Pour les lettrĂ©s et les artistes du Moyen Ă‚ge, le rhinocĂ©ros et le licorne sont le plus souvent un mĂŞme animal, dont on ne sait pas toujours très bien s’il porte la corne sur le front ou sur le nez. Ă€ dĂ©faut de donner durablement du charme au pachyderme, la confusion a certainement donnĂ© de la force, et une certaine carrure, Ă la blanche licorne. Voici quelques images mĂ©diĂ©vales de licornes se prenant pour un rhinocĂ©ros, Ă moins que ce ne sopit l’ineverse, que je n’ai pas pu mettre dans mon livre.
Voici le texte complet, en latin, de la chanson nostalgique et désabusée sur le vieillard, la jeune vierge et le rhinocéros, dont je cite un extrait dans mon livre :
Cum Fortuna voluit me vivere beatum,
forma, bonis moribus fecit bene gratum
et in altis sedibus sedere laureatum.
Modo flos preteriit meæ iuventutis,
in se trahit omnia tempus senectutis;
inde sum in gratia novissimæ salutis.
Rhinoceros virginibus se solet exhibere;
sed cuius est virginitas intemerata vere,
suo potest gremio hunc sola retinere.
Igitur que iuveni virgo sociatur
et me senem spreverit, iure defraudatur,
ut ab hac rhinoceros se capi patiatur. –
In tritura virginum debetur seniori
pro mercede palea, frumentum iuniori;
inde senex aream relinquo successori.
— Carmina Burana, chant 93, Cum Fortuna voluit.