De retour du petit et très sympathique salon du jeu de Taipei, le Taiwan Original Boardgame Expo, je vais avoir un peu de temps pour rédiger dans l’avion un petit compte rendu. Les tensions internationales ont en effet un peu allongé les voyages vers et depuis l’Asie, et j’ai bêtement laissé mes pilules magiques pour dormir dans ma valise en soute.
Taipei sous la pluie, depuis la montagne de l’éléphant.
Taipei in the rain, viewed from the elephant mountain.
Je n’étais jamais allé à Taiwan, mais n’ai été qu’à demi dépaysé. Je m’y suis en effet senti un peu dans le même univers qu’en Corée ou au Japon. Bien que la période, en pleine saison de pluies, se prête assez peu au tourisme, j’ai quand même pris un peu de temps pour me promener, sous des trombes d’eau et dans une chaleur étouffante, dans une ville pleine de vie, où se côtoient dans un certain désordre les styles et les époques.
Un soir où il ne pleuvait pas….
One night without rain.
J’ai aussi pu vérifier que l’on mangeait très bien à Taiwan, ce dont je me doutais un peu puisque c’est avec une prof taiwanaise que j’avais, il y a une dizaine d’années, pris quelques cours de cuisine chinoise. Je n’irai cependant pas aussi loin que mes amis japonais qui assurent que c’est le seul endroit où l’on mange mieux qu’au Japon.
Le salon, organisé par une petite équipe locale de passionnés, ressemble un peu à ce qu’étaient il y a encore quelques année les game markets japonais – je ne suis jamais allé à celui de Tokyo mais ai participé deux fois à celui d’Osaka – avant leur succès international. Différence importante cependant, alors que les participants aux salons japonais, ou au moins de celui d’Osaka, étaient pour la très grande majorité d’entre eux japonais, ou parfois coréens, ceux du salon de Taipei viennent de toute l’Asie orientale.
Au restaurant avec mes prototypes et l’équipe de Swan Panasia
Restaurant with the Swan Panasia team, and my prototypes.
Il y avait là des éditeurs et des auteurs de Taiwan, mais, au moins aussi nombreux, d’autres venus de Singapour, de Hong Kong, du Vietnam, de Thaïlande, de Malaisie, et j’en oublie sans doute. Il y avait bien sûr aussi beaucoup d’exposants japonais que, pour nombre d’entre eux, je connaissais déjà un peu. Tout ce petit monde m’a semblé partager plus de complicité que ce n’est le cas en Europe, peut-être parce que les marchés asiatiques, à l’exception de la Corée et du Japon, restent modestes. Le TOBE m’a semblé un peu un salon panasiatique, impression encore renforcée par l’absence presque totale des éditeurs ou auteurs européens et américains.
Le stand du sympathique éditeur vietnamien Ngũ Hành Games. Je voulais acheter Hoi Pho, un jeu de cartes personnages très mouvementé que j’avais joué et apprécié à Cannes, mais il n’y en avait plus. Je suis donc raparti avec leurs deux autres jeux.
The booth of a nice Vietnamese publisher, Ngũ Hành Games. I wanted a copy of Hoi Pho, a chaotic character cards game I had played and enjoyed in Cannes, but it’s out of print, so I bought their two other games.
Cela faisait un peu de moi la vedette, et les stands sur lesquels on m’a offert un jeu lorsque je passais ont été assez nombreux. Comme, chaque fois que cela se produisait, je me sentais alors obligé d’en acheter un autre, je rentre avec une grosse valise de petites boîtes, dont je ne suis pas tout à fait certain qu’elles contiennent toutes des règles en anglais. Des petites boites parce que n’ayant qu’une valise, j’ai évité de m’encombrer de grosses, mais aussi parce que les éditeurs asiatiques privilégient clairement les jeux relativement simples et rapides présentés dans un petit format – le minimalisme n’est pas seulement japonais.
Démo de Diamant sur le stand de Swan Panasia.
Demoing Diamant on the Swan Panasia booth..
Les grosses boites de jeux encombrées de cubes en bois et de figurines ne sont visiblement ici qu’un marché de niche, et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Il m’a semblé aussi que les jeux des auteurs locaux étaient plus interactifs, avec une bonne dose de bluff et d’agressivité, qui se sont fait plutôt rares chez nous ces dernières années. Côté thème, pas trop d’arbres et d’animaux sauvages, c’est plutôt le commerce, la mythologie, et plus étonnament, la cuisine qui semblent à la mode.
J’avais bien sûr apporté mes prototypes, et il n’est pas impossible que l’un ou l’autre d’entre eux se retrouve bientôt, comme cela a déjà été le cas pour Venture Angels après mon passage en Corée, et pour Whale to Look au Japon, publié d’abord en Asie.
Anthony Pérone, auteur français vivant à Taipei, me fait essayer son dernier jeu, l’excellent et oxymorique Lone Wolves, qui pour l’instant n’est sorti qu’ici, mais ça changera surtout après le Seal of Excellence de Dice Tower.
Anthony Perone, a French game designer living in Taipei, made meply his next game, the excellent and oxymoric Lone Wolves. It’s only available in Taiwan at the moment, but this is likely to change after a Dice Tower seal of excellence.
Un grand merci à tous ceux qui m’ont aidé à organiser ce chouette séjour dans un pays dont on parle pas assez – Yoyo et Wen-Chi Lee de Swan Panasia, Smoox, le chef d’orchestre du salon, et Anthony Pérone, auteur et développeur de jeu talentueux. Et maintenant, il faut que je prépare Essen….
Sachant quelle part importante a le transport aérien dans les causes du réchauffement climatique, j’ai toujours assez mauvaise conscience en prenant l’avion. Bien sûr, je me rassure en me disant que le vol partira quoi qu’il en soit, que toutes les places soient occupées ou non, mais cet argument, n’étant pas généralisable, est un peu sophistique. Je me dis surtout que la solution n’est pas individuelle mais collective. Elle suppose sans doute l’interdiction des vols privés et la disparition des business et premières classes, pour caser le plus de monde possible dans chaque vol, l’interdiction des vols à petite distance pouvant être remplacés par le train, et une très forte taxation des autres vols. Je n’ai malheureusement pas l’impression que l’on aille dans cette direction.
Back from the small and nice Taipei boardgame fair, the Taiwan Original Boardgame Expo, I will have some time in the plane to write a short report. International tensions have indeed made travels to and from Asia a bit longer, and I stupidly left in my suitcase the magic pills I usually take to sleep a few extra hours.
Taipei la nuit
Taipei by night.
I had never before been to Taiwan, but was not really disorientated. It felt to me a bit like Korea and Japan. The raining season is not the best time for tourism, but I nevertheless took some time to walk through this lively city, where styles and times seem to collide everywhere in a complete disorder, under torrents of rain and in a suffocating warmth.
Un labyrinthe de petites rues.
A labyrinth of small street.
Having taken, ten years ago, a few Chinese cooking lectures with a Taiwanese teacher, I suspected that the local food was great, and it indeed was, though I won’t go as far as some of my Japanese friends who tell that it’s the only place where food tastes better than in Japan.
The game fair is organized by a small team of dedicated gamers and feels a bit like the Japanese game markets a few years ago, before they became a world boardgaming sensation – I’ve never been to the Tokyo game market, but I’ve twice attended the Osaka one. There is a big difference, though. While most of the attendees at the Japanese game markets, or at least at the Osaka one, were Japanese and sometimes Korean, there were in Taiwan publishers and designers from all East Asia.
L’excellent Hanamikoji, l’un de mes jeux à deux préférés, est, je crois, le seul jeu taiwanais à avoir rencontré un succès mondial.
Playtesting with the Oink games team, who was only here for the beginning of the show.
There were exhibitors from Taiwan but there were more from Singapore, Hong Kong, Vietnam, Thailand, Malaysia or some other ones I forget or missed. There were of course also many Japanese, many of which I already more or less knew. All this little world seemed to be more casually friendly than their European counterparts, may be because the East-Asian markets are still, except for Japan and Korea, relatively marginal. The TOBE felt a bit like a Panasian game fair, where American and European designers and publishers were almost totally absent.
On m’a fait essayer un jeu de cartes sur le zodiaque chinois.
I was asked to playtest a card game about the Chinese zodiac.
This made me a kind of local star, and many publishers gave me a game when I happened to pass by their booth. Since I usually felt bound to buy them another one afterwards, I’m coming back with a big luggage full of small game boxes, several of which might not even have English rules. Small boxes only because I have only one luggage and limited space, but also because East-Asian publishers seem to favor relatively fast and simple games in a small format – minimalism is not just a Japanese thing.
Discussions sur la création ludique animée par Anthony, avec des questions inattendues.
Discussion about game design led by Anthony, with unexpected questions.
Big boxes filled to the rim with giant miniatures or wooden cubes seem to be only a very niche market here, and I won’t complain about it. As for settings, there were no games about planting trees and saving wild animals like we have here. The most popular settings seem to be trade, mythology and, more original, cooking. This is also very good.
I had brought several prototypes, also small boxes, and it is therefore not impossible that, like it happened with Venture Angels after a Korean trip, and more recently with Whale to Look in Japan, one or the other will again be first published in Asia.
Les jeux que j’ai rapportés de Taipei.
The games I brought back from Taipei.
Many thanks to all those who helped me organize this nice trip – Yoyo and Wen-Chi Lee from Swan Panasia, Smoox, the big organizer of the fair, and Anthony Perone, a talented game designer and developer. And now, let’s put things in order for Essen.
I know how important is the contribution of commercial aviation to global warming, and always feel a bit guilty when on a plane. Of course, I tell myself that the plane will depart anyway, even if some seats empty, but this argument cannot be generalized and is therefore a bit sophistic. Most of all, I think the solution, if there’s one, can only be a collective one. It probably means a global interdiction of private planes and the abolition of first and business class in order to cram as many people as possible in a single plane, the abolition of short distance flights which can be replaced by train, and a heavy taxation of all other flights. I’m not sure we’re moving in this direction.