➕ Jérôme Bosch

Au début du XVIe siècle, pas moins de huit animaux unicornes, six quadrupèdes et deux créatures aquatiques, apparaissent sur le fameux triptyque de Jérôme Bosch, Le Jardin des délices.

Vous pouvez essayer de les retrouver avant de lire la suite !
(vous verrez mieux les détails en allant sur Wikipedia, pour voir l’image en très haute résolution)

Et donc, voici les licornes :

Sur l’aile gauche, Le Paradis terrestre, une fine cavale blanche boit l’eau du fleuve paradisiaque en y trempant la pointe de sa corne élégamment spiralée, conformément à l’allégorie de la purification des eaux. A ses côtés, un étrange cerf porte un unique bois au milieu du front. Biche, cerf, singe ou éléphant, les animaux qui les accompagnent n’ont rien de fantastique. Sur cette même aile, une licorne noire sort la tête de l’eau, mais cette créature à corps de poisson, à une date où le narval n’était guère connu en Europe, doit être vue comme l’un des fruits de l’imagination fertile du peintre. Elle porte, malgré sa couleur et son habitat marin, la classique barbichette.

Sur le panneau central, Avant le déluge, en haut à gauche, un grand poisson pique de sa très longue corne ce qui est sans doute un fruit, peut-être une myrtille.

Cinq quadrupèdes unicornes, au moins, participent à la farandole autour du bassin. Une blanche licorne à la silhouette de biche arbore une fine et longue corne spiralée. Un cheval à la robe immaculée monté par un homme nu, a, comme quelques autres des animaux de cette inquiétante ronde, une  corne curieusement ramifiée ; nulle part ailleurs on ne trouve de licorne ainsi armée, et c’est bien ici, comme pour la licorne de mer de l’aile gauche, l’imagination foisonnante de Jérôme Bosch qui explique cette étonnante caractéristique. Un autre cheval, un alezan très fin, est armé d’un unique bois de cerf. Enfin, côte à côte, marchent une panthère à tête de chat et à la fine corne incurvée, et un animal inclassable, au poil fourni jusque sur sa corne.

Le peintre fit preuve, en dessinant ces huit créatures, de son imagination habituelle, mais il ne s’en inspira pas moins de la licorne telle que les lettrés d’alors se la représentaient. La belle cavale qui, sur le panneau du paradis terrestre, trempe le bout de sa corne dans la rivière a ainsi la couleur blanche, la silhouette équine, les sabots fendus et la corne spiralée de la licorne archétypale. De même, si le noir unicorne aquatique du paradis terrestre est une création de Bosch, il n’en a pas moins la tête mi-équine, mi caprine, la petite barbiche et la longue corne torsadée caractéristiques des licornes terrestres. La biche unicorne du panneau central est là encore assez proche de certaines représentations de l’époque, et s’il n’y avait leurs étranges cornes ramifiées, poilues ou divisées, les autres unicornes de ce tableau ne seraient que de très ordinaires licornes.

On note cependant, mais peut-être ai-je mal regardé, l’absence de démons unicornes sur le panneau de droite, l’enfer.

Détail du panneau central d’un autre triptyque de Jérôme Bosch, les Saints Ermites, au palais des doges de Venise.
Jérôme Bosch a peint deux triptyques sur le thème du Jugement Dernier. Sur le panneau de gauche de celui qui se trouve au musée Groeninge de Bruges, un homme nu chevauche une licorne des plus classiques, excepté pour sa couleur rouge.
Je n’ai pas trouvé de diable unicorne chez Jérôme Bosch, mais peut-être n’ai-je pas assez bien cherché. Celui-ci a été peint par son contemporain Hans Memling, sur le triptyque du Jugement Dernier, qui se trouve au musée de Gdansk, en Pologne.

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