Le raptor et les araignées
The Raptor and the Spiders

Raptor
Bruno Cathala testant Raptor à Etourvy.

En 2011, j’ai été contacté par les gens de Sophisticated games, détenteurs des droits de publications de jeux de société inspirés de l’œuvre de Tolkien, qui souhaitaient profiter de la sortie prochaine du film inspiré par The Hobbit pour publier deux ou trois jeux basés sur cette histoire. Ayant été un grand fan de Tolkien dans mon adolescence, l’idée m’a bien sûr séduit, et je décidai aussitôt de répondre à cet appel. Il était bien entendu que d’autres auteurs avaient également été contactés, et que mon jeu ne serait pas nécessairement parmi les un ou deux sélectionnés, mais j’étais prêt à prendre le risque. Pour un auteur de jeu, travailler sur l’œuvre de Tolkien est le genre d’occasion qui ne se présente pas deux fois.

Le lendemain, j’avais relu l’Histoire d’un aller et retour, et le surlendemain, j’avais choisi un épisode, celui de Bilbo et les nains attaqués par les araignées dans la forêt de Mirkwood, qui me semblait pouvoir faire un intéressant jeu tactique asymétrique, un joueur jouant le hobbit et les nains, un autre les arachnides. Les jeux à deux n’étant pas ce que j’ai le plus de facilité à faire, je décidais de faire appel à la collaboration d’un spécialiste du genre, accessoirement excellent ami, Bruno Cathala – qui n’avait jamais lu le hobbit mais s’empressa de réparer cet oubli. Ce fut un sacré boulot, avec de multiples versions, des plateaux de diverses formes, et plusieurs fois j’eus l’impression que nous repartions de zéro. Le résultat, je dois l’avouer, est surtout un jeu de Bruno Cathala – disons 25% de Bruno Faidutti, le thème et l’idée de départ, et 75% de Bruno Cathala, les mécanismes et les centaines de parties tests et de réglages. C’est en particulier Bruno (l’autre) qui eut l’idée du système de cartes action, dans lequel le joueur ayant joué la plus faible carte effectue l’action correspondante avant que son adversaire n’ait autant de points de déplacement que la différence entre les valeurs des cartes. Oui, je sais, ça a l’air compliqué dit comme cela, mais c’est très simple à jouer et cela crée des choix tactiques et psychologiques redoutables.

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Prototype de Mirkwood, avec les araignées de Descent.

Nous étions assez contents de nous. Nous avions un jeu tactique et stratégique aux mécanismes originaux, plein de rebondissements, et au thème très bien rendu. Les araignées s’efforçaient d’endormir les nains, puis de les envelopper dans leur toile, tandis que Bilbo, armé de sa dague, cherchait à libérer ses amis. Même l’anneau avait sa place, permettant au hobbit de disparaître pour resurgir en un autre endroit de la forêt. Nous avions surtout choisi un thème original, un épisode du récit et non l’ensemble du voyage de Bilbo, déja conté dans quelques jeux.  Je crois qu’il s’en est fallu d’assez peu, mais notre jeu, Mirkwood, ne fut pas sélectionné.

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L’un des premiers prototypes de Raptor.

J’étais d’autant plus déçu qu’il me semblait évident que ce jeu, conçu à partir d’un récit très précis, et mettant en scène les personnages du conte, ne pouvait pas être adapté à un autre thème. Je pensais donc garder en souvenir dans un coin mon prototype de Mirkwood, et en rester là. J’ai donc été surpris et dubitatif lorsque, quelques mois plus tard, je reçus un coup de téléphone du Bruno des montagnes m’annonçant qu’il avait réalisé une nouvelle version de notre jeu sur un thème complètement différent. Quelques jours plus tard, et après une partie via Skype, je me rendis à l’évidence : le nouveau thème, la chasse aux dinosaures, fonctionnait parfaitement. Le hobbit était devenu maman raptor, les nains des bébés raptors, et les araignées des scientifiques cherchant à capturer des dinosaures échappés de quelque Jurassic Park. Bien sûr, le nouveau thème imposait encore quelques petits bricolages, quelques adaptations, mais il était déjà étonnant de cohérence. Là encore, ce fut l’autre Bruno, décidément plus consciencieux que moi, ou plus doué pour les réglages fins, qui s’en chargea.

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Mon prototype de Raptor

Présenté à Matagot, le jeu plut beaucoup et le contrat fut rapidement signé…. mais les choses n’allaient pas en finir là. Le développement se poursuivit en effet après la signature du contrat, et fut long et semé d’embuches. Raptor est un jeu asymétrique, Bruno un auteur pointilleux et Matagot un éditeur exigeant. Un jour, c’était le joueur raptor qui gagnait trop facilement. Quelques semaines plus tard, après réglages subtils et parfois découverte de nouvelles stratégies possibles, c’était le scientifique. Tout le monde semblait très préoccupé par l’équilibre du jeu, et je regrette aujourd’hui un peu de ne pas être intervenu plus tôt pour dire que tout cela n’avait guère d’importance tant que chacun a plus ou moins sa chance et que les joueurs s’amusent. Les réglages successifs aboutirent surtout à compliquer le jeu, et à affaiblir l’évidence du thème, et que le mieux est l’ennemi du bien. Pour je ne sais plus quelle raison, les incendies furent même délaissés pour être remplacés par des barrières électrifiées bien moins romantiques. Toutes les cartes avaient deux, parfois trois effets distincts. En voulant trop en faire, nous avions cassé l’évidence originelle du jeu. Fort heureusement, tout le monde, plus ou moins en même temps, se faisait la même remarque, et nous décidantes donc d’un commun accord de revenir à la version Raptor initiale de Bruno. Nous y jouâmes, et tout le monde fut d’accord pour dire que ce jeu était bien meilleur que celui qui avait été obtenu après deux ans de développement. Bruno refit encore quelques réglages, mais en s’interdisant toute nouvelle règle et toute carte un peu complexe avec plusieurs effets. C’était la bonne démarche, et en quelques semaines, le jeu était prêt.

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Illustrations de Vincent Dutrait.

Raptor arrive dans quelques mois, publié par Matagot et illustré par Vincent Dutrait. il y aura les noms des deux Bruno sur la boite, mais j’ai parfois l’impression que mon seul rôle dans tout cela fut d’avoir été un peu à l’origine de cette histoire, avec un thème qui n’est même plus présent dans le jeu tel qu’il va être publié. Bref, c’est surtout un jeu de Bruno Cathala, dont je me sens plus testeur que véritablement auteur. Mais c’est un jeu que j’aime beaucoup.

Raptor
Un jeu de Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Illustré parVincent Dutrait
2 joueurs – 30 minutes
Publié par Matagot (2015)
Ludovox          Tric Trac          Boardgamegeek


Raptor
Bruno Cathala plays Raptor at Etourvy

In 2011, I was contacted by the people at Sophisticated games, who own the license right for games based on J.R.R. Tolkien’s books, asking if I would be interested in submitting a game design  based on the Hobbit book, that they could publish when the movie will get out. Having been a Tolkien fan as a teenager, I was very excited at the prospect, and jumped on the occasion. It was clear from the beginning that they had asked several game designers to work on the idea, and that they would select only one or two of a dozen submissions, but I was willing to take the risk. Working on a game based on Tolkien’s books is the kind of opportunity a designer like me cannot let go by.    

Two days later, i had found my old copy of There and Back Again, and read it again for the first time in about twenty years. I had also found the episode I wanted to describe in the game, the Mirkwood Forest, when Bilbo and the dwarves are attacked by giant spiders in a deep and dark forest. I thought it could make for an interesting asymetrical two players game, with one player moving the dwarves and hobbits, and the other playing the spiders trying to capture them in their web.
Two players games are not my strong suit, so I also decided to ask Bruno Cathala for some help. Bruno is indeed  both a very good friend and a specialist in strategic two players games. Bruno accepted at once, even though he had never read the Hobbit so far – but he did in the following days.
It was a long and hard work. We made a dozen different boards, with square or hexagonal spaces, or with movement lines, and several times I felt like we were starting all over again. I must admit that the result was mostly a Bruno Cathala game – let’s say 25% Bruno Faidutti, for the original idea and the storyline, and 75% Bruno Cathala, for the core game systems, hundreds of test games and lots of fine tuning. Bruno designed the action card system, in which the players select their card simultaneously, then the player who played the lowest value card can use its special effect, before the other player has as many action points as the difference between the two card values. It might sound complex, but it’s very simple and challenging when playing, and generates subtle tactical and bluffing opportunities.

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Mirkwood prototype, with Descent spiders

We were quite satisfied with our game, Mirkwood. We had designed an original two players tactical game, dynamic, challenging, and true to the book. The spiders had to capture the dwarves in their web and put them to sleep, while the hobbit tried to cut the web with his dagger, free his friends and escape from the forest. The ring allowed the hobbit to disappear for a while and reappear somewhere else in the forest. I liked the idea that we had chosen a specific episode from the book, and not designed one more game about the whole journey of Bilbo. Our game was seriously considered for publication, but in the end was not selected.

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An early Raptor prototype

I was disappointed, and certain that our game, based on a very specific story and using the characters from the book, could not be adapted to another setting. I was ready to keep my prototype of Mirkwood as a souvenir, and play it once every other year. I was very surprised and skeptical when, a few months later, Bruno called me and proudly told me that he had made a new version of the game in a completely different setting. A few days later we played a game of the new Raptor game on Skype, and I had to admit that the n32 storyline, dinosaur hunt, was as consistent and convincing as the original Mirkwood forest episode. The hobbit was now mummy raptor, the dwarves were raptor eggs ready to hatch, and the spiders had become scientist trying to capture the mother who had just escaped from some Jurassic Park. Of course, there were some minor changes due to the new setting, mostly in the card effects, but nothing really critical. Once more, Bruno, who is much better than I am at fine tuning, or may be just less lazy, made most of the work.

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My Raptor prototype

We showed the new raptor prototype to Matagot. They liked it a lot, and we signed almost at once, but this was not the end yet. After the contract was signed, a long development process started, full of pitfalls and fires. Raptor is an asymmetrical game, Bruno is a persnickety designer, and Matagot a demanding publisher. They wanted the game to be perfectly balanced. On day, the raptor player was winning six games in ten. A few weeks later, after Bruno made some fine tuning and new strategies appeared, it was the scientist player. They were all obsessed with balance, and I regret that I didn’t jump in earlier to say that this doesn’t really matter as long as both players have some chance to win and the game is fun to play. Successful tunings and changes made the game carefully balanced, but they had two perverse effects – they made the game more complex and less thematic. At some time, the romantic fires were even replaced with ugly electric barriers. Most of the cards ended with two, or even three different effects. Fortunately, all the people involved finally realized that something was getting wrong, and we all decided to start again from Bruno’s original Raptor design, the one we had when the contract was signed. We played it again, and we all agreed it was a much better game than the one we had come up with after two years of development. So Bruno started again from it, trying to balance it again but with strict limitations – no new rules, one effect per card. This time, it was a matter of weeks.

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Graphics by Vincent Dutrait.

Raptor will be out in a few months, published by Matagot and illustrated by Vincent Dutrait. Both Bruno’s will be credited on the game box, but I sometimes feel that my only part in this game was to come up with the original opportunity, and the original setting which wasn’t even kept till the end. In short, it’s mostly a game by Bruno Cathala, and I feel more like a playtester than like a co-designer – but it’s a game I like a lot.

Raptor
A game by Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Graphics by Vincent Dutrait
2 players – 30 minutes
Published by Matagot (2015)
Boardgamegeek

Trop de bons jeux
Too many good games

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Dans le millier de nouveautés présentés au récent salon d’Essen et les innombrables jeux publiés par leurs auteurs ou par de petits éditeurs grace aux plateformes de crowdfunding, on pourrait s’attendre à beaucoup de créations médiocres et produites à la va-vite. Signe sans doute de la vitalité du monde du jeu, et du développement d’une véritable  culture ludique, ce n’est pas vraiment le cas. Il y a bien quelques trucs un peu ridicules sur kickstarter, quelques auteurs naïfs qui ne font que réinventer l’eau tiède au fond de leur garage, mais ils ne sont pas plus nombreux qu’il y a vingt ans et, dans l’ensemble, la qualité ludique des jeux augmente paradoxalement avec la quantité – ce qui rend le métier difficile pour les vieux auteurs comme moi. Beaucoup des « chefs d’œuvre » parus dans les années quatre-vingt dix, dont certains sont désormais des succès commerciaux solidement installés, feraient sans doute pâle figure s’ils sortaient aujourd’hui – même s’il leur reste toujours le fait et le charme d’avoir été des précurseurs.

Bref, j’ai un peu l’impression ces derniers temps de ne découvrir que des bons jeux, et ce n’est pas désagréable. En voici quelques uns – mais il y en a plein d’autres auxquels je n’ai pas encore joué !

Petits jeux

heros a louer

Héros à Louer, de Kuro, est un petit jeu de cartes « japonais » (mais pour une fois pas japonisant) comme il en sort pas mal ces temps-ci. Les joueurs doivent y accepter ou faire passer des cartes qui leur sont proposées faces cachées, un peu comme dans mon Toc Toc Toc! ou dans le Poker des Cafards, mais avec quelques subtilités qui renouvellent très agréablement le genre. Pour une fois, je conseille d’éviter l’édition américaine, dont les graphismes quelconques vont contre l’esprit du jeu, et de préférer la version française, beaucoup plus amusante et élégante.

8 the liar

8 the Liar de Odd Hackwelder est un autre petit jeu de bluff très malin, dans lequel chacun à son tour peut défausser autant de cartes qu’il le souhaite faces cachées…. en annonçant invariablement que leur valeur totale est de 8. C’est toujours possible, mais c’est souvent faux, et on peut bien sûr dénoncer le joueur que l’on suspecte de bluffer. Une variation très intrigante amusante sur le vieux système des jeux de défausse.

dragon run

Dragon Run, de mon vieil ami Bruno Cathala, est un délicieux petit jeu de prise de risque. Chaque carte piochée fait avancer un peu plus loin dans le donjon et d’amasser des trésors, mais moins il reste de cartes, plus on a de chances de réveiller le dragon. C’est très aléatoire, mais aussi très amusant, avec plein d’effets très thématiques, capacités des aventuriers, effets des potions et pouvoirs des objets magiques. C’est le genre de jeu un peu idiot dont je peux enfiler les parties pendant des heures.

hare and tortoise

Le Lièvre et la Tortue, de Gun-Hee Kim, est, après Les Trois Petits Cochons et Baba Yaga, le troisième jeu de la collection inspirée par les fables publiée par Purple Brain. C’est sans doute le meilleur. La course oppose non seulement les deux animaux éponymes, mais également un loup, un renard et un agneau, chaque animal se déplaçant selon des règles particulières – la tortue avance d’une case par tour, le lièvre avance vite mais peut s’arrêter quand il est en tête, le loup effraie les autres animaux, l’agneau s’arrête à chaque rivière. C’est drôle, dynamique, simple et beaucoup plus simple que cela n’en a l’air quand on regarde le tableau des règles de déplacement.

wakanda

Le truc qui m’énerve un peu avec Wakanda, de mon ami Charles Chevalier, c’est que j’ai un jeu qui devrait sortir bientôt et qui devait s’appeler Wakan Tanka, et qu’il va sans doute falloir lui trouver un autre nom (et, oui, je sais, c’est moi qui ai écrit récemment un gros article sur les clichés exotiques et tout ça….). Pour revenir à nos bisons, Wakanda est donc un petit jeu stratégique pour deux joueurs dans la lignée de Battle Line, Les Cités Perdues et toutes ces sortes de choses. Pas révolutionnaire, mais léger, agréable et malin.

Jeux moyens

colt express

Colt Express, de Christophe Raimbault, est un petit jeu de programmation et de « double guessing » dont le charme tient autant à ses mécanismes, simples et malins, qu’à son impressionnant matériel, avec un joli train en carton à construire – comptez quand même une bonne heure de bricolage avant la première partie, le montage est difficile. Les joueurs sont des bandits qui attaquent le train, sautant dans les derniers wagons et remontant ensuite le long du train en délestant les passagers de leurs billets, leurs montres et leurs bijoux. On monte sur le toit, on tire d’un wagon à l’autre, et les tunnels, durant la traversée desquels les cartes sont jouées faces cachées, réservent de belles surprises. Beaucoup moins simpliste et incontrôlable qu’il n’en a l’air, Colt Express est un jeu rapide et marrant qui sort désormais lors de presque toutes mes soirées jeux.

ivor

Ivor the Engine est un dessin animé anglais, pour les plus petits, dont j’ignorais totalement l’existence. Du coup, je n’ai pas toujours compris la logique thématique du jeu de train qu’en a tiré Tony Boydell, dans lequel on doit transporter des moutons d’un bout à l’autre du pays de Galles. Qu’importe, car cela donne à ce mignon petit jeu un côté absurde qui lui convient très bien. Ivor the Engine amène un peu de légèreté et d’humour dans un genre souvent trop sérieux, le jeu de train.

black fleet

Black Fleet, de Sebastian Bleasdale, se présente dans une grosse boite, et l’on y déplace de gros bateaux sur une vaste plateau de jeu, et il y a même des cubes en bois, mais c’est en fait un petit jeu de déplacements et de combats, rapide, agressif, plein de rebondissements. J’aurais certainement adoré y jouer quand j’avais une dizaine d’années, et j’apprécie encore beaucoup à cinquante ans – c’est devenu un classique de nos débuts de soirée.

cash n guns

Les belges de Repos Prod sont habituellement plutôt doués pour le marketing – j’en sais quelque chose avec Mascarade -, mais ils se sont un peu plantés sur la nouvelle édition de Cash’n’Guns, de mon ami (oui, encore, je sais, mais c’est un milieu sympa) Ludovic Maublanc. Ils n’ont en effet pas assez dit que ce n’était pas juste une réédition de l’ancien Cash’n’Guns avec de nouveaux dessins, mais vraiment un nouveau jeu, aux mécanismes entièrement revisités pour être à la fois plus rapides et plus subtils. Si vous aimez braquer des flingues sur vos amis, à 5 joueurs ou moins jouez à Colt Express, et à 6 ou plus, préférez Cash’n’Guns.

nottingham

Sheriff of Nottingham, d’André Zatz et Sergio Halaban, est lui aussi une version largement revisitée d’un jeu déjà ancien, Hart and der Grenze. Les joueurs y sont des contrebandiers marchands qui souhaitent vendre au marché de Nottingham des marchandises mais préfèreraient ne pas payer l’octroi. Du bluff, donc, mais aussi de la négociation, car on peut toujours s’arranger avec le sheriff.

Gros jeux

manifest

Je ne sais toujours pas trop que penser du mécanisme du deck-building. Auteur, j’y vois un principe très intéressant, permettant bien des subtilités tactiques et statistiques. Joueur, je trouve les jeux de deck building le plus souvent mécaniques, peu interactifs, excessivement calculatoires et finalement ennuyeux. Manifest, d’Amanda Milne et Julia Schiller, un jeu néo-zélandais plaidé un peu au hasard sur Kickstarter, est l’une des rares exceptions. Manifest, c’est un peu le long cours revisité avec beaucoup d’astuce et de légèreté par des auteurs qui ont joué aux Aventuriers du Rail et à Dominion. Ce jeu dynamique et assez méchant est une excellente surprise totalement inattendue – c’est peut-être le jeu qu’attendaient ceux qui ont trouvé Black Fleet un peu trop léger.

sons of anarchy

Je suis un peu lassé des jeux de placements d’artisans dans des cités médiévales allemandes ou italiennes, mais j’ai adoré ma partie de Sons of Anarchy, un jeu de placement de bikers dans une petite ville américaine. On n’y trafique pas des cubes rouges ou verts, mais des flingues et de la came. Mécaniquement, c’est bien sûr un peu la même chose, mais le thème du jeu est remarquablement rendu, et la mécanique bien maline, avec suffisamment de tuiles et cartes différentes pour que chaque partie soit différente, et suffisamment d’inattendus, avec des enchères à poing fermé et des bastons qui se règlent à coup de dés, pour que le jeu ne soit pas trop technique. Sons of Anarchy,  d’Aaron Dill, John Kovaleski, Sean Sweigart, c’est une mécanique à l’allemande, un thème bien ricain, et pas mal d’humour.

five tribes

J’ai lu quelque part sur le web que Five Tribes, le dernier jeu de mon ami Bruno Cathala superbement édité par mes amis de Days of Wonder, était, à l’inverse des innombrables jeux de placement d’ouvriers (ou de pirates, de mineurs, de bikers….) le premier jeux de licenciement d’ouvriers (ou en l’occurence d’assassins, de marchands et de caravaniers). C’est une boutade, mais elle révèle sans doute l’un des aspects les plus intéressants de ce jeu très prise de tête, mais aussi très agréable et assez rapide : tandis que, dans les jeux de placement, comme dans la plupart des jeux de société modernesr. There’s always something t, la situation se complexifie au fur et à mesure du jeu, dans Five Tribes, elle se simplifie peu à peu. C’est au début de la partie, quand on a encore l’esprit clair, qu’il faut beaucoup réfléchir, et ce sont les derniers coups, quand on commence à fatiguer, qui sont un peu automatiques. C’est assez rare pour être signalé, et c’est peut-être pourquoi j’apprécie tant un jeu qui, à priori, ne devrait pas être dans mon style.

el gaucho

El Gaucho, d’Arve Fühler, publié par petit éditeur bien sympathique, Argentum Verlag, est un jeu qui a tout pour plaire à Bruno Cathala. À la lecture des règles, on a l’impression d’un système assez simple, une sorte de Cités Perdues matinées de jets de dés, mais quand on commence à jouer, on découvre un brise-neurones de très bonne facture, dans lequel on a toujours quelque chose à faire avec ses dés, et toujours une vacherie à faire à ses voisins.

xidit

Et puis, je sais, moi qui étais fan d’Himalaya, en avais même fait mon jeu de l’année quand il était sorti, et attendais sa réédition avec impatience, je devrais jouer à Lords of Xidit, de Régis Bonnessée – mais, non, je ne peux pas, je ne peux même pas me résoudre à en demander une boite à Régis. Les dessins de NaÏÏade sont superbes, je veux bien croire que les mécanismes du jeu ont été enrichis, mais je ne peux pas me résoudre à voir un thème original et bien rendu remplacé par de la fantasy classique et sans saveur… En guise de protestation, j’ai même ressorti mon vieil Himalaya, et j’en ai refait deux parties. Mais, bon, si vous n’avez pas de vieil Himalaya dans vos cartons, procurez-vous Lords of Xidit, c’est malgré tout un sacré jeu, combinant problème du représentant de commerce et programmation secrète.

C’est une longue liste car, comme je le disais en introduction, presque tous les jeux que j’ai récemment essayé se sont avérés excellents – beaucoup d’autres le sont sans doute aussi


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Among the thousand or so new games shown at the recent Essen fair and the many more published by their designers or by small publishers through crowdfunding websites, one could expect to find mostly mediocre and cheaply produced offerings. That it’s not the case probably shows the vitality of the boardgame market and the emergence of a deeper gaming culture. There are a few scary designs  showing up on kickstarter, but there are no more naive designers reinventing the wheel or the monopoly in their garage than there were twenty years ago. The overall quality of games, not only in production but also in design, seems to be paradoxically increasing with quantity – and it’s making their job quite tough for seasoned game designers like me. Many of the so-called groundbreaking games published ten or twenty years ago, some of which have become regular sellers, would pale in comparison to more recent stuff if they were published today – they just still have the good old charm of forerunners.

These last days, it feels like most of the new games I am playing are really good, and it looks like there are even more I’ll never get around to play. Anyway, here are a dozen I’ve recently enjoyed, more or less ordered from the lightest to the heaviest.

Lighter games

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Kuro’s Seventh Hero is one more light “Japanese style” card game, and one I had not noticed earlier, may be because the US edition’s bland graphics were clearly misleading about the game’s style and feel. The French version’s illustrations are both nicer and better fitting. Seventh Hero is a very light card game in which players, a bit like in my Knock Knock! or in Cockroach Poker, must accept or pass on cards that are given to them face down – but it features some clever new twists.

8 the liar

Odd Hackwelder 8 the Liar is what one should expect from someone whose first name is “Odd”. Each player in turn may discard as many face down cards as he wants… but always pretending their total value is 8. It might always be true, indeed, but it’s often false, and other players can call the bluff. This is a very intriguing and challenging version on the “get rid of all your cards” game genre.

dragon run

Dragon Run, by my old friend Bruno Cathala, is a light and humorous risk taking game, published only in French so far, but I hope there will soon be an English version. With each card drawn, one moves deeper into the dungeon, and might get more treasure, but with each card drawn the beast is more likely to awake. The game is highly random, but also fun and thematic, with each adventurer, potion or magic item having a specific effect. It’s typically the kind of game I can play over and over for hours.

hare and tortoise

Gun-Hee Kim’s Hare and Tortoise is the third game in Purple Brain’s really cute fairy tale series, and it’s probably the best one. The race features not only the two eponymous animals, but also wolf, fox and sheep. Each animal has its specific movement rule – tortoise steadily moves 1 space forward every round, hare can move really fast but might stop when in the lead, wolf can frighten other animals, sheep stops at every river to drink. It’s fun, fast paced, very tactical and much simpler than it looks.

wakanda

The one thing I don’t like about Wakanda, by my friend Charles Chevalier, is that I have a game in the pipe whose prototype went under the name Wakan Tanka, and we might have now to look for another name – and, yes, I am the one who recently wrote a long paper about exoticism in boardgames and all that stuff. But back to our bisons – Wakanda is a cute tactical two players game, in the line of Lost Cities or Battle Line, and with really cute plastic totems. Nothing really new, but a light, enjoyable and very clever game.

Middle weight games

colt express

Christophe Raimbault’s Colt Express is a light programming and double guessing game. It has clever and very thematic systems and, most of all, a really impressive board – a 3D cardboard train that requires a whole hour to mount it before the first game. Players are bandits who jump into the the rear cars and then move forward, relieving the passengers of their greenbacks, watches and jewelry. Bandits can climb up on the train’s roof, shoot from a car to another, and lots of unexpected things happen in tunnels, where cards are played face down. Colt Express is fun and fast paced, but less uncontrollable and simplistic than it looks, and has become one of the classic openers of my game nights.

ivor

Ivor the Engine is a British cartoon I had never heard of before, but I’ll try to have a look at a few episodes online, if only to understand why, in Tony Boydell’s train game, players must always transport sheep from one part of Wales to the other. Though not as childish as it looks, Ivor the Engine is a fun and light train game – a  nice change, since train games usually feel heavy and serious.

black fleet

Sebastian Bleasdale’s Black Fleet has a big box, a large map, nice ship miniatures and even wooden cubes, but it’s just a light game of trade and piracy – meaning pick-up-and-deliver and combat with cards. It’s fun, fast paced and more tactical than strategic. I would have loved such a game when I was ten, and I still quite like it at fifty.

cash n guns

My Belgian friends at Repos Prod are usually good at marketing – as I have experienced with Mascarade – but I think they got things wrong with the new edition of Ludovic Maublanc’s Cash’n’Guns. They didn’t stress enough that this is not just a revamping of the older game, but a really new one, with much simpler, faster and more subtle systems. If you like to play with guns and shoot at your fellow players, go for Colt Express with up to 5 players, and for Cash’n’Guns with 6 to 8.

nottingham

André Zatz and Sergio Halaban’s Sheriff of Nottingham, is also a reworked version of an older game, Hart and der Grenze. Players are smugglers merchants who want to sell various stuff at the Nottingham market, but would prefer not to pay the excise. This means some bluff, but also some bargaining, since it’s always possible to come to an arrangement with the Sheriff of Nottingham.

Heavier games

manifest

 

I still have mixed feelings about deck-building. As a designer, I think it’s theoretically very interesting, allowing for lots of tactical and statistical subtleties. As a gamer, however, I think that most deck building games are heavy on maths and very light on fun and interaction. That’s not the case with Amanda Milne and Julia Schiller’s Manifest, a game from New-Zealand which I pledged more or less at random, one day I was browsing kickstarter boardgames. Manifest feels a bit like the old Long Cours lightly and cleverly reworked by designers who have played Dominion and Ticket to Ride. This dynamic and nasty pick-up-and-deliver deck-building game is an unexpected hit – and probably the right game for those who found Black Fleet a bit light for their taste.

sons of anarchy

I’m a bit bored of worker placement in German or Italian mediaeval cities, but I loved my first game of Sons of Anarchy, a game of biker placement in a small american city. It’s not about producing red and green cubes, but about buying guns and dope, and selling it at a profit. Of course, mechanically, it’s more or less the same, but the game’s setting is well implemented. The game has enough different tiles and cards to make it always different. There’s blind bidding for selling dope, and die rolls for street fights, so it doesn’t feel too technical and brain burning. Sons of Anarchy, by Aaron Dill, John Kovaleski and Sean Sweigart, is the perfect combination of German style engine, some US chrome, and dark humor.

five tribes

I’ve read somewhere on the web an insightful remark about Bruno Cathala’s Five Tribes, gorgeously published by Days of Wonder. It said that, after dozens of worker (or miner, pirate, biker…) placement games, Five Tribes was the first worker (or rather merchants, priests, assassins and caravan riders)  firing game. It’s a clever pun, but it also points at one of the most interesting features of this relatively heavy brain burner. In most boardgames – though not all – and specifically in worker placement games, things get more complex as the game goes on. Five Tribes works the other way – one must think hard in the first rounds, but the game becomes easy, almost automatic, in the very last rounds, when players are becoming tired. This might be one of the reasons why I really enjoy a game which is much heavier than the stuff I usually play now.

el gaucho

Arve Fühler’s El Gaucho is typically the kind of game Bruno Cathala likes. From reading the rules, it seems relatively simple, like an advanced version of Lost Cities with some die rolls thrown in. When playing it, however, it becomes extremely tricky, with complex decisions about which dice to use and how to use them, which cows to buy or to sell – and some opportunities for stealing the neighbors’ ones. It could become boring if it lasted longer, but at about 90 minutes, it’s a tasty main course for a serious gaming evening.

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I was a fan of Himalaya, it had even been my game of the year when it was first published, and I was eagerly waiting for its new edition, so I should be playing its remake, Lords of Xidit – but I don’t want to, I even don’t want to ask Regis for a copy. Naïade’s graphics are gorgeous, I  know the game systems have been improved, but I can’t replace a game with a really original and well implemented theme with one with just one more standard bland fantasy game. As a protest, I even unearthed my old copy of Himalaya and played it again. Anyaway, if you’re not one of the lucky owners of an old copy of Himalaya, try Lords of Xidit, it’s a great game, based on pick-up-and-deliver and secret programmation.

It’s a long list because, as I said in the intro, almost all the games I’ve played recently happened to be really good – so may be you can try other ones, and they’ll be as good as these ones.

Compte Rendu d’Essen
Essen Report

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L’autre Bruno a posté sur son nouveau site un impressionnant compte-rendu du salon d’Essen, dans lequel il liste ses sept ou huit nouveautés parues pour le salon, parmi lesquelles je recommande tout particulièrement Five Tribes, un jeu qui prend la tête sans trop prendre la tête, et Dragon Run, un petit jeu de cartes de prise de risque comme je les aime, et comme j’aime les faire. Si je ne recommande pas les autres, c’est sans doute uniquement parce que je n’y ai pas encore joué. 
J’étais bien plus modeste sur le salon, avec seulement l’extension de Mascarade, qui a cependant été très bien accueillie puisque, dès le premier jouer, nous n’avions plus de boites en anglais. En revanche, le salon a été l’occasion de nombreuses rencontres avec des éditeurs pour discuter de projets qui devraient sortir l’an prochain – mais je ne sais pas bien de quoi j’ai déjà le droit de parler.

1602179_1464632527094812_5337658764054171235_oLes deux Bruno à Essen – aucun d’entre nous n’a fait Augustus – photo chipée sur Ludovox.

J’ai donc passé le plus clair de mon temps sur le stand de Repos Prod, à signer des boites de Mascarade, aux cotés de Ludovic Maublanc, l’auteur de l’excellent Cash and Guns, Miguel Coimbra, illustrateur de Seeven Wonders et ses innombrables extensions, et toute l’équipe de Concept. De temps à autre, Antoine Bauza nous faisait l’honneur de sa compagnie pendant quelques dizaines de minutes. Bravo et merci les belges, on s’est beaucoup amusé sur votre stand.

2014-10-26 21.39.37Sur le stand Repos – photo chipée sur Tric-Trac, comme ça pas de jaloux.

J’ai aussi passé pas mal de temps avec Eric Lang, avec qui je suis en train de travailler sur plusieurs projets. Nous avons d’ailleurs profité du salon pour signer le contrat de Neeeeed!, qui sera publié l’an prochain par Lui-Même. Dans la foulée, le jeudi soir, nous avons accompagné Philippe des Pallières au speed-dating antre éditeurs et distributeurs organisé par Asmodée… et c’est nous qui nous sommes, le plus souvent, retrouvé à présenter l’excellent Mafia de Cuba. Je glissais peu à peu dans l’ivresse tout au long de la présentation, et n’ai plus guère de souvenirs de ce qu’il s’est passé après. Je me suis laissé dire que j’avais improvisé une conférence sur l’histoire des échecs au bar de l’Atlantic, au milieu de laquelle j’aurais brusquement basculé au français alors que tous mes auditeurs étaient anglophones. Enfin, bon, j’ai quand même réussi à me lever le lendemain matin pour un petit déjeuner de travail – un truc qui devrait être interdit par le droit du travail.

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Avec Eric Lang au pot de iello – Mike Elliott en arrière plan.

Le samedi soir, nous avons enfin, avec Bruno Cathala, fait une partie de la dernière version de Raptor, petit jeu à deux assez original qui devrait sortir l’an prochain, chez Matagot.
Discutant avec un éditeur, Charles Chevalier a quasiment vendu un jeu qu’il aurait fait avec moi. Seul problème, le jeu n’existe pas encore, puisque nous n’en avons que très vaguement parlé et n’avons pas réalisé le moindre test, ni même prototype. Disons que c’est une méthode de travail à laquelle je n’étais pas habitué, mais c’est assez amusant, ou en tout cas assez motivant. Bref, il va falloir se mettre très rapidement au boulot.

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Discussion avec Anja Wrede et l’éditeur sur la couverture d’un jeu à venir.

Mais, bon, la question que vous attendez tous – quelles étaient les hits du salon, les jeux dont tout le monde parlait. Il n’y avait clairement pas de grand succès incontournable cette année, de jeu dont tout le monde parlait. Écrivant ce compte rendu avec quelques jours de retard, j’ai pu en parler avec quelques amis, ou lire ici et là, sur le web, quelques posts de retour d’Essen. Je ne suis guère étonné de constater qu’ils citent comme étant « le buzz du salon » des jeux très différents. Essen a pris une telle ampleur que, du fait des connaissances préexistantes ou même parfois du simple hasard des discussions sur le salon, des « réseaux de buzz » bien distincts peuvent se créer. Certains jeux peuvent avoir été abondamment pratiqués dans les salons du Bredeney ou de l’Atlantic et ignorés dans ceux de l’Arosa, et inversement.  Je lis ainsi ici ou là que les meilleurs jeux du salon étaient Orléans ou Mélée, deux jeux dont j’ignorais encore totalement l’existence à la fin du salon. Autour de moi, les gros jeux qui buzzaient étaient plutôt Deus, Alchemists, Five Tribes et Zhanguo. Dans des formats plus modestes, j’ai entendu énormément de bien de Gaia, Grog Island, Witness et Colt Express. En jeux à deux, je n’ai guère entendu citer que le très laid Spellcaster.

Et puis, il y a la surprise toujours renouvelée devant l’abondance de jeux. Si, cette année encore, les nouveautés étaient extrêmement nombreuses, – j’ai entendu parler d’un peu plus de mille nouveaux jeux présentés sur le salon – il m’a semblé que la situation avait un peu évolué. À quelques exceptions près, les éditeurs « historiques », allemands, français ou américains, ne présentaient qu’un nombre de nouvelles boites assez limité, sans doute inférieur à ce qu’il était ces dernières années, mais cela était compensé par les nouveaux arrivants, souvent venus d’Italie, d’Europe de l’Est ou d’Extrême Orient. Au bout du compte, je pense que le nombre de jeux publiés n’était donc guère plus élevé qu’en 2013.

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Ce que j’ai ramené d’Essen

Je suis donc rentré délesté de quelques prototypes et lesté d’une cinquantaine de boites qui m’ont été offertes ou que j’ai achetées. Je pensais surtout rapporter des des trucs que j’aurai du mal à me procurer ensuite, et j’ai effectivement acheté pas mal de jeux japonais ou coréens que je n’ai pas encore regardés de près, mais j’ai aussi pris pas mal de nouveautés auxquelles j’ai juste hâte de jouer.

Après Essen, c’était encore Essen, puisque j’ai passé la journée du mardi avec Eric Lang, de passage à Paris, pour présenter une de nos créations communes à un éditeur et à tester quelques uns de ses prototypes – tous très impressionnants. Lundi prochain, je vois Charles Chevalier pour développer en urgence le jeu que l’on est censé avoir fait ensemble. J’ai déjà fait quelques parties du prototype mignon tout plein réalisé par Anja Wrede sur une de nos idées communes, et qu’elle m’a apporté sur le salon, et je vais travailler un peu sur les règles.
Au milieu de tout cela, j’ai quand même trouvé le temps de faire quelques parties des jeux ramenés d’Allemagne. 8 – The Liar s’est avéré un jeu de bluff plus subtil qu’il n’en a l’air. Colt Express est un jeu de programmation et de coups fourrés comme je les aime – mais comptez plus d’une heure pour le montage des petits wagons avant la première partie. Ivor the Engine, un jeu de trains acheté un peu au pif parce que la boite était jolie, s’est avéré rapide, amusant, méchant et beaucoup moins enfantin que les graphismes ne le laissaient penser. J’avais déjà joué à Dragon Run sur le prototype, mais j’y ai encore rejoué sur la vraie boite, et on rigole toujours beaucoup, même si c’est vraiment très aléatoire.
Pour l’instant, les seules demi-déceptions ont été les jeux gadgets. Lift-It, le jeu le plus photographié d’Essen, celui qui se joue avec une grue fixée sur le crane; le principe en est génial, mais le jeu ne fonctionne pas vraiment car les constructions sont déjà très difficiles à réaliser pour des adultes sobres, alors que le public naturel de ce type de jeu devrait être des enfants sobres ou les adultes ivres. C’est l’inverse pour La Rivière sans Fin, le jeu sur roulement à billes – l’étroitesse de la rivière fait que l’on ne peut s’y doubler, et le jeu devient vite un peu automatique. J’espère qu’il y aura une version plus sophistiquée.

Bref, c’était bien, c’était fatiguant, et je suis l’un des rares français à ne pas être rentré malade. À l’année prochaine !


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The other Bruno has already posted on his new website an impressive Essen fair report (in French), listing the seven or eight new games he had on the fair. I strongly recommend both of them, Five Tribes, an original and relatively fast paced brain burner, and Dragon Run, a fun risk taking game, the kind of game I like to play and I would have liked to design. I don’t recommend the other ones, but that’s mostly because I didn’t play them yet.
I was much more modest this year, with only one new offering, the Mascarade expansion. It was very well received, since there no more english language copies by the end of the first day. On the other hand, I had much time to meet publishers and designer friends, and to discuss a few projects. There are a few games in the pipe, but i don’t know what I’m allowed to say, so I’d rather not say anything.

1602179_1464632527094812_5337658764054171235_oBoth Brunos in Essen – none of us did Augustus 😉

I spent most of my time at the Repos Prod booth signing Mascarade, next to Ludovic Maublanc, the designer of the outstanding Cash and Guns, Miguel Coimbra, the illustrator of Seven Wonders and its many expansions, and the whole Concept team. From time to time, Antoine Bauza stopped by for a few minutes. Cheers, and thanks to the whole belgian team, we had a great time.

2014-10-26 21.39.37At the Repos booth.

I also spent some time with Eric Lang, with whom I’m now working on several projects. On thursday, we signed the contract for Neeeed, a card game that will be published by Lui-Même, and then went with Philippe des Pallières at the distributors / publishers speed dating night organized by Asmodée. Eric and I ended up explaining Mafia de Cuba instead of Philippe, and we had great fun. I slowly got drunk, and don’t remember anything of what happened afterwards – I’ve been told I improvised a lecture on the History of Chess at the Atlantic bar, in the middle of which i suddenly switched from English to French, despite the fact that all my listeners were americans. Anyway, I managed to wake up early the next morning for a working breakfast – even though I know working breakfast ought to be forbidden by labor laws.

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With Eric Lang at the Iello party – Mike Elliott on the right.

On saturday night, I finally managed to play with Bruno Cathala a game of the last version of Raptor, our two players game that will be published next year by Matagot.
Charles Chevalier almost managed to sell to a publisher a game he is supposed to have designed with me. Well, the only problem is that we just had a very vague discussion about it, but there hasn’t been a single playtest, not even a prototype made. It’s a new work method for me, may be I’ll get used to it – but it definitely has some motivational efficiency. Now we must start actual work.

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Discussing the cover of our upcoming game with Anja Wrede and the publisher.

And now for the question most of my readers are eagerly waiting for – what were the games that buzzed, the games that everybody was talking about, the hits. There was no single major hit, no game everybody was talking about. I’m writing this report several days after the fair, so I had time to talk with friends, and to have a look at other reports on the web. I’m not surprised that they name very different games as the « buzz of the fair ». Essen has become so big, and the gaming world so diverse, that depending on what you’re looking for, on who you know, or just on the people you happen to meet, people end up in very different and relatively independent buzz networks. A game might have been intensely played in the gaming rooms at, say, the Berdeney hotel, and totally ignored at the Atlantic or the Arosa, and vice versa. I’ve read here or there that the most praised games on the fair were Melle and Orleans, but I didn’t hear once of these games on the fair. In my very own network, the buzzing heavy games were Deus, Alchemists, Five Tribes and Zhuanguo. Lighter buzzing stuff was Gaia, Grog Island, Witness and Colt Express. I heard much of only one two players game, the very ugly Spellcasters.

Like every year, I was overwhelmed by the hundreds of new games available – I’ve been told there were around one thousand games published for the fair. This is, however, the result of new trends. Most of the « historical » German, French or US publishers seem to have fewer new games than in the former years, but this was largely compensated by the many new games shown by younger publishers from Italy, from eastern Europe or from the Far East. In the end, I think that the number of new games was more or less the same as last year.

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My Essen haul

My bags were much heavier on the way back – four or five prototypes less, about fifty new games more. I had decided to bring back only stuff I cannot get easily here, mostly Korean or Japanese stuff, but I could not hold to my resolution and had to get more – some of them offered, most of them bought – that I just wanted to play one of these days, or to have a look at.

After Essen, it was still Essen. I spend most of Tuesday in Paris with Eric Lang. We visited a publisher to show one of our common designs, and then played two of his prototypes, which really impressed me. Next Monday, I’ll meet with Charles Chevalier to work on the game we’re supposed to have designed together. I’ve already played a few games of a cute little game designed with Anja Wrede which we discussed on the fair.  
I even found time to play some of the games I brought back from Germany. 8 – The Liar is a nice bluffing game, more subtle than it looks. Colt Express is a fun and nasty game of take-that hidden programmation, exactly what I like, but assembling the cardboard cars before the first game requires more or less one hour. I bought Ivor the Engine mostly because the box looked cute and very british, and I was surprised to discover a clever and nasty train game, much less childish than it looks. I had already played Dragon Run on the prototype – this risk taking game is heavily based on luck, but it’s always fun.
Our only two half disappointments were with the two games I bought because of what looked like a clever gizmo. Lift-It, the game played with a crane fixed on one’s forehead, was certainly the most photographed game on the show, but the gameplay was disappointing. It looks like a game for children, or drunk adults, but even the simplest construction are very hard to build even by sober adults. The Endless River has the reverse problem – using a ball bearing as a board is a great idea, but the river is too narrow for a boat to overtake another, and, as it is, the game is really childish. I hope there will be a more sophisticated version.

All in all, I had a great time. I came back tired, but not ill like many of my friends. See you next year.

Pirates – Caribbean Fleet

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La Fièvre de l’Or, l’un des premiers jeux que j’ai fait avec Bruno Cathala, est épuisé depuis longtemps. Il a connu une nouvelle vie en Pologne, relooké sur le thème de la piraterie. Cette version ayant connu un certain succès, elle sort maintenant sur tablettes en polonais et, ce qui risque d’être quand même plus vendeur, en anglais et en français. L’adaptation est très réussie, les illustrations de Maciej Szymanowicz sont absolument superbes.

Je continue à me poser de temps à autre des questions sur l’intérêt d’utiliser un outil informatique infiniment plus versatile que du carton pour simuler un jeu de cartes…. mais je dois admettre que Pirates est diablement agréablement à jouer.

Vous pouvez acheter le jeu
Pour Android
Pour iPad

Boomtown was one of the first games I designed with Bruno Cathala. It is out of print for years. The polish publisher Egmont has developped a rethemed version, about Pirates, which still sells wel. It’s now coming on iPad and Android, and in English – which might sells more than in Polish. The new theme fits perfectly well the game, and the graphics by Maciej Szymanowicz are absolutely gorgeous.

I still often wonder what’s the sense in using electronic devices, which are much more versatiles than cardboard, to simulate a card or boardgame. Anyway, I must admit than Pirates is a blast to play.

Buy the game
For Android
For iPad

pirates

Chicago Poker

Le poker était très à la mode au milieu des années 2000, et Bruno et moi avons donc, nous aussi, imaginé notre jeu de cartes empruntant quelques mécanismes au poker. Notre inspiration est cependant, comme il y a quelques années avec mon Corruption, à chercher plutôt du côté du stud 5 que du hold’em. Ce dernier, je crois, n’existait d’ailleurs pas dans les années 20, où se situe l’action de Chicago Poker.

Chicago Poker est un jeu de cartes faisant appel autant à la tactique qu’au bluff, dans lequel le but est de prendre le contrôle des principaux établissements de la ville – speakeasies, salles de jeu, clubs de jazz et brasseries – en jouant, tantôt visibles et tantôt cachées, des cartes formant des combinaisons de poker. Comme souvent ce genre de jeu, c’est très tactique à deux, et plus incontrôlable à six, mais ça marche aussi bien dans un cas que dans l’autre.

Si Chicago Poker emprunte au poker l’ordre des combinaisons, et au stud 5 les cartes parties visibles et parties cachées, cela reste fondamentalement un jeu de “gestion de sa main” (pas trouvé mieux pour rendre “hand management”), et non une variante du poker. Son esprit est donc finalement plus proche de jeux de cartes comme Schotten Totten ou Cesar et Cléopatre, que du poker.

Histoire du jeu

Je joue au poker depuis bien longtemps, bien avant la mode actuelle du Hold’Em, et cela se ressent inévitablement dans certaines de mes créations. Dans Corruption, déjà, j’avais utilisé un mécanisme de pose des cartes directement inspiré du stud poker. On le retrouve aussi, exploité bien différemment, dans Chicago Poker.

Chicago Poker est né de l’échec d’un projet de jeu de parcours sur le thème de l’Aéropostale qui, malgré bien des tests, bien des bonnes idées et bien des versions successives, n’a jamais débouché sur un prototype réellement convaincant, peut-être parce que trop d’auteurs y étaient impliqués. L’aventure nous a quand même laissé, Bruno et moi, avec le sentiment qu’il y avait encore bien des choses à faire à partir du poker.

Nous sommes donc aussitôt repartis sur une piste entièrement différentes, un jeu de cartes un peu dans l’esprit de Corruption, dont le thème permettrait d’exploiter naturellement les règles et les combinaisons du poker. Le thème était évident, la guerre des gangs aux Etats-Unis sous la prohibition. Comme souvent les bons jeux, celui-ci fut bouclé en quelques semaines. Nous situâmes l’action de à New York, et baptisâmes le jeu Broadway. Je me documentais sur les personnalités locales de l’époque, les Arnold Rothstein, Owney Madden, Texas Guinnan pour mettre les noms qu’il fallait sur les cartes, et nous crûmes même avoir rapidement trouvé un éditeur, Asmodée.

Quelques mois plus tard, Asmodée, dont la politique éditoriale avait en effet un peu trop tendance à partir dans tous les sens, décidait de renoncer à pas mal de projets, dont celui-ci, et nous nous mîmes en quête d’un autre éditeur. Avec sept prototypes à imprimer et découper de retour du salon d’Essen, Broadway fut, parmi nos jeux, l’un des deux qui suscita le plus d’intérêt chez les édieturs. Bruno et moi sommes bien content que ce soit finalement Phalanx qui se soit décidé le premier, parce que l’on aime vraiment beaucoup Henning, et qu’Uli, que l’on connaît moins, à l’air aussi très sympathique.

Désireux de pouvoir mettre le visage d’Al Capone sur les cartes, Phalanx a rebaptisé le jeu Chicago Poker et nous a demandé de resituer l’action à Chicago. Toute la documentation était à refaire, les noms des chefs de gang, des clubs de jazz et des speakeasies à changer ! Arnold Rothstein, Dutch Schultz ou Legs Diamond sont ainsi devenus Al Capone, Bugs Moran et Dion O’Bannion, mais les mécanismes du jeu sont restés inchangés.

L’éditeur a en outre procédé à quelques changements aparemment sans importance mais qui, selon moi, affaiblissent considérablement la cohérence thématique du jeu. La carte qui donne droit à une action supplémentaire durant son tour de jeu était la mitraillette Thompson – la fameuse « Chicago Typewriter ». S’agissant d’une carte présente dans le jeu en un seul exemplaire, et permettant d’accélérer une fusillade, cela était parfaitement logique. Elle est devenue un simple colt, ce qui n’a guère de sens car cela n’a plus grand chose de spécial, tous les gangsters ayant à priori un colt sur eux, et ne suggère pas la même idée de rapidité. La carte action permettant de regarder les cartes jouées faces cachées par un adversaire était, fort logiquement, l’informateur. Elle est devenue, sans aucune explication logique, une descente de police – même si j’ai triché et laissé l’intitulé informateur dans la traduction française. Si l’on avait voulu mettre une carte Descente de Police, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise idée, nous lui aurions donné un effet adéquat, par exemple de virer toutes les cartes jouées par tous les joueurs devant un établissement. Donc, si vous voulez jouer au jeu tel que nous l’avions imaginé, essayez de vous convaincre que le dessin du colt représente une mitraillette Thompson, et que la carte “Descente de Police” s’appelle Informateur. Vous verrez que tout devient alors plus cohérent et, par conséquent, plus amusant.
Ce n’est pas la première fois que j’ai ce genre de problème. Les éditeurs européens semblent, contrairement aux américains, avoir un peu de mal à réaliser que le thème d’un jeu, ce n’est pas seulement un titre et de jolis dessins, c’est aussi et surtout un ensemble de clins d’oeil et de références dans les noms et les effets de tous les éléments du jeu. C’est cela qui rend un jeu amusant.

Chicago Poker
Un jeu de Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Illustré par Czarnè
2 à 6 joueurs – 45 minutes
Publié par Phalanx (2007)
Ludovox         
Tric Trac          Boardgamegeek


It was the poker craze around 2055, so Bruno and I tried, like many others, to design a game borrowing some elements of poker. However, our inspiration, like a few years ago when I designed Corruption, lies more in stud poker, specifically stud 5, than in Texas Hold’Em. I even think the latter didn’t exist yet in the prohibition era, which is the setting of Chicago Poker.

Chicago Poker is a card game with some tactics and much bluffing, in which the goal is to take the control of the main businesses of the town – speakeasies, game rooms, jazz clubs and breweries – with playing cards, sometimes face up and sometimes face down, to make poker hands. Like very often this kind of game, it’s highly tactical with two players and a bit chaotic with six – but in works as well in both cases.        

Chicago Poker makes use of the poker hand ranks, and the stud 5 mix of face up and face down cards, but it is more a classical german style hand management card game than a real poker variant. When playing, it feels more like Schotten Totten or Caesar and Cleopatra than like poker.

History of the game

I’ve been playing poker for long before the recent Hold’em craze, and you can feel its influence in many of my game designs. I had already used, in Corruption, a card playing system directly borrowed from stud poker. The same system is used, in a very different way, in Chicago Poker.

First there was the project of a big box race game about the airmail lines between France and South America in the twenties and thirties. Despite many clever ideas, many tests, many versions, we never managed to make a convincing prototypes, may be because there were too many authors involved. Bruno and I, however, left with the feeling that there were still many things to do using poker mechanisms.

So we immediately started to work on a very different idea, a smaller card game in the line of Corruption, where the setting, gang wars during the prohibition, will make feel natural the use of poker rules and hand rankings. As it often happens with good game ideas, the design was finalized in a few weeks. We placed the action in New-York, and called the game Broadway. I read some books about the local celebrities of the time, people like Arnold Rothstein, Owney Madden, Texas Guinan and found the right names to put on all the cards. We even thought we had found a publisher, Asmodée.

A few months later, Asmodée decided to make its publishing policy cleaner and clearer, and resigned with this project, as well as with a few other ones. So we started to look for another publisher. Back from Essen 2006, I had seven prototypes of Broadway to print, paste and cut, meaning it was one the two games of ours that raised the most interest on publishers. Bruno and I are really happy that it has first been taken by Phalanx, since Henning is a true friend and Uli, which we don’t know as well yet, seems to be a really nice guy as well.

Since Phalanx wanted to put the face of Al Capone on the box cover, the game was renamed Chicago Poker, and the action moved to Chicago. This meant all my documentation was obsolete, and the names of all gang bosses, speakeasies, jazz clubs and the like had to be changed. Arnold Rothstein, Dutch Schultz and Legs Diamond became Al Capone, Dion O’Bannion and Bugs Moran, but the game systems didn’t change a bit.

The publisher also made a few changes which look cosmetic but, in the end, have a bad effect on the game’s thematic consistency. The card that gives you one extra action this turn was the sub-machine gun – the Chicago Typewriter. For a card of which there’s only one in the deck, and which has the effect of accelerating a shoot-out, it was perfectly logical. Now it’s a standard Colt gun, which has absolutely nothing rare or special, every gangster probably carrying one, and which doesn’t suggest the same idea of acceleration. The action card that allowed you to look at an opponent’s face down card was, logically, the informer. It’s now, with no logical reason, called Police Raid. If we had wanted to put a Police Raid card, which may have a been a good idea, we would have found a consistent effect for it, such as discarding all gangsters played on one business. So, if you want to play the game as we had designed it, try to imagine that the picture of a colt is, in fact, a Tommy Gun, and that the “Police Raid” card is called informer. You’ll find out that everything becomes more fluent and coherent and, therefore, more fun.
It’s not the first time I have this kind of problem with a game I designed. It seems that, unlike American ones, european publishers don’t realize that a game’s theme is not only a title and nice pictures, but also, may be even more, the many allusions and links between the general story and the different elements of the game – that’s were lies most of the fun of a game.

Chicago Poker
A game by Bruno Faidutti and Bruno Cathala
Art by Czarnè
2 to 6 players  – 45 minutes
Published by Phalanx (2007)
Boardgamegeek

La Fièvre de l’Or
Boomtown

Dans La Fièvre de l’Or, vous commencez la partie comme ça :

Et votre but est de finir comme ça :

Et non comme ça :

Pour cela, vous devrez acheter aux enchères les meilleures concessions, espérant avoir la chance d’y trouver de l’or. Vous pourrez aussi tenter de devenir maire d’Abalone ou de San Narciso, afin de toucher ensuite votre petit pourcentage sur les ventes, ou ouvrir un saloon où les prospecteurs chanceux iront dépenser leurs pépites. Si les affaires ne vous sourient guère, un hold-up, une attaque de diligence pourront aussi contribuer à vous remettre en selle, tandis qu’un bâton de dynamite bien placé peut aider à régler vos autres petits problèmes.

Dans La Fièvre de l’Or, il y a des enchères, il y a des dés, et il y a plein de cartes action pour embêter vos petits camarades.

Histoire du jeu

Le Collier de la Reine avait été conçu en quelques semaines, juste avant le salon d’Essen 2002, et avait trouvé un éditeur presque immédiatement. Fort de cette expérience, Bruno et moi avons décidé de remettre ça l’année suivante, en concevant un petit jeu de cartes vite fait sur le gaz juste avant le salon – ce fut La Ruée vers l’Or.

Thème et mécanique

Le jeu lui même est parti d’une mécanique qui me fut décrite un soir au téléphone par Bruno Cathala. C’était un système d’enchères original, dans lequel le vainqueur payait à son voisin de droite, qui gardait la moitié de la somme, et ainsi de suite, tandis que les choix des joueurs se faisaient en sens inverse, commençant par celui qui avait payé et terminant par celui qui avait reçu le plus d’argent. Il imaginait plutôt cela comme base d’un gros jeu, qui aurait sans doute pu ressembler un peu à Goa.
Je gambergeai quelques jours là dessus, et imaginai rapidement le thème des concessions minières – sans bien savoir si elles seraient occupées par des nains ou des cow-boys – et ajoutai le système de production plus ou moins emprunté aux Colons de Catan, car je trouve qu’il n’y a plus assez de jets de dé dans les jeux les plus récents, et j’aime bien jeter les dés. Quant aux maires, ils sont là pour l’interaction, et pour donner un petit côté Monopoly – on paie quand on tombe chez quelqu’un.
La toute première version du jeu était un peu plus complexe, chaque mine ayant à la fois un dé de production et un dé d’explosion, mais il apparut rapidement que cela faisait trop d’éléments à prendre en compte. Les dés d’explosion ne subsistent dans la version finale que sous la forme des deux mines dangereuses.
Les mécanismes de base étant au point, les tests suivants n’eurent plus comme objectif que de permettre un choix judicieux d’événements. Là encore, un peu lassés des jeux d’enchères dans lesquelles les enchères sont le seul moyen d’interaction entre les joueurs, nous décidâmes de privilégier systématiquement tout ce qui permettait d’embêter son voisin, hold up, dynamite, élections municipales et toutes ces sortes de choses. La question la plus discutée fut ensuite celle des noms des villes – il y avait dans notre protrotype Abalone, Dry Gulch, San Narciso, Cactus Junction et Coyote City, mais les éditeurs français et américains ont un peu chamboulé tout cela…

Illustrations

La Fièvre de l’Or a été illustrée par Kara, qui s’il était jusque là inconnu dans le petit monde du jeu, s’était déjà fait un nom dans la BD, avec un style mi-manga, mi réaliste (enfin, c’est ce que l’on m’a dit, car je ne connais et ne comprend pas grand chose à la BD, dont l’univers me reste très étranger).L’éditeur a dû brider un peu la tendance de Kara à mettre partout des squaws ou des girls à la poitrine généreuse, mais ils ont eu l’intelligence d’en laisser ici et là quelques unes, qui font beaucoup pour le charme du jeu.

Cowboys et Pirates

La Fièvre de l’Or s’est assez bien vendu, mais pas assez pour que Asmodée le maintienne très longtemps dans sa gamme de petits jeux de cartes, régulièrement renouvelée. Quant à l’édition américaine, son éditeur, Face to Face, a disparu sans laisser d’adresse. N’est plus disponible aujourd’hui qu’une édition polonaise, rethématisée dans l’univers de la piraterie.

La Fièvre de l’Or
Un jeu de Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Illustré par Kara

3 à 5 joueurs – 30 minutes
Publié par Asmodée (2004)
Tric Trac    Boardgamegeek


In Boomtown, you start the game like this :

And your goal is to end it as this :

And not as this :


To do this, you’ll have to buy the best mining concessions, hoping to find gold veins. You can also try to become the Mayor of Whiskey River or San Narciso, in order to get a small cut on concessions sales, or build a saloon where lucky prospectors will spend their nuggets in moonshine whisky. If business is really bad, you can still rely on bank or stagecoach hold-ups to reestablish you. A well placed stick of dynamite can also solve some minor problems.

Boomtown is game with auctions, dice, and some fun and nasty action cards to play on your fellow gold diggers.

History of the game

Queen’s Necklace had been designed in a few weeks, just in time for the 2002 Essen fair, and did find a publisher almost at once. No wonder Bruno and I wanted to try it again next year, and design a small card game just before the 2003 fair – this one was Goldrush.

Theme and Setting

The game started from an auction system idea that Bruno Cathala described to me on the phone. The idea was that the auction winner pays to his right neighbour, who keeps half and pays the rest to his right neighbour, and so on, and then players chose items in reverse order, starting with the player who payed, and ending with the player who received the most money. In Bruno’s idea, this was probably intended to become a bigger game, something a bit like Goa. I thought a few days on this, and almost immediately came up with the mining setting and the chosing of concessions – though I didn’t know yet if these concessions will be occupied by western gold diggers or by dwarves. I also added a production system inspired by Settlers of Catan, mostly because I think recent games have not enough die rolls, and I like to roll dice. As for the mayors, they are here for more interaction, and to give a slight monopoly taste to the game – when you land on someone else’s property, you must pay.
The very first version of the game was slightly more complex, since each mine had both a production die and an explosion die, but we soon found out that there were too many elements to check after each die roll. Explosion dice were removed, and subsist only for the two dangerous mine.
Since the basic systems worked at once, we could focus on the various event cards and side rules. Since we were both a bit tired of auction games in which bidding is the only interaction between players, we decided to focus on ways of directly attacking other players, such as hold-ups, dynamite or mayor polls. The next question, which was discussed at length, was the town names – our final prototype had Abalone, Dry Gulch, San Narciso, Cactus Junction and Coyote City, but the publishers changed all this.

Graphics

Boomtwon was illustrated by Kara, who was so far unknown in the little gaming world, but is already an established comics artist, with a half-manga, half-realistic style – well, that’s what I’ve been told by friends who have a greater comics culture than I do, since I know very little about this universe.
Kara was prone to put everywhere big breasted squaws or saloon girls, and the french publisher had to restrain him a bit, but was clever enough to let a few ones here and there – and they give a specific charm to this game.

From Cowboys to Pirates

La Fièvre de l’Or sold honorably, but not enough for Asmodée to keep it long in its small box card games line, which is regularly updated. As for the US edition, Boomtown, its publisher, Face to Face, simply vanished in the air.

Boomtown
A game by Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Art by Kara
3 to 5 players – 30 minutes
Published by Face 2 Face Games (2004)
Boardgamegeek

Le Collier de la Reine
Queen’s Necklace

Dans Le Collier de la Reine, les joueurs sont des joaillers qui cherchent à vendre à la cour, au meilleur prix, leurs plus belles créations. Il ne suffit pas pour cela d’être le meilleur artisan, de trouver les plus belles pierres et de faire les plus riches colliers, les plus belles bagues, les plus brillants diadèmes. Il faut aussi être un homme de cour, épier ses concurrents, jouer des intrigues des Tuileries ou de Versailles, connaître la dernière mode, les derniers potins, entretenir ses relations – le roi, la reine mais aussi la favorite qui lance les nouvelles modes, le très influent cardinal, et les toujours utiles voleurs et faussaires.

Le collier de la Reine est un jeu simple mais mouvementé, avec tous mes ingrédients préférés. On y trouve en effet du bluff, dans le choix des bijoux que chacun présente à la cour, et des cartes action, les personnages, qui créent une forte interaction entre les joueurs.

Tout est allé très vite avec ce jeu. Entre les toutes premières discussions avec Bruno Cathala sur un gros jeu de science fiction vaguement inspiré de Puerto Rico et la maquette d’un petit jeu de bluff à la cour du roi que nous avons présentée aux éditeurs au salon d’Essen 2002, il ne s’est écoulé que quelques semaines. À peine rentré du salon, un coup de téléphone nous apprenait que le jeu avait trouvé un éditeur – les sympathiques franco-américains de Days of Wonder.

Si son titre, emprunté à Alexandre Dumas, s’est imposé naturellement, le jeu ne cherche cependant pas à reproduire l’intrigue du roman, auquel nous ne pensions d’ailleurs pas à l’origine. Nulle effervescence révolutionnaire ici, et le roi a plus de favorites que la reine n’a de favoris. Les intrigues de cour feraient d’ailleurs parfois plus penser à l’affaire des ferrets de diamants qu’à celle du Collier – il y a même des cartes mousquetaires, qui nous situeraient plus à la cour de Louis XIII qu’à celle de Louis XVI.

Le jeu se présentait à l’origine sous la forme, très classique, d’un paquet de 110 cartes, un nombre magique dans la cosmologie de Carta Mundi, et nous pensions le voir publié dans une classique petite boite contenant deux decks de 56 cartes. L’éditeur ayant souhaité une présentation plus luxueuse nous a alors demandé d’intégrer au jeu… un véritable collier – il nous a fallu des semaines de tests et de réflexion pour finalement trouver la bonne carte, le bon effet pour ce collier, que je n’ai pas encore vu mais dont je ne doute pas qu’il soit du meilleur effet!

Les illustrations du jeu, dans un style superbe qui fait penser aux gravures de mode ou aux costumes de théâtre, sont l’œuvre de Humbert Chabuel et Pierre-Alain Chartier, qui réalisent également des séries d’animation ainsi que des costumes et décors pour la télévision et le cinéma.

Publié en 2003 par Days of Wonder, Le Collier de la Reine a connu le même sort que Aux Pierres du Dragon. Ces deux premiers jeux publiés par Days of Wonder se sont très honorablement vendus, mais le jeune éditeur n’avait pas très bien fait ses comptes, et ne gagnait pas vraiment d’argent dessus. Days of Wonder s’est alors orienté vers de plus grosses boîtes, et Le Collier de la Reine, comme Aux Pierres du Dragon, n’a pas été réimprimé. Depuis, Bruno et moi avons pas mal réfléchi à ce jeu, et nous avons conçu une nouvelle version, plus variée, avec de nouveaux personnages, et sommes à la recherche d’un nouvel éditeur. Si cela vous intéresse…

Le Collier de la Reine
Un jeu de Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Illustrations de Pierre-Alain Chartier & Humbert Chabuel
2 à 4 joueurs – 45 minutes
Publié par Days of Wonder (2003)
Tric Trac    Boardgamegeek


In the Queen’s Necklace, players are jewellers trying to sell jewels at the court. To do this, it’s not enough to be the best craftman, to find and cut the most beautiful stones and ornate with with them the most gorgeous necklaces, rings and diadems. You must also be a court intrigant, spy on your competitors, know who and what is in fashion, listen to the latest court gossip, and stay in good terms with all influent people – the king, the queen, but also the favorite who starts trends and fashions, the influent cardinal and the useful, always useful, thieves and forgers.

The Queen’s Necklace is a simple card game, and uses my usual and favorite elements. There’s much bluffing and double-guessing, when choosing the jewels you will display at the court, and many action cards – the characters – to generate more interaction between the players.

Everything went very fast with this game. A few weeks after the first discussions with Bruno Cathala, by phone, about a big science fiction game vaguely similat with Puerto Rico, this light bluffing card game about XVIIIth century jewellers was finalized, just in time for the 2002 Essen fair. A few days after the fair, a phone call informed us that the game had found a publisher, the franco-american Days of Wonder team.

The name of game comes, of course, from Alexandre Dumas’ novel, but the game doesnt try to tell the book story, and we even didn’t have the book in mind when we started working on this game. No revolution turmoil here, and the king has more favorites than the queen does. The court intrigues may be more reminiscent of the diamond ferrets affair than of the Queen’s Necklace one, and there are even Musketeers cards, which shows that we may be more at the court of Louis the XIIIth than of Louis the XVIth.

The game we originally designed had 110 cards – magic number in the Carta Mundi cosmology – and we thought the publisher will publish it as a small card game, two 56 cards decks in a small box. Days of Wonder wanted something more glossy and asked us if we could find a way to add… a real necklace in the game. It took weeks of reflexions, emails and tests to find the best rule for it, so I hope the necklace will be really nice and worth the effort.

All the illustrations for this game were made by Humbert Chabuel & Pierre-Alain Chartier, in a wonderful fashion plate style. You can find out more about this graphic team on their website, okidokistudio. They also realize anime series, as well as TV and movie costumes and sceneries.

The Queen’s Necklace was published in 2003 by Days of Wonder but, unfortunately, suffered from the same problem as Fist of Dragonstones. It sold well, but their price had been fixed too low and the publisher didn’t really make money with it. That’s why they changed their policy and then published bigger games in bigger boxes. Neither Queen’s Necklace nor Fist of Dragonstones has been reprinted. Since then, Bruno and I have eventually worked on this game, and designed a new version, more varied, with more characters, and we’re looking for a new publisher. If you’re interested…

Queen’s Necklace
A game by Bruno Faidutti & Bruno Cathala
Art by Pierre-Alain Chartier & Humbert Chabuel
2 to 4 players – 45 minutes
Published by Days of Wonder (2003)
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Tomahawk

Si je ne suis pas un grand amateur de jeux à deux, j’apprécie beaucoup certains d’entre eux, et notamment les jeux de cartes comme Lost Cities, Battle Line, César et Cléopatre, Balloon Cup. C’est à cette famille qu’appartient Tomahawk.

Dans Tomahawk, chaque joueur est à la tête d’une tribu indienne, sans doute sioux ou iroquois, bien que ni Bruno Cathala, ni moi, ne nous soyons vraiment documentés avec sérieux sur le sujet, quelque part dans les forêts d’Amérique du Nord. Bien sûr, les tribus sont sur le sentier de la guerre, une guerre dans laquelle chacun cherche à s’accaparer les meilleurs territoires de chasse, et à ramener les plus beaux scalps.

Tomahawk est publié par Matagot, dans la même jolie petite collection de Jeux pour deux joueurs que Agent Double.

Tomahawk
Un jeu de Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Illustrations de Jean-Mathias Xavier
2 joueurs – 40 minutes
Publié par  Matagot (2006)
Tric Trac    Boardgamegeek


I’m usually not that fond of two players games, but I like card games like Lost Cities, Battle Line, Caesar and Cleopatra, Balloon Cup. Tomahawk is one of this kind.

In Tomahawk, each player plays an Indian tribe, probably Sioux, Iroquois, or something like this, though neither Bruno Cathala nor me (or is it nor I?) didn’t really look for any serious documentation on this topic. In the deep forest and vast plains of northern America, tribes are on the path of war. War for the best hunting territories, but also for the nicest and longest scalps.

Tomahawk is published by Matagot, in the same nice old-stule looking series as Double Agent.

Tomahawk
A game by Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Art by Jean-Mathias Xavier
2 players  – 40 minutes
Published by Matagot (2006)
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Ostriches

Quand on a la tête dans le sable, on ne voit plus très bien ce qu’il se passe autour. C’est pour cette raison que Bruno Cathala et moi avons appelé “les Autruches” ce petit jeu de stratégie et de mémoire pour deux joueurs.

Les Autruches, c’est donc un tout petit jeu abstrait pour deux joueurs. Le but du jeu est de faire parvenir vos autruches de l’autre côté du plateau de jeu, mais avec un plateau de jeu qui tourne, on finit par ne plus très bien savoir à qui appartient quelle autruche…

Ce jeu est publié par Nestor Games, un petit éditeur espagnol qui imprime “à la demande” et s’est spécialisé dans ces petits jeux malins au matériel relativement modeste. Il n’est donc pas vendu en boutique et doit être commandé sur le site de l’éditeur.

Ostriches
Un jeu de Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Illustré par Mireia Muntes
2 joueurs –
5 minutes
Publié par NestorGames (2010)
Tric Trac    Boardgamegeek


 It’s hard to keep track of all that’s happening around when your head is buried in the sand. That’s the reason why Bruno Cathala and I have named this small strategy and memory game “Ostriches”.

Ostriches is a light two player abstract game. The goal of the game is to bring your ostriches to the other side of the board. It’s not that easy when parts of the board keep turning around and you have troubles keeping track of which ostriches are yours and which are not.

Ostriches is published by Nestor Games, a small Spanish publisher who prints games on demand and is specialized in light, cute and clever game with few components. It is therefore not sold in stores, and must be ordered directly from the publisher’s website.

Ostriches
A game by Bruno Cathala & Bruno Faidutti
Art by Mireia Muntes
2 players –
5 minutes
Published by NestorGames (2010)
Boardgamegeek