D’autres petits jeux
Other light games

Depuis que j’ai abandonné mon ancien site pour un blog plus souple et moins encyclopédique, je ne parle plus guère que de mes jeux. Je joue d’ailleurs beaucoup moins aux nombreux, trop nombreux, nouveaux jeux qui paraissent, et consacre plus de temps à mes prototypes et ceux de mes amis – eux aussi peut-être trop nombreux (les prototypes, pas les amis). J’ai pourtant décidé de faire une exception et de consacrer un petit billet à quelques petits jeux de cartes récemment parus, bien différents, que j’apprécie beaucoup. Ils sont tous un peu “dans mon style” et devraient donc plaire aux habitués de mes créations.

Romans Go Home

Je commencerai par Romans Go Home!, un petit jeu de cartes d’Eric Vogel dans lequel des clans calédoniens s’efforcent de s’emparer des forts du mur d’Hadrien – mais le thème n’a pas ici grande importance.
Romans go Home est tout à fait un jeu “à ma manière”, avec un peu d’enchères, un peu de psychologie, un peu de chance et une bonne dose de chaos. S’il y avait eu mon nom sur la boite, cela n’aurait surpris personne – et j’en aurais été assez fier.
Si je commence par ce jeu, c’est parce qu’il est publié à compte d’auteur, et ne bénéficie donc pas de la “visibilité” des productions des gros éditeurs et des auteurs connus – même si Eric Vogel a déjà quelques bons jeux à son actif, notamment Hibernia. Les illustrations enfantines, également faites par l’auteur, ne contribuent pas non plus vraiment à le faire remarquer.
Bref, si Romans Go Home! était sorti dans une belle édition, chez un gros éditeur, je serai assez confiant dans son succès. Là, le succès que ce jeu mérite ne me semble pas assuré, et j’essaie donc de lui donner un tout petit coup de pouce – en attendant peut-être que, comme cela est arrivé à Love Letter, dont je parlerai plus bas, il soit repris par un plus gros.
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Romans Go Home! est donc un petit jeu de cartes pour 2 à 4 joueurs, très rapide et mouvementé, assez chaotique, aux mécanismes simples et astucieux. C’est un peu un jeu d’enchères, puisque chaque fort ira à la tribu qui aura joué les plus fortes cartes, mais c’est aussi un jeu de “double guessing”. Les cartes représentant les guerriers calédoniens sont jouées faces cachées par série de six, correspondant aux six forts à attaquer, mais les cartes n’ayant pas remporté un fort s’ajoutent pour remporter le suivant. Les effets spéciaux des cartes, peu nombreux, suffisent à créer bien des subtilités psychologiques et tactiques – et un peu de chaos. Bref,  c’est un de ces jeux où l’on gagne parce que l’on a bien joué, et où l’on perd parce que l’on n’a pas eu de chance.

petit prince

Le Petit Prince, de mes amis Bruno Cathala et Antoine Bauza, est un peu plus tactique et contrôlable. Dans ce jeu de pose de tuiles pour 2 à 5 joueurs, de facture assez classique, chaque joueur construit une planète avec, comme sur celles visitées par le Petit Prince, des roses, des baobabs, des serpents, des moutons, des réverbères, des astronomes, des banquiers… avec une régle de score différente pour chacun. Je suis en général assez méfiant vis à vis des jeux dans lesquels chacun construit son petit monde dans son coin, sur son petit plateau, et qui manquent souvent cruellement d’interaction, de possibilité d’embêter les autres joueurs. Je ne me suis donc pas pressé de jouer au Petit Prince, et j’avais tort car le système de draft des tuiles, et la facilité à voir ce qu’il se passe chez les adversaires, permet souvent d’obliger un joueur à prendre la tuile dont il ne voulait vraiment pas. Avec une certaine ironie, Antoine et Bruno ont donc réussi, tout en restant fidèle à un livre très gentillet (pour parler poliment) à concevoir un jeu particulièrement méchant (pour parler poliment).

loveletter

Je n’étais pas l’an dernier au salon d’Essen, mais lorsque mes amis en sont revenus, beaucoup m’ont parlé de deux jeux qui les faisaient un peu penser au prototype de mon Mascarade, Coup et Love Letter. Je me suis rapidement procuré ces jeux. Coup m’a effectivement pas mal penser à Mascarade mais, honnêtement, je préfère mon jeu. Quant à Love Letter, du prolifique Seiji Kanai, spécialiste des jeux minimalistes, j’ai adoré. Cependant, si le jeu est là encore tout à fait “dans mon style”, je ne l’en trouve pas moins très différent de Coup et Mascarade. Dans ce jeu de 16 cartes, pour 2 à 4 joueurs, chaque joueur en main une carte personnage. À son tour, on pioche une carte et en joue une, appliquant son effet spécial. Le vainqueur est celui ayant la plus forte carte en main lorsque la partie est terminée, ou le dernier joueur en lice – car certaines personnages permettent bien sûr de regarder la carte d’un adversaire, d’échanger sa carte avec la sienne, ou de l’éliminer si l’on devine sa carte. Rapide, mouvementé, très dépendant du hasard mais permettant parfois quelques coups tordus bien amusants, Love Letter est un petit chef d’œuvre – mais il faut absolument se procurer une édition avec les illustrations japonaises d’origine, et non avec les illustrations américaines, qui sont aussi celles de l’édition française, et qui ôtent au jeu tout son charme.

3 petits cochons

Dans un tout autre genre, j’apprécie beaucoup Les Trois Petits Cochons, de Laurent Pouchain. Certes, ce jeu n’a rien de vraiment novateur, n’étant qu’une variation de plus sur le principe des jeux de prise de risque avec des dés, et vient après Zombie Dice, Martian Dice et quelques autres. Qu’importe, puisque c’est sans doute l’une des meilleures variations, puisque c’est diablement amusant à jouer, puisque le thème est vraiment bien rendu, et puisque l’édition est absolument superbe. Et puis, les petits cochons, c’est quand même plus mignon que les zombies.

Targi

Sinon, j’aime aussi beaucoup Targui, mais j’ai dit que je ne parlerai ici que des jeux qui ressemblent un peu aux miens, et Targui, ça ressemble vraiment aux jeux de Bruno Cathala. Mais si vous préférez les jeux du Bruno des Montagnes à ceux du Bruno des Plaines, jetez-y un coup d’œil.


v315- grand chaman

Since i stopped updating my old encyclopedic website and started this more casual blog, I use it mostly to promote my own games, and rarely comment other designers’ work. Another reason is that I spend much less time playing the many – far too many – games published, and focus on playing my prototypes, and those of my friends. Anyway, I want for once to make an exception and write a short post about three recently published light card games that I really enjoy and which, each in his own way, feel a bit like my own designs and therefore are likely to be enjoyed as well by those who play my games.

Romans Go Home

Lets’s start with Romans Go Home!, a simple card game self-published by Eric Vogel, in which the caledonians clans are trying to seize the forts on Hadrian’s wall. the theme is clever, but not very relevant. Romans go Home has all the stuff some gamers like, and others dislike, in many of my games : bidding, double guessing, and a healthy dose of chaos. If my name were on the box, players would not have been surprised – and I would have been proud.
I start with this game because it is self-published, which means it doesn’t have the same visibility (and the same distribution network) as games from big companies or well known designers, even when Eric Vogel has already published some great games, like the minimalistic board game Hibernia. Also, the childish graphics, also home made by the designer, don’t really help.
If Romans Go Home ! had been published in a nice looking edition, by a big publisher, it would probably have been an instant hit. As it is, I’m not sure it will, and that’s why I want to help it a but – and I hope that, like Love Letter of which I’ll tell below, it will soon be taken over by a bigger publisher.
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Romans Go Home! is a light 2 to 4 players card game, fast paced and rather chaotic, built from simple and  clever auction and double guessing mechanisms. It’s an auction game, because each fort is won by the player with the highest warrior cards, but it’s also a double guessing game because cards are  played face down in series of six, and cards that don’t win a fort stay in game for the next one. The cards special effects are few, but just enough to generate tactical and psychological conundrums – and some chaos. I like games that you win by clever play and lose by bad luck.

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The Little Prince, by my friends Bruno Cathala and Antoine Bauza, has more tactics and control. It looks like the typical tile laying eurogame. 2 to 5 players build each one’s own planet, and the tiles have all the stuff from the book – roses, baobabs, snakes, sheep, streetlights, astronomers, geographers…, each one scored in a different way.
I’m usually wary of games in which each player has his own small board to build his own small world. They often lack interaction, opportunities to mingle in other players’ plans. That’s why I was in no hurry to play this game, and I was wrong because the tile drafting system, and the easiness to see what’s happening on other players’ planets, creates lots of opportunities for nasty play, mostly with forcing a player to take the tile he really doesn’t want. Kudos to Bruno and Antoine for this masterwork of irony – a very nasty game based on the epitome of cute and delicate children book – it deserved it.

loveletter

I was not in Essen last year, but when some gaming buddies came back from it, they told me of Coup and Love Letter, two games which felt a bit like the prototype of my Mascarade. I quickly ordered these two games. Coup feels indeed a bit like Mascarade but, honestly, I prefer my own game. As for Love Letter, designed by Seiji Kanai, a Japanese designer specialized in minimalistic games, I enjoyed it a lot. It’s definitely my style of games, but it’s not that similar with Coup and Mascarade. In this 16 cards game for 2 to 4 players, each player starts with a character card in hand. On one’s turn, one draws a card and then plays one of one’s two card, applying its effect. The winner is the player with the highest card in hand when the game ends, or the last player in the game. Some characters indeed allow one to look at another player’s card, to swap one’s card with another, or to eliminate a player if one guesses his card right. It’s light and fast paced, it’s sometimes very luck dependent but  leaves room for the occasional nasty trick. Love Letter is a masterwork, but you must manage to find a copy with the original Japanese graphics, which have much more charm than the bland american ones.

3 little pigs

Laurent Pouchain’s Three Little Pigs is nothing really new – just one more variation on the dice risk taking games, like Zombie Dice, Martian Dice and some others. However, it might be one of the best variation, it’s fun to play, the theme works very well, and the production is gorgeous. And pigs are cuter than zombies.

Targi

I also really enjoyed my few games of Andreas Steiger’s Targi, but I’m supposed to talk here only of games that feel a bit like my own designs, and Targi clearly feels like a design by Bruno Cathala. So, if you prefer his games to mine, have a look at this one.

2 thoughts on “D’autres petits jeux
Other light games

  1. “des clans calédoniens s’efforcent de capturer les forts du mur d’Hadrien”
    Je dis non : on ne capture pas un fort ni une ville, on s’en empare. On ne capture que ses occupants.

    J’ai énormément apprécié moi aussi Hibernia (découvert grâce la Ludothèque idéale), ainsi que Cumbria du même E. Vogel, excellent jeu de dés à géométrie variable.

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