Kheops

Dans Kheops, les joueurs sont deux architectes rivaux contribuant à la construction de la grande pyramide . Les joueurs, à tour de rôle, placent des tuiles – salles et couloirs – et des pions – ouvriers, prètre, momie et même pharaon – pour faire avancer le chantier de la pyramide. Bien sûr, certaines tuiles sont particulières, abritant un sarcophage ou déclenchant une malédiction. On murmure même que certains couloirs pourraient pivoter, réservant bien des surprises aux ouvriers.

Lorsque la pyramide est terminée, le joueur contrôlant les plus grands réseaux de salles et de couloirs est nommé architecte du pharaon tandis que l’autre est donné en pâture aux crocodiles. Comment ça, ça vous rappelle quelque chose?

Histoire du jeu

Depuis longtemps, avant même que notre première création commune, Meurtre à l’Abbaye, ne soit publiée, Serge et moi réfléchissons aux jeux de tuiles et de réseaux. Cela a donné Castel, même si les tuiles y sont des cartes et s’il n’y a pas vraiment de réseaux. Cela a donné, plus classiquement, Space Station Argo, qui devait sortir chez FFG mais cherche aujourd’hui un nouvel éditeur. Cela a donné la Pyramide, devenue Kheops, un jeu qui semble avoir subi je ne sais quelle malédiction.

Pourquoi construire une pyramide égyptienne ? Essentiellement parce que l’on s’est dit qu’il y avait trop de jeux avec des tuiles carrées et hexagonales, mais qu’il y avait encore des choses à faire avec les tuiles triangulaires – et qui pense triangle pense pyramide, mais aussi parce que l’imaginaire de la pyramide, c’est celui des couloirs secrets, des portes de pierre qui pivotent, des momies et des malédictions, plein d’éléments thématiques intéressants à exploiter. Alors, certes, il y a des auteurs allemands a qui font des pyramides de pingouins sur la banquise, mais une vraie pyramide de pierres dans un désert de sable, ça a quand même plus de gueule.

Ludovic Maublanc jouant au prototype de Kheops.
Ludovic Maublanc testing the prototype of Kheops.

Bien sûr, l’Égypte n’est pas l’univers le plus original pour un jeu de société, mais nous au moins on construit une vraie pyramide de pharaon, sobre et classique, et pas un palais de nouveau riche pour une reine décadente. Et puis si vous pensez qu’on a pompé l’idée des architectes égyptiens rivaux sur nos compères Ludovic Maublanc et Bruno Cathala, regardez-bien l’image ci-dessus, qui prouve le contraire. On y voit en effet Ludo, en 2002, aux rencontres ludopathiques, testant un prototype de Kheops!

Kheops était un excellent jeu, tactique et stratégique à la fois, aux mécanismes originaux, au thème bien rendu, bien plus qu’un simple Carcassonne triangulaire. Il a malheureusement souffert d’une édition assez laide, réalisée par un éditeur qui a presque aussitôt disparu. Pourtant, Christophe Swal dessine sacrément bien, mais sur ce coup, il a dû être assez mal payé. Tout cela est bien dommage, et je pense qu’il mériterait une réédition, avec un graphisme plus soigné et un matériel de meilleure qualité.

Kheops
Un jeu de Bruno Faidutti & Serge Laget
Illustré par Swal

2 joueurs – 30 minutes
Publié par Tilsit (2008)
Tric Trac    Boardgamegeek


In Kheops, players are rival architects taking part in the building of the great pyramid. In turn, player place tiles – rooms and corridors – and pawns – workers, priests, mummy and even pharaoh – on the pyramid building site. Of course, some tiles have special features, like sarcophagi or curses. There are even rumors of rotating corridors and secret networks.
When the pyramid is built, the player controlling the longest networks is named Pharaoh’s architect, while his rival is fed to the crocodiles. Yes, you may already have heard this in some other game.

History of the game

Serge and I have been toying with tile laying and network systems for quite long, even before our first common design, Mystery of the Abbey, was published. This made for Castle, even when it has cards instead of tiles and no real network. This made forSpace Station Argo, which was due to be published by FFG and is now looking for another publisher. This made for Pyramidour cursed game, which was to be published by a publisher who went out of business a few months too early – Eurogames – and was published by a publisher who went out of business a few months later, Tilsit. Talk about curses…

Why build an Egyptian pyramid? The main reason was we thought there were already too many games with square and hexagonal tiles, and not that many with triangular ones, so there may be new ideas to explore there. And, of course, triangular tiles led to triangular board, and therefore to a pyramid. Since a pyramid is supposed to have mummies, secret chambers, moving walls and Pharao’s curses, all good thematic elements in a game, we could not imagine any other setting. Of course, some German designers might make pyramids of penguins on the ice floe, but a pyramid of stone in the desert definitely looks more serious and consistent..

Of course, Egypt is not the most original setting for a boardgame, but at least we are building a true pharaoh’s pyramid, sober and classical, and not some nouveau riche palace for a decadent queen. And if you think we stole the idea of rival egyptian architects from Ludovic Maublanc and Bruno Cathala, have a look at the picture here over, which proves it was the other way round. It shows Ludovic, in 2002, playing a prototype of Kheops at the ludopathic gathering.

Marcel-André Casasola-Merkle et Emanuel Ornella jouant à Kheops.
Marcel-André Casasola-Merkle and Emanuel Ornella playing Kheops.

Kheops was a great game, both tactical and strategic depth, with original game systems and a really strong theme – much more than simply a triangular Carcassonne. Unfortunately, the edition was poorly realized, with bad graphics and cheap components. Christophe Swal usually draws great illustrations, but I bet he was really bad payed for this game. Things didn’t get better when, a few months later, the publisher went out of business. All this is a real shame, and I think Kheops iw worth being republished, with new graphics and better components.

Kheops
A game by Bruno Faidutti & Serge Laget
Graphics by Swal

2 players – 30 minutes
Published by Tilsit (2008)
Boardgamegeek

Le Collier de la Reine
Queen’s Necklace

Dans Le Collier de la Reine, les joueurs sont des joaillers qui cherchent à vendre à la cour, au meilleur prix, leurs plus belles créations. Il ne suffit pas pour cela d’être le meilleur artisan, de trouver les plus belles pierres et de faire les plus riches colliers, les plus belles bagues, les plus brillants diadèmes. Il faut aussi être un homme de cour, épier ses concurrents, jouer des intrigues des Tuileries ou de Versailles, connaître la dernière mode, les derniers potins, entretenir ses relations – le roi, la reine mais aussi la favorite qui lance les nouvelles modes, le très influent cardinal, et les toujours utiles voleurs et faussaires.

Le collier de la Reine est un jeu simple mais mouvementé, avec tous mes ingrédients préférés. On y trouve en effet du bluff, dans le choix des bijoux que chacun présente à la cour, et des cartes action, les personnages, qui créent une forte interaction entre les joueurs.

Tout est allé très vite avec ce jeu. Entre les toutes premières discussions avec Bruno Cathala sur un gros jeu de science fiction vaguement inspiré de Puerto Rico et la maquette d’un petit jeu de bluff à la cour du roi que nous avons présentée aux éditeurs au salon d’Essen 2002, il ne s’est écoulé que quelques semaines. À peine rentré du salon, un coup de téléphone nous apprenait que le jeu avait trouvé un éditeur – les sympathiques franco-américains de Days of Wonder.

Si son titre, emprunté à Alexandre Dumas, s’est imposé naturellement, le jeu ne cherche cependant pas à reproduire l’intrigue du roman, auquel nous ne pensions d’ailleurs pas à l’origine. Nulle effervescence révolutionnaire ici, et le roi a plus de favorites que la reine n’a de favoris. Les intrigues de cour feraient d’ailleurs parfois plus penser à l’affaire des ferrets de diamants qu’à celle du Collier – il y a même des cartes mousquetaires, qui nous situeraient plus à la cour de Louis XIII qu’à celle de Louis XVI.

Le jeu se présentait à l’origine sous la forme, très classique, d’un paquet de 110 cartes, un nombre magique dans la cosmologie de Carta Mundi, et nous pensions le voir publié dans une classique petite boite contenant deux decks de 56 cartes. L’éditeur ayant souhaité une présentation plus luxueuse nous a alors demandé d’intégrer au jeu… un véritable collier – il nous a fallu des semaines de tests et de réflexion pour finalement trouver la bonne carte, le bon effet pour ce collier, que je n’ai pas encore vu mais dont je ne doute pas qu’il soit du meilleur effet!

Les illustrations du jeu, dans un style superbe qui fait penser aux gravures de mode ou aux costumes de théâtre, sont l’œuvre de Humbert Chabuel et Pierre-Alain Chartier, qui réalisent également des séries d’animation ainsi que des costumes et décors pour la télévision et le cinéma.

Publié en 2003 par Days of Wonder, Le Collier de la Reine a connu le même sort que Aux Pierres du Dragon. Ces deux premiers jeux publiés par Days of Wonder se sont très honorablement vendus, mais le jeune éditeur n’avait pas très bien fait ses comptes, et ne gagnait pas vraiment d’argent dessus. Days of Wonder s’est alors orienté vers de plus grosses boîtes, et Le Collier de la Reine, comme Aux Pierres du Dragon, n’a pas été réimprimé. Depuis, Bruno et moi avons pas mal réfléchi à ce jeu, et nous avons conçu une nouvelle version, plus variée, avec de nouveaux personnages, et sommes à la recherche d’un nouvel éditeur. Si cela vous intéresse…

Le Collier de la Reine
Un jeu de Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Illustrations de Pierre-Alain Chartier & Humbert Chabuel
2 à 4 joueurs – 45 minutes
Publié par Days of Wonder (2003)
Tric Trac    Boardgamegeek


In the Queen’s Necklace, players are jewellers trying to sell jewels at the court. To do this, it’s not enough to be the best craftman, to find and cut the most beautiful stones and ornate with with them the most gorgeous necklaces, rings and diadems. You must also be a court intrigant, spy on your competitors, know who and what is in fashion, listen to the latest court gossip, and stay in good terms with all influent people – the king, the queen, but also the favorite who starts trends and fashions, the influent cardinal and the useful, always useful, thieves and forgers.

The Queen’s Necklace is a simple card game, and uses my usual and favorite elements. There’s much bluffing and double-guessing, when choosing the jewels you will display at the court, and many action cards – the characters – to generate more interaction between the players.

Everything went very fast with this game. A few weeks after the first discussions with Bruno Cathala, by phone, about a big science fiction game vaguely similat with Puerto Rico, this light bluffing card game about XVIIIth century jewellers was finalized, just in time for the 2002 Essen fair. A few days after the fair, a phone call informed us that the game had found a publisher, the franco-american Days of Wonder team.

The name of game comes, of course, from Alexandre Dumas’ novel, but the game doesnt try to tell the book story, and we even didn’t have the book in mind when we started working on this game. No revolution turmoil here, and the king has more favorites than the queen does. The court intrigues may be more reminiscent of the diamond ferrets affair than of the Queen’s Necklace one, and there are even Musketeers cards, which shows that we may be more at the court of Louis the XIIIth than of Louis the XVIth.

The game we originally designed had 110 cards – magic number in the Carta Mundi cosmology – and we thought the publisher will publish it as a small card game, two 56 cards decks in a small box. Days of Wonder wanted something more glossy and asked us if we could find a way to add… a real necklace in the game. It took weeks of reflexions, emails and tests to find the best rule for it, so I hope the necklace will be really nice and worth the effort.

All the illustrations for this game were made by Humbert Chabuel & Pierre-Alain Chartier, in a wonderful fashion plate style. You can find out more about this graphic team on their website, okidokistudio. They also realize anime series, as well as TV and movie costumes and sceneries.

The Queen’s Necklace was published in 2003 by Days of Wonder but, unfortunately, suffered from the same problem as Fist of Dragonstones. It sold well, but their price had been fixed too low and the publisher didn’t really make money with it. That’s why they changed their policy and then published bigger games in bigger boxes. Neither Queen’s Necklace nor Fist of Dragonstones has been reprinted. Since then, Bruno and I have eventually worked on this game, and designed a new version, more varied, with more characters, and we’re looking for a new publisher. If you’re interested…

Queen’s Necklace
A game by Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Art by Pierre-Alain Chartier & Humbert Chabuel
2 to 4 players – 45 minutes
Published by Days of Wonder (2003)
Boardgamegeek

Novembre Rouge
Red November

Le Thème :
Les temps sont durs à bord du Red November, sous-marin d’attaque de la marine russe gnome. Tous les voyants semblent soudain passer au rouge, et les sirènes d’alarme retentissent.
Vous avez appelé à l’aide par radio, mais les secours ne seront pas là avant une heure. Vous devez donc tenir soixante longues minutes à bord, avec la pression d’eau sur les structures qui augmente dangereusement, le réacteur nucléaire qui surchauffe, les missiles nucléaires qui font de l’auto-allumage, les incendies et voies d’eau qui se multiplient. Sans compter que l’oxygène et la vodka commencent à manquer.

La mécanique :
Red November est un jeu de coopération. C’est tous ensemble que les joueurs devront sauver le sous-marin. Dans un scénario qui ressemble de plus en plus à un film catastrophe, ils doivent sorganiser au mieux pour affronter les dangers, se répartir les tâches de manières à minimiser les risques, et parfois accepter de se sacrifier pour la cause.

L’histoire :
L’idée est née dans la voiture, en route pour Essen avec Serge Laget et Bruno Cathala. La discussion tournait sur les Chevaliers de la Table Ronde, et les différents thèmes qu’il serait possible de traiter avec des mécanismes similaires. On pensa bien sûr d’abord aux corpus les plus proches de la Table Ronde. Nous causâmes de Star Wars, pour lequel l’adaptation serait très simple, d’une histoire de Super Héros à laquelle je ne compris goutte car je ne connais rien à cet univers, puis des Apôtres, parmi lesquels il serait assez amusant de ne pas savoir qui va trahir. Le naufrage du Koursk étant encore frais dans les mémoires, je lançais l’idée du sous-marin en perdition dans lequel il fallait survivre jusqu’à l’arrivée des secours. On passa ensuite à autre chose, mais je gardais l’idée dans un coin de ma tête.

Quelques années plus tard, elle resurgit lors d’une discussion avec l’un de mes amis joueurs, Jef Gontier, qui dans la vraie vie travaille sur la mise au point des moteurs des sous-marins nucléaires français. Nous décidâmes presque immédiatement de nous atteler ensemble à la mise au point d’un jeu dont le titre semblait évident – « Sauvez le Koursk ! ». Ce devait être un jeu de coopération sur le même principe que les Chevaliers, c’est à dire avec un grand nombre de « quêtes » – ici les problèmes qui se posent au sous-marin, moteur en panne, voies d’eau dans la coque, réacteur nucléaire en surchauffe, missiles prêts à partir… – devant être résolues simultanément. En même temps, le jeu devait être plus simple, plus rapide et, surtout, traité avec beaucoup d’humour.

Le prototype
Prototype board

Le plan du sous marin, avec ses dix ou douze salles permettant aisément de tirer un lieu au hasard en lançant un dé, fut rapidement dessiné, et laissait la place pour les différents éléments du tableau de bord – profondeur et pression extérieure, niveau d’oxygène, température du réacteur et, dans un premier temps, compte à rebours des missiles. Il y avait aussi dès l’origine deux pioches de cartes, l’une d’événements désagréables, correspondant un peu aux cartes noires des Chevaliers de la Table Ronde, et l’autre d’objets plus ou moins utiles traînant dans le sous marin, correspondant aux cartes blanches. Tout cela a peu changé entre les premières versions et le jeu publié. Les premiers ajouts à cette structure de base furent les cartes vodka, servant de joker, et la gestion du niveau d’alcoolémie, reprenant les dés aux couleurs des joueurs des Chevaliers de la Table Ronde.

Nous avons beaucoup plus discuté, et testé pas mal de variantes, sur la gestion du temps, pour laquelle nous avons finalement emprunté l’astucieux système de Jenseits von Theben, et celle des voies d’eau et incendie dans le sous marin. Ces choix étant faits, les très nombreux tests ont surtout servi à équilibrer, par tâtonnements, le jeu, afin que la victoire ne soit ni trop facile, ni trop improbable. Le Seigneur des Anneaux et les Chevaliers de la Table Ronde, les deux jeux de coopération qui ont un peu été nos modèles pendant le développement de « Save the Kursk ! », ont un même défaut. Lorsque les joueurs les connaissent bien, ils savent comment jouer pour parvenir sans coup férir à la victoire, et la seule solution est alors d’augmenter artificiellement la difficulté du jeu, en changeant la position de départ de Sauron ou en débutant la partie comme écuyer. Cherchant à faire un jeu moins sérieux, et moins technique, nous avons fait le choix de contourner le problème en augmentant sensiblement le rôle du hasard tout à la fois dans le déroulement chronologique du jeu et dans l’échec ou la réussite des actions. Ainsi, les parties se ressemblent moins, et aucune stratégie ne peut s’appliquer à l’identique dans toutes les parties. Certes, on peut tout perdre sur un coup de dés, mais c’est sans doute aussi une forme de réalisme

Il y a vingt-cinq ans de cela, j’avais pas mal joué aux horribles choses vertes de l’hyper-espace. Le jeu de Tom Wham, assez délirant, oppose deux joueurs, l’un jouant l’équipage du vaisseau spatial Znutar et l’autre les horribles choses vertes qui tentent d’en prendre le contrôle. Ce n’est qu’après que Jef et moi avions terminé Novembre Rouge que l’on nous a fait remarquer les similitudes entre les deux jeux – dans le thème du vaisseau en huis clos, la structure du plateau de jeu, et l’humour général des règles. Peut-être ai-je été un peu influencé par mes souvenirs des choses vertes en travaillant sur Novembre Rouge, mais cela n’a pas été, comme avec Les Chevaliers et jenseits von Theben, une inspiration consciente et délibérée.

Quand au naufrage du B.S.M. Pandora, un gros jeu en solitaire des années quatre-vingt, je viens d’apprendre son existence et cherche à m’en procurer un exemplaire. Sur la boite, l’espèce d’alien rougeâtre menaçant d’avaler le vaisseau spatial n’est pas sans faire passer au Kraken tournant autour du Red November. Jef et moi avons d’ailleurs effectivement, un temps, envisagé de déplacer l’action de notre jeu dans un vaisseau spatial.

Le meilleur signe de l’intérêt d’un jeu est sans aucun doute le plaisir qu’y prennent les joueurs, et leur désir de rejouer. Au week-end de jeu d’Anse, organisé par Serge Laget, ou j’amenais une version presque définitive du prototype, puis au salon d’Essen, où j’avais une boite sous le bras, « Save the Kursk ! » fut clairement, de tous mes prototypes, celui qui m’était le plus fréquemment demandé, et celui qui suscitait le plus de commentaires. Après la partie, les joueurs se remémoraient l’histoire, se la racontaient un peu comme on le fait d’un jeu de rôles. Le thème un peu provocateur y était certes pour beaucoup, mais il n’aurait pas suffi à maintenir l’intérêt si les mécanismes du jeu n’avaient pas tenu la distance. Autre bon signe, l’intérêt que plusieurs éditeurs portèrent rapidement au jeu, même si beaucoup reculaient rapidement effrayés par le thème d’assez mauvais goût et pas très politiquement correct.

Un des premiers tests.
One of the first test sessions.

Bien sûr, le naufrage du Kursk n’était pas un thème anodin mais, un peu comme avec le sexisme de la Vallée des Mammouths, j’espérais neutraliser le mauvais goût par un recours appuyé à l’humour. Le rôle de la vodka, les vieux numéros de Playboy (finalement disparus de la version publiée), tout cela devait aider à faire prendre au second degré un jeu que, d’ailleurs, j’imaginais volontiers illustré par mon ami Gérard Mathieu. Malgré tout, le thème coinçait un peu, et je finissais par promettre à Croc que, si au bout d’un an personne ne voulait du sous-marin russe, on lui bricolerait une station spatiale écossaise carburant au whisky. Deux éditeurs américains, Z-Man et Fantasy Flight Games, se déclarèrent finalement intéressés pour prêts à publier le jeu en conservant le thème du sous-marin, et nous choisîmes Fantasy Flight Games, qui semblait très motivé et prêt à aller vite.

Novembre Rouge est paru en même temps qu’un autre jeu coopératif, Ghost Stories, de mon ami Antoine Bauza. Novembre Rouge penche plus du côté fun, immersif (en quelque sorte) et aléatoire et Ghost Stories plus du côté stratégique et calculatoire (Ameritrash et Eurogames en jargon de joueurs). Il est d’ailleurs curieux qu’à partir d’un thème assez loufoque – la série de films Histoire de Fantômes Chinois – Antoine ait créé un jeu très sérieux et stratégique, et qu’à partir d’un scénario plus dramatique, Jef et moi ayions imaginé un jeu plus léger et humoristique. Bref, nous ne nous faisons pas trop concurrence. On aurait même pu organiser quelque chose ensemble pour la sortie de nos jeux, avec de la vodka et de l’alcool de riz, mais Antoine ne boit pas d’alcool. Ludovic Maublanc, maintenant Antoine Bauza, bientôt peut-être Gwenaël Bouquin, cette tendance des jeunes auteurs de jeux à ne pas boire d’alcool ne laisse d’ailleurs pas d’inquiéter quant à l’avenir du métier.

La première édition de Novembre Rouge s’est fort bien vendue, mais beaucoup de joueurs se sont plaints de la petite taille des pions et du plateau, même si elle contribuait à l’ambiance claustrophobe. Le premier tirage étant épuisé, Fantasy Flight a finalement réédité le dans une boite plus grande, avec des cartes à la place des petits jetons, et un plateau de jeu sur les quels les gnomes se marchent un peu moins sur les pieds. C’est cette version, en boîte carrée, que vous pouvez aujourd’hui trouver en boutique.

Novembre Rouge
Un jeu de Bruno Faidutti & Jef Gontier
Illustrations de Christophe Madura
1 à 8 joueurs – 60 minutes
Publié par Fantasy Flight Games (2008)
Tric Trac    Boardgamegeek


The setting :
Hard times onboard the Red November, the brand new attack submarine, flagship of the russian gnome marine, where everythings seems to get wrong at once.

You’ve called for help on the radio, but it won’t be here before one full hour. This means you must try to survive one hour in the submarine, while the water pressure is increasing, the nuclear reactor is overheating, the nuclear missile launchers are pre-igniting, fires and water leaks are everywhere, and there’s very little oxygen and vodka left.

The systems :
Red November is a cooperative game. All together, players are trying to save the submarine. While the story feels more and more like a disaster movie, they must get organized to solve the problems, divide the tasks among themselves to minimize the risks, and sometimes accept to sacrifice themselves for the common cause.

The Story :
It all started in Bruno Cathala’s car, on the way to Essen. We were discussing Shadows over Camelot with Serge and Bruno, and we looked for other topics which could use similar game systems. Of course, we started with the settings most similar with the Knights of the Round Table world. We discussed Star Wars, which started as an obvious Round Table rip-off before it became a more complex universe, and some Super Hero stories, but I’m totally illiterate about this and didn’t really take part. We thought it would be fun to go back to the roots of the story and make a gospel cooperation game in which you wouldn’t know which apostle will betray. The sinking of the Kursk was still fresh and dramatic news, so I suggested a wrecked Russian submarine in which you had to survive until the rescue team came in. Then we moved to other topics, but I never completely forgot this idea.

It came back a few years later, when discussing with one of my usual playtesters, Jef Gontier, who, in real life, works as an engineer on the motors of the French nuclear attack submarines. We instantly decided to start to work on a game, which was to be called “Save the Kursk!”. We wanted to design something similar with Shadows over Camelot, with several “quests” that players had to fulfill simultaneously – the “quests” being the various issues faced by the submarine, stalled motor, water leaks, overheating reactor, self-igniting missiles. We also wanted the game to be simpler, faster and, most of all, more humorous than the round table one.

We started with the map of the submarine, with ten or twelve rooms so that it will be easy to randomly determine one with just rolling a die. The general shape of the sub left enough room on the board for the various dashboard elements – water depth and water pressure, oxygen level, reactor heat and, in the first versions, missile countdown. Then we made the first versions of the two card decks, a deck of more or less bad events and a deck of more or less useful items, like the black cards and white cards deck in Shadows over Camelot. This didn’t really change between the first drafts and the final published version of the game. Among the first additions to this basic structure were the joker vodka cards, and the alcohol level indicator, using the life points dice in the players’ colors from Shadows over Camelot.

Quelques cartes du prototype
Cards from the prototype

We had more problems with the time management, turn structure and turn order, and playtested a few different systems before settling on a direct rip-off of the extremely clever time system from Jenseits von Theben. We also had much troubles with the management of water leaks and water flows in the different rooms of the sub. The real tests started when all this was settled, and were mostly used to fine tune the game difficulty, so that it was neither too easy, neither too hard to save the sub. The two other cooperative games we had in mind when design “Save the Kursk!” were Reiner Knizia’s Lord of the Rings and Bruno Cathala & Serge Laget’s Shadows over Camelot, which both have the same flaw: once players are familiar with the game, they know the one best way, the winning strategy, and can apply it systematically, so that the only way to keep the game challenging is to increase its difficulty with Sauron starting farther or with beginning the game as squire. Since we wanted to make a less serious and less technical game, we opted for a different solution. We decided to bring more luck in the game, both in the event chronologic order and in the success or failure of the players’ actions. This means that we wanted no two games to feel the same, and no strategy to be the best one for every game. This also means players can lose everything on one or two bad rolls, but it’s also what makes the game feel realistic.

Twenty-five years ago, I played several games of The Awful Green Things from Outer Space. In Tom Wham’s zany two players boardgame, one plays the crew of the Znutar spaceship, the other plays the awful green things trying to take over the ship. After Jef and I had finalized the Red November, some friends reminded us of the similarities between these games – the closed doors ship setting, the board shape, and the humor in the rules. May be I was more or less inspired by my decades old games of the Awful Green Things while working on Red November, but it was not, as with Shadows over Camelot and Jenseits von Theben, a deliberate and conscious inspiration.

As for the Wreck of the B.S.M. Pandora, a big solitaire game from the eighties, I’ve just learned about this game and I’m trying to find a copy. Obviously, the reddish alien about to swallow the spaceship looks a bit like the kraken looming nearby the Red November. Furthermore, Jef and I seriously considered, at one time, to change the setting of our game and move it into deep space.

There’s no better token of a game’s quality than the players’ fun and investment, and the fact they want to play again. I brought a near final prototype the Anse game week-end, organized by Serge Laget and his friends, and then at the Essen game fair. It was the most played, the most asked for, the most commented of all my prototypes. After the game, players were telling the story over and over, like it sometimes happens with role playing games. Of course, the provocative theme helped, but it wouldn’t have been enough if the game systems were not really good. Another good omen was the immediate interest of many publishers when I showed them the game, even when most of them soon backed down because of the controversial and bad taste theme.

Of course, the sinking of the Kursk was not a light theme but, like with the sexist rules in Valley of the Mammoths, I hoped we could neutralize the bad taste with light graphics and humor. The Vodka rules, the Playboy and Penthouse copies (an item that has disappeared from the published version) were here to indicate clearly, in case anyone still had doubts, that this was second degree. I was even imagining that the game could be illustrated by Gérard Mathieu, who did the mammoths. The theme was nevertheless a problem, and I promised to Croc, of Asmodée, that if after one year we could not fin a publisher for the submarine game, we will make a sci-fi version with a Scottish space-station running on whisky. This was not necessary, since two US publishers, Z-Man Games and Fantasy Flight Games, wanted to publish the submarine game. We opted for Fantasy Flight, which sounded highly motivated and wanted to move fast.

The main point in the Fantasy Flight editorial policy is to add orcs and trolls everywhere, so Chris Petersen wanted to change the Russian sub into a gnome sub. This was both a clever hint at Warcraft II gnomish submarines, and a way to attenuate the gloomy Kursk wreck reference, which was not very politically correct but on the other hand made for some of the game’s appeal. After some email discussion, we found an arrangement. There would be gnomes, but Russian gnomes drinking vodka. The graphics style, a mix between Steampunk and socialist realism, proves that they got our point well. We also found a clever title, less controversial than Save the Kursk! – Red November. It’s a double allusion, to the movie Red October, which featured a Russian Submarine, and to the strange and little known fact that the October revolution took place in November.

Un sous-marin gnome de Warcraft II
A warcraft II gnomish submarine

Red November was published at the same time as another cooperative game, Ghost Stories, by my friend Antoine Bauza. Red November is more Ameritrash, meaning fun, thematic and sometimes random, while Ghost Stories is more Eurogames, meaning strategic and slightly abstract. It’s strange that from a zany setting – the Chinese Ghost Stories movies – Antoine made a very serious and strategic game, when from a dramatic story, Jef and I made a lighter and humorous game. Anyway, our games don’t really compete one against the other. We could have  held a common party for the launching of the two games, with vodka and rice liquor, but Antoine doesn’t drink alcohol

First Ludovic Maublanc, now Antoine Bauza, soon, may be, Gwenaēl Bouquin, there seems to be an unsettling trend towards dryness among young game authors. this doesn’t bode well for the future of boardgaming.

Jef and I thought this game, which is more than beer and pretzels and has many components, will be published if not in a big square box, at least in a middle sized box. We were a little disappointed  when FFG decided to publish this game in a very small box, Citadels-size, with a very small board and even smaller tokens – even when this helped the claustrophobic mood of the storyline. Anyway, many players called for a greater board, and when Red November was reprinted, it was in a greater box, with a larger board, and with item cards instead of small cardboard tokens. That’s this new version, in a square box, that you can now buy in stores.

Red November
A game by Bruno Faidutti and Jef Gontier
Art by Christophe Madura
1 to 8 players  – 60 minutes
Published by Fantasy Flight Games (2008)
Boardgamegeek

Les cafards frappent à la porte !
Cockroaches knocking at your door !

En lisant les règle de Kakerlaken Poker (le poker des cafards), le très mignon petit jeu de cartes de Jacques Zeimet publié par Drei Magier, j’ai eu l’impression d’y retrouver Toc Toc Toc ! Nos deux petits jeux de cartes sont en effet fondés sur le même mécanisme tout simple, le joueur qui propose une carte face cachée à un autre, qui décide de l’accepter ou non. Tandis que l’on cherche à attirer des monstres dans Toc Toc Toc!, on veut éviter les vilaines bêtes dans Kakerlaken Poker.

C’est d’autant plus amusant que, les deux jeux étant parus à quelques semaines d’intervalles, aucun ne s’est bien évidemment inspiré de l’autre. L’idée n’est d’ailleurs pas vraiment nouvelle, puisqu’on la trouvait déjà par exemple dans Fair Play, mais elle n’avait jamais été simplifiée, épurée, comme elle l’est dans Toc Toc Toc ! ou Kakerlaken Poker. Le truc était dans l’air.

Si le mécanisme central est identique, les jeux sont quand même suffisamment différents pour ne pas faire double emploi. Si vous appréciez l’un, vous aimerez certainement l’autre!


When I read the rules of Kakerlaken Poker (Cockroach Poker), the nicely illustrated card game by Jacques Zeimet published by the german publisher Drei Magier, I was struck by the similarities with my Knock Knock ! Both games are based on the same very simple idea – each player on turn offers a face down card to another player, who accepts it or not. While players try to lure Halloween monsters to their parties in Knock Knock!, they try to avoid disgusting creatures in Kakerlaken Poker.

What makes it really fun is that both games have been published almost simultaneously, and the evidence is that none has been inspired by the other. The idea is not new, since it had already been used in a few games, like for example Fair Play, but it had never been simplified, refined, like in Knock Knock! or Kakerlaken Poker. It was just in the air !

While the basic idea is the same, both games still have enough specific systems to feel really different. When you like one, however, you’ll probably like the other.

Toc Toc Toc !
Knock Knock !

Toc toc toc est un jeu de bluff rapide et amusant, pour 3 à 5 joueurs, à partir de 7 ans.

Conçu en collaboration avec Gwenaël Bouquin (plus connu sur les forums de jeu sous son pseudonyme de Yaourth), Toc Toc Toc ! est un petit jeu de rien du tout – 56 cartes et c’est tout – publié chez Asmodée dans les petites boites carrées de la collection “Kangourou”. La version américaine, avec des graphismes un peu différents, est publiée par Jolly Roger’s games.

C’est Halloween, et chaque joueur fait une fête dans son sinistre château, espérant attirer un public nombreux et de qualité, fait de vampires, de fantômes et de monstres en tous genres.

La mécanique du jeu, entièrement basée sur le bluff, est très simple. Régulièrement, des coups sont frappés à votre porte – Toc, toc ! – et c’est à vous de décider si vous ouvrez ou non. Chacun cherche donc à ouvrir aux invités les plus intéressants, et à éviter les importuns, âmes pures qui font peur aux invités et vamps envoyées par vos adversaires pour tenter d’attirer du monde chez eux.

Histoire du jeu

Tout a commencé avec une discussion lancée par Yaourth sur le forum, à propos d’une idée de jeu intitulée “Pour qui sonne le Troll?”. L’idée m’a plu, je l’ai saisi au vol, prenant de vitesse Bruno Cathala, et Yaourth et moi-même avons commencé à travailler ensemble sur ce jeu, échangeant force emails et testant moultes versions. Il y eut vite un village, avec des maisons, et des personnages – troll, guerrier, prêtre, facteur, assistante sociale – qui arpentaient les rues et rendaient aux habitants des visites plus ou moins bienvenues. Après quelques semaines de tests, et malgré des progrès notables, nous avons dû admettre que nous étions dans une voie sans issue et que notre jeu, bien que basé sur un principe assez simple, devenait une usine à gaz à la fois complexe et incontrôlable.

Nous avons alors mis de côté ce projet, qui resortira peut-être un jour, mais l’idée du troll qui frappe à la porte me trottait toujours dans la tête, j’étais certain qu’il y avait la matière à un bon jeu. Quand j’ai réalisé que, entendant un toc toc ! à la porte, on avait le choix d’ouvrir ou non, un nouveau jeu était né. Les échanges d’emails ont alors repris, mais le jeu n’avait plus guère de commun avec le projet initial que l’idée du troll qui frappe à la porte. Dans le nouveau Toc Toc Toc!, les joueurs étaient des taverniers ayant chacun une auberge dans la forêt, au croisement des routes fréquentées par les voyageurs et aventuriers de tous poils. Chacun veut donc ouvrir sa porte aux bons clients, tout en évitant les importuns que sont les trolls, qui font peur aux clients, les ogres, qui ont la mauvaise habitude de les dévorer, et les vamps envoyées par les aubergistes rivaux pour attirer chez eux les meilleurs clients.

Rapidement mise au point, cette version du jeu, qui avait l’avantage annexe de ne demander que 56 cartes, est partie chez quelques éditeurs, dont Asmodée, qui cherchait quelques jeux dynamiques pour relancer sa collection de petites boites carrées, les kangourous, dans laquelle ont été notamment publiés Fantasy et Les Loups Garous de Thiercelieux. Un peu lassés des trolls et des guerriers, les gens d’Asmodée ont néanmoins voulu changer le thème du jeu. C’est ainsi que nains, elfes et humains sont devenus fantômes, monstres et vampires. J’étais plutôt défavorable au changement de thème, mais je me suis laissé convaincre, et je ne le regrette pas, car le résultat est très mignon, et le thème Halloween fonctionne très bien. Cela dit, avec la disparition du troll, devenu un gentil petit garçon, le jeu n’a vraiment plus rien de commun avec le projet initial ! Quand Jim Dietz, de Jolly Roger games, a décidé sur l’insistance de ses enfants de publier ce jeu aux États-Unis, nous lui avons laissé le choix entre les deux thèmes, il a lui aussi préféré Halloween, mais a refait les graphismes dans un style moins européen.

Toc Toc Toc !
Un jeu de Bruno Faidutti & Gwenaël Bouquin
Illustré par Greg Cerval et Sandro Masin
3 à 6 joueurs – 15 minutes
Publié par Asmodéee
Tric Trac    Boardgamegeek


Knock knock is a fun and fast paced bluffing card game for 3 to 5 players, aged 7 and up.

Designed with Gwenaël Bouquin (better known, on the french gaming forums as Yaourth), Knock knock ! is a light, fun and fast paced card game – 56 cards and nothing else – that the french publisher Asmodée has published in his Kangourou square boxes collection. An english edition will be published later this year by Jolly Roger Games.

On halloween night, each player holds a big party in his dark castle, and tries to attract the most interesting people – vampires, ghosts and other monsters.

The game systems are pure bluff. Regularly, there is a knock on your door – knock, knock ! – and you must decide wether to open or not. Of course, every player tries to open to the nicest people, and to avoid unwelcome visitors such as pure soulds that will scare your guests and vamps sent by your opponents to lure your best guests into their castle.

History of the game

 It started with a topic launched by Yaourth on our forum, dealing with his idea for game called “For whom the Troll bells?”. I liked the idea, and jumped at it a few minutes before Bruno Cathala. Yaourth and I exchanged emails for a while, developing the game and testing many different versions. Soon, there was a village, with various buildings, and strange people – troll, warrior, priest, mailman, social worker – who were more or less welcome in the inhabitants houses. After a few weeks, and though there had been some good ideas, it appeared that we were stalled and that, though the basic idea was simple, the game was becoming too complex and too uncontrollable.

We set the project aside, but the image of a troll knocking at the door was still in my head, and I was sure there was a good game to design from it. Then I realized that the real choice was after the knock – open or not – and a new game was here. I came back to Yaourth, and we finalized in a few days a game that had very little in common with the original project – mostly the troll knocking at the door. In the new game, Knock Knock !, the players are innkeepers. Each players has a tavern in the forest, near the road crossing, where travellers and adventurers use to stop for the night. Each player tries to open his door to the best guests – dwarves, elves, musicians – and to avoid trolls, who use to frighten other guests, ogres, who eat them, and vamps send by gis competitors to lure his richest guests.

The new version of the game had only 56 cards, and was immediately sent to some publishers who use to publish such small cad games. Asmodée was looking for some light and dynamic games for their line of small square boxes, called Kangaroos, to go along with fantasy or the Werewolves of Miller’s Hollow, and they immediately wanted the game. Tired of trolls and the like, they also wanted to change the setting and rethemed the game in a Halloween night, changing dwarves, eleves and humans into vampires, ghosts and monsters. I first didnd’t like the new setting, but they managed to convince me, and in the end the Halloween theme works well and the game looks really nice. Since the troll is now a young kid, the actual game has absolutely nothing in common with the original idea ! When Jim Dietz, at Joly Roger games, decided, upon his kids’ insistence, to publish this game in the USA, we let him choose between the original fantasy setting and the halloween one, and he also preferred Halloween – though he opted for new and less european-style graphics.

Knock Knock
A game by Bruno Faidutti & Gwenaël Bouquin
Art by Jacob Elijah Walker
3 to 6 players – 20 minutes
Published by Jolly Roger Games
Boardgamegeek

Tempête sur…
Knightmare something

Tempête sur l’échiquier a fait des émules, et beaucoup d’auteurs m’ont contacté pour me montrer leurs créations. J’ai ainsi vu un Tempête sur Abalone, un Tempête sur le Scrabble, et plusieurs Tempête sur les petits chevaux.
Knightmare Chess gave ideas to many people. Some creators contacted me to show me their “Knightmare” creations. I’ve seen a Knightmare Abalone, a Knightmare Scrabble and two different Knightmare Parcheesi / Ludo.

L’un de ces derniers a été publié, en allemand seulement, par l’éditeur allemand de Tempête sur l’échiquier, Heidelberger Spieleverlag. Cela s’appelle Nichts als ärger, et ça a l’air diablement amusant. Ils ont même prévu une extension commune, avec des cartes pour les deux jeux. Enfin, cela fait dizaine d’années que l’idée est dans l’air.
One of these last has been published, by the german publisher of Tempête sur l’échiquier, Heidelberger Spieleverlag. It’s called Nichts als ärger, and it looks fun. Even more fun, they plan to publish a common expansion, with cards for both games… Well, it’s planned for about five years now…

Il existe aussi quelques jeux de plis, c’est à dire de la famille de la belote ou du bridge, qui s’inspirent de ce principe. Ce sont notamment, mais ils sont aussi en allemand seulement, Cosmic Eidex et Beutelschneider. Je me suis aussi essayé au genre avec Le Roi des Nains.
Also in german only, there are several knightmare trick taking games, like Beutelschneider ot Cosmic Eidex. I’ve now made mine, The King of Dwarves.

Même s’ils sont plus sérieux dans leur propos, toute la série des Mystery Rummy, ainsi que Wyatt Earp, créés par Mike Fitzgerald, peuvent être considérés comme des Tempête sur le ramy.
Though they have a more serious feel, the Mystery Rummy and Wyatt Earp games, designed by Mike Fitzgerald, are also a kind of knightmare rummy.

À sa manière, Mystère à L’Abbaye est aussi un Tempête sur le Cluedo, et c’est ainsi qu’il a été conçu.
My Mystery of the Abbey is also, in its way, a Knighmare Clue…

Quant au Scrabble, ce sont finalement les éditeurs du jeu qui se sont chargés eux-mêmes de le pervertir, avec Scrabble Trickster, qui a donné lieu à l’une des pubs télé les plus délirantes jamais réalisées.
As for Scrabble, the game’s publishers also made the knightmare version, Scrabble Trickster, and even made one of the best TV commercials ever.

Il y a même maintenant un Tempête sur la Pétanque, absolument génial. Cela s’appelle Boochie, et c’est publié par Gamewright.
There’s even now a wonderful Knightmare Bocces, called Boochie and published by Gamewright.

Bugs & Co

Bugs&Co, c’est, comme souvent ce genre de jeu, une idée toute bête – un Memory à toute vitesse, en simultané, avec des dessins aisés à confondre, comme ceux de Jungle Speed. C’est d’ailleurs avec des cartes de Jungle Speed, qui n’ont pas résisté longtemps au traitement imposé, qu’ont été faits les premiers tests de Bugs & Co. Les compères Tom et Yako, séduits par ce petit jeu tout simple, m’ont beaucoup aidé dans les réglages et, surtout, se sont chargés des bestioles.

Nous avions un temps pensé appeler ce jeu “Jungle Bugs”, car tout le monde sait que dans la jungle, il n’y a pas seulement des félins, des reptiles et des tribus de pygmées adorateurs de totems, il y aussi des insectes terribles et inconnus. Cela risquait d’entraîner quelques confusions, et ce fut donc Bugs & Co.

Bugs & Co
Un jeu de Bruno, Tom & Yako
Illustrations de Naiiiade, Tom & Yako
2 à 8 joueurs – 5 minutes
Publié par Libellud (2011)
Tric Trac    Boardgamegeek


We first wanted to call this game “Jungle Bugs”. Everybody knows that, in the jungle, there are not only reptiles and big cats, but also strange insects. It could have been confusing, so it will be Bugs & Co.

Bugs&Co is, at its heart, just a simple and fun idea – real time Memory with very similar and confusing cards, a bit like those in Jungle Speed. Actually, the first playtests were made with a Jungle Speed set, whose cards were soon twisted and torn. Tom and Yako, the authors of Jungle Speed, liked this simple and basic party game. They helped me with tuning it, and designed the bugs.

Bugs & Co
by Bruno, Tom & Yako
Art by Naiiiade, Tom & Yako
2 to 8 players – 5 minutes
Published by Libellud (2011)
Boardgamegeek

Tomahawk

Si je ne suis pas un grand amateur de jeux à deux, j’apprécie beaucoup certains d’entre eux, et notamment les jeux de cartes comme Lost Cities, Battle Line, César et Cléopatre, Balloon Cup. C’est à cette famille qu’appartient Tomahawk.

Dans Tomahawk, chaque joueur est à la tête d’une tribu indienne, sans doute sioux ou iroquois, bien que ni Bruno Cathala, ni moi, ne nous soyons vraiment documentés avec sérieux sur le sujet, quelque part dans les forêts d’Amérique du Nord. Bien sûr, les tribus sont sur le sentier de la guerre, une guerre dans laquelle chacun cherche à s’accaparer les meilleurs territoires de chasse, et à ramener les plus beaux scalps.

Tomahawk est publié par Matagot, dans la même jolie petite collection de Jeux pour deux joueurs que Agent Double.

Tomahawk
Un jeu de Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Illustrations de Jean-Mathias Xavier
2 joueurs – 40 minutes
Publié par  Matagot (2006)
Tric Trac    Boardgamegeek


I’m usually not that fond of two players games, but I like card games like Lost Cities, Battle Line, Caesar and Cleopatra, Balloon Cup. Tomahawk is one of this kind.

In Tomahawk, each player plays an Indian tribe, probably Sioux, Iroquois, or something like this, though neither Bruno Cathala nor me (or is it nor I?) didn’t really look for any serious documentation on this topic. In the deep forest and vast plains of northern America, tribes are on the path of war. War for the best hunting territories, but also for the nicest and longest scalps.

Tomahawk is published by Matagot, in the same nice old-stule looking series as Double Agent.

Tomahawk
A game by Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Art by Jean-Mathias Xavier
2 players  – 40 minutes
Published by Matagot (2006)
Boardgamegeek

Ostriches

Quand on a la tête dans le sable, on ne voit plus très bien ce qu’il se passe autour. C’est pour cette raison que Bruno Cathala et moi avons appelé “les Autruches” ce petit jeu de stratégie et de mémoire pour deux joueurs.

Les Autruches, c’est donc un tout petit jeu abstrait pour deux joueurs. Le but du jeu est de faire parvenir vos autruches de l’autre côté du plateau de jeu, mais avec un plateau de jeu qui tourne, on finit par ne plus très bien savoir à qui appartient quelle autruche…

Ce jeu est publié par Nestor Games, un petit éditeur espagnol qui imprime “à la demande” et s’est spécialisé dans ces petits jeux malins au matériel relativement modeste. Il n’est donc pas vendu en boutique et doit être commandé sur le site de l’éditeur.

Ostriches
Un jeu de Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Illustré par Mireia Muntes
2 joueurs –
5 minutes
Publié par NestorGames (2010)
Tric Trac    Boardgamegeek


 It’s hard to keep track of all that’s happening around when your head is buried in the sand. That’s the reason why Bruno Cathala and I have named this small strategy and memory game “Ostriches”.

Ostriches is a light two player abstract game. The goal of the game is to bring your ostriches to the other side of the board. It’s not that easy when parts of the board keep turning around and you have troubles keeping track of which ostriches are yours and which are not.

Ostriches is published by Nestor Games, a small Spanish publisher who prints games on demand and is specialized in light, cute and clever game with few components. It is therefore not sold in stores, and must be ordered directly from the publisher’s website.

Ostriches
A game by Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Art by Mireia Muntes
2 players –
5 minutes
Published by NestorGames (2010)
Boardgamegeek

Key Largo

Le Thème :
Nous sommes dans les derniers jours du XIXème siècle, sur une île des caraïbes qui fut longtemps un repaire de pirates. On a récemment découvert que de nombreux galions chargés d’or, coulés à l’époque de la flibuste, reposent par le fond à quelques milles des côtes. Le terrible ouragan Katty est annoncé dans une dizaine de jours, ce qui vous laisse peu de temps pour recruter sur place une équipe de plongeurs et ramener à la surface les trésors engloutis.

La mécanique :
Key Largo est un jeu de programmation simultanée. Chacun doit chaque matin décider secrètement de ce qu’il doit faire dans la journée – emmener des touristes voir les dauphins, plonger à la recherche de trésors engloutis, vendre vos trouvailles au marché, acheter du matériel ou traîner à la taverne pour recruter des plongeurs et écouter les dernières rumeurs. C’est aussi un jeu de gestion dans lequel chacun débute la partie avec une somme modeste qu’il devra faire fructifier, le vainqueur étant le joueur le plus riche lorsque l’ouragan oblige à arrêter les plongées.

L’histoire :
J’avais beaucoup apprécié La Crique des Pirates, et échangé à son sujet des emails très sympathiques avec Paul Randles, l’un des auteurs du jeu, mais nous n’étions jamais parvenu à nous croiser. Sans doute aurions nous fini par trouver le moyen d’organiser une rencontre, mais Paul fut surpris par un cancer qui l’emporta en quelques mois, alors même que le succès commençait à pointer le bout de son nez.

Paul Randles and Mike Selinker

Ne voulant pas se laisser abattre, Paul s’efforça jusqu’au bout de faire des projets, et l’un de ses derniers fut une sorte de suite à La Crique des Pirates, l’Île aux Trésors. L’action se déroulait autour de la même île, deux siècles plus tard, les joueurs étant des plongeurs cherchant à ramener les trésors des galions engloutis lors des nombreuses batailles navales ayant animé la crique à l’époque de la flibuste. Peu avant la mort de Paul, en février 2003, Paul et sa femme Katty en confièrent le prototype à leur ami Mike Selinker, lui aussi amateur de flibuste et de piraterie, puisqu’il allait bientôt se lancer dans l’aventure de Pirates of the Spanish Main.

C’est en avril que je fis pour la première fois le voyage à Columbus, pour le Gathering of Friends d’Alan Moon. Paul Randles, habitué des lieux, n’était plus là, mais j’y rencontrais Mike Selinker qui me fit jouer à « l’Île aux Trésors ». Le principe me séduisit aussitôt, et les quelques idées que j’avançai à l’issue de notre première partie, avec notamment la suppression du plateau de jeu figurant la mer, me firent aussitôt engager comme troisième larron.

Les plateaux de jeu du prototype, de l’édition française et de l’édition américaine.
The boards from the prototype, from the French version and from the US version.

Commencèrent alors de réguliers échanges de mails et de fichiers entre la France et les Etats-Unis, et la version définitive de l’Île aux Trésors prit forme. Les principes de base du jeu sont restés ceux du prototype de Paul, avec notamment la programmation par jour et les amusants plongeurs auxquels on ajoute des tuyaux pour qu’ils plongent plus profond, mais le jeu est devenu plus léger, plus rapide, plus amusant à jouer, sans rien perdre de sa richesse. Lorsque nous fûmes satisfaits, nous entamâmes la tournée des éditeurs, Mike aux Etats-Unis et moi en Europe.

je fus le premier à trouver, et le jeu fut donc publié en Europe par Tilsit, aujourd’hui disparu, avec des illustrations montrant l’île au trésor sous un soleil éclatant. Plus tard Mike prit part au lancement de Titanic Games, qui devint donc l’éditeur américain, et opta pour des graphismes plus sombres, montrant les nuages s’épaississant et le calme avant la tempête. L’éditeur polonais, Egmont, a également refait une partie des graphismes. J’ignore ce que Paul aurait choisi, mais je suis certain que deux versions du jeu, une ensoleillée et une tempêtueuse, aurait été au delà de ses rêves.

Illustrations françaises de David Cochard
French graphics by David Cochard

Il fallait un titre international, qui évoque la plongée et ne passe pas pour un autre jeu de pirates. Nous pensâmes à Sargasso, Tortuga, Barbado, avant d’opter pour Key Largo. En France, on ne connait guère sous ce nom que le superbe film de John Huston, modèle de film noir en huis-clos. Aux États-Unis, Key Largo c’est d’abord une île au large de la Floride, paradis des plongeurs à la recherche tant de vieilles épaves que de jolis poissons.

Key Largo
Un jeu de Paul Randles, Mike Selinker, Bruno Faidutti

Illustré par David Cochard
3 à 5 joueurs –
45 minutes
Publié par Tilsit (2005)
Tric Trac    Boardgamegeek


The setting :
The action takes place on a Caribbean island, in the very last days on the 19th century. The island has long been a pirate’s harbour, and it has recently be found out that there were many sunken galleons around. Hurricane Katty is due in ten days, so you have little time to hire a diver team and bring back as much sunken treasure as possible.

The systems :
Key Largo is a double-guessing game, like Paul Randles’ other game, Pirate’s Cove. Every morning, each player secretly decide what he will do the coming day – take tourists dolphin watching, search a wreck for treasures, sell treasures at the market, buy equipment at the local shop, or go to the tavern to hire more divers and listen to the rumours. It’s also a light management game, where you start with little cash and must make your money grow through fruitful investment. The winner is the richest player when the hurricane breaks through and stops all diving around the island.

The Story :
I really like Pirate’s Cove, and I had exchanged a few nice and interesting emails about it with Paul Randles, one of the game’s authors, when it was first published as Piratenbucht, but we never met. We could probably have arranged a meeting later, but Paul was caught by a cancer and died after a few months, just when his first boardgame was becoming a small hit.

Paul didn’t want to capitulate and, until the end, he worked and made projects. One of his last projects was Treasure Island, a boardgame that was intended as a kind of follow-up of Pirate’s Cove. Action takes place on the same island, two centuries later. Players are now divers vying to bring back the sunken treasures lost during the many battles and boarding around the island in the blustery times. A few days before Paul died, in february 2003, his wife Katty and him gave the prototype of Treasure Island to their friend Mike Selinker, whom fans of pirate games will know from co-designing the game Pirates of the Spanish Main.

I happened to make in april 2003, for the first time, the trip to Columbus for Alan R. Moon’s Gathering of Friends. Paul, who had been a regular, was no longer there, but I met Mike who invited me to play Treasure Island. I really liked the basic idea of the game, and made a few suggestions after this first game; as a result, I was immediately hired as a third guy to finalize the game.

Mike and I started sending emails and files over (or is it under?) the ocean between France and the USA and soon the Treasures Island took its definitive form. The basics are still those of Paul’s prototype, with, for example, day to day programming and divers that can buy extra hose to search deeper wrecks, but the game has become lighter, faster paced, more fun to play, without losing its depth and variety. When we were all satisfied with the game, we started to look for a publisher, Mike canvassing the American ones while I was looking in Europe.

Illustrations américaines de Ben Huen & Andrew Hou
US graphics by Ben Huen & Andrew Hou

I found one first, so the game got published in Europe by Tilsit (now out of business), with light graphics depicting the Treasure Island on a sunny day. Later, Mike became involved with Titanic games, which became the US publisher and opted for darker graphics depicting the island while clouds are gathering and the hurricane is approaching. The Polish publisher, Egmont, also changed some graphics. I don’t know what Paul would have chosen, but I’m sure having both a sunny day and a cloudy day version of the same game is more than he would have dreamed of.

L’édition polonaise, chez Egmont
Polish edition by Egmont

We needed an international title, a title which suggest the diving theme and makes clear this is not one more pirates game. We thought of Sargasso, Tortuga, Barbados and finally made up our mind for Key Largo. this will make no problem for the american gamers, but can prove funny in France. Though everybody here knows about the great film noir by John Huston, with an archetypal closed doors plot, few know that it’s also the name of a divers’ paradise island.

Key Largo
A game by Paul Randles, Mike Selinker, Bruno Faidutti

Art by Ben Huen & Andrew Hou
3 to 5 players –
45 minutes

Published by Titanic Games (2007)
Boardgamegeek