Mon programme pour le Festival des jeux de Cannes
My Cannes game fair schedule

Comme chaque année, je serai du 22 au 24 février au festival des jeux de Cannes, pour présenter mes dernières nouveautés, pour rencontrer des éditeurs, et de manière générale pour croiser tout le petit monde du jeu.

Mon emploi du temps n’est pas entièrement bouclé, mais je peux quand même déjà donner quelques pistes à ceux qui me cherchent.


Les prototypes sont prêts.

Le vendredi, vous pourrez me croiser de 12h à 13h sur le stand des éditions Lui-Même, éditeur de Dolorès, qui n’est plus vraiment une nouveauté mais que j’ai toujours plaisir à faire tourner, et Philippe est un vieil ami. Un peu plus tard, de 14h à 15h, je serai chez Matagot, l’éditeur de Dragons.

 

Le samedi, je serai de 10h à midi à l’assemblée générale de la Société des Auteurs de Jeux. L’après-midi, de 15h à 17h, je serai sur le stand de Sweet Games pour présenter Ménestrels, un tout nouveau jeu de cartes conçu avec mon amie Sandra Pietrini et illustré par mon ami David Cochard. Ménestrels ne sera pas en vente sur le salon, mais devrait arriver dans les semaines qui viennent, et il y a de fortes chances que le stand de Sweet Games soit un peu mon camp de base sur ce salon – à moins que ce ne soit celui de Repos Production, ou de Matagot, ou des Space Cowboys, selon qu’il y a ou non des bières et de profonds fauteuils.

Le dimanche, c’est chez Purple Brain / Space Cowboys, éditeur du Petit Poucet, conçu avec mon amie Anja Wrede et illustré par Frédéric Pillot, que vous pourrez me trouver entre 12h et 14h.

Je ne suis pas sûr d’avoir l’occasion de passer au “off” où se retrouvent pas mal d’auteurs et d’éditeurs, mais je sais que Raphaël Bernardi y fera tourner Vabanque, qu’il compte rééditer en français cette année.


Nadine Seul

Nadine Seul, qui était responsable du festival, prend sa retraite cette année, et je serai bien sûr à son pot de départ. On verra l’an prochain si le festival des jeux, qui est devenu en quelques années un événement international majeur, parvient à continuer sans elle…


Like every year, I’l be at the Cannes Game Festival, February 22-24, to demo and promote my last games, to pitch new designs to publishers, and more generally to meet the small boardgaming world. My schedule is not entirely finalized, but I can already tell where you will be able to meet me.


Prototypes are ready.

On Friday, I’ll be from noon to 1pm at Lui-Même, the publisher of Dolorès. I know, it’s not really a new game, but I always enjoy showing it, and Philippe is an old friend. Later, from 2 to 3 pm, I’ll be at Matagot demoing Dragons.

On Saturday morning, I’ll be at the general assembly of the French game designers union. I’ll spend most of the afternoon, from 3 to 5 pm, at Sweet Games, demoing Menestrels (Minstrels), a card game designed with my friend Sandra Pietrini and gorgeously illustrated by David Cochard. Ménestrels won’t be on sale at the fair, but will be available – in French only so far – a few weeks later. Chances are the Sweet Games booth will be my base camp for most of the fair – unless I opt for Repos, or Matagot, or Space Cowboys. It will depend where there is beer and deep armchairs.

On Sunday, I’ll be from noon to 2 pm at Purple Brain / space Cowboys demoing Lost in the Woods, a cute  game designed with my friend Anja Wrede and illustrated by Frédéric Pillot.


Nadine Seul

Nadine Seul, who was in charge of organizing the Cannes game fair, is retiring this year. Of course, I’ll be at her farewell drink. We’ll see next year if what has, in a few years, become a major international boardgame event,  can go on without her.

Le Petit Poucet
Lost in the Woods

L’une des premières idées qu’Anja et moi avons développée* un peu lorsque nous avons commencé à travailler ensemble était un jeu de reconnaissance tactile, Grabbit. Comme je ne désespère pas qu’il soit un jour publié, je n’entrerai pas plus dans les détails à son sujet.

Poursuivant un peu dans la même voie, nous avons imaginé un jeu au matériel plus simple (et sans doute moins coûteux) dans lequel un berger cherchait ses brebis égarées. Anja avait dessiné une trentaine de moutons aux formes un peu différentes, et le berger devait, en tâtant d’une main dans le sac, de retrouver l’animal dessiné sur une carte. C’était mignon comme tout, mais le thème n’a pas trop séduit les éditeurs auxquels nous l’avons présenté. Certains craignaient que l’on puisse penser que c’était un jeu religieux – la brebis égarée, le Seigneur est mon berger, tout ça.


Je n’ai pas trouvé de photo d’Anja et moi en train de jouer à notre prototype, alors en voici une où elle joue à Klondyke avec notre éditeur.

La mécanique plaisait, et les moutons étaient tellement mignons que nous ne nous résignions pas à chercher un autre thème. Heureusement, à Etourvy, Benoît Forget, après avoir fait une partie, nous força un peu la main en proposant d’en faire un jeu pour sa collection Contes et Jeux, sur le thème du Petit Poucet. Un peu sceptiques au départ, nous nous sommes vite laissés convaincre, et les moutons sont devenus les arbres de la forêt dans lequel le Petit Poucet et ses frères tentent de retrouver le chemin de la chaumière familiale. Il nous reste de jolis moutons en balsa, tous différents comme les arbres, avec lesquels nous essaierons peut-être de faire autre chose un de ces jours.

 

J’aime beaucoup le thème et l’aspect des jeux de la collection « Contes et Jeux », et rêvais depuis longtemps d’avoir une de mes créations dans cette collection. Malheureusement, quand j’avais glissé à Benoît que j’avais peut-être une idée pour le Lièvre et la Tortue, il m’avait répondu qu’il avait déjà un jeu dans les tuyaux – celui de Gary Kim, qui est paru depuis, et qui est l’un de mes préférés de la série. C’est donc, finalement, le Petit Poucet, et c’est très bien ainsi.

Pour Le Petit Poucet, c’est Frédéric Pillot, illustrateur de livres pour enfants, et notamment de Lulu Vroumette et Edmond le Chien, qui a tenu les pinceaux. Et il s’agit bien de pinceaux, car il a travaillé à l’ancienne, à la main, ce qui donne aux illustrations, et notamment à la couverture et au plateau de jeu, un charme tout particulier.

 

Si Anja a publié de nombreux jeux pour enfants, ce n’est en principe pas ma spécialité, ne serait-ce que parce que j’ai du mal à travailler sur des jeux auquel je n’ai pas personnellement de plaisir à jouer. La reconnaissance tactile, un peu comme la mémoire que j’exploite assez souvent dans mes créations, est l’un des rares mécanismes ludiques face auxquels enfants et adultes sont plus ou moins armes égales. Il est alors possible à tous de jouer ensemble sans que les plus âgés, comme c’est trop souvent le cas, ne soient obligés de tricher pour ne pas l’emporter trop facilement. Du coup, Le Petit Poucet, comme tous les jeux de la série « Contes et jeux », n’est pas un jeu uniquement pour les enfants, mais bien un jeu pour tout le monde.

(*il me semble que le COD est ici « l’une », placé avant le verbe, et que développé doit donc s’accorder avec lui. Pourtant, mon correcteur orthographique insiste pour que je ne fasse pas l’accord. Un ami un peu plus grammairien que moi pourrait-il me dire qui a raison et, si j’ai tort, pourquoi ?)

Le Petit Poucet
Un jeu de Anja Wrede & Bruno Faidutti
Illustré par Frédéric Pillot
2 à 5 joueurs – 15 minutes
Publié par Purple Brain, 2019
Tric Trac
Boardgamegeek


One of the first ideas Anja and I developed when we started designing games together was a touch recognition game, Grabbit. Since I still have some hope of seeing it published some day, I won’t go into details about it.

Pushing further in the same way, we imagined a lighter game with fewer (and cheaper) components about a shepherd looking for his lost sheep. Anja drew about thirty different sheep with slightly different shapes and the shepherd had to find, feeling with only one hand in a cloth bag, the sheep that was represented on a card. It was cute, but the theme didn’t appeal to the publishers who saw our prototype. A few ones were even concerned that this could be mistaken for a religious game – the lost sheep, the lord is my shepherd and all that stuff. They liked the game system though.


I could not find a picture of Anja and I playing our prototype, so here’s one where we’re playing Captain Sonar, in opposite corners.

Our sheep were cute, and we didn’t want to abandon them. By chance, in Etourvy, Benoît Forget, after playing a game with us, suggested a new setting that could make the game fit in his Fairy Tales family game series, the Little Thumb story. We were skeptical at first, but he managed to convince us and soon the sheep became the trees in the dark forest where Little Thumb and his brothers were trying to find the way back to their parents’ cottage. We still have a few sets of light wood sheep, all different, may be we’ll make another game with them one of these days.

 

I really like the idea and the look of the Tales & Games series, and I wanted for a long time to get one of my designs in this line. Unfortunately, when I had told Benoit that I might have an idea for a Hare and Tortoise game, Gary Kim’s one was already in the pipe. It’s been published since, and is among my favorite ones. Anyway, I’m glad I finally made it with Anja and with Little Thumb lost in the woods.

The art for Lost in the Woods was made by the French popular children book illustrator Frédéric Pillot, mostly known here for the illustrated series Lulu Vroumette and Edmond le Chien. The board and cover were hand-painted. This gives them a charming old fashion style which fits the game perfectly.

Anja has already published dozens of children games. I don’t, mostly because I can’t really work on game designs I haven’t fun playing. Memory, which I often use as a minor element in my designs, is one of the few skills with which adults are not really better than children. Touch recognition is another one, and allows older and younger gamers to play together without having the adults « cheat to lose ». Therefore Lost in the Woods, like all the games in the Tales & Games series, is not only a kids game but really a game for all and everyone.

Lost in the Woods
A game by Anja Wrede & Bruno Faidutti
Art by Frédéric Pillot
2 to 5 players – 15 minutes
Published by Purple Brain, 2019
Boardgamegeek

Une semaine à Essen
One week in Essen

Fatigué mais content, je reviens juste du salon du jeu de société d’Essen, en Allemagne, qui cette année avait encore eu la bonne idée de se dérouler pendant les vacances scolaires.


Mise en place des stands, tout le monde bosse.

Il y a chaque jour un train direct de Paris à Essen, pour un trajet de presque 5 heures. Cela laisse du temps pour sommeiller ou pour lire. Cette année, j’avais donc emporté un épais et sérieux volume, Europe’s India, de Sanjay Subrahmanyam, dont la lecture s’est avérée particulièrement appropriée.


Greedy Kingdoms

J’ai croisé, lors de mes recherches sur les licornes dans les textes de la Renaissance, beaucoup des premiers voyageurs européens en Orient, et notamment en Inde. J’en ai gardé une fascination non pour l’exotique mais pour l’exotisme, pour le regard étonné ou fantasmé de l’Occident sur l’Orient. Là où aussi bien Edward Said que ses contempteurs construisent des modèles, au premier rang desquels le paradigme orientaliste, cherchent des réponses, Sanjay Subrahmanyam, qui prend bien soin de ne guère utiliser le terme « orientalisme » reste près des sources et pose, avec pas mal d’humour, bien des questions. Son long dernier chapitre, India’s Europe, renverse les perspectives – tout comme le fait Greedy Kingdoms, le jeu de Hayato Kisaragi que j’ai retravaillé et qui était présenté sur le salon, et dont les illustrations montrent un Moyen-Âge européen tel qu’on l’imagine au Japon, amusant mélange sartorial et architectural. Du coup, je me suis un peu amusé à chercher d’autres exemples d’ « occidentalisme » sur les stands des éditeurs asiatiques et j’en ai trouvé suffisamment pour envisager de mettre un peu à jour, un de ces jours, mon petit essai sur l’exotisme ludique – en me demandant par exemple pourquoi l’archétype de l’exotisme européen semble être l’Allemagne pour les Japonais et l’Italie pour les Chinois.


Venture Angels avec l’équipe de Mandoo Games. Qu’est-ce que je suis grand !

J’ai donc beaucoup traîné dans le hall 4, clairement le plus « exotique », où se trouvaient la plupart des éditeurs taiwanais, coréens, indonésiens ou japonais. Si la plupart des stands chinois restaient ceux d’imprimeurs et de fabricants, quelques uns se lançaient aussi dans l’édition. J’ai aussi croisé dans les allées des éditeurs ou distributeurs malais, brésiliens, argentins, indiens, iraniens, thais et même, comble de l’exotisme, islandais. Ils étaient en exploration. L’an prochain, certains auront sans doute un stand et l’on commencera à voir arriver les auteurs, comme cela s’est passé pour les japonais et coréens.

Dej avec l’éditeur, Alireza, à droite, et un joueur heureux et persophone.

La globalisation du marché du jeu de société est donc en marche. J’avais un jeu qui sortait chez un éditeur coréen, Venture Angels, très vite épuisé sur le salon, et un autre chez un iranien, la version couleur locale de Citadelles, et deux rendez-vous pour discuter de futurs projets chez des japonais. Dans les paris sur la prochaine acquisition d’Asmodée, Russie et Corée avaient la côte la plus élevée. Et j’ai terminé le salon dimanche soir en signant un contrat pour ma première collaboration avec le jeune auteur coréen Yohan Goh.


Dragons avec le petit et sympathique distributeur allemand, Boardgamebox.

Entre séances de dédicaces de Dragons, Fist of Dragonstones, Venture Angels ou Greedy Kingdoms, discussion de projets déjà en route et présentation de prototypes aux éditeurs, j’avais un emploi du temps assez chargé. Un rendez-vous toutes les heures, parfois même le vendredi toutes les demi-heures, alors même qu’il fallait dix bonnes minutes pour aller d’un bout à l’autre du salon. Dimanche, une solide gueule de bois a encore compliqué les choses. Le stand de Matagot, l’éditeur de Dragons, me servait de base tactique, et celui de Iello tout proche, avec ses profonds fauteuils blancs, de zone de repos.


Le Petit Poucet présenté chez Asmodée. Je ne sais même pas où il était exactement, je ne l’ai pas vu.

J’avais dans mes valises quelques prototypes, dont certains ont suscité quelque intérêt, sans que je sache encore si cela débouchera sur un contrat. En fait, tous les éditeurs ou presque voulaient le même jeu, un party game rigolo et pas très politiquement correct. Yohan et moi avons finalement choisi celui qui semblait avoir les meilleures idées pour l’édition, a suggéré une nouvelle règle bien rigolote à laquelle nous n’avions pas pensé, et a proposé de signer le soir même. Je dois encore des excuses à l’équipe de Hobbyworld, à qui j’avais plus ou moins promis ce jeu lorsqu’ils y avaient joué à Moscou, mais ils ont bien compris pourquoi nous avons fait un autre choix.


Signature du contrat d’édition de Lifestyles, avec un éditeur qui préfère rester anonyme. C’est dimanche soir, nous sommes tous passés à l’eau minérale.

D’autres auteurs, comme Brett Gilbert et Arve Fühler, ont tweeté ou m’ont rapporté avoir aussi eu des propositions de contrat à signer sur place, ce qui n’est pas habituel. Après la globalisation, la deuxième nouveauté de ce salon est peut-être l’accélération. Il sort de plus en plus de jeux, et de plus en plus vite, comme si nul ne voulait prendre le risque de se faire doubler.
On peut y voir un indice de plus de ce que nous sommes dans une bulle, ce qui était sans doute la question la plus discutée du salon. Ceux qui, comme moi, le pensent depuis un certain temps mettaient en avant l’incroyable nombre de nouveautés présentées sur le salon, près de 1500, la floraison de petits éditeurs venus de nulle part profitant des nouvelles facilités de production que ce soit en petite ou en grande série, le désir de tous les joueurs de devenir auteur ou éditeur, l’idée que la popularité actuelle du jeu de société relève d’une mode passagère, et les premiers signes de retournement constatés, par exemple, sur Kickstarter. Ceux qui pensent que nos jeux ont encore de beaux jours devant eux insistaient sur la globalisation, les nouveaux marchés, les mécanismes innovants, la synthèse réel-virtuel, et l’idée que la popularité du jeu a des causes sociales sérieuses et durables. Qui vivra verra…

Bien sûr, vous attendez que je vous dise quel était le jeu qui faisait le buzz. Avec tant de monde, tant de jeux, tant de réseaux et de microcosmes, il est de plus en plus rare qu’un jeu unique emporte tout sur son passage et soit la grande vedette du salon. Je pourrais citer ceux dont j’ai souvent entendu dire du bien autour de moi, Treasure Island, Wangdo, Everdell, Detective Club, Orbis, Senators, Western Legends ou Cosmic Factory, ceux du classement Fairplay, qui place en tête Belratti, City of Rome, Lift Off, Coimbra et Neom, ou ceux du Geekbuzz de Boardgamegeek, Azul – Stained Glass of Sintra, Teotihuacan, Everdell, Coimbra, Chronicles of Crime, Blackout – Hong Kong. Comme vous le voyez, des listes bien différentes qui montrent que s’il y avait de l’avis général plein de bons voire très bons jeux, aucun n’a été la grande vedette du salon. Cela devient habituel, et c’est sans doute tant mieux.

Comme chaque année, il y a des gens qui étaient sans doute là et que je n’ai pas vus de la semaine et que je salue ici. Il y en a d’autres que je croisais partout, comme Martin Wallace, Stephen Buonocore, Ludovic Maublanc ou Liesbeth Bos. À l’année prochaine.


I’m just back from the Essen boardgame fair, in Germany. For the second consécutive year, it was taking place during my school holidays, which is very convenient. It was great, but I feel completely exhausted.


Setting up booth. Everybody is busy. No freeloader.

There is one direct train from Paris to Essen every day. The trip lasts 5 hours, which is largely enough to sleep a bit and read a lot. This year, I had brought a heavy and serious essay, Europe’s India, by Sanjay Subrahmanyam, and it was a very appropriate choice.
I first met the old travel accounts by westerners who had been, or said they had been, in India when working on my PhD about unicorns in Renaissance and early modern writings. Since then, I’ve been fascinated not by the exotic by exoticism, by the fascinated and often fantasized perception of the far East in the old Europe. Both Edward Said and his main critics build models, starting with the orientalist paradigm, look for answers and explanations. Sanjay Subrahmanyam makes little use of the word orientalism, stays close to the written sources and ask interesting and sometimes humorous questions.


Greedy Kingdoms

His long last chapter on India’s Europe reverts the usual perspective – exactly like what I have experienced in Greedy Kingdoms, the game by Hayato Kisaragi which I have reworked a bit and whose new edition was shown on the fair, and whose art show medieval Europe as imagined by Japanese culture, a cute and fun sartorial and architectural mix, if not mess. Encouraged by this, I had a bit of fun looking for other « occidentalist » games on the both of the asian publishers, and I found enough stuff to consider updating, one of these days, my long article about exoticism in boardgames. I’m wondering why, for example, the archetypal exotic Europe seems to be  Germany for the Japanese and Italy for the Chinese.


Venture Angels with the Mandoo Games team. Look how tall I am!

I wandered in hall 4, the most exotic one, with all the Taiwanese, Korean, Indonesian and Japanese publishers. Most Chinese booths were still that of printing factories, but some of them were having a try at publishing. I also met in the alleys publishers or distributors from Malaysia, Brasil, Argentina, India, Iran, Thailand and even Iceland, which in a way was the most exotic. I bet next year some of them will have a booth, and designers will follow, as it happened with Japan and Korea.

Dej with the publisher, Alireza, on the right, and a happy persian speaking gamer.

The boardgame market and business is getting global. I had a new game, Venture Angels, at a Korean publisher, which was very soon out of stock, and another one, a localized version of Citadels, at an Iranian one, and I had meeting to discuss future games to be published in Japan. People were betting on Asmodee’s next acquisitions, and the odds seem to favor Russia and Korea. I ended the fair on Sunday night with signing a contract for y first co-design with the young Korean designer Yohan Goh.


Playing Dragons at the small and nice German distributor, Boardgamebox.

I had a busy schedule made of signings of Fist of Dragonstones, Dragons, Greedy Kingdoms and Venture Angels, pitching game ideas to publishers, and discussing future games already in the pipe. This means one appointment every hour, sometimes even every half an hour, especially on Friday, when one needs ten long minutes to walk from one hall to another. On Sunday, a solid and lasting hangover made things even more difficult. I used the Matagot booth, in, hall 3, as a home base and the Iello one, with its deep and large white armchairs, as a resting place.


Lost in the Woods somewhere in the Asmodee pro zone…. I didn’t even see it!

I had brought a few prototypes to show to publishers, and several of them raised some interest, though I’m not sure yet this will end with a publishing contract. In fact, almost all publishers wanted the same game, a fun and not so politically correct party game. Yohan and I finally chose the one who had the best publishing ideas, suggested a new and really fun rule, and proposed that we signed on the spot. I still owe some apologies to the Hobbyworld team, since I had more or less promised them this game when we met in Moscow. I think they understood why we finally made another choice.


Signing of the Lifestyles contract with a publisher who prefers so far to stay anonymous. it was on Sunday night, so we were all drinking only sparkling water.

Other designers, such as Brett Gilbert and Arve Fühler, have twitted or have told me they also got offers to sing a publishing contract on the spot. After globalization, the second novelty of this fair might be acceleration. There are more and more games, and they are published faster and faster, as if no-one wanted to take the risk of being overtaken.
This might be one more sign that we are in a bubble, probably the most discussed topic in Essen. Those who, like me, are afraid of this for a while point at the absurd number of new games published in Essen, almost 1500, at the burgeoning of new small publishers coming out of nowhere thanks to the new opportunities to do the small and large print runs, at the unrealistic number of gamers wanting to become designers or publishers, at the first signs of a turnaround on Kickstarter, and basically argue that the popularity of boardgames might be a passing fad. Those who think there’s still room for growth insist on globalization and new markets, on innovating game systems, on the perpective of real/virtual hybrid games, and argue that there are serious social and lasting reasons for people wanting to play more than ever. Let’s live and see…

Of course, you want me to tell what were the best new games on the fair. With so many people, so many games, so many networks and microcosms, no single game can become the one uncontested star. I can just list the games I have heard praised by my friends, Treasure Island, Wangdo, Everdell, Orbis, Detective Club, Senators, Western Legends and Cosmic Factory,  those in the Fairplay ranking, Belratti, City of Rome, Lift Off, Coimbra and Neom, or those in the Boardgamegeek’s Geekbuzz, Azul – Stained Glass of Sintra, Teotihuacan, Everdell, Coimbra, Chronicles of Crime, Blackout – Hong Kong. These very different lists show that while everybody agreed it was a great year with great games, none of them was the undisputed star of the show.

Like every year, there are a few good friends who were probably there and whom I never met – sorry for this, and hello. There are a few other ones whose paths crossed mine all the time, such as Martin Wallace, Stephen Buonocore, Ludovic Maublanc or Liesbeth Bos…. See you next year.

Compte rendu du festival des jeux de Cannes
Cannes game fair report


Un petit tour de mes nouveautés avec Isabelle Doll, du petit point Geek.

Je n’aime pas trop l’affiche du festival des jeux de Cannes cette année. Je tiens en effet beaucoup à l’idée que la vie n’est pas un jeu, et que les jeux ne sont pas du tout la vie. “Tout ce qui n’est pas du tout la vie” est même pour moi la meilleure définition du jeu. Mais bon, c’est un détail, et cela ne m’a pas empêché d’aller à Cannes, pour y croiser pas mal d’amis du petit monde du jeu, pour présenter mes nouveautés, pour faire le tour des éditeurs avec quelques prototypes, très peu nombreux car j’avais casé tout ce que j’avais dans mon sac à Essen.

Mon compte rendu va être très succinct, car je suis fatigué, un peu enrhumé, et j’ai plein de trucs à faire dans les jours qui viennent. Des copies à corriger, des prototypes à refaire après que j’ai laissé les miens à des éditeurs, des prototypes à refaire après y avoir joué et changé la moitié des règles, et tous les jeux que j’ai achetés ou que l’on m’a offerts à déballer.


J’explique les règles de Dragons

Les éditeurs de mes trois nouveautés, Dragons (Matagot), Chawai (Superlude) et Small Detectives (Pixie) semblaient s’être donné le mot et avaient installé leurs stands dans le même coin du salon, ce qui m’a évité pas mal de déplacements. J’ai pas mal fait tourner les trois jeux, qui m’ont tous semblé être bien reçus, et j’ai signé plein de boites. J’ai juste regretté un peu que Pixie n’ait pas apporté de boites du Kamasutra, jugeant le public de Cannes un peu trop familial.


Un joli chat explique celles de Chawai

Arrivé mercredi soir, juste à temps pour la sympathique soirée des amis de Sortilèges – il faudra un jour que j’aille les voir à La Réunion. Jeudi, journée pro, une nouveauté très appréciée qui nous a permis de déambuler dans les allées du salon et de faire des bises à droite et à gauche sans être perdus dans la foule. Jeudi soir, j’ai zappé la cérémonie des As dOr et ai fait un tour au off, où j’ai surtout fait tourner le prototype des petites boites, qui s’améliore après chaque partie.


Small Detectives

Vendredi, quelques rendez-vous avec des éditeurs mais, surtout, des démos et dédicaces de mes nouveautés. soir, j’ai Le soir commencé par la soirée Iello, poursuivi avec les10 ans de Libellud, et terminé sur la plage pour la soirée Asmodée; je suis quelqu’un de très diplomate. Samedi, après l’AG de la société des auteurs de jeux, j’ai laissé chez des éditeurs quelques petits prototypes malins mais sans grande ambition, et j’ai enfin pu voir la maquette du Petit Poucet, une nouveauté conçue avec Anja Wrede qui devrait sortir cet automne. Le soir, un tour au bar du Carlton, très agréable, puis soirée Repos Prod. Dimanche, encore des rendez-vous, le tout dernier étant avec Vincent Dutrait, Kevin Kichan Kim et toute l’équipe que j’avais croisé à Séoul il y a quelques mois – on a des projets en commun, j’en reparlerai un de ces jours.

Je n’ai pas eut le temps de jouer à grand chose en dehors de mes nouveautés et prototypes, mais j’ai laissé traîner un eu mes oreilles pour savoir quelles étaient les nouveautés dignes d’intérêt. Les jeux qui m’ont semblé faire le buzz, en tout cas dans mon entourage, étaient Decrypto, Who Dit It?, Kingdom Run, The Mind et Bahamas. J’ai acheté les trois premiers, je n’ai pas réussi à trouver le stand d’Oya pour acheter The Mind, et Bahamas n’était qu’un prototype, il parait cet automne..


I don’t like this year’s poster for the Cannes game fair – Life is a game. It has always been important to me that life is not a game, and that games are not life. The best definition for games is probably “everything which is absolutely not life”. Anyway, it’s a small detail, and it didn’t prevent me from attending the Cannes game fair. It’s a good oportunity to meet old friends from the small gaming world, to demo, sign and promote my new games, and to pitch my few prototypes to publishers. I had actually very few prototypes because I was quite successful last fall in Essen, where most of y recent designs found a publisher.

My  report will be very short. I’m tired, a bit snuffly, and I’ve tons of things to do in the coming days. I’ve student papers to mark, prototype to reprint after giving them to publishers, prototypes to update after playing them and changing half the rules, and new games I’ve bought or been offered to unbox.


Presenting Dragons

The publishers of my three new games, Dragons (Matagot), Chawai (Superlude) and Small Detectives (Pixie) had been kind enough to set there booths next one to the others o that I didn’t have to walk too much through the crowded alleys. I’ve demoed the three games a lot, I’ve signed scores of copies, and I think they were all well received. I regretted that Pixie, because the Cannes attendance was mostly families, didn’t bring copies of Kamasutra.


A game of Dolores

I arrived on Wednesday, just in time for the Sortilèges party. Some day, I have to visit them at La Réunion. Thursday was the pro day, a really good innovation, allowing us to walk through the alleys and meet everyone before the crowd gets in. On Thursday night, I skipped the As d’Or ceremony to attend the off, where designers old and young play their prototypes. I mostly played one, the one with many little boxes, which gets better at every iteration. On Friday, I had some appointments with publishers to pitch my prototypes, but I mostly demoed Dragons, Chawai and Small Detectives. Friday night, I attended successively the Iello party, the libelled ten years party and the Asmodee party – that’s called Diplomacy, I should make a game about it.


With Mathilde, from Gigamic, at the Iello party

Saturday, after the general assembly of the French game designers’ union, I let a few prototypes, only very small stuff, with publishers, and I finally saw the publisher’s mock-up of Little Thumb, codesigned with Anja Wrede, which ought to hit the shelves next fall. Saturday night, I spent a nice time at the Carlton bar before joining the Repos Prod party. My last appointment on Sunday was with the Koreans, Vincent Dutrait, Kevin Kichan Kim and their friends – we have some common projects, more about this one of these days.


Chawai

Too busy with my own stuff, I didn’t have much time to play other designers’ new games, but I tried to listen here and there. The games who were generating the most buzz, at least among my friends, were Decrypto, Who Did It?, Kingdom Run, The Mind and Bahamas. I bought the three first ones, I could not find the Oya booth to buy The Mind, and Bahamas was only playable as a prototype, and should be published next fall.


Little Thumb