Etourvy 2018

Profitant d’une configuration exceptionnelle de jours fériés, j’ai cette année organisé les rencontres ludopathiques un peu plus tardivement que d’habitude, du 7 au 13 mai. Je ne suis pas sûr que l’on puisse encore parler de week-end pour un événement commençant le lundi soir. Comme chaque année depuis plus de vingt ans, le petit village d’Étourvy, 170 habitants entre Champagne et Bourgogne, est devenu pour quelques jours la petite capitale du monde ludique. Il y avait là une trentaine d’auteurs, connus ou moins connus, une vingtaine d’éditeurs et beaucoup de mes amis joueurs de Paris et d’ailleurs. L’ouverture d’un nouveau gîte dans le village avait permis d’accueillir quelques nouvelles têtes, dont beaucoup d’enfants, mais nous avons de toute évidence atteint la limite de capacité du site. Si j’invite des nouveaux l’an prochain, il faudra que je renonce à voir quelques anciens….

Un week-end de cinq jours, et une météo finalement plus favorable que prévu, ont permis à ces rencontres d’être particulièrement décontractées. Malgré les 140 personnes présentes vendredi et samedi, nous n’étions pas trop tassés, et chacun prenait le temps de jouer, causer, boire, se promener. Pour moi, comme pour l’équipe du gîte, le fait que les arrivées des participants soient étalées sur quatre jours a aussi rendu les choses plus faciles.

Business

On m’a fait remarquer qu’Étourvy devenait de plus en plus professionnel, que l’on y passait un peu moins de temps à jouer et un peu plus à discuter contrats, sorties et rumeurs. Il est vrai que si mes vieux amis joueurs sont toujours là, les nouveaux convives invités chaque année sont le plus souvent auteurs ou éditeurs – enfin, les éditeurs sont à la fois de plus en plus et de moins en moins nombreux, puisqu’entre le moment où je les invite et celui où ils viennent, il y en a toujours quelques uns qui deviennent des cowboys de l’espace ou sont rachetés par Asmodée. Cette relative professionnalisation des rencontres ludopathiques n’est pas une dérive, je l’ai voulue et provoquée, et je suis très satisfait qu’elle n’ait en rien affecté l’ambiance décontractée et bon enfant de ce long week-end. Je ne souhaite pas pour autant qu’Étourvy devienne un « salon professionnel » de plus, et vais donc m’efforcer de conserver un public varié, avec des joueurs occasionnels, des familles avec enfants, et en tous cas des gens que je connais et que j’aime bien.
On a beaucoup parlé d’Asmodée, du statut des auteurs de jeu, des jeux japonais, coopératifs, legacy, surproduits, kickstartés, redondants, inutiles…

Beaucoup de joueurs, donc, et beaucoup de jeux. Les tables de jeux se répartissaient à peu près à égalité entre jeux publiés et prototypes. Si j’en crois les retours des participants sur le groupe facebook, les révélations du week-end ont été Shadows in Amsterdam et Cursed Court.

Protos

Je ne sais pas trop ce que j’ai le droit de dire sur Shadows Amsterdam, qui devrait sortir bientôt chez Libellud, mais n’y ayant pas joué, je ne peux de toute façon pas révéler grand chose si ce n’est que c’est joli et coloré et que les joueurs avaient l’air de bien s’amuser. Je ne sais même pas de quoi cela parle, mais je pense qu’il y a des ombres et que ça se passe à Amsterdam.


Shadows in Amsterdam

Un autre prototype que j’ai beaucoup vu tourner était Alkemus (rebaptisé depuis Res Arcana), un gros jeu de cartes et de combos apporté par Cyrille Daujean, qui se lance dans l’édition de jeu. Preuve qu’il est bien intégré, il fait ça à la californienne et a imprimé des T-shirts bien avant d’avoir sorti son premier jeu. Il y avait aussi un truc avec des tuiles aux formes bizarres avec des dessins bizarres, dont je ne connais même pas le nom mais qui, je crois, devrait sortir chez Repos
Mes prototypes m’ont semblé aussi être appréciés, en particulier Maracas et Diamants dans la Mine. Tout le monde appelle ce dernier le jeu des coffres, ce qui semble indiquer que mon titre est vraiment mauvais.

Nouveautés

Du côté des nouveautés publiés, les trois grands succès furent clairement Cursed Court, Kikafé et The Mind. Je ne suis pas un grand fan de The Mind, dont je pense que l’on va vite se lasser, mais je dois reconnaître que c’est extrêmement original et excitant. J’ai vu des gens faire partie après partie dans un silence total en se regardant dans les yeux, jusqu’à je ne sais quel niveau. Kikafé, une sorte de 7 familles à l’envers, c’est rigolo et c’est plus mon truc.



Cursed Court

J’en veux un peu aux gens d’Atlas Games, qui avaient promis de m’envoyer quelques boites de Cursed Court et ne l’ont pas fait (ou pas à temps) mais cela ne m’a pas empêché de faire la promotion de ce jeu de paris que j’adore. Tout le monde, je crois, a apprécié, mais les nombreux auteurs présents ont tous fait la même petite remarque, le manque de progression d’une année sur l’autre. Ma proposition, que je n’ai pas encore essayé, serait de ne révéler aucune carte à la première saison de la première année, une carte à celle de la deuxième année, deux cartes à celle de la troisième année. Ainsi, avec un plus grand nombre de cartes en jeu, il y aurait un peu plus de points chaque année à répartir entre les joueurs, ce qui permettrait plus facilement aux joueurs distancés de se refaire. Une autre idée, que Martin Vidberg a eu en même temos que moi, serait de retirer un jeton à chaque pari réussi. Le fait que ce jeu ait été le plus apprécié du week-end malgré ses petits défauts évidents montre bien sa qualité et son originalité.



Azul

J’ai vu aussi beaucoup de parties d’Azur et de Dragon Castle, deux jeux un peu abstraits, un peu méchants et avec de jolies tuiles exotiques que les joueurs ont eu tendance à comparer. Il m’a semblé qu’une légère majorité préférait Azul, mais Dragon Castle avait ses défenseurs.
Parmi mes nouveautés à moi, c’est clairement Dragons qui a été le plus joué. On n’a pas sorti Kamasutra, sans doute parce que les enfants ont rapidement fait main basse sur le stock de ballons.
Côté gros jeux pour nos joueurs, les deux succès de la semaine furent clairement Terraforming Mars et Rising Sun. On voit bien plus Rising Sun sur les photos, mais c’est surtout parce qu’il est sacrément plus joli.
Sinon, il y avait les Roll and Write, plein de Roll & Write, ces jeux où l’on lance des dés dont chaque joueur reporte le résultat sur sa petite fiche à lui. Ils se ressemblent tous un peu, il y en a sans route déjà trop, et je n’ai pas eu l’impression que l’un d’entre eux se détache vraiment.

Événements et remerciements

Gérer presque entièrement une telle rencontre est assez fatigant, mais c’est aussi amusant, voire excitant. Si la comptabilité de tout cela reste très approximative, je pense, contrairement à l’an dernier, être rentré dans mes frais. En revanche, bien que n’ayant cessé cinq jours durant de courir en tous sens, j’ai pris trois kilos, ce qui montre sans doute les limites d’un régime alimentaire à base de bières et de Red Bull, et dans une moindre mesure d’andouillette et de Chaource. J’ai aussi pu constater que tout au long de la semaine, mon anglais devenait tout à la fois plus fluide et moins performant.



Photo Challenge

Un grand merci à tous ceux qui ont organisé des animations annexes particulièrement soignées. Hervé poursuit sa série d’escape rooms, René, dont il a fait jouer cette année les deuxième et troisième épisodes. Laurent animait des jeux d’extérieur artistiques et rigolos, Touche Finale, Photo Challenge et CAP Paintball. Frank a organisé le traditionnel tournoi de poker du samedi soir. J’aurais dû leur donner plein de bons points mais, pris dans le tourbillon, je n’y ai plus pensé. De mon côté, j’avais prévu l’habituel Brouhaha, une bataille de ballons au pied, et un Turtle Wushu par équipe.

Merci aussi à tous ceux qui m’ont aidé à descendre, transporter et finalement remonter dans mon 4ème étage sans ascenseur mes nombreux cartons de jeux.

Un grand merci à toute l’équipe du domaine Saint-Georges qui nous a une fois de plus accueilli avec une grande gentillesse et sans s’énerver, et félicitations à notre cuisinier qui a fort bien tiré son épingle du jeu en terminant troisième du tournoi de poker.

Merci aussi à tous mes sponsors, c’est à dire les éditeurs qui avaient envoyé des jeux pour la table de prix – et dites-moi vite si je vous ai oublié

Ankama
Asmodée
Bioviva
Blackrock Games
Blue Orange
Catch Up Games
Days of Wonder (avec plus d’extensions de  SmallWorld qu’il n’y avait de joueurs de SmallWorld. C’est peut-être une tactique commerciale pour que ceux qui repartent avec une extension gratuite achètent ensuite le jeu de base).
Don’t Panic Games
Drei Magier
Edge (que je soupçonne d’avoir par erreur envoyé deux fois le même colis)
Fantasy Flight Games
Forgenext
Gigamic
Hans im Glueck
Heidelbär (Heiko devait apporter des jeux mais est revenu malade du Tokyo Game Market, il les apportera l’an prochain).
Horrible Games
Iello
Kolossal games
Letheia
Libellud
Ludonaute
Mandoo Games
Matagot
Mesa Boardgames (enfin, je ne sais pas bien si le colis provenait de Mesa Boardgames ou d’Arcane Wonders)
North Star Games
Oink Games (Laura devait apporter des jeux mais est aussi tombée malade. Elle les apportera l’an prochain)
Philibert
Pixie Games
Portal Games
Purple Brain (enfin, Space Cowboys, quoi)
Ravensburger était là mais ils avaient oublié d’apporter des jeux 😉
Rebel
Repos Production
Schmidt
Serious Poulp (il y avait un 7ème Continent bien caché sur la table de prix, je ne sais pas qui l’a trouvé)
Space Cowboys
Superlude
Sweet Games
Z Man Games


This year’s ludopathic gathering took place a bit later than usually, May 7 to 13, in order to make the best use of an exceptional configuration of French public holidays. Calling it a week-end might now be a bit excessive for an event which started on Monday night. Anyway, like every year the small French village of Etourvy, 170 inhabitants, located between Champagne and Bourgogne has become for a few days the capital city of the board gaming world. There were about 30 game designers, some well known some not yet, 20 or so publishers, mostly but not only French, and many friends of mine from Paris and elsewhere. I could rent two more houses in the village this year, which allowed me to invite a few new faces, among which several kids. The accommodation limit of our dining and gaming hall is now clearly reached, so if I want invite new people next year I will have to give up seeing a few old ones.

Thanks to a five days week-and and a better weather than expected, the mood was really cool. Even with 140 people on Friday and Saturday, we were not really crammed and everyone took the time to casually talk, play, drink and walk around. for me, as for for the reception team, having people arriving slowly over a few days also made things much easier.

Business

Some friends noticed that Etourvy was becoming more and more a professional event, that people spent fewer times playing and more time discussing contracts, new games and various rumors. Indeed, while my old friends are still there, most of the new faces are game designers or publishers – well publishers are both more and less numerous, since between when the invitations and the events a few ones became space cowboys or were bought by Asmodee. This (relative) professionalisation of my event is not an unfortunate slide. I wanted and provoked it, while also trying to keep the event cool and relatively small, and I think I succeeded. I don’t want Etourvy to become one more professional convention, which is why I will keep a balanced attendance, with occasional gamers, families with kids, and most of all people I know and like.
Anyway, we talked a lot, about Asmodee, about game designers and their legal status, about games – japanese games, cooperative games, legacy games, overproduced games, kickstarter games, redundant games, unnecessary games…

Anyway, were there mostly for gaming, and we still mostly played. game tables were ore or less half published games and half prototypes. From the few reports I got, it seems that the most noticed games were Shadows in Amsterdam and Cursed Court.

Prototypes

I don’t know what I’m allowed to say about Shadows Amsterdam, a new game soon to be published by Libellud. Anyway, I didn’t play it so I can’t say much except that it’s brightly colored and that players seemed to have fun. I don’t even know what it is about, except that there are shadows and it probably takes place in Amsterdam.




The game of Chests and Boxes

Another prototype I saw played a lot was Alkemus, (now renamed Res Arcana) a heavy looking card-combo game to be published by Cyrille Daujean, who is starting a game company next year. He does it the Californian way, and has printed T-shirts long before his first game is published. There was also a strange game with strangely shaped tiles printed with inconsistent pictures which, I think, is to be published by Repos. My own prototypes were also played a lot, especially Maracas and Diamonds in the Mine – which everybody is calling the Game of Chests, which probably means my name is bad.

New Stuff

Among the many newly published games, the most popular were undoubtedly Cursed Court, Whodidit and The Mind. I’m not really a fan of The Mind, and I think the twist will get old soon, but I must admit it’s extremely original and so far exciting. I’ve seen friends play game after game in total silence looking at each other in the eyes, up to the umpteenth level. Whodidit, a zany take on Happy families, is more my cup of tea.



Whodidit / Kikafé

I’m a bit angry at the Atlas Games. They had promised to send a few copies of Cursed Court to Etourvy and failed to do it – or failed to do it in time. this didn’t prevent my only cry to be played again and again all the week long, and everybody liked this tense betting game. Game designers, however, all made the same remark – the game lacks a progression from one year to the other. My proposal – untested so far – is to reveal no public card in the first season of the first year, one in the first season of the second year, and one in the first season of the third year. more cards in game means slightly more points to score and might make catching up more likely. Another solution could be to lose one chip for every successful bid. Anyway, despite its obvious little problems, this was the most discussed and the most liked game of this weekend.


Dragon Castle

Among my own new games, Dragons was certainly the most played. We didn’t play Kamasutra this year, may be because the kids soon took control of the stock of rubber balloons.  I also say many games of Azul and Dragon Castle, two games which scratch the same itch. They are half abstract, relatively aggressive, and have nice looking exotic tiles. The majority was probably with Azul, but Dragon Castle had its supporters.
The most played really heavy games were Terraforming Mars and Rising Sun. Rising Sun shows more on pictures, but that’s only because it looks so much nicer.
There were also dozens of new Roll & Write games, games in which dies are rolled for all players and each players writes their result on their own small grid. They all feel very similar, there are probably already too many of them, and none seemed to really stand out.

Events and Thanks

Managing such an event is tiring, but it’s also fun and exciting. The books are extremely vague but I have the feeling that, unlike last year, I didn’t lose money on it. On the other hand, despite running back and forth the whole week long, I put on three kilograms, which probably shows the limits of a diet based on beer and Red Bull, and to a lesser extent on local cheese and beer sausage. I also noticed that my English gradually became both more fluid and less accurate.


Balloon wars

Many thanks to all those who organized fun and carefully planned side events. Hervé Marly is keeping up his escape room series, René, and played this year both the second and third episodes. Laurent Escoffier held fun artistic outside games, Final Touch, Photo Challenge and CAP Paintball. Frank organised the usual Saturday night poker tournament. As for me, I held three short outside games, the usual Brouhaha, a foot-balloon battle and a giant team Turtle Wushu.

Many thanks also to all the friends who helped me carry my game collection to Etourvy, and back to Paris – I live in a gift floor flat, with no elevator.
Many thanks to the whole team of the Domaine Saint-Georges who, like every year, dealt with us with great kindness and patience. And congrats to our cook, who ended third in the poker tournament.

Many thanks also to all my sponsors, meaning the publishers who had sent or brought games for the prize table.

Ankama
Asmodee
Bioviva
Blackrock Games
Blue Orange
Catch Up Games
Days of Wonder (they brought more Smallworld expansions that there were people owning Smallworld. May be it’s a sales trick).
Don’t Panic Games
Drei Magier
Edge (I suspect they mistakenly sent twice the exact same parcel of games)
Fantasy Flight Games
Forgenext
Gigamic
Hans im Glueck
Heidelbär (Heiko was supposed to bring games with him, but he want back ill from the Tokyo Game Market and couldn’t come. He’ll bring them next year).
Horrible Games
Iello
Kolossal games
Letheia
Libellud
Ludonaute
Mandoo Games
Matagot
Mesa Boardgames (well, I’m not sure the parcel was from Mesa Boardgames of Arcane Wonders)
North Star Games
Oink Games (Laura also was ill. She’ll bring her games next year as well)
Pixie Games
Portal Games
Purple Brain (well, one more Space Cowboy)
Ravensburger was here but they had forgotten to bring games with them 😉

Rebel
Repos Production
Schmidt
Serious Poulp (I had carefully hidden the 7th Continent copy behind other games, I don’t know who found it.)
Space Cowboys
Superlude
Sweet Games
Z Man Games

 


[envira-gallery id=”9398″]

One thought on “Etourvy 2018

Leave a Reply