il vaut mieux se retirer et apporter son soutien à un autre joueur.

Il est rare que les petits jeux de cartes soient annoncés pour quatre à huit joueurs. C’est d’ailleurs entre cinq et sept joueurs que Émoticon est le plus intéressant à jouer, et cela peut-être beaucoup pour un jeu présenté comme “familial” – ou alors il faut deux familles. Smiley Face exploite en effet une idée que Gwenaël et moi avons déjà explorée, quoique de manière totalement différente, dans Captain Pirate : les alliances fragiles, changeantes et pas toujours volontaires.

Le but des joueurs dans Émoticon est, à chaque manche, de poser sur la table la série de cartes d’une même émotion de plus forte valeur. Chacun à son tour peut soit poser sur la table une carte émotion, soit jouer une carte pour son effet spécial, comme prendre une carte à un adversaire ou changer l’émotion dominante, soit passer. Et toute l’originalité du jeu est dans cette dernière possibilité.
Un joueur qui se rend compte qu’il n’est pas en mesure de remporter une manche n’a aucun intérêt à continuer à gaspiller des cartes. En quittant la course, il n’y perd pourtant pas tout intérêt puisqu’il a la possibilité de soutenir, en lui donnant une carte, un autre joueur de son choix. Un soutien bien choisi peut même rapporter plus de points qu’une victoire… C’est ce mécanisme un peu pervers qui fait tout le charme, et tout l’intérêt, de Smiley Face, un jeu où il faut parfois savoir rester en retrait.

Émoticon
Un jeu de Gwenaël Bouquin & Bruno Faidutti
Illustrations de Antonio Dessi & Ben Prenevost
4 à 8 joueurs – 30 minutes
Publié par Fantasy Flight Games (2010)
Tric Trac    Boardgamegeek


Smiley Face is, after Captain Pirate and Knock Knock!, the third light family card game I design together with Gwenaël Bouquin. Smiley Face is, however, a little bit more complex than our previous games.

In this light game for four to eight players, cards belong to four emotional suits, happiness, sadness, surprise and anger. Players play their cards either to follow the boss suit, either to try to impose another one. Eventually, one must decide when to resign and support another player rather than stay in the race with no chance to win.

Such small, light card games are rarely designed for as many as four to eight players. Smiley Face is even at its best with five to seven, which is quite a few for a “family” game – let’s says it’s a game for a large family, or two smaller ones. The reason is that Smiley Face is based on shifting alliances and partnerships. It’s an idea Gwenaël and I like a lot, and we have already used, though in a completely different way, in a former card game, Captain Pirate.

In Smiley Face, each player tries to play the highest value series of cards of any one emotions. On one’s turn, one can either play an emotion card and add it to one’s display, play a mischief card for its special effect, like swapping a card with an opponent or changing the boss suit… or pass. The whole originality of the game is in this last choice – pass.
There’s no point in keeping playing cards if you are unlikely to win the trick. Passing, however, is not just resigning. When passing, you can support an other player with you”helping hand” token, and even give him a card. The supporting player can even sometimes win more points than the winner of the trick. Making the best use of one’s helping hand token is the heart of the game. That’s what makes Smiley Face different. It’s a game about modesty, a game in which one must decide when to go for the trick, and when to help and stay behind.

Smiley Face
A game by Gwenaël Bouquin & Bruno Faidutti
Art by Antonio Dessi & Ben Prenevost
4 to 8 players  – 30 minutes
Published by Fantasy Flight Games (2010)
Boardgamegeek

La Vallée des Mammouths
Valley of the Mammoths

Bienvenue dans la vallée des mammouths, et bonne chance ! Vous en aurez besoin.

La Vallée des mammouths est un bon gros jeu de société à la fois tactique et imprévisible, quelque part entre Risk et Civilisation, saupoudré d’un peu de chaos. A l’aube de l’humanité, chaque joueur contrôle une tribu d’hommes préhistoriques qui se livrent une lutte sans pitié et pleine d’humour pour la nourriture, le feu et les femmes.
Votre tribu parviendra-t-elle à vaincre ses rivales, à prospérer et se multiplier, à s’emparer d’un vaste territoire? Pour cela elle devra combattre les tribus adverses, mais aussi affronter les féroces animaux sauvages et se procurer, par la chasse, la cueillette et l’agriculture, la nourriture nécessaire à sa survie.

D’abord paru au tout début des années quatre-vingt-dix, chez mes amis de Ludodélire, La Vallée des Mammouths fut l’un des jeux emblématiques de cette époque. Après la disparition de Ludodélire, il fut repris par Jeux Descartes, mais est aujourd’hui épuisé. En 20 ans, le jeu de société à changé, colons et magiciens sont passés par là. On ne pourrait plus, aujourd’hui, publier un jeu de 3 ou 4 heures, hasardeux et chaotique, où les combats se règlent à coups de dés et où l’on vole les femmes des adversaires.
Bref, c’est un jeu dont, comme beaucoup de joueurs, je me souviens avec émotion mais dont on se rendrait peut-être compte, s’il ressortait aujourd’hui, qu’il a pas mal vieilli. C’est various de beau coup des jeux de la fin des annèes quatre-vingt.

La Vallée des Mammouths ne s’inspire pas de la préhistoire telle que la connaissent aujourd’hui les savants, mais d’une préhistoire fantasmée, celle de Rahan, celle aussi des nombreux romans préhistoriques, très en vogue dans les années vingt. Le plus connu est sans doute La Guerre du Feu de J.H. Rosny-Aîné, qui en écrivit aussi bien d’autres, du lyrique Félin Géant à l’un peu leste Nomaï, Amours lacustres. Ceux que la genèse de cet imaginaire intéresse pourront lire avec profit les ouvrages de mon amie Claudine Cohen, Le Destin du Mammouth et La Femme des Origines, des ouvrages plein de charme et d’érudition, à l’image de leur auteur. Je leur conseille également la délicieuse, la succulente nouvelle de Roy Lewis, Pourquoi j’ai mangé mon père.

From left ro right, a prototype, the Ludodelire edition and the Descartes edition

Pour la première édition de La Vallée des Mammouths, Ludodélire avait fait appel à plusieurs illustrateurs. L’un avait fait la boite, très années 60, un autre le plateau, très réaliste, un troisième les pions, résolument BD. Ce troisième, bien sûr, était mon ami Gérard Mathieu, l’un des piliers de Ludodélire, auteur de Super Gang et Full Metal Planet, très bon joueur d’Axes et Alliés et très mauvais joueur de poker. Pour la deuxième version, il a réalisé toutes les illustrations, qu’il s’agisse des pions, des cartes, du plateau de jeu ou de la boite – et croyez moi, il s’est lâché! Sans compter que, depuis l’époque de Ludodélire, il a délaissé le noir et blanc et pris goût aux couleurs vives…

La Vallée des Mammouths
Un jeu de Bruno Faidutti
Illustré par Gérard Mathieu, Copik Buntz et Bernard Bitler
3 à 6 joueurs – 180 minutes
Publié par Ludodélire (1991), Jeux Descartes (2001)
Tric Trac    Boardgamegeek


Welcome to the Valley of the Mammoth… and good luck! You’ll need it.

The Valley of the Mammoths is a slightly tactical old-style boardgame, somewhere between Risk and Civilization, with a little (well, a big little) fun and chaos added. Your prehistoric tribe takes part in the big struggle for land, food, fire and women.
Will your tribe be the first to vanquish its enemies? Can it prosper, multiply and seize vast territory? Are you ready to battle rival tribes and confront ferocious beasts? To hunt, fish, forage and farm in order to provide the necessary food for the survival of your tribe?

Valley of the Mammoths was first published in the early nineties by my friends of Ludodélire, then by Jeux Descartes when Ludodélire went out of business, and is now out of print. In 20 years, boardgames have changed a lot, mostly thanks to Settlers and Magic. I don’t think such a 3 or 4 hours long and chaotic luckfest could be published today – at least not in Europe, since this kind of game still seems to sell a bit in the US.
In the end, it’s a game I remember fondly, like many older gamers, but I’m afraid that, if it were reprinted now, we would find out that it didn’t age that well. That’s true of several emblematic games from the late eighties.

The Valley of the Mammoth is inspired not by the pre-history which is known by modern scholars, but by a pre-historic fantasy world, like the one in the famous French comic series “Rahan”, or the worlds of the numerous pre-historic pulp novels that were extremely in vogue in the 1920’s. The most well known is without doubt “La Guerre du feu” by J.H. Rosney-Aîné, but he wrote many, many others, from the lyrical “Félin géant” to the slightly risqué “Nomaï, amours lacustres”.
Those who are interested in the genesis of this imaginary world would do well to read “La femme des Origines” and “The Fate of the Mammoth” by my friend Claudine Cohen. Like their authors, these two books are erudite, charming and entertaining. I equally recommend the delicious and succulent novel “The Evolution Man, or, How I Ate My Father” by Roy Lewis.

From left ro right, a prototype, the Ludodelire edition and the Descartes edition

The very first edition of The Valley of the Mammoths, made by Ludodélire, was illustrated by three different graphists. One made the box, in a sixties cinema-poster style, another one the board, in a highly realistic style, a third one the pawns, in a fun cartoony style. This third one, of course, was my friend Gérard Mathieu, one of the three founder members of Ludodélire, author of Super Gang and Full Metal Planet, very good Axies and Allies player, and very bad poker player. Gérard has made all the graphics for the second edition, pawns, cards, board and box cover, and he took great pleasure in it. Furthermore, since the old times of Ludodélire, he has given up black and white, and discovered vivid colours.

Valley of the Mammoths
A game by Bruno Faidutti
Art by Gérard Mathieu, Copik Buntz & Bernard Bitler
3 to 6 players – 180 minutes
Published by Ludodélire (1991), Jeux Descartes (2001)
Boardgamegeek