Quelques découvertes récentes
Some recent discoveries

Même si je joue moins qu’autrefois, et beaucoup à des prototypes, les miens ou ceux de mes amis, j’essaie toujours de suivre plus ou moins ce qui se passe dans le monde du jeu. Je pledge des trucs un peu au pif sur kickstarter, j’achète de nombreuses nouveautés, je m’en fais offrir quand je peux par les éditeurs. Je ne joue pas à tout, loin de là, mais je survole au moins les règles de ce que je reçois, pour avoir une petite idée de ce qui se passe dans le monde de la création ludique. Je dois cependant choisir assez bien les jeux auxquels je joue, car ces derniers temps je les ai presque tous trouvés vraiment intéressants.

Shem Philips est l’auteur d’une trilogie de jeux de vikings, Shipwrights of the North Sea, Raiders of the North Sea et Explorers of the North Sea, tous trois illustrés par l’un de mes dessinateurs ludiques préférés, Mihajlo Dimitrievski. J’ai joué aux pillards et aux explorateurs, et les ai beaucoup appréciés. Contrairement à ce que leur thème violent et leurs illustrations humoristiques pourrait laisser croire, ce sont des jeux « à l’allemande », et d’une certaine manière « à l’ancienne », dans lesquels les joueurs sont plus concurrents qu’adversaires, mais ce sont de sacrément bons jeux pour les amateurs de belles mécaniques qui trouvent qu’Uwe Rosenberg en fait un peu trop. Mes amis de Pixie Games importent déjà en France les Raiders, devenus Pillards de la Mer du Nord, et je crois qu’ils ne devraient pas tarder à y ajouter les explorateurs.

Dans le même esprit, Ethnos, de Paolo Mori, est un jeu de majorité « à l’allemande » et « à l’ancienne », y compris dans son esthétique un peu fade, mais plus rapide et mieux fini que ce que l’on faisait il y a quinze ans. Le fait que les tribus en jeux ne soient pas les mêmes d’une partie à l’autre lui donne enfin une grande variété, ce qui n’est pas toujours le cas de ce genre de jeu. Par certains côtés, Ethnos m’a rappelé San Marco, un vieux jeu injustement oublié.

Toujours dans le jeu à l’allemande, Majesty est le premier jeu de Marc André à ne pas me laisser complètement froid. La mécanique est aussi efficace que dans Splendor, mais elle est plus amusante, plus variée, moins combinatoire. Le thème n’est guère original, mais il a plus de sens, et ça change tout. Si vous aimez Splendor ou Century – Silk Road, vous ne pourrez qu’adorer Majesty, c’est mieux.

Clank!, de Paul Dennen, est un jeu de deck building, un de plus, qui parvient à être original sans même vraiment essayer. Le thème, des nains qui explorent un souterrain, n’est pas nouveau mais il fonctionne et donne enfin une justification aux cartes qui encombrent le deck – bing, blong, clank! Du coup, nous avons même un plateau de jeu, le plan du souterrain. Enfin, l’interaction est très présente, puisque, dans ce souterrain, c’est un peu la course. Bref, moi qui ne suis pas trop porté sur les jeux de deck building hyper techniques et compétitifs, j’ai bien aimé Clank! – mais je suis thématiquement sceptique sur les versions sous-marines et spatiales….

Je n’aurais sans doute pas joué à Seeders from Sereis : Exodus, de Serge Macasdar, si l’éditeur n’avait pas été là pour me l’expliquer. C’est vraiment une très grosse machine, avec des calculs stratégiques savants et des combinaisons de cartes sophistiquées, un genre où je ne me risque généralement pas sans être absolument certain de mon coup, or je n’avais jamais entendu parler de ce jeu auparavant. Je garde un excellent souvenir ce cette partie, un jeu riche, complexe, avec des interactions dans tous les sens, et un mécanisme d’enchères et de placement de jetons particulièrement malin.

Je connais un peu Régis Bonnessée. Son gros défaut, que ce soit comme auteur ou comme éditeur, est de vouloir toujours ajouter des éléments de jeu et de ne jamais se résoudre à en enlever. J’espère donc qu’il n’y aura jamais de deuxième édition de Dice Forge, et qu’il se contentera de réimprimer la première, à laquelle il n’y a rien à ajouter, comme il aurait dû le faire avec Himalaya. Dice Forge est un jeu où on lance des dés, mais où chacun lance ses propres dés, qu’il peut modifier tout au long de la partie en remplaçant certaines faces par d’autres plus puissantes. Le jeu est rapide, malin, un peu comme un petit deck building où l’on ne passerait pas son temps à mélanger douze cartes.

Freak Shop et StartUps sont des jeux de cartes plus proches de ce que je pratique habituellement et que je conçois à l’occasion. Freak Shop, de Henri Kermarrec, est un petit jeu d’échanges de cartes, très malin, assez calculatoire, dans un style qui fait beaucoup penser au meilleur Michael Schacht.

StartUps, de Iun Sasaki, est la dernière des petites boites de l’éditeur japonais Oink Games, importées en Europe par la sympathique Laura Grunman. Comme tous les jeux de cette superbe collection, il est simple, rapide et original. Il est fondé sur un système de majorité assez malin et sur lequel j’avais moi même fantasmé pendant plusieurs années sans jamais rien en tirer d’intéressant, l’idée que l’on puisse jouer des cartes d’une série soit pour renforcer sa majorité, soit pour augmenter la valeur des cartes mais en affaiblissant sa majorité.

A Fake Artist goes to New York, de Jun Sasaki, est paru en 2012, mais ne semble avoir débarqué en Europe que très récemment, là encore dans la jolie collection minimaliste de Oink Games. Le principe de base est celui d’un joueur qui ignore ce dont on parle et doit le deviner sans se faire repérer par les autres. Simplement, ici, nous ne sommes plus dans un jeu de où l’on parle, comme dans Agent Trouble, ou où l’on montre des cartes, comme dans CS-Files, mais dans un jeu de dessin. Chacun à son tour ajoute un trait à un dessin commun, mais l’un des joueurs ne sait pas ce que l’on dessine. Curieusement, cela marche, et cela marche même très très bien !

Hanamikoji, de Kota Nakayama, appartient à la très grande famille des jeux à deux avec une rangée de cartes au milieu que les joueurs vont essayer de remporter en jouant des cartes chacun de son côté. La famille des Schotten Totten, César et Cléopatre, Lost Cities, ou de mes moins connus Tomahawk et Agent Double. Hanamikoji, avec des règles simples et des subtilités aussi bien tactiques que psychologiques, est très vite devenu mon préféré d’un genre pourtant très abondant. Le jeu est en outre absolument magnifique.

Mot pour Mot, de Jack Degnan, est un excellent jeu de vocabulaire par équipe. Il existe depuis bien longtemps outre-Atlantique, sous le nom de Word on the Street, mais curieusement personne n’avait eu l’idée d’en faire une version francophone. Voila qui est enfin fait grâce aux québécois du Scorpion Masqué.

NMBR9, de Peter Wichman, appartient à la catégorie des jeux de loto, ces jeux ou chacun bricole dans son coin en ajoutant les mêmes pièces, ou en cochant les mêmes cases, et où l’on regarde à la fin qui a réalisé le meilleur score. Beaucoup de ces jeux sont idiots, quelques uns, comme High Score, Take it Easy ou, justement, NMBR9, sont géniaux. Ici, il s’agit d’empiler des nombres en carton pour construire la structure valant le plus de points.

La liste est un peu longue, parce cela fait un certain temps que je n’avais pas écrit ce genre d’article. J’espère que cela ne vous découragera pas d’acheter aussi mes jeux à moi, j’en ai plein qui sortent en ce moment – Nutz!, Kamasutra, Secrets, Junggle, King’s Life


Even when I don’t play as often as I used to, and mostly play prototypes, mine or friends’ ones, I try to keep myself informed of what’s happening in the gaming world. I pledge stuff half randomly on Kickstarter, I buy many new games, I try to have some offered to me by friendly publishers. I don’t play everything, far from it, but at least I browse through the rules to get an idea of what’s happening in the larger boardgaming world. And I’m probably not bad at selecting the games I actually play, since these last times I’ve found most of them really good.

Shem Philips has designed a trilogy of Viking games, Shipwrights of the North Sea, Raiders of the North Sea and Explorers of the North Sea, all three illustrated by one of my favorite boardgame artists, Mihajlo Dimitrievski. I’ve played Raiders and Explorers, and really enjoyed them. Their violent setting and humorous graphics can be misleading, since these three games are classic eurogames, in which players are competitors more than opponents. They are really good stuff for players who like clean mechanisms and think that Uwe Rosenberg is really doing too much.

Similarly, Paolo Mori’s Ethnos is a old style eurogame, including the boring graphics, but it’s cleaner and faster paced than most of what we used to do fifteen years ago. Playing with a different set of tribes in every game makes for a great variety, which is not always the case in such games. In some way, Ethnos reminded me of a game I really liked and which has been unfairly forgotten, San Marco.

Another « german style » boardgame, Majesty is the first game by Marc André which doesn’t leave me stone-cold. The mechanics are as efficient as in Splendor, but they are more fun, more varied, less abstract. The setting is certainly not original, but it works, which also makes a big difference. If you like Splendor, or Century- Spice Road, you will love Majesty – it’s just better.

Paul Dennen’s Clank! is one more deck building game, but it manages to feel original without even really trying to. The storyline, dwarves in a dungeon, is certainly not new but it works well and, for once, gives a fun meaning to the dead cards impeding one’s deck – bing, blong, clank! It also makes for a nice board, a map of the dungeon, which makes for interaction between the moving, and sometimes racing, dwarves. I’m usually not much fond of highly tactical deck-building games, but I really enjoyed my few games of Clank! On the other hand, I’m thematically skeptical about the underwater and space versions.

I would probably not have played Serge Macasdar’s Seeders from Sereis : Exodus if the publisher had not been there to explain the rules. It’s a big game, with intricate strategies and card combos, a genre I usually shy away unless I’m absolutely confident it will be engrossing, and I had not heard about this game before. Anyway, I had a great time with this rich, complex and highly interactive board and card game, and I really like the original card auction and token placement system.

I know Regis Bonnessée, and I know that his weakness both as a publisher and game designer is a tendency to always add stuff and never remove it. That’s why I hope there will never be a second edition of Dice Forge, and he will just keep on reprinting the old one, which doesn’t need any addition. That’s what he should have done with Himalaya. Dice Forge is dice rolling game in which every player builds his own two dice while playing, replacing weaker sides with better ones. It’s fast clever and fast paced, like a light deck building game in which you don’t spend half the time shuffling a ten cards deck.

Freak Shop and StartUps are the two games in this list that feel the most like my own designs, and like the games I most usually play. Henri Kermarrec’s Freak Shop is a very clever trading card game, reminiscent of Michael Schacht at his best.

Jun Sasaki’s StartUps is the last in the cute small box game series by Japanese publisher Oink Games, imported in Europe by the nice Laura Grunman. Like all the games in the series, it is simple, fast paced and original. The basic idea is a one I had been trying for years to make into a game without any satisfying result, the dilemma between playing cards in a series to strengthen one’s majority or to make the series more valuable.

Jun Sasaki’s A Fake Artist Goes to New York was published in 2012, but I had never heard of it before last year, when it arrived here in the same Oink games minimalistic series. The basic idea, a player who ignores what the other ones are talking about and must find it without being caught, has been used in several other games. Here, however, the game is not about talking, like in Spyfall, or about playing cards, like in Deception, but about drawing one common picture. Each player on turn adds a stroke, but one of them doesn’t know what is being drawn. It works surprisingly well.

Kota Nakayama’s Hanamikoji is one more game in a very large family, two players games with a row of cards in the middle that players will try to win with playing cards on their respective sides. The family of Schotten Totten, Caesar & Cleopatra, Lost Cities, or among y own designs Tomahawk and Double Agent. Hanamikoji, with its simple rules and intricate tactics has become my favorite in this genre. It’s also gorgeously illustrated.

Jack Degnan’s Word on a Street is not new for English speaking gamers, but surprisingly there had never been a french version of it. There’s one now, called Mot à Mot, thanks to the Quebecois masked scorpio (I love translation quebecois names in english, it enrages them).

I call Bingo games all the games in which every player makes his own grid with the same random pieces, trying to make the best score in the end. Many are boring. Some, like Take it Easy, High Score or Peter Wichman’s NMBR9, are fun because really challenging. Here, the goal is to pile cardboard numbers to build the highest scoring structure, and it’s tricky.

It’s a long list, mostly because I had not written that kind of article for a while. I hope it won’t divert you from also buying some of my own new games – Nutz!, Kamasutra, Secrets, Junggle, King’s Life

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