Il y a une vingtaine d’années de cela, je jouais beaucoup au poker, et m’étais essayé à quelques autres jeux d’argent. Cela peut sembler paradoxal pour quelqu’un qui n’apprécie guère tournois et compétitions, et qui rappelle régulièrement que le jeu ne prend son intérêt que dans sa déconnexion totale de la réalité. Une explication est sans doute que, si l’argent gagné ou perdu au poker est bien réel, les systèmes menant aux pertes et aux gains sont, eux, bien différents de ceux du monde réel, et c’est d’ailleurs ce qui fait que l’on doit considérer les jeux d’argent comme des jeux. Une autre raison est que ces jeux d’argent, par la réalité de l’enjeu, parviennent à générer une tension assez difficile à créer dans un jeu « sans enjeu », c’est à dire dont l’enjeu n’est qu’une victoire sans lendemain.
Une de mes idées fixes, surtout lorsque je travaille sur des jeux de cartes assez simples, est de parvenir à créer sans argent une tension qui s’apparente à celle du bluff au poker, du pari au blackjack. Je pense y être plus ou moins arrivé dans des jeux comme Citadelles, Mascarade, Diamant, Waka Tanka, Dolorès ou Vabanque.
J’ai récemment fait quelques parties de Cursed Court, le premier jeu de Andrew Hanson, publié par Atlas Games. Cela fait bien longtemps que je n’avais pas été aussi enthousiasmé par un nouveau jeu. Si l’édition n’est pas parfaite, les mécanismes sont extrêmement simples, malins et originaux. Quelques cartes, des jetons de poker, un petit plateau de jeu, et un jeu tout en paris, bluff et intimidation, dans lequel on essaie de deviner d’après leurs mises quelles cartes les autres joueurs ont vues, tout en s’efforçant de cacher son jeu…. Je n’y ai joué qu’à cinq ou six joueurs, c’est certainement beaucoup moins intéressant à trois ou quatre, mais cela fait longtemps que je n’avais pas été aussi impressionné par un nouveau jeu et par un nouvel auteur. Je suis très curieux de ce que Andrew Hanson va bien pouvoir nous proposer après cette petite perle venue de nulle part.
Sinon, mon autre découverte du moment, c’est Fantasy Realms, de Bruce Glassco, un petit jeu de cartes qui ne paye pas de mine, qui est même assez moche, mais qui renouvelle le draft avec intelligence et légèreté.
Twenty years ago, I used to play a lot of poker, and occasionally other gambling games. This might sound paradoxical for someone who doesn’t like tournaments and competitions, and regularly emphasises the fact that the whole point of games is that they are disconnected from real life. One explanation might be that while the money won or lost at poker is the same as in the real world, the way it is divided among players is completely different – that’s why gambling games are still games. Another reason is that gambling games, through the reality of money, generate a tension which is hard to emulate in traditional games, where all that’s at stakes is a hollow victory.
One of my obsessions when designing games, and especially card games, is to generate an anxiety akin to that of bluffing at poker, or betting at blackjack. I think I more or less sucheded in games like Citadels, Mascarade, Incan Gold, Waka Tanka, Dolorès or Vabanque.
I recently played a few games of Andrew Hanson’s Cursed Court, published by Atlas Games. I had not been that enthralled by a new game for years. The production is not flawless, but the game systems are simple, clever and new. It’s just 36 cards, a small board and a bunch of poker chips, but it’s an incredibly tense game of bluffing, intimidation and double-guessing. It’s all about guessing from their bets what cards the other players have seen, while not revealing one’s own information. After such an unexpected masterwork as his first design, I’m really curious of what Andrew Hanson will do next.
My other recent discovery is Bruce Glassco’s Fantasy Realms. This unassuming card game, with a bland theme and a bland look, is a very light and clever take on drafting cards.
dans le même ordre d’idée / ETHNOS devrait te plaire ! à bientôt / Marco
J’aime beaucoup Ethnos, mais onn’est pas du tout dans le même ordre d’idées