Festival des jeux de Cannes
Cannes game festival

Cannes - playmobil

Le salon du jeu de Cannes devient peu à peu un évènement ludique majeur. On y croise un peu les mêmes gens qu’à Essen ou Indianapolis, même s’ils sont encore un peu moins nombreux. J’avais un programme bien chargé cette année pour présenter dans le hall surpeuplé et bas de plafond mes jeux qui viennent de sortir (Raptor, 3 Singes, Warehouse 51), celui qui sortait tout juste sur le salon, Waka Tanka, et ceux qui sont en route pour une sortie prochaine, Dolorès et Fearz!.

Il y en a quelques autres dont je ne peux pas trop parler pour l’instant, et dont nous discutions plutôt dans les petits bureaux et salons à l’étage. Je n’avais amené que deux prototypes vraiment nouveaux à présenter aux éditeurs, mais ils semblent avoir plu.

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Cannes - Raptor - Coralie Cannes - Argo

Waka Tanka, un jeu de bluff malin pour toute la famille, a été très bien accueilli. Mon ami David Cochard, l’illustrateur, était très occupé à peindre squaws et indiens tandis que je me contentais de signer les boites, ce qui prend moins de temps. Nous avons profité de ces quelques heures passées côte à côte sur le stand de Sweet November pour nous mettre d’accord sur un autre projet encore un peu secret.

David Cochard - Waka Tanka - 2Cannes - Waka Tanka

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Au coin de chaque allée du salon, je croisais Nobuaki Takerube, qui m’a semblé être partout. David l’a d’ailleurs croqué en Indien. Sans doute a-t-il aussi semblé à Tak que j’étais partout. J’ai aussi passé pas mal de temps avec mon ami Eric Lang, mais cela, c’était prévu, car nous avons pas mal de projets communs.

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Cannes, c’est aussi les As d’or. Le fabuleux et original Mysterium, d’Oleg Sidorenko et Oleksandr Nevskij, jeu de déduction coopératif que je soutiens depuis ses débuts, a reçu le très mérité as d’or, tandis que Maître Renard, de Frédéric Vuagnat, recevait le prix enfant et Pandemic Legacy de Matt Leacock et Rob Daviau le prix expert des jeux un peu compliqués. Parmi les auteurs que je côtoyais, et avec lesquels j’ai beaucoup discuté les jours suivants, cette cérémonie a provoqué un certain malaise, avec des discours qui vantaient la qualité d’édition et la ligne éditoriale mais parlaient bien peu des auteurs et encore moins des jeux eux-mêmes. C’est une maladresse dont on espère qu’elle ne présage pas de l’évolution du monde du jeu et qu’elle sera donc corrigée l’an prochain. On retiendra un moment d’émotion lorsque Régis Bonnessée, sachant, lui,  mettre ses auteurs en avant, a lu la lettre de remerciements des auteurs ukrainiens de Mysterium, qui n’avaient pas pu faire le voyage.

mysterium maitre renard pandémie

Entre soirées et cocktails, je n’ai pu passer au “off” ou les auteurs connus et moins connus font tourner leurs jeux encore en construction que jeudi soir, après la cérémonie des as d’or. Je pourrai désormais me vanter d’être le premier auteur à s’être fait virer du off. Enfin, je ne me suis pas vraiment fait virer, mais le service d’ordre est venu interrompre après trois tours une partie de Kamasutra trop bruyante et qui aurait pu choquer certains joueurs – pas de cela chez nous!

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Sans doute pour contrebalancer cet épisode et me redonner un petit vernis culturel, j’étais le lendemain à la soirée de lancement d’Ilinx, la société d’édition littéraire dédiée aux univers ludiques créée par mes amies Adèle Perché et Natacha Deshayes. C’est un projet ambitieux et risqué, qui mérite d’être soutenu.

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Les quelques heures libres dans mon emploi du temps bien chargé ne m’ont pas permis de faire vraiment le tour du salon et de découvrir toutes les nouveautés, mais j’ai quand même écouté les rumeurs et ramené quelques boites. Voici donc les jeux qui m’ont semblé faire le buzz, du moins parmi les gens que j’ai croisés, qui n’avaient pas joué à tout et n’ont pas nécessairement les mêmes goûts que vous, ni même que moi

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Sinon, j’ai fait un peu de tourisme la veille du salon, et conseille vivement la visite du musée Picasso d’Antibes.


Cannes - playmobil

The Cannes game fair is now becoming a major boardgaming event. It’s not yet Essen or Indianapolis, but the people one meets in the alleys is more and more the same. I had a very busy schedule this year, and spent most of my time in the crowded and low-ceilinged hall showing my recently published games (Raptor, 3 Monkeys, Warehouse 51), the one that was published just for the fair, Waka Tanka, and those which are due very soon, Dolorès and Fearz! I also spent a few hours in the upper office rooms discussing a few ones I cannot talk about yet. I had brought with me only two new prototypes which I wanted to show to prospective publishers, and both raised some interest.

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Cannes - Fearz - 2Cannes - Warehouse 51 - 2

Cannes - Raptor - Coralie Cannes - Argo

Waka Tanka, a light bluffing game for the whole family, was very well received. My friend David Cochard, the illustrator of Waka Tanka, was busy painting pretty squaws and indians while i only had to sign copies, which takes much less time. The long hours we spent side by side on the Sweet November booth also led to a new common project… more about this in a few weeks.

David Cochard - Waka Tanka - 2Cannes - Waka Tanka

David Cochard - Waka Tanka - 1Cannes - Waka Tanka - 3.jpg

Round every corner, i was walking into Nobuaki Taketube, who seemed to be everywhere, and David also drew him as an indian. Tak probably also thought I was everywhere. I also spent lots of time with my friend Eric Lang, but this was less of a surprise, since we have some common projects.

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Cannes is also where and when the As d’or awards are bestowed. The highly original and fantastically fabulous Mysterium, by Oleg Sidorenko and Oleksandr Nevskij, a game I am praising and promoting since its very beginnings, deservedly got the As d’Or, while Master Fox, by Frédéric Vuagnat got the Children award, and Pandemic Legacy, by Matt Leacock & Rob Daviau got the expert award for more complicated games. The many game designers who were there, however, were feeling a bit uneasy. The speeches were always praising the quality of the game production or the consistency of the editorial line, but told very little about the game designers and even less about the game themselves. We all hope this doesn’t foretell the way the boardgaming world will evolve in the coming years, and next year’s speeches will be more balanced, but there are reasons to be concerned. There was a moving moment when Régis Bonnessée read a letter by the Ukrainian designers of Mysterium, who could not attend the fair.

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Every night, at the “off” festival, game designers can freely play their prototypes. With a heavy schedule of dinners and cocktail parties, I was there only once, on Thursday night, but I can now praise myself of being the first designer expelled from the Off. Well, I was not really expelled, but I was ordered by security to stop after three rounds of my Kamasutra game, which was too noisy and could be shocking for some of the audience.

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On Friday night, I tried to redeem myself and attended the launch party of Ilinx, the new book publishing company of my friends Adèle Perché and Natacha Deshayes. Ilinx, an intellectually ambitious project, plans to publish books about all the aspects of gaming.

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I had too few and too short free slots in my schedule to play themany new games shown on the fair, but I tried to listen to the buzz. So, here are the games abiut which I’ve heard the most good things:

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Also, since I was in Cannes a day earlier, I went sightseeing, and  I strongly recommend the Picasso museum in Antibes.

3 Singes
3 Monkeys

3 singes

Discutant avec une amie dont le fils est autiste, j’ai appris il y a quelque temps que les autistes, parce qu’ils évitent généralement de regarder les autres dans les yeux, ne jugent de l’humeur des gens qui les entourent que par la moitié inférieure du visage, et donc surtout par les mouvements de la bouche, ce qui peut pousser leur entourage à en rajouter, à faire des mimiques un peu forcées. C’est de là qu’est venue l’idée d’Emotions, qui allait devenir les 3 Singes.

Les premières versions du jeu utilisaient des masques de tissu, comme ceux que l’on vous donne dans les avions, et les joueurs devaient mimer des émotions comme la fatigue, l’envie, la joie ou l’ambition avec la moitié du visage, en mettant le masque tantôt sur leurs yeux, tantôt sur leur bouche. L’achat d’un stock de masques a d’ailleurs généré quelques autres idées de jeux qui seront peut-être un jour publiés.

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Plusieurs des éditeurs auxquels j’ai présenté Émotions me suggérèrent d’abandonner des masques que l’on devinait contraires à toutes les normes d’hygiène et de sécurité et de demander aux joueurs de simplement mettre leurs mains devant le visage. J’étais réticent à supprimer ce qui me semblait distinguer ce jeu de la plupart des autres jeux de mime, jusqu’à ce que Christophe Hermier, de In Ludo Veritas, trouve le “gimmick”, l’astuce qui donnait sens à cela : les trois singes de la tradition japonaise, celui qui n’entend rien, celui qui ne voit rien, celui qui ne dit rien. Il faut donc mimer une émotion avec le visage en ayant d’abord les mains sur les oreilles – c’est assez facile – puis les mains sur les yeux, puis, et c’est généralement le plus dur, avec les mains sur la bouche, donc uniquement par le regard. À partir de là, il était naturel d’utiliser aussi des mimiques simiesques pour donner ses réponses.

3 Singes fait un peu penser à un autre de mes jeux, Animal Suspect, mais les ambiances générés par les deux sont très différentes. Dans Animal Suspect, on court autour de la table, les mimes sont loufoques, et le rire animal, exubérant. Dans les 3 Singes, on reste assis, les mimes sont statiques, concentrés, et le rire plus contenu.

3 Singes est publié par un tout petit éditeur, In Ludo Veritas, dans une édition bilingue Français – Anglais. Tous les singes sont l’œuvre de Gianluca Maruotti, un artiste qui mélange allègrement peinture, sculpture et pâte à modeler.

3 Singes
Un jeu de Bruno Faidutti
Illustré par GianLuca Maruotti

4 à 8 joueurs  – 15 minutes
Publié par In Ludo Veritas
Tric Trac      Boardgamegeek


3 singes

I had the idea for this game after learning from a friend whose son has autism that autistic people usually try to avoid eye contact. Since they don’t look at other people’s eyes, they focus more on the rest of the face, and mostly the mouth, to judge of their mood and emotions. As a result, people with autistic relatives learn, more or less consciously, to overplay their mouth expressions. This was the starting point for my emotions game, soon to become Three Wise Monkeys.

The first versions of Emotions used eye masks, like the ones you get on airplanes. Players had to wear them sometimes on their eyes, sometimes on their mouth, and mime emotions such as greed, weariness, anger, joy or surprise that other players had to guess. This made me buy a bunch of masks, some of which have been used in later prototypes which might be published some day.

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The first publishers to which I showed Emotions all suggested I got rid of these masks, which did not conform to the most basic health and safety regulations. I did not want to remove them, because I felt they were what made this game different from all other mime games. Christophe Hermier, of In Ludo Veritas, finally convinced me with the right “gimmlick”, the storyline that gave sense to all of this : the three wise monkeys from the Japanese tradition, the one who doesn’t hear anything, the one who doesn’t see anything, the one who doesn’t say anything. Each player in turn must now statically mime three emotions in a row, with one’s hands covering first one’s ears, then one’s eyes, then one’s mouth. The last one can be tricky, because it means showing an emotion like just with one’s eyes. And since it was now about monkeys, it was natural to use monkeyish arms movements to give the answers.

3 Singes looks a bit like another one of my games, Animal Suspect, but the gameplay actually feels very different. In Animal Suspect, players run around the table, the postures, mimes and laughs are wild and zany, the laughs are noisy and exuberant. In 3 Monkeys, players stay calmly seated, and mimes and laughs are less noisy, but more involved, more focused.

3 Monkeys is published by a small French publisher, In Ludo Veritas. The first print is bilingual (French/ English). The monkeys were all sculpted with modeling clay and painted by Italian artist Gianluca Maruotti.

3 Monkeys
A game by Bruno Faidutti
Art by GianLuca Maruotti

4 to 8 players  – 15 minutes
Published by In Ludo Veritas
Boardgamegeek

2015-09-13 14.33.08