Une Citadelle en Perse
A Citadel in Persia

Il y a une dizaine d’années, un éditeur indonésien avait commencé à travailler sur une édition de Citadelles illustrée par des artistes locaux. Pour toute une série de raisons, ce projet, dont j’ai raconté l’histoire dans un autre poste de ce blog, a finalement été abandonné. Je l’ai beaucoup regretté, car j’aurais bien aimé avoir quelques boites de ce Citadelles oriental. Un peu plus tard, il fut question d’une version mormone, elle aussi abandonnée, mais je ne suis pas sûr que cela relevait vraiment de l’exotisme.

C’est d’un tout autre orient, plus proche, que vient finalement le Citadelles exotique. Il y a trois ans, j’ai été contacté par Alireza Lolagar, de Houpaa, qui souhaitait publier Citadelles en Persan. Les jeux de société modernes sont de plus en plus populaires en Iran. Houpaa en est le principal éditeur, et les cafés jeux s’y développent rapidement. Ceux que cela amuse ou intéresse peuvent lire, ou du moins comme moi regarder, le principal site d’information ludique en persan, roomizgames.

Mais revenons à Citadelles. Comme je le fais désormais chaque fois que je reçois une proposition d’un pays où le jeu n’est pas encore disponible, je l’ai d’abord renvoyé sur mon éditeur américain, Fantasy Flight Games, qui s’occupe déjà de la traductions du jeu dans une vingtaine de langues. Il s’est trouvé que les choses étaient plus compliquées qu’à l’habitude, les sanctions commerciales américaines contre l’Iran interdisant à Fantasy Flight Games de travailler avec un éditeur iranien. Il faut croire que le jeu de société est d’une grande importance stratégique. En revanche, il n’y avait aucun obstacle à ce que moi, en France, signe directement le contrat d’édition avec les iraniens, s’ils n’utilisaient pas les illustrations appartenant à Fantasy Flight. Je ne demandais pas mieux, puisque cela me permettait d’avoir un Citadelles exotique, et bien différent de celui qui avait failli être publié en Indonésie. Je dois aussi remercier Maryam, une amie d’Alireza qui vivait alors à Paris et a beaucoup aidé à faire aboutir ce projet.

C’est un artiste iranien, Hassan Nozadian, qui a réalisé toutes les illustrations, adaptant ainsi l’univers du jeu à l’imaginaire persan. Le résultat est particulièrement élégant, à la fois proche et très différent de l’original. Décors et personnages sont plus proches que je ne l’imaginais des clichés orientalistes tels que je les ai discutés dans mon petit essai sur le sujet. Les paysages désertiques sont agrémentés de rares cèdres ou cyprès, les temples et caravansérails, de pierre blanches ou beiges, allient larges arcades et formes massives. Les couleurs vives, en revanche, sont assez rafraichissantes, loin des ocres et des beiges que les occidentaux se sentent obligés d’utiliser dès qu’ils dessinent le Moyen-Orient, oubliant que dans ces coins là, s’il y a le désert, il y aussi la mer.

Un an après la sortie de Dej, j’ai été invité une semaine à Téhéran par l’équipe de Hoopa games. vous pouvez lire un récit de mon séjour iranien ici.

Dej (Citadelles)
Un jeu de Bruno Faidutti
2 à 8 joueurs – 30 à 60 minutes
Illustré par Hassan Nozadian

Publié par Hoopa Games
Présentation du jeu chez l’éditeur


Ten years ago, an Indonesian publisher started working on a localisation of Citadels illustrated by local artists. This project was finally cancelled, and all that’s left is a few graphic files. I regret it a lot, because I would have liked to own a few copies of this very exotic Citadels. You can read more about this story in an older blogpost. More or less at the same time, a mormon version was also considered, but I’m not sure it qualifies as exotic.

The oriental Citadels is finally coming from another, and much nearer, East. Three years ago, I was contacted by Alireza Lolagar, from Houpaa, who wanted to publish Citadels in Persian. Modern boardgames are becoming popular in Iran. Houpaa is the main publisher there, and game cafés are on the rise. Those interested might read, or at least like me have a look, at the main iranien board game website, roomizgames.

But let’s get back to Citadels. As I do every time I am contacted by someone willing to publish Citadels in some exotic country where it isn’t available yet, I forwarded Alireza to Fantasy Flight Games, which already deals with localisation of the game in about twenty languages. This time, things were more complicated than they are usually, since my friends at FFG found out that US commercial sanctions against Iran forbid them to deal with an Iranian publisher. Yes, it looks like boardgames are that strategic. On the other hand, there was no problem with me dealing directly with Iranians, providing they didn’t use the art owned by FFG. All the best for me, I was now going to have an oriental Citadels, and a completely different one than the one I nearly got in Indonesia. I must also thnk Maryam, a friend of Alireza who was living in Paris at that time and helped a lot with this project.

All the art for the Persian edition of Citadels is by Iranian artist Hassan Nozadian. I really appreciate the way he managed to to make something both really different and very true to the original. Places and characters are not that different from the orientalist clichés I discussed on my short essay on this topic. Desert landscapes with the occasional cedar or cypress, massive temples or caravanserais with wide arcades. Colors, on the other hand, are bright and fresh, quite different from the browns and beiges western game illustrators always use when depicting the Middle-East, as if forgetting that while there’s indeed desert there, there’s also sea.

One year after Dej was published, I was invited for a week in tehran by its publisher, Hoopa games. You can read a report of my travel, with my impressions of the local boardgame scene, here.

Dej (Citadels)
A game by Bruno Faidutti
2 to 8 players – 30 to 60 minutes
Art by Hassan Nozadian
Published by Hoopa Games
Publisher’s Citadels webpage