Faidutti’s Triple Play

Je n’ai pas tout  de suite compris le sens de ce titre, et il m’a fallu l’aide de Google pour apprendre que le Triple Play était un terme de baseball consistant à marquer trois trucs (points, buts, essais, je ne sais pas comment cela s’appelle) d’affilée. Nous sommes donc en plein dans la culture américaine, ce qui n’est guère étonnant sur Fortress Ameritrash, un site de critique de jeux qui revendique avec un humour talentueux et provocateur une préférence pour les jeux un peu baroques, avec plein d’interaction, de figurines en plastiques, de cartes, de règles, d’hémoglobine, de dragons et de zombies. Nate Owens y consacre un article élogieux à trois petits jeux de cartes que j’ai publiés il y a maintenant une douzaine d’années, Castel, Citadelles et l’Or des Dragons.


I didn’t understand at once the meaning of this title, and I needed Google’s help to find out that a “triple play” is a baseball term, meaning something like scoring three goals (or hits, or points, or whatever they are called in baseball) one after the other. This title is nothing surprising on Fortress Amertitrash, a boardgaming reviews and analysis website which claims loud and clear – but also with a talentuous humor – its preference for “ameritrash” games, baroque games dripping with chrome and hemoglobine, heavy with cards, plastic miniatures, dragons and zombies.
Nate Owens has wtritten an interesting (and raving) blogpost about three light card games I published a dozen years ago, Castle, Citadels and Dragons’ Gold.

 

Pirates – Caribbean Fleet

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La Fièvre de l’Or, l’un des premiers jeux que j’ai fait avec Bruno Cathala, est épuisé depuis longtemps. Il a connu une nouvelle vie en Pologne, relooké sur le thème de la piraterie. Cette version ayant connu un certain succès, elle sort maintenant sur tablettes en polonais et, ce qui risque d’être quand même plus vendeur, en anglais et en français. L’adaptation est très réussie, les illustrations de Maciej Szymanowicz sont absolument superbes.

Je continue à me poser de temps à autre des questions sur l’intérêt d’utiliser un outil informatique infiniment plus versatile que du carton pour simuler un jeu de cartes…. mais je dois admettre que Pirates est diablement agréablement à jouer.

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Boomtown was one of the first games I designed with Bruno Cathala. It is out of print for years. The polish publisher Egmont has developped a rethemed version, about Pirates, which still sells wel. It’s now coming on iPad and Android, and in English – which might sells more than in Polish. The new theme fits perfectly well the game, and the graphics by Maciej Szymanowicz are absolutely gorgeous.

I still often wonder what’s the sense in using electronic devices, which are much more versatiles than cardboard, to simulate a card or boardgame. Anyway, I must admit than Pirates is a blast to play.

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pirates

Space Station Argo

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Vous vous réveillez dans les pods d’une salle d’hibernation qui ne semble pas tout à fait celle dans laquelle, quelques semaines ou quelques années plus tôt, vous avez été endormis. Vos camarades des autres équipes devant participer à la construction de la nouvelle station spatiale internationale se réveillent à vos côtés. Vous ouvrez paresseusement vos yeux quand soudain des lumières rouges se mettent à clignoter et une voix métallique annonce «présence extra-terrestre détectée, préparez-vous à évacuer la station, autodestruction dans GRRRZZZZRRR minutes».

Space Station Argo – il s’appellera sans doute autrement – est un projet déjà ancien, dont Serge et moi avons réalisé la première version en…. je ne sais plus bien quand, vers 2003 ou 2004. Peu après, nous avions signé un contrat d’édition chez Fantasy Flight Games, qui nous avait demandé d’apporter au jeu quelques modifications, qui l’avaient un peu complexifié. Et puis, après deux ans d’attente, Fantasy Flight a finalement renoncé à publier le jeu, nous avons conservé notre modeste avance et repris nos droits. Depuis, nous l’avions un peu retravaillé, et finalement en 2013, ce jeu a suscité l’intérêt d’un autre éditeur, Flatlined Games, qui devrait le publier en 2014. Flatlined Games est un petit éditeur belge, une entreprise individuelle menée par Éric Hanuise, qui a publié l’excellent Rumble in the House, de Ken Rush, et, plus récemment, Twin Tin Bots, jeu de programmation de Philippe Keyaerts.

Cette fois, il nous a fallu simplifier le jeu, mais ce ne fut en rien un simple retour en arrière. La plupart des ajouts demandés par Fantasy Flight, et notamment l’individualisation des personnages, ont en effet été conservés, mais Eric Hanuise a souhaité accélérer le déroulement des parties et alléger les règles. Ce sont donc la structure des modules de la station spatiale, qui ne sont plus divisés en cases, et les règles de déplacement, qui ont été modifiées. Les modules sont aussi moins nombreux et leurs effets ont un peu changé. Les aliens, qui ne pouvaient apparaître que dans l’un de leurs quatre nids, sont désormais susceptibles de se matérialiser un peu n’importe ou dans la station. Ils peuvent même remporter la partie si les joueurs les y aident un peu en poussant les astronautes adverses dans leurs bras, ou dans un téléporteur en dérangement. Et nous continuons à bricoler un peu le prototype pour rendre les choses plus simples, plus méchantes et plus drôles encore.

Flatlined est un petit éditeur, aux moyens limités, et la publication d’Argo aura vraisemblablement recours, selon la mode actuelle, au «financement participatif» sur Kickstarter ou Ulule. Après l’expérience un peu désagréable de Formula E, je m’étais promis de ne plus avoir de jeu publié selon ce système, mais il semble trop se répandre pour qu’il soit possible d’y échapper. D’ailleurs, je continue moi-même à l’encourager en «pledgeant» régulièrement des jeux qui m’attirent (le dernier, il y a quelques jours, était l’excellent Two Rooms and a Boom), et je continue à penser que le principe est excellent. Il est juste psychologiquement beaucoup plus confortable pour le souscripteur que pour l’auteur, et sans doute que pour l’éditeur.


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You’re waking up from the hibernation pods. The hibernation room doesn’t look like the one in which you were being sent to sleep. In the nearby pods, your comrades from the other national teams that are to help you build build the new international space station are also slowly emerging from their pods. You’re eyes are not yet completely open when alarms start flashing red and a metallic voice shouts from the loudspeakers « alien presence detected, evacuation in progress, self destruction in GRRRRZZZRRRRR minutes».

Space Station Argo – it will probably have some other name – is an old game design by Serge Laget and I. We made the first version of it in 2003 or 2004. Soon after this, we signed a publishing contract with Fantasy Flight Games, which asked us to make some change to the game rules, mostly adding more variety and making it a bit more complex. Then, after two years, Fantasy Flight finally resigned, we got our rights back and kept our modest advance. Since then, we had regularly worked on it, trying to find a new publisher. It will finally be Flatlined games. Flatlined Games is a small Belgian publisher, the one person company of Eric Hanuise, who has published Ken Rush’s outstanding Rumble in the House, and more recently Philippe Keyaert’s programming board game Twin Tin Bots.

This time, we had to make the game simpler, but it wasn’t just moving back to our original version. Most of the changes initiated by Fantasy Flight, and first of all the different abilities of characters, are still there, but Philippe wanted to make the game faster and the rules simpler and more consistent. This was achieved through lots of changes, some minor, some more important. The station’s modules are no more divided in spaces, and the movement rules have been completely revamped. There are fewer modules, and their effects have sometimes changed. Aliens, which could appear only in one of their four nests, can now materialize almost anywhere in the station. They can even win the game if the players help them a bit, pushing opponents astronauts towards them or into dysfunctional teleporters. And we’re still working on the prototype to make the game even more fun, simple and nasty.

Flatlined is a small publisher, with limited means, and Argo will probably be published using crowdfunding, as is becoming more and more usual. I didn’t like my first experience of this, with Formula E, but it looks like it’s becoming impossible to always avoid it. Furthermore, if I didn’t like it as an author, I like it as a gamer and still regularly pledge for games that look interesting (the last being the outstanding Two Rooms and a Boom, a few days ago). It’s just psychologically much more comfortable for the pledger than it is for the designer or for the publisher.

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De retour d’Essen
Back from Essen

Les recherches sur la licorne se poursuivent.... Still working on the unicorn...

Les recherches sur la licorne se poursuivent….
Still working on the unicorn…

Je suis donc de retour d’Essen, bien trop fatigué et avec bien trop de choses à faire dans les jours qui viennent pour faire un compte rendu détaillé…..

Donc, vite fait, quelques remarques en vrac – j’en ajouterai peut-être dans les jours qui viennent…
• L’ambiance était excellente sur le stand de Repos prod, et ce fut une excellente idée, comme le montre la photo ci-dessous, d’organiser des séances de dédicaces communes avec tous les auteurs et les illustrateurs maison. Mieux vaut être un auteur qu’un illustrateur – j’aurais pu signer une centaine de Mascarade pendant que Pierô dessinait un seul dragon. Mascarade a encore rencontré un grand succès, tout comme les deux nouveautés belgo-mexicaines, Rampage et Concept.
• Comme, je crois, tous les ans depuis une bonne dizaine d’années, le principal sujet de discussion était le grand nombre – plus de 800 cette année – de nouveaux jeux publiés sur le salon, et la crainte que, le marché étant saturé, beaucoup de petits éditeurs, et peut-être même quelques gros, ne mettent la clef sous la porte. Enfin, bon, cela fait dix ans qu’on le dit et que ça continue comme ça, donc on a peut-être tort. Petite variation sur le même thème, le fait que les éditeurs français semblent pour l’instant bien tirer leur épingle du jeu – surtout si l’on assimile Repos aux français. Ceci dit, les tchèques, les polonais ou les italiens, au marché plus récent et plus modeste, s’en sortent aussi remarquablement bien, et cette année l’invasion russe semblait commencer. Enfin bon, c’est ce que j’ai cru voir, mais dans un salon aussi vaste et, parfois, aussi confus, chacun peut très bien voir des choses assez différentes.
• Il en allait de même du “buzz” sur les nouveautés. Selon les groupes auxquels la question était posée, les réponses étaient extrêmement variées. J’ai ainsi entendu que le meilleur nouveau jeu du salon était Amerigo,  Going, Going, Gone, Yunnan, Tash Kalar, Russian Railroads, Coconuts, Copa,et j’an ai certainement raté quelques uns
• Ceci dit, j’ai surtout ramené des jeux japonais. C’est certes parce que j’apprécie souvent leur élégance minimaliste, mais aussi parce que rentrant en avion, je devais restreindre  les bagages.
• En principe, j’ai trouvé des éditeurs pour trois jeux, un petit jeu abstrait, un jeu pour enfants tout mignon conçu avec Anja Wrede, et un jeu de cartes plus “joueur” imaginé avec André Zatz et Sergio Halaban. Un autre jeu a suscité pas mal d’intérêt, et il va falloir que j’en imprime une demi-douzaine de prototypes dans les jours qui viennent.
• Et s’il n’y avait que cela…. Mon carnet d’adresses à mettre à jour avec une cinquantaine de cartes de visites, des petits jeux exotiques à déballer, des ajustements à envisager sur les jeux qui ont trouvé un éditeur, des contacts à confirmer, quelques idées de jeux mûries pendant le salon, seul ou avec d’autres, et qu’il va falloir essayer de concrétiser,…. Enfin bon, d’abord, dormir.


Trois auteurs sur le stand Repos, avec leur illustrateur préféré. Three game designers at the Repos stand, with their favorite illustrator.

Trois auteurs sur le stand Repos, avec leur illustrateur préféré.
Three game designers at the Repos stand, with their favorite illustrator.

I’m back from the Essen game fair, with far too many things to do and no time to write a detailed report…

So, you’ll have to make-do with a few random remarks, and may be I’ll add a few more in the next days.
• The ambiance on the Repos stand was really fun, and it was a great idea to have all the Repos authors and illustrators holding signings simultaneously – as you can see on the picture above. Better be a game designer than an illustrator – I could have signed a hundred Mascarade while Pierô was drawing a single Dragon. Mascarade was a hit, as were the two new Essen games by Repos, Rampage and Concept.  
• Like more or less every year, the main topic of discussion was the excessive number of games published, with more than 800 new games on the fair this year. Many fear that the market will soon be overcrowded and lots of small publishers – and may be a few big ones – will get out of business. Well, we’re all saying this for ten years and it didn’t happen so far, so may be we’re all wrong. A variation on the same topic is the vitality of French publishers (including the Belgian Repos ;-)). Well, Italian, Czech and Poles are also doing very good, especially since they started more recently and from a smaller home market. It also looks like the Russian invasion is starting. Or may be it’s just my impression, because the fair is so big that no two people see the same thing.
• The same was true of the novelty buzz. Depending on the group you talked with, the answers varied enormously. I’ve heard that the best new game on the show was Amerigo,  Going, Going, Gone, Yunnan, Tash Kalar, Russian Railroads, Coconuts, Copa, and a few others I’ve forgotten.
• Anyway, I mostly brought back Japanese games. It’s in part because I like the minimalistic style of most Japanese designs, but it’s also because I came back by plane and had to be very careful about weight and volume.  

• I’ve found publishers for three games, a very light abstract, a cute children games designed with Anja Wrede, and a middle-weight card game designed with André Zatz and Sergio Halaban. Another game raised some interest, and I have to print, paste and cut half a dozen copies of it in the next days.
• And then I must update my adress book from fifty or so business cards, I have a dozen exotic card games to look at, changes to implement and playtest in the games that are to be published, various emails to write, and a few new game ideas which I got during the fair, either just by myself or together with other designers, to think on. And, first, I’ve got to sleep.

D’autres bons petits jeux
Some more light new games

Donc, après-demain aux aurores – et même un peu avant – je m’envole pour Essen, et je n’ai pas encore écrit l’article promis sur les quelques très bons petits jeux – car je ne joue plus guère qu’à des petits jeux – que j’ai essayés récemment.  Il faut pourtant que je le fasse avant de partir, car à mon retour, j’aurai certainement encore d’autres bons petits jeux à présenter…

Voici donc :

30 Carats

Un jeu d’enchères et de bluff – 30 Carats, de Fabien Chevillon. Trop nombreux il y a quelques années, les jeux d’enchère avaient depuis presque disparu. Je me félicite d’en voir de nouveaux quelques uns, surtout lorsque, comme 30 Carats, ils font plus appel à la psychologie qu’au calcul. Durant une dizaine de tours, les joueurs s’échangent des pierres précieuses de différentes couleurs, chacun d’entre eux connaissant la valeur d’une seule de ces pierres. Il faut donc décrypter le jeu de ses rivaux, les induire en erreur à l’occasion, et faire les propositions les moins intéressantes mais les plus alléchantes lorsque de bonnes affaires se présentent.
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maximumthrowdown

Un jeu d’adresse – Maximum Throwdown, de Jason Tagmire. Chacun à son tour pioche une carte et la lance sur la table, le but étant d’avoir le plus d’icones de score et de pouvoir visibles, et donc de recouvrir les cartes adverses. Au début de votre tour, vous regardez si vos cartes partiellement ou entièrement visibles vous font marquer des points ou vous donnent droit à des actions supplémentaires, voler une carte adverse, lancer plusieurs cartes, etc…  C’est tout bête, il suffisait d’y penser, mais c’est très drôle.

Crazy Time

Un jeu de réflexes – Crazy Time, de Alex et sa guitare. Si vous trouvez que Jungle Speed, avec ses cartes qui se ressemblent mais ne sont pourtant pas les mêmes, c’est compliqué, alors n’essayez même pas Crazy Time, le jeu qui prouve que, comme l’espace, le temps n’est pas seulement courbe, mais complètement tordu. Chacun à son tour révèle une carte et, selon la situation, il faut dire l’heure indiquée, ou deux heures plus tard, ou on ne sait plus très bien, ou n’importe quoi puisque les joueurs peuvent dans certains cas improviser des règles supplémentaires.
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tete de linotte

Un jeu de mémoire, Tête de linotte, de Cyril Blondel. Il y a pas mal de jeux dans ce style qui sortent en ce moment, de jeux où il faut retenir un peu tout parce que l’on ne sait pas très bien à l’avance ce que l’on va nous demander. Dans le même genre, Visual Panic n’est pas mal non plus, mais Tête de linotte est plus mignon, et avec un système astucieux qui fait que les cartes à mémoriser étant de plus en plus nombreuses, ça devient de plus en plus compliqué. Après, bon, il faut aimer les jeux de mémoire.
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mysteres

Un « party game » – Mystères, de Daniel Quodbach – qui n’est en fait qu’une adaptation mais fort astucieusement réalisée, du bon vieux système du portrait chinois. Faites deviner un objet, une matière, un personnage célèbre à partir de « et si c’était un livre », « et si c’était un objet », « et si c’était un animal »…
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koryo

Un jeu de cartes « classique » – Koryo, de Gun-Hee Kim. Quelque part entre Grand Dalmuti et jeux de majorité, Koryo est un jeu de cartes rapide et diablement malin. Tour après tour, les joueurs posent quelques unes des cartes qu’ils ont reçu pour tenter d’acquérir ou de conserver des majorités qui, outre qu’elles rapportent des points, donnent chacune un petit pouvoir spécial. Si ce n’était pas écrit au dos de la boite, vous n’auriez aucun moyen de vous rendre compte que ce jeu est enraciné (sic) dans un univers steampunk-médiéval coréen, mais bon, de toute façon, cela n’empêche aucunement de prendre plaisir au jeu.
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robotroc

Un jeu de « tuiles » de facture assez classique, même s’il est joué avec des cartes, RoboTroc, de Cesare Mainardi. Plein de morceaux de robots sont disposés en rectangle sur la table, et chacun à son tour déplace son pion en essayant de ramasser les pièces permettant de reconstituer la plus belle machine. Il y a des têtes, des corps, des jambes, mais aussi des cartes de bonus si l’on remplit telle ou telle condition, et même quelques armes pour l’interaction. Pas très original, mais très amusant, bien thématisé, et illustré avec humour.

eight minute empire

Un petit jeu de conquête, tactique et rapide – Eight Minute Empire, de Ryan Laukat. On m’objecter peut-être qu’un jeu de conquête n’est généralement ni petit, ni rapide, mais celui-ci l’est sans nul doute. Eight Minute Empire, c’est un peu Small World en quinze minutes – quinze, pas huit, l’éditeur a un peu exagéré en baptisant le jeu. Ma petite variante à moi : le vainqueur de l’enchère de début de partie choisit s’il jouer premier ou dernier.

sewer pirats

Un jeu tactique mais pas prise de tête – Pirates des Égoûts, d’Andreas Pelikan. Bon, ce jeu ne devrait pas être ici, pour deux raisons. D’abord, parce que c’est un grosse boite, pleine de tuiles en carton épais et de jolies figurines, mais cela reste néanmoins un petit jeu qui se boucle en une demie heure. Ensuite parce je n’y ai pas joué, mais j’ai expliqué les règles et assisté à toute une partie, et cela m’a largement suffi pour décider que ce nouveau jeu de l’auteur de Malédiction était excellent et plein d’humour.

Agent Hunter 1

Un jeu à deux enfin – Agent Hunter, de Mike Elliott, est un jeu minimaliste, qui pour une fois ne nous vient pas du Japon. Chacun des deux joueurs dispose de 10 cartes numérotées de 1 à 10, dont aucune n’a de pouvoir particulier. Le mécanisme de déduction, dans lequel  chacun essaie de deviner les valeurs des cartes cachées par l’adversaire, est diablement astucieux, et servi par un thème parfaitement adapté – l’espionnage, KGB contre CIA.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, plus de nouveautés après Essen – à moins que les quelques idées de jeu que j’ai remuées dans ma tête ces derniers jours ne commencent à prendre forme. Et désolé s’il y a quelques fautes de frappe ou d’accord dans ce billet, je l’ai écrit très rapidement et n’ai pas pris le temps de me relire.

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In two days, very early in the morning, I’m leaving for Essen and I’ve not written yet the article I recently promised about the many great light games I played these last weeks. As a matter of fact, since I’m back in Paris, I play almost only very light games. Anyway, I must now write this post, because in less than one week, I’ll have other light game to play and, may be, to write about.

So, here they are:

30 Carats

A bidding and bluffing game – 30 Carats, by Fabien Chevillon. Five or six years ago, there were far too many auction or bidding games, but then the genre almost disappeared. I’m glad to see a few ones again, especially when, like 30 Carats, they are more about bluffing and deception than reckoning and calculation. There are a dozen turns in 30 Carats and, at the beginning of the game, each player knows the exact value of only one kind of gem. One has tokeep one’s poker face and guess which of the other ones are the most valuable, or even carry negative values, from the offers made by the opponents.

maximumthrowdown

A dexeterity game – Maximum Throwdown, by Jason Tagmire. Each player on turn draws a card frtom his own deck and throws it on the table. The goal is to cover opponents’ cards and keep the most scoring and ability icons visible on the table. At the beginning of one’s turn, one scores all one’s visible scoring icons, and gets extra draws or throws for special ability icons. It’s simple, almost simplistic, as funny as it sounds, but also surprisingly tactical and challenging.
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Crazy Time

A fast reaction game – Crazy Time, by Alex and his guitar. If you’re already confused by the similar drawings in Jungle Speed, better not try Crazy time, the game that proves that, like space, time is not only curved, but even completely twisted and warped. Each player on turn draws a card and, depending on the situation, must call the exact time on it, or two hours later, or say in some foreign language, or anything since players can sometimes add their own rules and have other players find them out.

tete de linotte

A memory game, Tête de linotte, by Cyril Blondel – probably not available in English. There are dozens of games like this one, in which player must memorize mor or less everything on one or more cards because they don’t know exactly what they will be asked for. In a similar vein, Visual Panic is also quite good, but Tête de Linotte is more cute, and I like the fact that things become harder and harder when more cards are added. Of course, it’s only for the gamers who really memory games.

mysteres

A party game – Mysteries, by Daniel Quodbach. Mysteries is based on a popular public domain game – at least, popular in France where it’s called Chinese portrait. A player has to make the other players guess a word by saying “if it were an animal”, “if it were a book”, “if it were a color”, “if it were an object”, and so on. The adaptation is very well devised and changes a boring pastime into a great party game.

koryo

A “classical” card game – Koryo, by Gun-Hee Kim. Koryo is a fast paced and diabolically clever card game, and feels a bit like a cross between Great Dalmuti and a majority game. Every round, players play some of the cards they have been dealt, trying to get majority in some card values to score them and get their special ability.  It’s supposed to be rooted in a Korean mediaeval-steampunk universe, but you have no chance to guess it if you don’t read the blurb at the back of the box, so it’s not a problem with playing the game – and it’s a great game.
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robotroc

A light tile game, even when it is actually played with cards, RoboTroc, by Cesare Mainardi. Robot parts are arranged in a rectangular grid and each player on turn moves his character card, trying to get the pieces that will make the best robot. There are leg, body and head parts, but also various bonus and some weapons for interaction. Nothing really new, but light, tactical, well balanced, well themed and humorously illustrated.

eight minute empire

A light and fast paced conquest game, Eight Minute Empire, by Ryan Laukat. One can object that conquest games are usually not light and fast paced, but this one is, and feels like Smallworld in fifteen minutes – fifteen, not eight, the game’s title is a little bit exaggerated. My home rule : the winner of the starting auction choses if he plays first or last.
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sewer pirats

A tactical but not too brain burning game – Sewer Pirates, by Andreas Pelikan. This game should not be in this list, for two reasons. The first one is that it’s a big box with lost of nice miniatures and heavy cardboard, but it’s nevertheless a light family game played in half an hour. The second is that I’ve not played it, but I’ve explained the rules and watched the ensuing game, and it was largely enough to decide that this new game by the author of Witch’s Brew is, once again, a masterpiece.
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Agent Hunter 1

Last, a two player game of bluff and deduction, Agent Hunter, by Mike Elliott. Agent Hunter is a minimalistic game, with only twenty cards, but this one doesn’t come from Japan. Each player has 10 cards numbered 1 to 10, with no special abilities. A clever deduction system is used to try to guess which cards the opponent is playing, and attack a card with a card of the exact same value. The spy novel theme, CIA vs KGB, fits the game very well. Buy it in the US at Funagain
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That’s all for the moment. More new games after Essen – unless I start working seriously on the two game ideas I had last days. And sorry if this post is full of mistyping and misspelling, it was written in a hurry and I didn’t proofread it.

Petits jeux et thèmes légers (2)
Light themes for light games (2)

Cet article “remplace” un texte précédent sur le même sujet, qui a été fort mal pris par l’éditeur de l’un des jeux cités – jeu dont je disais pourtant le plus grand bien avant de remarquer que son thème avait été mal choisi. J’ai donc préféré réécrire entièrement l’article en ne prenant, comme exemples positifs ou négatifs, que des jeux dont je suis l’auteur. Je le regrette un peu car, mes petits jeux récents étant plutôt bien thématisés, sans doute parce que j’ai appris à prendre bien soin de cet aspect de l’édition, cela m’a obligé à aller chercher comme exemples négatifs des jeux un peu plus anciens.
Je referai un de ces jours, quand j’aurai le temps, un autre texte sur les autres bons petits jeux d’autres auteurs auxquels j’ai joué récemment – Agent Hunter, 30 Carats, Koryo et sans doute quelques autres comme Mystères et Maximum Throwdown.

La nécessité d’un bon thème, c’est à dire cohérent, convaincant et adapté au style du jeu et des joueurs, ne fait guère de doute auprès des éditeurs pour un gros jeu dans une grosse boite, mais elle ne leur semble pas du tout évidente pour de petits jeux aux mécanismes abstraits. Pour un petit jeu de cartes, ou un petit jeu d’enchères, le thème est bien souvent considéré comme un vernis superficiel – soit il n’a guère d’importance et est simplement oublié, soit il est choisi en fonction des modes du moment – les zombies ou les pirates, par exemple, voire les zombies et les pirates – sans le moindre souci de cohérence avec les mécanismes. Pourtant, au moins pour les jeux de cartes, c’est bien souvent le thème et son adéquation au système qui font la différence entre un bon jeu aux mécanismes astucieux et un jeu dans lequel les joueurs auront envie de se replonger. Le thème, ce n’est pas seulement des illustrations – Sex Nimmt avec des dessins de zombies n’est pas devenu un jeu de zombies -, c’est aussi un moyen de relier les différents mécanismes du jeu, et de suggérer, souvent plus efficacement qu’avec des icônes ésotériques, les effets des différentes cartes.

Pour illustrer cela, je prendrai parmi mes créations ou co-créations deux exemples de jeux dont le thème me semble avoir été bien choisi et bien traité, et deux exemples de jeux qui me semblaient mécaniquement tout aussi bons mais dont le thème a été soit mal choisi, soit mal exploité, rendant l’approche du jeu moins naturelle et diminuant son attrait.

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Le Roi des Nains est un jeu de plis, mais dans lequel un grand nombre de cartes ont des pouvoirs spéciaux. Rien de plus abstrait qu’un jeu de plis, même si le fait que certaines cartes s’appellent Valet, Dame, Roi et non 11, 12 et 13 est déjà une ébauche de thématisation. L’approche choisie pour le Roi des Nains a consisté à partir de ces termes et tout à la fois à approfondir le thème “royal” et à le pervertir un peu en le déplaçant dans un univers fantastique et humoristique suggérant le caractère chaotique du jeu. Rois et Dames sont donc toujours là, les As sont devenus Champions, mais toujours repérés par un A, et les Valets des Cavaliers plus guerriers et permettant à l’illustrateur de se faire plaisir. La suite est venue d’elle même – les cartes que l’on doit révéler au début de chaque donne sont les musiciens, dont on entend le vacarme avant la bataille. Les cartes spéciales ont toutes un nom – Ninja, Dragon, Shaman, Druide – que nous avons essayé de choisir de telle manière qu’il suggère l’effet de la carte, même si je reconnais que certaines associations sont moins évidentes que d’autres. La cohérence thématique est loin d’être parfaite, puisque chaque armée comprend des guerriers de tous les peuples, mais elle est suffisante pour donner au jeu une personnalité, un petit quelque chose qui le distingue des autres jeux de plis, très abstraits.

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Mascarade est aussi un jeu fondamentalement abstrait, même si les cartes n’y ont pas de valeurs numérotées. À deux ou trois exceptions près, les personnages ont été imaginés à partir de leur effet, et ce n’est qu’ensuite que nous leur avons trouvé des noms – sur lesquels les discussions avec l’éditeur ont parfois été difficiles. Chaque joueur n’ayant qu’une seule carte en main, il m’a semblé d’emblée évident que ces cartes devaient être des personnages avec lesquels les joueurs pourraient s’identifier. Les cartes de chacun étant assez largement inconnus des joueurs, il nous fallait un univers de manipulation, d’embrouilles, d’identités secrètes. L’espionnage aurait pu sembler évident, mais le but du jeu – amasser de l’argent – ne collait pas. Restaient la mafia, ambiance partage du butin autour de la table du parrain, et l’univers médiéval ou Renaissance fantastique. Ce dernier s’est imposé pour trois raisons. La référence à Venise et aux masques justifiait le fait que les identités réelles de chacun soient mal connues. Les personnages archétypaux – roi, sorcière, voleur, prêtre… – étaient plus nombreux et faciles à exploiter pour expliquer les effets des cartes. Enfin, cela promettait de jolis dessins. Le principe de base de Mascarade est simple, mais les nombreux effets des cartes rendent vite le jeu complexe. Son thème permet de fournir un prétexte – devrais-je dire un préjeu -, une histoire qui sert de fil conducteur à la partie, mais il permet surtout d’amener de nombreux personnages permettant de justifier plus ou moins logiquement tous les effets des cartes.  C’était l’objectif recherché.

Smiley Face boxgame-layout-smiley-face

L’expérience inverse de Mascarade est arrivée à Gwenaël Bouquin et moi avec un prototype qui s’appelait “Une vie de Roi”, et qui se voulait un mélange très léger, et très méchant, de jeu de plis et de jeu d’alliance et de négociation. Notre thème initial, inspiré de la petite histoire pascalienne du roi sans divertissement, permettait de justifier les alliances entre courtisans faisant au roi la même proposition – aller au bal, à la chasse, au tournoi, chacune de ces activités correspondant à l’une des « couleurs » de cartes… Si certaines cartes spéciales avaient été imaginées d’après des mécanismes, d’autres s’inspiraient d’ailleurs du thème. Nous avons été très surpris que l’éditeur qui avait choisi de publier ce jeu décide d’en changer le thème, et nous fasse des propositions purement liées à la mode du moment sans réel souci de cohérence avec le jeu. Nous fumes même d’autant plus surpris qu’il s’agissait d’un éditeur plutôt spécialisé dans les “gros” jeux aux thématiques très soignées et très approfondies. On est là très exactement devant le problème abordé en introduction – le thème est perçu comme important pour un gros jeu, pas pour un petit. Il fut d’abord question de dinosaures, puis d’émotions et de smileys, et j’avoue ne jamais avoir très bien compris la logique thématique du jeu publié. S’il m’est arrivé une ou deux fois de ressortir mon prototype d’une vie de roi, je n’ai d’ailleurs jamais joué avec ma boite de Smiley Face.

Chicago Poker boxChicago Poker eclate

Une expérience différente, plus désagréable pour moi car je me suis réellement accroché avec l’éditeur pour tenter de défendre mon point de vue, est celle de Chicago Poker, un jeu conçu avec Bruno Cathala. Cette fois, le thème originel n’a guère été modifié – notre prototype se situait dans le New York de la prohibition, le jeu publié dans le Chicago de la même époque. No big deal à priori, mais le diable est dans les détails – deux petites cartes dont le changement de nom, et d’illustration, a vraiment nui au jeu. La carte qui donne droit à une action supplémentaire durant son tour de jeu était une mitraillette. S’agissant d’une carte présente dans le jeu en un seul exemplaire, et permettant d’accélérer une fusillade, cela était parfaitement logique. Elle est devenue un simple colt, ce qui n’a guère de sens car cela n’a plus grand chose de spécial, tous les gangsters ayant à priori un colt sur eux, et ne suggère pas la même idée de rapidité. De même, la carte action permettant de regarder les cartes jouées faces cachées par un adversaire était, fort logiquement, l’informateur. Elle est devenue une descente de police – même si j’ai triché et laissé l’intitulé informateur dans la traduction française. Si l’on avait voulu mettre une carte Descente de Police, ce qui n’était pas nécessairement une mauvaise idée, nous lui aurions donné un effet adéquat, par exemple de virer toutes les cartes jouées par tous les joueurs devant un établissement.
Ce n’est plus le thème lui-même qui est jeu ici, c’est son exploitation. L’éditeur ne semble pas avoir compris qu’un thème de jeu, ce n’est pas seulement un titre et de jolis dessins, c’est aussi et surtout un ensemble de références dans les noms et les effets de tous les éléments du jeu, références qui permettent une explication métaphorique des règles, bien plus efficace qu’une explication abstraite et technique, et quelques clins d’œil amusants durant la partie. Chicago Poker n’a pas été un grand succès. Il y a sans doute bien des raisons, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il aurait certainement mieux marché si, comme c’était le cas dans notre prototype, tous les éléments avaient été cohérents.

J’aurais pu trouver bien d’autres exemples et, dans une première version de cet article, j’avais mêlé des exemples provenant de mes jeux et des exemples provenant d’autres jeux, ce qui était sans doute maladroit. La nature des exemples n’a finalement que peu d’importance, le vrai problème celui de la nature du thème dans un petit jeu. Le thème est là, avant tout, pour rendre la partie aussi agréable et fluide que possible. Le thème n’est pas véritablement l’essence du jeu, et même lorsqu’un jeu a été tout entier construit autour d’un thème, on peut parfois – pas toujours –  trouver un autre thème qui fera aussi bien l’affaire. C’est ce qui est arrivé à La Fièvre de l’Or, que les polonais d’Egmont ont adapté avec soin pour en faire un jeu de pirates. Mais encore faut-il que le nouvel univers soit choisi pour son adéquation aux mécanismes, soit d’une approche facile pour les joueurs, et que le changement soit effectué avec soin, jusque dans les plus petits détails, comme le nom de chaque carte.


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 This blog post is a replacement for a former one on the same topic, which infuriated the publisher of one of the games I had chosen as an example – even when I had first said that I thought the game was really great before expressing the opinion that its theme had been badly chosen. Anyway, I’ve rewritten the whole article, using only, both as positive and negative examples, games of mine. My recent card games all have good and well implemented themes, may be because I’ve learned to be very careful with this, so I had to undig some older games as counter-examples. 
One of these days, when I’ll find time for it, I’ll write another example about good light games I’ve recently played – including Agent Hunter, 30 Cartas and Koryo, but also probably some other ones, like Mystères (no idJe referai un de ces jours, quand j’aurai le temps, un autre texte sur les autres bons petits jeux d’autres auteurs auxquels j’ai joué récemment – Agent Hunter, 30 Carats, Koryo et sans doute quelques autres comme Mystères and Maximum Throwdown.

Publishers have no problem admitting that a big box game needs a solid theme, a setting convincing, consistent and likely to excite gamers. They usually don’t think this is as important when it comes to light games with one or two abstract mechanisms. In a light card game, an auction game, a tile laying game, the theme is too often considered a superficial varnish  – either it is simply dismissed, or it is chosen according to the fashion trends – pirates or zombies these days, or even Pirates and Zombies – and the consistency with the game systems not even considered. Of course, it is much easier to change the theme of a small game than of big one, because there are fewer elements to adapt or rename, but this doesn’t mean that it must not be dealt with seriously. I’ve had several experiences of small games whose theme has been changed by the publisher, some good ones, like when Boomtown became Pirates – Caribbean Fleet, and some bad ones, like when a King’s Life became Smiley Face. With card games at least, the setting and its consistency with the game system is often whet makes the difference between a good game with clever mechanisms and a great and enthralling game. Of course, a theme is more than a setting and some pictures, it’s a way to bring together the different parts of the game, and to suggest in a fun and efficient way – much more fun and efficient than esoteric icons – the effects of the various cards.

I’ll illustrate this idea wit some of my designs, or co-designs, whose setting was well chosen and well implemented, and with some others which I think were mechanically as good, but whose theme has been either badly chosen, either badly implemented, making the game more confusing to play, and therefore less attractive.

dwarf king 1 dwarf king 2

The Dwarf King is a light and chaotic trick taking game in which many cards have special effects. Few games are as abstract as a trick taking game, even when the fact that the highest cards are named Jack, Queen, King and Ace instead of 11, 12, 13 and 14 might be a very superficial and generic them. The Dwarf King started with these, and I tried both to make this king’s deeper and more meaningful, and to move it a bit towards fantasy, in order to suggest the chaotic aspect of the game. Kings and Queens are still there, Jacks are now Knights and Ace Champions because a trick taking game looks like a succession of battles, and because it was more fun for the illustrator. On the other hand, Knights still sport a J because players are accustomed to it, and because there are already Kings. The rest came naturally. The 5, which must be revealed before the battle starts, are musicians because the band can be heard first when the army is coming. Special cards all have a name that we tried to choose both thematic and consistent with their effect – there is a Shaman, a Warrior, a Druid, a Standard Bearer and even a Ninja. I admit that some names are better than others at giving out the card’s effect, but since only one special card is in play every round, it’s not a big deal.

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Mascarade is also, at its heart, an abstract game, even when cards don’t have numbered values. Except for one or two, all cards were first an effect, and got a name afterwards. Discussions with the publisher on the respective names for the different abilities were sometimes difficult. Since every player had only one card in hand, it sounded obvious that these had to represent characters with whom the players could more or less identify. Since most cards were often unknown from the players, the setting had to suggest manipulations, confusions, intrigues, double identities. Spies and counter spies were an obvious possibility, but the goal of the game – money – didn’t fit. I ended with two settings, Mafia, the game being about sharing the loot on the godfather’s table, or fantasy Renaissance, with crooks, thieves and assassins. The latter was better mostly because of the Venice carnival masks and intrigues, and because there were more different archetypal characters – King, Witch, Thief, Priest… – which were easy to identify with game effects, and could make for nice graphics. Mascarade is no more a realistic game than the Dwarf King, but it’s technically a complex game, with a simple basic system but lots of added card effects. The storyline brought by the setting, and the fact that each character has an ability that sounds more or less “logical” given its name, makes it nevertheless very easy to teach and play – that was the goal.

 Smiley Face boxgame-layout-smiley-face

Gwenaël Bouquin and I had the exact opposite experience with a prototype called “A King’s Life”, which was a kind of trick-taking game with shifting alliances. The original setting was based on the familiar story of the bored king who owns everything but doesn’t know what to do, how to have fun. Players were courtiers making various suggestions to the king – tournament, hunting, ball, feast, each one of this activities being in fact a card suit. Some of the special cards had be devised from their effects, other because they fitted in the storyline. We were extremely surprised when the publisher with whom we had signed for this game told us he wanted to change the theme, and made proposals based only on fashion and trends, not considering the game consistency. Even more, this came from a US publisher mostly publishing heavy boardgames dripping with theme, as if the theme was important in a big game, but didn’t really matter in a small one. There were talks of dinosaurs, and finally it was… smileys – not really a theme in itself, just a graphic gimmick. I never really understood the logic behind the new setting. Since this time, I’ve played once or twice with my old prototype of A King’s Life, but I’ve never played Smiley Face.

  Chicago Poker boxChicago Poker eclate

Another experience, more disagreeable to me because I tried hard to convince the publisher and failed was with Chicago Poker, a card game designed with Bruno Cathala. The original setting did not really change – it just moved from Broadway during the prohibition to Chicago during the prohibition, no big deal, but the devil is in the details – namely in two cards whose name and illustration was changed. The card giving one an extra turn was the submachine-gun, the Chicago typewriter. For a card of which there’s only one in the deck, and which has the effect of accelerating a shoot-out, it was perfectly logical. For no other reason than the fact that the publisher had a nice colt picture ready, it was changed to a standard Colt gun, which has absolutely nothing rare or special, every gangster probably carrying one, and which doesn’t suggest the same idea of acceleration.
The action card that allowed you to look at an opponent’s face down card was, logically, the informer. It’s now, with no logical reason, called Police Raid. If we had wanted to put a Police Raid card, which may have a been a good idea, Bruno and I would have found a consistent effect for it, such as discarding all gangsters played on one business. So, the theme is not bad, since it’s still the one we used when designing the game, but its implementation into the game has been strongly weakened. The publisher didn’t realize that a theme is not only a name and nice pictures, but that is also, and probably more a set of references which make possible a metaphorical explanation of the rules, which is much more fast and efficient than an abstract one, and some nice puns during the game. Chicago poker didn’t sell well. There are certainly many reasons, and may be the game wasn’t that good, but I can’t help wondering if it could not have made better without these small changes.

I could have found many other examples and, in a first version of this article, I had mixed examples from my own games and from other ones, which was probably a bit heavy-handed. Anyway, the real issue is not with this or that specific game, it’s more global – it’s what a theme stands for in a light game. The theme is usually not the essence of the game, and even when a game has been entirely built with a theme, it can sometimes be successfully adapted to another one. That’s what happened with Boomtown, which became Pirates – Caribbean Fleet in Poland – and on Android. But this can work only if the new theme is chosen because it is consistent with the game systems, and if it is carefully implemented, with an attention to all detail, including the name of every card.

Comment et où sont fabriqués nos jeux ?
How and where boardgames are produced ?

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Me cantonnant au rôle d’auteur, je ne me suis jamais intéressé de très près au processus de fabrication de mes jeux. Le peu que j’en sais me vient de discussions et de remarques occasionnelles des éditeurs, mais je n’ai jamais mis les pieds dans une usine où sont produits des jeux. C’est donc avec curiosité que j’avais regardé, il y a un ou deux ans, le reportage que Stephen Conway, un passionné de jeux de société, avait réalisé pour son blog “The Spiel” dans l’usine allemande de Ludofact. Ludofact -je ne sais jamais si cela s’écrit avec un c ou un k – est le principal fabricant allemand de jeux de société, produisant les boites de la plupart des éditeurs allemands, et de bien d’autres
La video peut être vue ici.

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Sam Brown de Thornhenge, un petit éditeur américain qui a publié à compte d’auteur le jeu Lyssan, a récemment fait le tour de plusieurs usines produisant des jeux de société en Chine, et en a reporté une série de reportages illustrés montrant, autant qu’il a pu les voir, l’organisation de la production, la qualité des produits et les conditions de travail dans cinq usines chinoises. Il a publié ces reportage sur son blog, après avoir demandé l’accord des industriels concernés. Seul l’un d’entre eux a refusé, ce qui devrait logiquement encourager à travailler plutôt avec les quatre autres.
Ses reportages peuvent être lus ici.

L’impression qui ressort de la mise en parallèle de ces observations est qu’il n’y a pas tellement de différences. Les techniques employées, et même les conditions de travail, ne semblent pas si différentes. Alors, certes, les travailleurs chinois sont certainement moins bien payés, mais si leurs salaires continuent à augmenter au rythme actuel, ils nous auront rattrapé dans dix à quinze ans. Ils ont certainement des horaires plus durs que que ceux des travailleurs allemands – qui à en croire la video de The Spiel sont surtout des ouvrières turques – mais je crois volontiers Sam Brown quand il rapporte que le rythme de travail ne lui semblait pas excessif et que les travailleurs n’avaient pas l’air épuisés.

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On peut souhaiter, pour diverses raisons, travailler avec des fabricants européens, en l’occurrence surtout allemands ou polonais. Ils sont plus proches ce qui diminue coûts et délais de transport, et contact et contrôle sont plus faciles. On peut aussi y trouver des raisons de morale politico-économico-écologique, qu’il s’agisse de relocalisation de l’emploi ou de diminution des transports inutiles et énergivores, car le discours sur la “démondialisation” cher à notre ministre du redressement productif, s’il n’est pas toujours réaliste, n’est pas non plus toujours stupide. Mais les discours culpabilisants sur le thème “vous bossez avec les vilains chinois qui font travailler les petits nenfants” sont, pour l’essentiel, obsolètes – d’autant plus que si leurs salaires ont augmenté et s’ils ne font plus travailler les petits nenfants, c’est justement parce que l’on fait tourner leurs usines depuis un certain temps déjà.

Tout cela pour dire, suite à quelques mails que m’a valu mon post précédent, que je ne suis absolument pas moralement gêné de travailler avec des éditeurs qui produisent leurs jeux en Chine – ce qu’ils font d’ailleurs presque tous, du moins en partie.


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I’m a game designer, and I’v always stayed carefully away from publishing and, even more, producing games. The few I know about the latter is from occasional remarks by my publishers, but I never even set foot into a game manufacturing factory. That’s why, one or two years ago, I watched with intense curiosity the long video report shooted by Stephen Conway, for his blog “The Spiel”, in the Ludofact plant. Ludofact – I never know if it’s writtent with c or k – is the major German game manufacturer, working for most German publishing companies, and several others.
You can watch the video there.

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Sam Brown owns Thornhenge, a small american publisher whose first published game was Lyssan. Sam recently tourde several Chinese game manufacturing plants, and came back with some interesting comments and a series of reviews of what he saw in five factories. Only one of these refused that the review was published afterwards, which should logically encourage publishers to work with the four others.
The “factory tour” reviews can be read there.

After watching the video and reading the reviews, the striking impression is that it’s not that different. The technology, the labor organization, the working conditions even, sound similar. Of course, Chinese workers are certainly payed less than German ones, but if their wages keep growing like they did these last years, they’ll catch up with them in ten or fifteen years. They also certainly work longer hours than German ones, but I believe Sam Brown when he states that the pace of work didn’t seem exhausting and that the workers didn’t look exhausted.

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There are good and sound reasons to prefer to work with Eurpean manufacturers – meaning mostly German and Polish ones. They are nearer from us, which means cheaper and faster shipping, and easier contact and control. There can also be solid moral and political reasons, about “reverse outsourcing” of jobs and saving energy. But the finger pointing on “bad companies who work with Chinese and support child labor” is largely, if not entirely, obsolete. Furthermore, the main reason Chinese wages are rising and the working conditions steadily improving is that their factories are working for us for quite long already.

The main point of this blog post, of course, was to explain to the few people who emailed me after my last posting on Formula E that I have no moral problems with working with game publishers who print in China – and as a matter of fact, most do, if sometimes partially.

Speed Dating en Japonais
Speed Dating in Japanese

Speed Dating jap1

Je vais aller un peu à l’encontre de mes billets précédents en parlant d’un jeu pour lequel le langage est essentiel, et d’ailleurs l’un des rares sur lequel j’ai travaillé entièrement en français, que je ne me sens pas capable d’adapter en anglais, car c’est bien une adaptation qui est nécessaire et non une simple traduction. Ce jeu demanderait  d’ailleurs sans doute une édition anglaise et une édition américaine. Speed Dating sort en effet dces jours-ci en japonais – mais Stéphanie, de Letheia, cherche toujours des éditeurs intéressés par une publication de ce jeu dans d’autres langues.
En attendant, la version japonais donne aux hommes comme aux femmes quelques possibilités qui ne figuraient pas dans la version de base – “est un descendant direct du Sengoku Daimyo”, “a un robot-chat pour le consoler quand il a des soucis”, “envoie cinquante cartes postales par jour”, “n’attache pas d’importance à l’argent car elle paie tout avec la carte bleue de son papa” – et bien d’autres qui, après passage dans Google Translate, ne semblent avoir aucun sens.
Je me demande si le “R15” signifie “interdit aux moins de 15 ans”, peut-être un ami japonais pourra-t-il me répondre.

Speed Dating Jap 2

In a recent post, I argued, maye be with some exaggeration or anticipation,  that most games could nowadays be published only in English. This is not true of all games, and Speed Dating is one of the few games which I’ve designed entirely French. I don’t think I would be able to make even a rough English version of it, because it needs an adaptation, a full localization, rather than a simple translation. It even probably needs different versions for the US and for Great Britain. Anywyay, Speed Dating is still looking for a US or English publisher (and for publishers in any other languages), but the Japanese version will hit the shelves very soon.
It has some fun and specifically japanese cards, such as “is a direct descendant of Sengoku Daimyo”, “has a cat-robot to comfort him when he feels sad”, “sends fifty postcards every day”, “doesn’t care about money and always uses her dad’s credit card” – and many more whose meaning I couldn’t fathom from a Google translation.
I wonder if the “R15” is an age restriction – may be some Japanese gamer can confirm or infirm this wild guess.

Deux petites interviews
Two short interviews (in French)

Deux petites interviews que j’ai données récemment
sur le blog du festival de jeux de Saint Herblain
sur le site Jedisjeux

Je n’ai compris que ces derniers jours que quelques mots à la fin de la seconde interview, soigneusement montés en épingle, sont à l’origine des attaques délirantes dont j’ai été victime sur Facebook la semaine dernière, et qui étaient elles même à l’origine de mon post précédent (vous suivez ?)

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Two short interviews on the web – both in French
On the blog of the Saint Herblain game fair
On the Jedisjeux website

L’Horreur identitaire
The Identity Horror

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Chaque fois ou presque que je suis interviewé pour une revue ou un site web français, on me pose une question sur la spécificité des auteurs ou des éditeurs français – ou parfois francophones, adjectif plus politiquement correct car il sonne un peu moins nationaliste  et un peu plus culturel, et permet d’inclure quelques suisses, québécois et belges, qui sont de fait loin d’être négligeable dans le milieu ludique. À chaque fois, cela m’énerve. Cette spécificité existe sans doute un peu, du simple fait que des auteurs  et éditeurs qui vivent assez près l’un de l’autre et parlent la même langue ont plus de facilité à se rencontrer, à parler et à collaborer, mais je ne vois vraiment pas pourquoi nous devrions l’entretenir, nous en réjouir, voire en être fier. Je suis auteur de jeu par passion, par curiosité intellectuelle, par choix, et j’en suis fier ; je suis français par hasard, ai toujours refusé d’y attacher la moindre importance, et n’en tire aucune fierté particulière. Cela a quelques avantages pratiques, notamment le fait qu’un passeport français ouvre plus de barrières qu’un passeport congolais ou afghan;  j’en profite assez égoïstement, mais ça ne m’empêche pas de trouver cela injuste.

L’un des charmes du milieu des auteurs de jeux, et ce qui le différencie peut-être des milieux littéraires, est son caractère très international. Si je travaille en ce moment sur quelques idées de jeu avec des auteurs français, j’ai d’autres projets en cours avec des auteurs italiens, allemands et brésiliens, sans avoir eu heureusement à apprendre l’italien, l’allemand ou le portugais. Même les règles des jeux pour lesquels je travaille avec des auteurs français et à priori pour des éditeurs français (ooops ! francophones) sont le plus souvent rédigées en anglais. Les raisons pour cela sont essentiellement techniques – cela  simplifie le travail de rédaction initiale, la langue anglaise étant plus adaptée à l’écriture de règles brèves et claires, et permet de présenter les prototypes à des éditeurs du monde entier – mais ce n’est en rien un renoncement ou une concession. Je suis même convaincu que nous gagnerions tous à utiliser, dans le jeu et dans tous les domaines où la langue a peu d’importance, la même langue. Aujourd’hui, ce ne peut-être que l’anglais, tout comme ce ne pouvait être que le français au XVIIIème siècle ou le latin au XVIème.

Je suis toujours surpris de voir des gens de gauche se joindre au discours nationaliste et réactionnaire sur la « défense de la langue française » prétendument agressée par l’impérialisme culturel américain (qui a d’autres chats à fouetter). Il me semble  qu’aujourd’hui, les nationalismes européens, dont la langue est l’un des thèmes favoris, représentent pour nos libertés de penser et de s’exprimer, et même pour la paix, un danger bien plus immédiat et bien plus grave que l’utilisation de la langue anglaise. Je suis peut-être un incorrigible utopiste, mais je crois que la paix dans le monde aura fait de sacrés progrès le jour où nous pourrons tous communiquer dans la même langue, sans doute un anglais un peu rustique (oui, je sais, c’est un peu ce qui est en train de se passer et la paix ne se porte pas si bien, mais ce serait sans doute bien pire si nous ne pouvions pas nous comprendre). Nous conserverons sans doute nos langues pour l’amour et la littérature, et quelques chansonnettes, mais nous n’en avons pas besoin pour le reste. Qui sait, nous pourrions peut-être même jouer ensemble – et l’une des raisons pour lesquelles j’essaie d’acheter tous mes jeux en anglais est que cela me permet de jouer avec à peu près n’importe qui, quand les jeux en français ne peuvent être joués qu’avec des français, et quelques rares suisses, belges ou québécois.

Alors, que l’on cesse de me bassiner avec le monde ludique francophone, les auteurs de jeux francophones, le web ludique francophone – je n’en ai pas grand chose à faire. Je m’en préoccupe par amitié, car j’y connais beaucoup de gens bien, et par intérêt, car cela reste le marché principal de beaucoup de mes jeux, mais moralement et politiquement, je n’en ai rien à faire.

Suite : Ce texte m’a valu, sur Facebook, des insultes non seulement pour moi, mais également pour quelques amis qui avaient eu le malheur de me défendre. Si je suis volontiers provocateur, ce n’est pas parce que je cherche l’affrontement mais parce que la provocation intellectuelle déstabilise, fait réfléchir et suscite le débat. Je m’attendais à des désaccords, je ne m’attendais pas à des insultes.  Lorsque les discussions ont dégéré en attaques ad hominem, j’ai cependant préféré m’éclipser, traitant le village gaulois, ringard et teigneux, avec le mépris qu’il mérite. Je remercie ceux qui, n’osant plus s’exprimer sur Facebook, m’ont apporté leur soutien par email et je maintiens ma position.


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Nearly every time I’m interviewed for a French magazine or website, there is a question about the specificity of French game designers and game publishers – or rather francophone, a more politically correct adjective because it sounds less nationalistic and more cultural, and incorporates some Swiss, Belgian or Quebecois, who are indeed important, especially among publishers. Every time, it makes me nervous, or even angry. Of course, there are some trends or characteristics more or less specific to the French gaming world, if only because designers and publishers leaving near one from the other can easily meet, talk and work together, but I don’t think we have to maintain it at all price, to be glad or proud of it. I design game by passion, by intellectual interest, by choice – and I’m proud of it. I’m French by sheer luck, and I’ve always refused to place importance on it. Being proud of it would be simply stupid. It brings some nice benefits, mainly the fact that a French passport opens more barriers than a Congolese or Afghan one; I make the most of it, but this doesn’t prevent me from knowing it’s unfair.

One of the charms of the game designers world, especially when compared with the otherwise similar writers’ world, is that it’s really international. I’m working at the moment on some designs with other French designers, but also with Italian, German and Brazilian ones – all in English, of course, because I wouldn’t have found the time to learn Italian, German and Portuguese.  Even the games I design with other French authors have usually English rules, because the English language is more convenient for writing short and clear rules, and because it allows us to show the game to publishers from all around the world – including France. I’ve never felt it was a giving up or a compromise. I’m even convinced it would be all for the better if the whole world were using the same language in all domains where language doesn’t really matter – such as games. Nowadays, this language can only be English – like it could only be French in the XVIIIth century or latin in the XVIth.

I’m always deeply disturbed when I see people who call themselves leftists join in the nationalist and reactionary discourse about the “defense of the French language” supposedly attacked by US cultural imperialism (which has probably other fish to fry). At the moment, European nationalisms, for which national languages are a very important topic, seems to be a much more immediate and threatening danger for our freedom of thought and speech, and may be even for peace, than the use of the English language. I might be an incurable utopist, but I think world peace will make a great step forward when we will all speak and understand the same language, probably some rustic form of English (Well, I know that’s what’s more or less happening and peace is not going so well, but things would probably be worse if we could not understand one another). We will probably keep our good old languages for love and literature, and some children songs, but we don’t really need more of it. Well, may be we can even play games together – and the main reason why I try to buy most of my boardgames in English and not in French is that it allows me to play them with almost anyone, when I can play French versions only with French people, and a few Swiss, Belgians and Canadians.

So, please stop annoying me with the French gaming world, the French speaking game designers, the French gaming websites, and so on – I don’t really care about it. Well, I do care because personally because I have good friends in the French gaming world, and financially, because it’s still the main market for most of my games, but morally and politically I don’t.

Follow-up : there has been some very agressive comments – in French, of course – of this blog post on Facebook. Some of this comments were deliberately insulting for me, and for friends who were trying to defend me, or only to calm things down. I am often provocative, but it is never because I’m eager for fight – it is because I know that intellectual provocation destabilizes and arouses reflection. When talks degenerates into ad hominem attacks, I prefer to quit and disregard violent and stupid people .