Critiques
Reviews

Shaman 1

Le jeu de société se porte bien. Joueurs, auteurs et éditeurs n’ont jamais été aussi nombreux. S’y ajoute aussi un nouvel “acteur du milieu”, le critique de jeu, signe supplémentaire que le jeu de société est devenu un univers culturel cohérent, à l’instar du roman, du jeu video, de la musique ou du cinéma, avec ses codes, ses styles, et ses chapelles.

J’ai toujours eu un goût un peu pervers pour les critiques littéraires, même celles de livres que je ne lirai jamais. Je lis aussi avec beaucoup de plaisir, et parfois avec attention, les critiques de jeux. Pendant une quinzaine d’années, j’ai même régulièrement rédigé de brèves recensions de mes jeux préférés que je mettais en ligne dans une partie de mon site web baptisée, par référence à Malraux, la ludothèque idéale. C’est à la lumière de ma quadruple expérience, d’auteur de jeu, de joueur, de lecteur et de critique que je voudrais tenter d’analyser les grandes tendances, et les styles principaux, de ce genre littéraire relativement nouveau qu’est la critique ludique.

Même si le texte, parfois dans des magazines mais plus souvent sur des sites webs comme Tric-Trac et Ludovox, reste la forme la plus répandue, un nombre de plus en plus important de critiques de jeux sont présentées sous forme de videos. J’ai même l’impression que cela est proportionnellement plus fréquent pour les jeux de société que pour…. les jeux videos ! Préférant généralement l’écrit à l’image, j’ai résisté quelques temps mais je me suis moi aussi mis, ces derniers temps, à regarder plus souvent des critiques filmées, notamment celles de Tom Vasel, du Game Boy Geek ou de Shut up and Sit Down, et il me semble que les problèmes et les catégories rencontrés y sont, à quelques nuances près, les mêmes que dans les critiques écrites.

Paraphrase

Une première catégorie d’articles, et surtout de videos, se contente d’une description technique du jeu, presque une paraphrase des règles. En format écrit, cela ne présente bien évidemment aucun intérêt, sauf dans les cas très particuliers où les règles sont mal rédigées au point de demander une refonte totale.
En format video, c’est déjà plus intéressant. Face à un jeu complexe, avec une dizaine de pages de règles, il m’est arrivé de regarder d’abord une explication du jeu en video pour m’en faire une idée générale avant d’attaquer la lecture des règles écrites, qui reste toujours incontournable. La question que je me pose ici n’est pas tant celle de l’utilité pour les joueurs que celle de la motivation des auteurs de ces videos, qui ne sont généralement pas payés par les éditeurs. Je suis, par exemple, impressionné par la centaine, ou peut-être plus, de « videorègles » postées sur YouTube par Yahndrev. Cela doit être un travail fastidieux, et je ne vois pas bien le plaisir que l’on peut y prendre.

Description

W. Eric Martin qui s’occupe de la rubrique d’actualité du Boardgame Geek, est un joueur adorable, ouvert, loquace, avec qui j’ai toujours grand plaisir à discuter lors des salons. Longtemps, je me suis donc étonné de l’ennui que j’éprouvais à regarder les videos dans lesquelles il présente certaines nouveautés, jusqu’au jour, ou dans une discussion sur Facebook, il s’est vanté de parvenir à décrire un jeu sans laisser paraître son opinion personnelle, afin que les lecteurs ou spectateurs puissent librement décider si le jeu pouvait ou non leur plaire. Moi, la seule chose qui m’intéresserait, ce serait justement d’avoir son opinion argumentée sur le jeu.
Je trouve sa démarche frustrante et incompréhensible. En se retenant de toute critique, de tout jugement subjectif, Eric et tous ceux qui ont le même but, renoncent à dire ce qu’ils pensent, ce qu’ils ont à dire. Tout comme les paraphrases de règles, cela doit être prodigieusement ennuyeux à réaliser, et il n’est donc pas étonnant que cela soit aussi ennuyeux à lire ou à regarder. Le joueur, en outre, n’apprend guère plus avec ce genre de description qu’en lisant le « blurb » au dos de la boite de jeu.
Je suis encore abonné à Spielbox, le magazine allemand des jeux de société, mais je pense qu’ils se fourvoient en consacrant régulièrement deux pages « neutres » à la description des jeux, et quelques vagues lignes finales, ainsi qu’un tableau de notes non argumenté, donc inutile, à l’opinion des critiques.
Parler d’un jeu de manière froide et impersonnelle, en ignorant le plaisir ou l’ennui que l’on peut y éprouver, c’est passer à côté de l’essentiel, les sensations de jeu, en ne traitant que de l’accessoire, les outils qui sont censés les produire. C’est frustrant aussi bien pour le critique, qui s’interdit de dire ce qu’il pense, que pour le joueur, qui n’apprend pas grand chose du jeu. Imaginez seulement un critique littéraire, ou de cinéma, qui s’interdirait de dire s’il a aimé un film ou un livre – quel plaisir pourriez vous avoir à lire ses critiques ?

Notes

Une catégorie voisine, mais qui est elle plus fréquente dans les textes écrits, va encore plus loin dans la prétention malvenue à l’objectivité. C’est celle des critiques ressemblant à des tests dans une revue automobile, avec force critères plus ou moins pertinents notés sur 10, voire sur 100. J’ai expliqué récemment en quoi le procédé découlait d’une incompréhension de la nature même du jeu, et était donc désobligeant, même pour les jeux auxquels sont attribués les meilleures notes, et je renvoie donc sur ce point à mon article sur tests et critiques. Bien évidemment, notes, schémas, jauges et échelles n’apprennent rien sur le jeu, et le seul intérêt de ces critiques, quand il y en a un, est dans les textes qui les accompagnent, et qui feraient meilleure figure sans notes.
La principale raison qui m’a fait arrêter de mettre à jour ma ludothèque idéale est que je ne trouvais plus le temps nécessaire à suivre une actualité ludique de plus en plus riche. La raison qui m’a fait effacer toute la base de données, que je n’ai pas conservée, est que j’avais peu à peu réalisée que sa structure formelle, encyclopédique et classificatrice était néfaste. Je n’allais pas pourtant pas bien loin, avec juste deux notes, une pour le jeu lui-même et une pour les graphismes et les illustrations, et une échelle de complexité, tout cela de 1 à 5. Je constate avec plaisir que les critiques hyper-formalisées avec notes et tableaux se font de plus en plus rares, preuve que je ne suis pas le seul à faire ce chemin.

Critiques

Et puis il y a les bonnes critiques, celles en tout cas que j’ai plaisir à lire ou à regarder, et qui me laissent le sentiment de n’avoir pas perdu mon temps, d’avoir appris quelque chose. Une bonne critique présente bien sûr le jeu, son univers, ses mécanismes, son matériel, mais elle le fait à travers le regard du critique, pour faire comprendre ce qu’il a apprécié ou non dans le jeu, pour donner ou ôter l’envie de jouer. C’est d’ailleurs aussi sa raison d’être – si vous appréciez un jeu, un livre, un film, vous allez essayer en discutant avec vos amis d’essayer d’y jouer, de le lire, de le voir. Pourquoi devrait-il en être autrement avec des lecteurs ou spectateurs qui ne sont pas vos amis ?

Mon critique de jeu préféré a longtemps été Matt Drake, même s’il n’a jamais, je crois, chronique mes jeux. Il a malheureusement cessé de mettre à jour son site web il y a un peu plus d’un an, mais ses anciens articles sont toujours en ligne. Ses textes sont drôles et remarquablement bien écrits. Les descriptions ne se perdent jamais dans les détails de règle. Ses opinions sont tranchées et bien argumentées. Un très bon exemple, qui est aussi l’occasion de revenir sur un jeu que j’ai aussi beaucoup aimé mais qui est passé largement inaperçu, est sa critique de l’Âge des Dieux, de Croc. J’aime aussi beaucoup les trop rares critiques de Mops sur Tric Trac, mais comme je ne comprends toujours pas bien le fonctionnement de la nouvelle version du site, je ne parviens pas à en trouver une pour mettre un lien ici.

La plupart des critiques sont construites analytiquement, en deux parties, la description précédent l’opinion. Cela semble logique, mais tout est alors question d’équilibre, et trop souvent c’est la description, la partie la moins subjective et donc la moins intéressante, qui a la part belle. Comme beaucoup, les critiques videos de Tom Vasel sont généralement assez longes, une quinzaine de minutes de présentation des règles, de description, suivies de quelques minutes durant lesquelles il exprime, avec toutes les références que permet sa culture ludique encyclopédique, son opinion sur le jeu. Je pense ne pas être le seul à zapper régulièrement toute la première partie des videos pour passer directement à l’analyse, drôle, pertinente et intéressante.
Ce format en deux parties, assez facile, qui était aussi celui de mes critiques dans la ludothèque idéale, n’est pas le seul possible. J’apprécie en particulier la manière dont l’équipe de Shut up and Sit Down, parvient, aussi bien dans les videos – ici la critique de Mascarade – que dans les critiques écrites – ici la très belle critique de Thunderbirds, auquel je n’ai pas joué – à mêler la description, l’analyse et l’opinion – ou les opinions, puisque leurs critiques prennent la forme d’un dialogue soigneusement rédigé entre deux critiques qui ne sont pas toujours d’accord.

J’aimerais donc voir encore plus de critiques courageuses, subjectives, littéraires, franches, drôles, agréables à lire ou à regarder. Il faudrait pour cela, avant tout, qu’elles soient moins techniques, ou qu’elles aient l’élégance de le cacher.


Shaman 2

The boardgaming hobby and business are healthy. There has never been that many gamers, game designers and game publishers. There’s even a new kind of participant, the reviewers, whose existence proves that boardgames are becoming, like video games, music or cinema, a consistent cultural world, with its codes, its styles, its schools of thoughts – what we call in French « chapels », but I’m not sure this metaphor works also in English.

I’ve always had a perverted taste for literary reviews, and I even enjoy reading reviews of books I know I’ll never read. Similarly, I read boardgame reviews with great pleasure and attention. For fifteen years, I’ve even written short reviews of my favorite boardgames and posted them in a dedicated part of my website, the ideal game library – a reference to André Malraux’s ideal museum. In the light of my quadruple experience, as a game designer, a gamer, an avid reader of reviews and a reviewer, I’d like to analyse this relatively new literary genre, the boardgames review.

Most boardgames reviews are still written text, in magazines or on websites like the Boardgamegeek, but the proportion of video game reviews is growing fast – I even have the stage impression that this proportion is now higher for boardgames than for…. video games. I usually prefer texts, but these last months I’ve also started to look at Video game reviews like those by Tom Vasel, by the Game Boy Geek or by Shut Up and Sit Down, and I think the categories and the issues are the same for written and for video reviews.

Paraphrase

Some articles, and many videos, are just a technical description of the game flow, almost a paraphrase of the rules. As text, this is obviously pointless, except for the very few games whose rules are so badly written that they need a complete rewrite.
As video, it can have some interest. When I want to play for the first time a complex games with a dozen pages of rules, or more, I sometimes first watch at such a video presentation to have a general idea of how the game works before reading the actual rules for it. But while I see the utility of such video rules for the gamers, I wonder what is the motivation of those who make them, and who are usually not paid by the publishers. It must be something fastidious, not very creative and not very rewarding.

Description

W. Eric Martin is in charge of the news feed of the Boardgamegeek. It’s a really nice guy, fun, open minded, talkative, and I always enjoy meeting him at game fairs. That’s why I’ve always been surprised by how boring his video reviews are, until some day in a Facebook discussion he boasted about the way he could review a game without letting his personal feeling show through, so that gamers could make their own free and independent opinion on whether they will like the game or not. No wonder I don’t like his reviews, since the only interesting thing would be his personal opinion on the games.
I find this frustrating and meaningless. With restraining from giving their own opinion, from telling what they have and want to tell, Eric and all the reviewers who share his approach are emasculating their own works. Like the rules paraphrases, this must be boring to write, and it’s no wonder it’s also boring to read or look at. Such descriptive reviews usually don’t give more useful information than the blurb at the back of the box.
I still receive Spielbox, the major German boardgames magazine, but I don’t like its game reviews. They are usually made of two pages of rules description or « neutral » analysis, and the only two or three lines in which the reviewer can give his personal opinion. Other reviewers opinions are totally useless, since they are only marks, without any justification. Reviewing a game in a cold and impersonal way, ignoring the pleasure, fun, anger or boredom one felt while playing, it’s focusing on the subsidiary and ignoring the crux of the matter, the feel of the game. It’s frustrating both for the reviewer, who doesn’t give his opinion, and for the reader who doesn’t learn anything useful. Can you imagine a book or movie critic restraining himself from telling what he thinks of a novel or movie ? Where would be the point in reading his reviews ? It’s not different with games.

Marks

A similar genre, mostly in written reviews, is even more unpleasant in its pretense to objectivity. These are game reviews that look and read like a car review in a car magazine, with rankings from 1 to 10, or even to 100, on a dozen naive and esoteric criteria. I already explained in a former blogpost that these so-called reviews were based on a complete misunderstanding of what a game really is, and were disparaging even for the games that got the best rankings. Of course, marks, gauges and scales dont give any true information about a game, and only interest in these reviews is in the accompanying text – but most of them would be better with just the text.
The main reason why I stopped updating my ideal game library was that I could not keep up with the growing number of new games published, and wanted some free time. The main reason why I deleted it, and didn’t even keep a copy of the database, was that I had slowly realized that its formal, classified and encyclopedic structure was plain wrong, even with a modest use of marks – one subjective note on the game itself, one on the graphics and components, and a complexity scale, all from 1 to 5. I feel relieved to see that I’m not the only one moving this way, and there are fewer and fewer formalized reviews with ranks, marks and tables.

Reviews

And then, there are the good reviews. I enjoy reading or watching them, and I learn something doing it. Of course, a good review explain the basics of the game, its setting, its mechanisms, its components, its art, but it does it through the eyes of the reviewer, to make clear what he liked or not in the game, and therefore why the reader might like it or not. This is the only point of a game review. When ones likes a game, a book or a movie, one wants to share one’s enthusiasm with one’s friends. Why should it be different with gamers who are not one’s friends, who are just readers of spectators.

Matt Drake has long been my game reviewer of choice, even when I don’t think he ever reviewed one of my games. He gave up writing game reviews for his website one year ago, but his old blogposts are still online. His texts are  elegantly written and fun to read. His descriptions are clear and don’t go into unnecessary technical rules details. His opinions are clearly stated and explained, and one always know why he likes or dislikes a game. A very good example of his talent is his review of Croc’s The Age of Gods, a great game which also really enjoyed, but which unfortunately flew under most radars. I also like the French reviews by Docteur Mops on Tric Trac, but I’m so bemused by the new version of this website that I couldn’t find a single one which I could link to.

Most reviews follow a two parts analytical framework, first description, then opinion. This sounds logical, and the only issue I have with it is the balance between the two parts. Too often, the description, the first, least subjective and least interesting part, is also the longest one. Like many other, Tom Vasel video reviews at the Dice Tower are quite long, about fifteen minutes of description and rules explanations, and then two or three minutes during which Tom gives his opinion on the game. He does it with humor, and often with challenging and well thought comparisons with other games. I’m sure I’m not the only one who systematically skips the twelve or fifteen first minutes and goes directly to the point.
This two parts outline is the easiest and most obvious one, and that’s why I always like it when reviewers try a different framework. The Shut and Sit Down team, for example, both in their fun video reviews – here of my Mascarade – and in their written ones – here of Thunderbirds, which I have not played – manages to bring together description, analysis and opinion – or opinions, since their reviews are often written as a dialog between the two reviewers, and they sometimes disagree.

I’d like reviews to be more gutsy, subjective, honest, fun and pleasurable reviews. To do so, they need to be less technical, or clever and subtle enough to hide their technicality.

24 thoughts on “Critiques
Reviews

  1. Well-said, Bruno. I also skip most of the Dice Tower reviews and find myself listening mostly to the opinion piece at the end.

    Video game reviews have the same problem. Maybe there’s a conception that gamers in general want to make up their own mind about their entertainment? Ie, they want to be told or shown what the game is, for them to make up their own minds.

    But once you’ve seen a few reviews from a source, you start to build trust with that reviewer and you know with increasing certainty that if they like it, so will you.

    With the dawn of YouTube and such a huge number of reviews and reviewers, the rules and exposition are becoming the commodity and the personality and opinion is the scarcity.

  2. I like your analysis and I feel like I am doing just what you say, presenting the reader with the 2 parts, the description – maybe more expanded than what you would like being that almost all games are in English and I try to bring them closer to my public – and the opinion part of what I liked about the game, I should expand what I have not liked.

  3. This discussion comes up every once in a while and I am completely on your side.
    But: I think one has to differentiate between articles that have the sole purpose to inform “gamers” about upcoming or new games, so these can decide, if the mechanisms, etc. fit their preferences. So I can understand W. Eric Martin or the people from spielbox, who WANT to give “neutral” overviews. Even if you, Bruno, or me, do not really appreciate these articles, because we look for something different, or, another “information” – the subjective factor.
    What I do NOT understand is that each small blogger or mini website about games does THE SAME. I mean, these people are mostly not paid for doing what they do, and there are enough “neutral” sources all over the web – so go ahead and HAVE A F**** OPINION!
    More than that: Make yourself free from the form Bruno describes. I love what Shut Up And Sit Down do, for instance – not everybody is capable of doing this very British style, but hey – FIND YOUR OWN STYLE!
    And yes, I want to know about the FEELINGS that a game provokes. What is happening between the players, which situations occur, where the tension is. Or is not. Where the experience the game seems to promise, falls flat. Or where it even exceeds it. Tell me about that and do it in a personal way.
    Thus, it would be interesting again to read or watch more than one article or video about a game.

    But writing is not easy. Writing in an original, personal manner is even harder. And believe it or not – one video of Shut Up and Sit Down! is a lot more work than sitting in front of an Ikea shelf full of games you want to show off and talk without a single cut.
    So – where is the point? Everybody gets the stuff he wants to have.

    Question is: Where can I pay for Shut Up & Sit Down! ? Show me, and I will pay 5 euros to watch one of theit videos. Word.
    For, without having anybody pasing them, they will do it – well, for some time, but only as long as they can afford it. The boring ones ARE paid.

  4. Vous oubliez les internautes. On trouve des critiques très intéressantes sur Tric Trac (un peu moins depuis le changement de notation). Je vous invite à lire Ramallica, Morlockbob, Hornak, PtitJu etc. (Il y’en a beaucoup et n’ont pas forcément le même style).

    Je reconnais aimer lire les critiques négatives, je ne sais pas pourquoi mais c’est très important pour moi (avant d’acheter un jeu notamment).

  5. Cher M.Faidutti,

    Merci d’abord de me citer et de saluer à votre manière mon travail sur les vidéorègles dans votre article. Je tiens cependant à préciser qu’avant une chaine Youtube, les vidéorègles ont un site dédié, Videoregles.Net, qui recense les 446 vidéorègles actuellement tournées depuis 2009 et dont une bonne partie ne se trouve pas encore sur Youtube. Vous y trouverez peut être quelques réponses sur les questions que vous vous posez quand à mes motivations car, n’étant pas non plus allergique à l’écrit, il s’y trouve aussi quelques articles ludiques sur ma passion ludique 😉 Les vidéos y sont aussi classées par différentes entrées, dont une par auteur. Les votre sont ici : http://www.videoregles.net/videoregle/tri/auteurs#22

    Cependant, pour répondre un peu à votre article, je ne considère pas mon travail de vulgarisation ludique comme des « paraphrases » des règles écrites des jeux. Avant d’être un vidéaste amateur de règles de jeux en vidéo, je suis ludothécaire depuis maintenant une vingtaine d’années. Amené à expliquer et prêter des jeux de société à tout type de public, je constate tous les jours la difficulté que représente la règle écrite pour les gens. La plupart des amateurs qui découvrent ce loisir dans les ludothèques ont de grandes difficultés à apprendre un jeu par l’intermédiaire des règles. De plus, bien des « habitués » font des erreurs d’interprétation à la lecture et comme en général un seul joueur lit les règles avant de les expliquer à d’autres qui les expliqueront à leur tour, nombre de jeux sont joués avec de mauvaises règles. Du coup, on trouve souvent des avis négatifs sur des parties de joueurs qui n’ont pas vraiment joué au jeu créé par un auteur mais à une variante tronquée.

    Depuis toujours, la transmission se fait naturellement à l’oral. Qui a découvert les règles des classiques comme les Echecs, les Dames, la Belote, le Tarot, le Jeu de l’Oie, les Petits Chevaux, le Monopoly, le Cluedo ou même le Uno en lisant les règles papier ? Les jeux de société sont une activité sociale, même dans la découverte de leurs règles. Si depuis la révolution industrielle de nombreux jeux modernes sont apparus et ont dû passer par les règles papier pour être appris par leurs premiers joueurs, internet permet aujourd’hui de revenir massivement au mode d’explication original : l’oral.

    Étant vous-même professeur, je suis sûr que vous ne considérez pas que vos cours soient des « paraphrases » des manuels scolaires. On peut considérer que les profs sont inutiles car il existe des livres qui expliquent déjà tout ce qu’ils peuvent raconter aux élèves, mais ce serait un raccourci idiot, vous en conviendrez. De la même façon, le ludothécaire que je suis se considère plus comme un « ludopédagogue » œuvrant pour la reconnaissance de ce loisir formidable qu’est le jeu de société. Lorsque j’explique un jeu à l’oral ou par l’intermédiaire des vidéorègles, je ne me contente pas de lire les règles mais ai une vraie démarche de transcription pour bien faire comprendre les mécaniques ludiques. Il est d’ailleurs à noter que si le travail de transmission se ressemble il est cependant bien différent en « live » que par l’intermédiaire d’une vidéo. Une explication orale, comme pour un cours, est interactive puisque l’on peut passer pas mal de détail en répondant aux questions des joueurs et en jugeant de leur bonne compréhension ou non en cours d’explication. En vidéo, on est plus proche du cours magistral où l’on ne peut répondre à tous et où l’on doit s’efforcer de répondre par avances à toutes les questions que pourraient se poser les spectateurs, tout en évitant qu’ils ne fassent des raccourcis ou des interprétations fantaisistes.

    L’explication orale réussie est aussi un art. J’avoue être un peu vexé de voir que vous qualifiez les vidéos explicatives comme les miennes de « not very creative » dans la version anglaise de votre article. Qu’elles soient un peu didactives je le concède, mais bien difficile de faire plus « fun » si on veut être compris au mieux du plus grand nombre, et notamment des novices qui ne connaissent aucun jeu moderne. Je pense avoir fait de gros progrès depuis les premières qui étaient terriblement soporifiques et atones ^^ En réalité, je pense surtout qu’elles n’ont finalement pas grand chose à faire dans cet article sur les « critiques ». Comme le site Ludism qui compile les règles écrites, Videoregle.Net compile des règles en vidéo. Les conseils y sont plus présents sous forme d’articles que de vidéos.

    Quelle motivation donc ? La même qu’un professeur peut avoir à apprendre des choses à ses élèves. Je suis ravi de transmettre les règles de jeu et de voir les nombreux retours de joueurs qui laissent quotidiennement des commentaires sur mon site pour me dire qu’ils sont tombés dans la pratique assidue des jeux de société grâce à mes vidéos. C’est aussi un moyen de travailler à la culture ludique générale et au développement de ce loisir et la reconnaissance de ses acteurs, qu’ils soient auteurs, éditeurs ou illustrateurs. Quand je vois que j’ai déjà expliqué, pour prendre par exemple un de vos titres phare, les règles correctes de Citadelles à 17 000 personnes dans le monde francophone par l’intermédiaire de la vidéorègle en question, je suis assez fier de ma contribution au petit monde ludique. Et comme pour les règles écrites, un seul regarde les règles et il les apprend forcément au minimum à une autre personne. Je pense donc que l’impact sur les joueurs n’est ni négligeable, ni inutile.

    Après, j’aurais pu faire des vidéos « critiques » mais quel intérêt puisqu’il existe de nombreux site ludiques où les joueurs donnent leurs avis. J’ai toujours pensé que pour les jeux de société qui ont une pratique de groupe et doivent donc plaire à tous les joueurs autour d’une table l’avis de 100 personnes était plus intéressant que celui d’une seule, même avec une grosse culture ludique. J’ai bien entendu un avis sur les jeux que je présente, mais il est bien souvent difficile de faire la part des choses entre son avis de joueur et celui de professionnel du conseil de jeu. Je conseille régulièrement des jeux au public de la ludothèque ou je travaille qui ne m’amusent pas personnellement mais que je sais pouvoir correspondre aux attentes de celui-ci. Par exemple, je n’aime pas beaucoup les jeux d’ambiance ou les jeux de majorité. Dois-je en dégouter les autres ? Non ! C’est personnel et très subjectif. Pour les vidéorègles, je considère donc que si quelqu’un vient voir la vidéo, c’est qu’il a déjà été accroché par quelque chose dans le jeu. Je pense qu’après en avoir découvert les règles il est parfaitement capable de voir s’il lui plaira ou non. Bien plus utile que mon avis personnel, non ? A chaque jeu son public.

    Pour finir, je dirais donc que si le jeu de société «se porte bien » comme vous dites, je pense que c’est aussi en partie grâce aux ludotécaires comme moi qui passent leur temps à expliquer aux gens comment fonctionnent vos créations. Internet et les vidéos ne font qu’accentuer cet effet par la rapidité de leur diffusion partout.

    Vive les jeux et vive ce formidable loisir intelligent et socialisant !

    Yahndrev

    PS: J’espère ne pas avoir été trop long. J’ai toujours du mal a m’arrêter de parler (ou d’écrire) sur ce sujet qui me tiens particulièrement à cœur 😉

    • Bravo a Yahndrev pour ses video-regles, on sent qu’il y a beaucoup de travail et de savoir faire derriere ces videos. Ca fait des annees que je les utilise et elles permettent de debroussailler rapidement un jeu ou de s’en faire une bonne idee.
      Par contre je ne vois pas l’interet des videos de ceux qui se filment en train de jouer le jeu avec leurs potes. Il faut vraiment avoir le temps pour regarder des gens jouer un jeu entierement, et ca ne simplifie pas vraiment l’apprentissage des regles.

  6. Je suis assez d’accord avec les remarques faites. Pourtant, je pense que comme dit plus haut, il est très difficile d’écrire une critique qui ne soit pas neutre ou positive dans le monde du jeu. Pour plusieurs raisons, d’ailleurs. La première concerne, et cela a déjà été dit par Gus, la proximité des acteurs du monde du jeu.

    Blogueurs, auteurs, éditeurs, c’est un petit monde, qui se côtoie en permanence. Ecrire une critique négative, même si elle s’attache avant tout à une perception personnelle d’un jeu, implique une prise de risque qui apporte plus de mauvaises conséquences que de bonnes. Aussi, pour la plupart des blogueurs, écrire est un investissement en temps et en argent.

    Rares sont les blogueurs qui reçoivent un exemplaire des jeux de la part des éditeurs. C’est ce qui rend les critiques de Tom Vasel plus engagées : il reçoit probablement un exemplaire de chaque jeu créé ! Il n’a pas à choisir. Les blogueurs, par définition passionnés dans le monde du jeu société francophone, s’engagent dans l’écriture de critiques de jeux qu’ils ont achetés, de leur poche. Les jeux sont chers et il est du coup aisé de céder à la tentation, tout à fait naturelle, d’acheter des jeux pour lesquels on éprouve d’emblée un intérêt.

    J’ai toujours été partisan des envois de jeux à l’aveugle mais c’est difficile à mettre en place, je suppose. Pour ma part, je suis dans une situation plus facile, vivant à plusieurs milliers de kilomètres des événements et des représentants du jeu, j’ai peu de contact ou d’attaches. Malheureusement, la distance implique aussi que je me retrouve parfois déconnecté et que les jeux coûtent encore plus chers !

    SUSD, Tom Vasel, le Game Boy Geek, tous reçoivent des review copies régulièrement, en plus d’être financés par leurs fans pour les deux premiers. Pour ma part, les review copies me coûtent le prix public conseillé auxquels s’ajoutent les frais de port vers le Japon. Ça change pas mal la donne.

  7. Well said! This article really struck a chord with me. I too dislike assigning numbers to games, and I have the (literally) “jumping to conclusions” habit – when I read a game review, I jump to the last section to see what the reviewer thinks of the game, before I decide whether I want to spend time to read the description of the game in the first section.

  8. I, too, enjoy reading well-written reviews, but usually I find those elsewhere (film, music, books). I’ve often suspected that a major part of the problem is that there are few (if any) consistently good reviews (agreeing with your criteria above) because you cannot make a career out of it, as you can with reviews of film, books and music. So most do it as a hobby, either for the attention or to get free review copies of games (and therefore, keeping negative criticisms to a minimum).

    I, too, find myself skipping to the “Fazit” or opinion part of the review, but the vast majority of those–even when revealing a strong opinion either way–don’t back it up well, which is extremely important for me to determine whether or not I might agree with the reviewer’s conclusions. And, unfortunately, they just don’t deliver it in an entertaining way. I read an excellent film critique the other day that did all those things, and I lamented that we rarely have an equivalent in the board gaming hobby. But with the rise of bloggers and Amazon customer ratings, etc., I wonder if all professional reviewers will eventually become a thing of the past?

    I am a little confused about the alleged “boast” of Eric Martin. From my recollection, he doesn’t shy away at all from giving his opinions on a game. He might try to avoid calling a game “objectively bad for everyone”, but he is not shy in giving strong support to games he finds to be brilliant. And for the most part, he probably only takes the time to review games he is excited about (there was a time while he was doing BoardgameNews.com and felt obligated to play and review all the “stinkers” sent his way, in which he did, indeed, write his negative opinion of them).

  9. Bonjour,

    je suis tout à fait d’accord avec ce qui est dit par Yanhdrev. En tant que membre d’une association permettant de découvrir le jeu, j’ai beaucoup de palisir à expliquer les règles des jeux. Parce que c’est comme ça qu’on le fait découvrir. J’en dit pas plus, Yanhdrev a décrit les choses bien mieux que moi. Au passage, j’ai récémment vu des “débutants” dans le monde du jeu à qui je présente des choses régulièrement, venir me voir en me disnat: j’ai trouvé une vidéo, ça s’apelle vidéorègle, ça m’a donné un aperçu du eju avant qu’on joue c’est top.

    Petite anecdote: il m’est arrivé une fois qu’une des bénévoles de mon association me demande une présentation d’un jeu. Je lui ai dit “si tu veux, mais spoiler alerte, il n’est pas très bien.” Et bien je me suis fait engueuler. Parce qu’elle avait envie de se faire sa propre opinion, et n’avait pas une seconde envie d’entendre la mienne. Parce que ces goûts n’étant pas les miens, elle voulait juste savoir quels étaient les mécanismes du jeu et ses règles dans les grandes lignes pour savoir si elle avait envie de l’essayer.

    Que nous dit cette anecdote? Rien d’autres que le fait que les gens abordent le jeu et les présentations qui en sont faites de façons différentes. Je comprend tout à fait que les explications et présentations “froides” ne vous attirent pas. Et ej comprend que c’est ce dont on envie d’autres personnes. D’ailleurs, il est difficile de donner une critique d’un jeu sans expliquer avant de quoi il retourne.

    Quand aux critiques négatives, c’est assez facile de dire “faites en plus”. En publier une, c’est une autre paire de manche. Comme le dit Izobretnik, le monde du jeu est petit et l’ambiance est plutôt bonne. Et on a pas envie de se fâcher avec les gens, ou même tout bêtement de leur “faire de la peine”. Comme on ne dit pas à nos potes quand ce sont de mauvais cuisiniers. je suis d’accord qu’il faudrait le faire, mais pour l’avoir fait une fois, je peux vous dire que j’ai eu beaucoup de mal à envoyer l’article au final, et que je ne suis pas certain de le refaire. Et il y a pas mal de coup à prendre en plus.

  10. Pingback: Instituto de Estudios Solarísticos

    • Cela fait longtemps que je n’ai plus lu Plato et je ne sais plus bien à quoi ressemblent leurs critiques. Ils m’ont consciencieusement snobbé pendant des années, peut-être parce que j’avais écrit dans JSP, puis m’ont contacté pour une série d’articles sur les vieux auteurs ringards qui n’ont plus rien à dire. De plus, le journaliste, qui me pensais plus gâteux que je ne le suis, a très mal pris que je veuille garder un minimum de contrôle sur ce qu’il me faisait dire. Du coup, je n’ai pas renouvelé mon abonnement, et je ne sais même pas si l’article est paru, et si oui ce qu’ils m’y ont fait dire.

      • Bonsoir M. Faidutti,

        Je suis le journaliste dont vous parlez, et l’article en question porte sur votre jeu Baston, que j’ai longtemps pratiqué et aimé dans ma jeunesse. Un excellent jeu qui a vieilli comme beaucoup, mais dans Plato, nous avons un intérêt justement pour mettre en perspective la production actuelle avec les anciens jeux qui ont bien marché, de manière à montrer ce qui a changé, et ce qui a perduré. Mais il me semble que vous êtes assez d’accord puisque vous avez présenté Baston sur Tric Trac également durant la même période.

        Afin de dissiper quelques malentendus sur le fait que vous n’auriez pas pu relire votre texte, je vous rappelle que suite à notre divergence sur l’interview le 12 décembre 2014, vous avez accepté de reprendre le travail sur Baston le 17 décembre 2014 suite à une demande de notre rédactrice en chef. Vous avez accepté de répondre à de nouvelles questions jusqu’au 21 décembre. Je vous ai communiqué mon texte final le 4 janvier 2015 avec l’explication suivante :

        “J’y décris notre rencontre fictive dans un bar, qui tourne…. à la baston, au cours de laquelle j’explique le jeu et ses principes tout en y mêlant votre interview.
        C’est ma manière de procéder habituelle, afin de rendre les présentations plus vivantes et de retranscrire une atmosphère.
        J’espère sincèrement que vous trouverez cet article acceptable. Je pense qu’il rend avec passion et honnêteté hommage à ce qu’était Baston.”

        Vous m’avez répondu le même jour après lecture de mon texte : “Revoilà le fichier, avec quelques corrections. Outre les miennes, je me suis permis de corriger quelques fautes de français dans votre texte, et j’ai supprimé la phrase sur les « claques ludiques », qui m’a semblé incompréhensible. ”

        Vous avez donc bien lu le texte final qui est parti à la mise en page la semaine suivante.
        Je tiens à votre disposition l’intégralité de nos échanges si vous le souhaitez.

        Cordialement,
        M. Pierre DESEUF

      • Effectivement, nos discussions se sont finies ainsi. Ceci dit, je n’ai pas reçu le numéro de Plato, je n’ai donc pas regardé ce qu’il y a dedans, et si je l’avais reçu, je n’aurais pas regardé non plus. Je préfère oublier cet épisode et faire comme si Plato n’existait pas.

        Quant au passage à Tric Trac, d’une part j’y étais allé d’abord pour parler de jeux récents, je ne sais plus bien lesquels, et d’autre part on a fait ça à l’occasion, et avec Mops dont la discussion est intéressante et pleine d’humour. Ceci dit, je n’ai pas regardé la video non plus, mais si vous en parlez c’est qu’elle a dû passer.

  11. Bonjour,
    il m’arrive quant à moi de réaliser des vidéorègles dans le style de celles de Yahndrev, et j’y prends beaucoup de plaisir; passionnée par les jeux, je prends un plaisir énorme à les expliquer. C’est essentiellement un plaisir d’ordre pédagogique. Quant on tourne une vidéorègle, il y a également le plaisir de mettre en scène les éléments du jeu, et les règles du jeu, de manière à optimiser l’explication. Le plaisir également de savoir que des dizaines, des centaines de personnes vont la voir, et suite à cela, peut-être avoir le désir d’acheter le jeu et d’y jouer…
    La vidéorègle de Citadelles (par Yahndrev) a été vue 35401 fois à ce jour. Difficile de savoir réellement combien d’exemplaires du jeu ont été vendus suite au visionnage de la vidéo. Beaucoup à mon avis. En tout cas au moins un: le mien!

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  13. Bonjour Mr Faidutti,

    Je suis plutôt d’accord avec vous. Le secteur ludique ne peut pas demander à gagner un statut identique à celui du livre et du cinéma si aucune critique n’est possible.

    Les critiques construites sont assez rares de nos jours, il faut dire que cela prend du temps, beaucoup de temps et que le temps que la critique sorte, 5,6-10 jeux sont sortis dans l’intervalle. Les sites généralistes de la chose (Tric Trac, Ludovox) privilégient donc plus le côté informatif, que le côté critique. On balance de l’info sans vraiment s’interroger sur le contenu, ce qui transforme ces sites plus en boîte de communication des éditeurs qu’en véritables critiques objectives.

    Ceci peut se comprendre par des aspects matériels. En effet, ces sites ne vont pas “cracher dans la soupe” car ils sont financés principalement par les éditeurs, qui n’accepteront pas qu’un de leur jeu se fasse écorné. Je trouve que les américains ont trouvé des formules intéressantes avec Tom Vasel, Sam Healey et Zee Garcia, surtout le format top 10. Les 3 comparses ont des goûts différents, ne mâchent pas leurs mots sans être insultant. En France, aujourd’hui, un même format risquerait donc de lever la ire des éditeurs, qui sont intéressés (et c’est compréhensible) plus par les ventes que par la réception des jeux auprès des joueurs, un comportement qui se développe de plus en plus (on peut tous constater le changement depuis ces 2-3 ans).

    Il est parfois difficile de toucher à des “vaches sacrés” sans se faire ‘blacklister’ et traiter de troll ou de rageux (j’en connais un rayon à ce sujet), tant sur les internet qu’en direct live. Malgré un effort de rédaction de ma part, j’ai attisé la haine de certaines éminences du secteur ludique alors que mes avis sont 60 à 70% positifs. J’ai parfois été dur (notamment avec vous et Mascarade) mais à chaque fois sans haine envers l’auteur, en remettant brièvement les jeux dans un contexte. J’estime que c’est la voie privilégiée pour s’assurer d’une objectivité dans la critique. Toujours mettre en perspective un travail même si on déteste un jeu.

    Malheureusement, ces choses se perdent. L’immense majorité des gens se moquent des auteurs et de leur ludographie. A titre personnel, je pense que je respecte plus un auteur en critiquant durement un jeu en le mettant en perspective qu’en faisant du “positiv bashing” (béni oui-ouisme, si on veut franciser un peu la chose) à tout va. Je ne crois vraiment pas que les critiques peuvent enfoncer un jeu vraiment, si elle est bien construite et également mis en perspective c’est-à-dire en lisant 2-3 critiques différentes, elle ne peut être que constructives.

    Le secteur ludique progresse mais j’ai l’impression que la culture ludique régresse. Beaucoup de boutiquiers ne savent même plus ce qu’ils vendent, et se limitent à fourguer les nouveautés ou les grands classique. Le secteur ludique n’échappe pas à la règle : le XXIème siècle fait de nous de la chair à consommation.

    Pour finir, en tant qu’anciens universitaires (docteur comme vous mais pas dans le même domaine), je regrette que les universités et l’état ne prennent pas plus à bras le corps cette question de l’enseignement de l’art ludique à l’école. Il y a tellement de choses à en dire et de champs éducatifs touchés (histoire, psychologie, mathématique, art scénique, graphisme, économie…). Bref, quand est-ce que le monde ludique visera plus le mélioratif que le quantitatif ? (je sais que c’est une question épineuse à souhait et je suis loin d’avoir la réponse, notamment vis à vis du financement de tels initiatives).

    • Désolé pour mon orthographe qui tremblote un peu par moment, grrr, le support écran n’aide vraiment pas !!!

  14. I find most reviews to be pretty pointless. Reviews have always felt like an antiquated concept to me when we have technology to provide good representations of what it will feel like to play a particular game. Also, technology allows me to have a conversation with the entire world about games that pique my interest, so why would I ever settle for one person’s monologue about why a game did or did not click with them at this particular stage in their gaming life? What if that person had a rotten day? What if they had a fight with their spouse or friend the day they reviewed a game? It doesn’t make sense to me.

    As far as play through videos and rules videos, I do find them useful and compelling. If I want to know if I’ll like a game or not and I cannot play it myself, I’ll watch someone else play it. As boring as some people may find it to watch someone else play a board game, I find it entertaining. If I have not spent the time to play through a learning game by myself, watching a video of a game play through helps solidify my understanding of the rules I’ve read.

  15. Pingback: Designer Diary: Body Party, or Vanishing Right Before Your I – Geek News

  16. Pingback: First blog post – Greenhorn Gamer

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